jeudi 21 juillet 2016

Le grand bluff de Paris et Bruxelles sur les travailleurs détachés

C’est un sujet de plus en plus chaud pour nos dirigeants et l’UE, le symbole de toutes les dérives permises par ses règles : les travailleurs détachés se sont invités dans les médias il y a trois ans, et fait l’objet d’une émission spéciale de Cash Investigation en mars. Aujourd’hui, après le coup de menton de Paris, Bruxelles annonce des changements. Vraie remise en cause ou pas ?



Le diable est dans les détails…

Pour la Pravda bruxelloise qu’est le Monde, pas d’ambiguité : « Bruxelles va bel et bien réviser la directive sur les travailleurs détachés (…) Bruxelles a décidé de rester ferme (…) (et) propose de réduire la différence de coût du travail entre les salariés qui exercent dans un même pays ». Un article détaillant les mesures qui sont annoncées reprend tous les arguments de la commission, assurant qu’il « deviendrait donc impossible, pour une entreprise française par exemple, de payer un chaudronnier polonais au smic alors qu’un français occupant le même poste gagnerait 2 000 ou 2 500 euros ». Une autre disposition reprend une législation française mise en place en 2014 sur les sous-traitants, dont on ne voit pas ce qu’elle a apporté. Enfin, il y a des annonces sur les intérimaires et la durée du détachement.


En quoi cela produirait une convergence, alors qu’on voit déjà la difficulé à la réaliser pour les femmes ? Un tel texte est purement cosmétique. Il permettra éventuellement un rattrapage sur quelques primes, mais pas plus. L’adoption des règles françaises sur les sous-traitants est dérisoire quand on voit ce qui se passe chez nous, comme détaillé par Cash Investigation. Et les règles de durée ne semblent pas incontournables. Pire, le projet ne touche pas au principe du paiement des cotisations sociales du pays d’origine du travailleur : bref, on pourrait continuer à faire travailler un polonais aux conditions sociales polonaises en France ! Et pourtant, en 2015, le nombre de travailleurs détachés en France a augmenté de pas moins de 25%, avec 286 025 travailleurs, venus d’Europe de l’Est ou du Sud !


En somme, la situation continue à se dégrader de manière accélérée, et pour tenter de donner le change, l’UE fait mine de se décider à agir suite aux pseudos remontrances de Manuel Valls. Mais même si ce projet passait en l’état, en fait, rien ne changerait. La concurrence déloyale des travailleurs étrangers continuerait de se développer, créant chômage et pression sur les salaires.

3 commentaires:

  1. Il n'y a pas d'écarts homme femme, ou en tout cas beaucoup plus faibles que ce qu'on prétend dans le Monde.

    Ici :

    http://www.inegalites.fr/spip.php?article972

    sur simple application de trois critères, on passe de 23% à 10,5%. Encore les auteurs ont-ils modifié leur texte, qui donnait un chiffre encore plus bas (7% si je me souviens bien) il y a 2 ou 3 ans.

    Si on recherche d'autres critères, par exemple sur l'implication ou sur la compétence réelle perçue par l'employeur, ces écarts doivent approcher 0.

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  2. mesures bidons, les controles ne sont de la responsabilite que de pays de depart (autant dire qu'ils ne font pas de zele) et les travailleurs detaches ne recoivent presque jamais le salaire verse officiellement 9paye par des boites a chypre qui en gardent une grande partie)

    en 1996 avant l'elargissement une telle directive pouvait faire sense, mais maintenant avec des salaires de 1 a 10, c'est delirant comme course au moins disant)

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  3. Cette directive n'est elle pas la même que celle de Bokelstein ?

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