Billet invité de l’œil de Brutus
Ce 28 juin 2016, en amont du
Conseil européen, le président de la République a tenu ces
propos proprement hallucinants : "je n'imagine pas un gouvernement britannique quel qu'il soit ne pas respecter le choix de son propre peuple".
Il faut en effet disposer d’une
audace sans borne (ou souffrir d’une réelle schizophrénie …) pour simultanément
oser donner la leçon au gouvernement britannique qui a eu le courage de donner
la parole à son peuple, et découpler à
ce point ses propres paroles avec ses propres actes.
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En 2009, il s’acoquina avec Nicolas Sarkozy pour
faire passer en douce le Traité de Lisbonne, copie conforme du projet de
Constitution européenne largement rejetée en 2005 par le peuple français ;
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En 2012, à peine élu, il fit strictement
l’opposé de l’une de ses principales promesses de campagne, en ratifiant, à la virgule près, le honteux TSCG,
autrement appelé traité « Merkozy », qui retire sa souveraineté
budgétaire au peuple français[i] ;
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Que
depuis son élection, il s’évertue à imposer aux Français des réformes (pacte de
responsabilité, loi Macron, poursuite de l’œuvre de destruction de l’éducation
nationale, etc.) qui sont antipodes de son programme de campagne (rejoignant
d’ailleurs en cela le comportement
de son prédécesseur) ;
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Qu’en ce moment même, il impose brutalement une
réforme, la loi
dite « travail » ou loi EL Khomri, alors même que son propre
parti votait il y a tout juste quelque mois une mention appelant au rétablissement
de la hiérarchie des normes[ii], soit, une
nouvelle fois, l’exact contraire du principe fondateur de la loi El Khomri.
Nul doute que David Cameron et
l’ensemble du gouvernement britannique durent pouffer de rire à entendre la
pathétique saillie du président français. Nul doute également que François
Hollande parvient à poursuivre l’exploit de prolonger toujours plus avant le
discrédit de la parole politique – ce qui est déjà grave mais nous étions
habitué – mais aussi et surtout – ce qui impardonnable – le discrédit de la
parole présidentielle (et sur ce point les scandaleuses outrances de Nicolas
Sarkozy ne furent finalement qu’un hors d’œuvre).
[i] Traité
européen (TSCG) : lettre ouverte aux représentants de la Nation, l’œil de
Brutus, 09/09/2012 ;
Discours de
Jean-Marc Ayrault sur le TSCG : les mensonges d’un premier ministre, l’œil de
Brutus, 03/10/2012.
[ii] Mention A
du dernier congrès du Parti socialiste (mention proposée par le secrétaire
général M. Cambadéliis et ayant recueilli la majorité des voix) : « il
faut rétablir la hiérarchie des normes : la loi est plus forte que l’accord
collectif et lui-même s’impose au contrat de travail ». Disponible
ici : http://congres.parti-socialiste.fr/motions/motion-a-le-renouveau-socialiste
Hollande est le digne représentant de cette "aristocratie" française sortie de l'ENA, Bercy ou autres sérails du MEDEF, méprisants, incompétents, bornés, menteurs et autoritaristes...
RépondreSupprimerToutes cette raclure pas meilleure que les aristocrates de 1789.
je vais faire simple mais je me questionne de plus en plus sur le glissement de l'équilibre psychique de ces gus qui sont de plus en plus dans l'entre soi, coupés du monde, entourés de cours, de redevables, d'ambitions démesurées en même temps que de servilité..
RépondreSupprimerdommage que j'ai perdu le nom de ce chercheur du CNRS qui disait, il y a de nombreuses années, que des intelligences formées au même endroit qui se noyautent et se cooptent, finissaient toujours par scléroser un système (privé ou public d'ailleurs)...
ajoutons à cela une absence totale de contre pouvoirs organisés..
possible que nous soyons dans ce goulot de régression comme l'histoire en a connu,
il va nous falloir choisir un autre modèle de société, et donc de dirigeants, il est assez rare que ça se produise de manière réfléchie...suffit de regarder dans l'histoire après un "plus jamais ça" un peu tardif
Stan
Je suis une nouvelle fois d'accord avec tes observations. J'ajoute que la présence de poids et de contre-poids est une condition nécessaire à l'existence d'une démocratie.
SupprimerPour le reste, la seule façon de sortir sans heurts de ce système, qui permet aux partis politiques de vivre de leur rente en ne se préocuppant plus du tout de l'intérêt général, est de modifier les règles du jeu politique : modalités de désignation des élus, éligibilité, durée limitée des mandats, non-cumul des mandats ... Cela se heurte
Malheureusement nous sommes là face à un obstacle majeur : les élus ne vont pas mettre fin à un système dont ils sont, avec leurs mécènes, riches particuliers et actionnaires des multinationales, les seuls bénéficiaires.
DemOs
Le 9 juin je commençais un billet sur mon propre blog par "Je vous rappelle, Mesdames et Messieurs, que ce n'est pas la première fois que je me demande si cet homme jouit de toutes ses facultés.".
RépondreSupprimerLa déclaration de Hollande est une façon détournée de suggérer aux dirigeants britanniques de ne pas obéir au vote populaire et de suivre son exemple en 2008. Tant que la procédure du chapitre 50 du TUE ne sera pas lancée officiellement, la possibilité subsistera.
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