C’est une nouvelle qui
passera malheureusement beaucoup trop inaperçu, d’autant
plus que c’est l’Uruguay qui a gagné contre Philip Morris, qui lui demandait 25
millions de dollars de dédommagements pour les lois anti-tabac que le pays
avait passé, après une
victoire de l’Australie. Mais l’issue de cette bataille judiciaire n’empêche
pas de se demander si
de telles batailles devraient être possibles.
Des victoires qui n’en sont
pas
Le cigarettier plaidait que
cela violait l’accord d’investissement entre la Suisse et l’Uruguay, dont
le président est un cancérologue qui a interdit la cigarette dans les lieux
publics. L’ancien maire de New-York, Michael Bloomberg, s’est
réjouit de l’annonce, qui montre, pour lui que les Etats peuvent « se mesurer à l’industrie du tabac et
gagner ». Mais cela ne pose-t-il pas de gros problèmes ?
Est-ce à dire que si ce « tribunal » avait donné raison à Philip
Morris, alors, les Etats devraient lui payer des millions, ou même renoncer aux
lois anti-tabac qu’ils ont pu passer ? N’est-il
pas extrêmement problématique que des multinationales, qui vendent, comme ici,
des produits très dangereux pour la santé, puissent ne serait-ce que poursuivre
des Etats qui passent des lois pour réduire la consommation de tabac ?
Est-il
admissible que des juges indépendants puissent ainsi se placer au-dessus des
Etats, mis au même niveau que les multinationales ? Cette
indifférenciation en dit long sur une époque qui a totalement perdu le sens des
choses. Un Etat, qui représente ses citoyens, et plus encore la démocratie, ne
devrait pas pouvoir être mis sur le même plan qu’une multinationale, qui n’est
qu’un véhicule pour la création de richesse de ses actionnaires. Voici
le vice de forme révoltant et scandaleux de ces tribunaux d’arbitrage.
Comment peut-on accepter une telle remise en cause de la démocratie, un tel
bouleversement de ce que devrait être l’ordre des valeurs ? Est-il
légitime qu’une multinationale puisse chercher des compensations contre des
lois qui n’iraient pas dans son intérêt, qu’elles protègent la santé ou
non ?
Malheureusement pour nous,
et heureusement pour les multinationales, les jugements contre Philip Morris
les préservent sans doute d’une remise en cause du
principe même des tribunaux d’abitrage. Mais le simple fait que cela puisse
être jugé de la sorte n’en est pas moins fondamentalement révoltant.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerNul n'est au dessus des lois. Pas même l'état. Revendiquer le contraire serait tout aussi dangereux pour la démocratie.
RépondreSupprimerLe problème, c'est la complexité du système juridique. De cette complexité naissent des failles qui éloignent la justice de sa raison d'être, et dont bon nombre profitent.
C'est contre ces failles qu'il faut luter, et à tous les niveaux, pas seulement celui du droit du commerce international.
Harblay ne dit rien concernant l'état qui impose des lois à coups de 49.3...
RépondreSupprimerCela signifie que dans peu de temps, une simple loi aura plus de pouvoir que "La Constitution"! Le "TAFTA" est imposé sous cette forme alors qu'aucun État n'en a fait la demande! C'est bien pour cela que la discrétion est de mise!
RépondreSupprimer@ Anonyme 9h34
RépondreSupprimerBien sûr, mais d’où vient le droit évoqué dans ces tribunaux ? Et quelle intégration dans une démocratie ?
Complètement d’accord sur la complexité
@ Anonyme 10h05
Pas grand chose à dire. Cela fait partie de nos institutions
@ Anonyme 11h38
Bien vu
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