Dans les contes de fée
ultralibéraux, Uber,
c’est la révélation de l’économie collaborative, qui permet à des chômeurs de
trouver une activité, de renverser des rentes de situation. Mais en fait, Uber,
comme bien des entreprises de la nouvelle économie sont des mercenaires qui
cherchent à rançonner les consommateurs, financés par les marchés, qui
viennent de lui accorder 1,15 milliard de plus.
Des modèles d’affaire basés
sur une rente brutale
Comme d’autres entreprises
issues de la nouvelle économie, des années, voir des décennies auparavant, Uber
suit un modèle d’affaire très simple. Plusieurs principes de base :
identifier un marché existant, ou en devenir, où
l’entreprise pourrait acquérir une position tellement dominante qu’elle pourra
imposer ses prix et ainsi générer des profits considérables, une rente de
situation. Idéalement, c’est un modèle aux actifs les plus légers possibles,
qui
peut exploiter les actifs des autres, pour consacrer ses moyens à une
conquête agressive de parts de marchés. Enfin, il vaut mieux s’établir sur un
marché fragmenté d’un point de vue de l’offre et de la demande, pour devenir
l’acteur dominant. Ainsi, on
peut imposer ses prix, aux fournisseurs comme aux clients à terme, après avoir
été agressif au début.
C’est aussi la logique des
sites de réservation en ligne d’hôtel, ou de livraisons de plats à domicile. Le
client y gagne dans un premier temps du choix, ou même des prix et du service
(dans le cas d’Uber). Le site peut assez rapidement imposer ses conditions à
ses fournisseurs car ces derniers ne peuvent plus se passer du volume
d’affaires apporté par le site. Ainsi, Uber
peut baisser autoritairement de 20% la rémunération de ses chauffeurs en France.
Une fois la position monopolistique établie, le site pourra alors augmenter les
prix à sa guise, comme
il le teste déjà sur les créneaux les plus demandés. Et malheureusement,
cela est intrinsèque à cette économie car les clients ne peuvent pas toujours
garder plusieurs fournisseurs et les marchés sont là pour financer le plus
fort, dans une quête auto-réalisatrice.
En un sens, cette nouvelle
économie, dans le cas de Uber, c’est au final un dispositif assez sophistiqué
qui permet d’asservir tous les chauffeurs de l’entreprise, qui doivent acheter
eux-même ce dont ils ont besoin pour travailler, le
tout pour une rémunération qui peut être abaissé de 20% du jour au lendemain,
mais aussi un asservissement des clients, à partir du moment où ils ne passent
plus que par Uber. L’objectif est simple : faire en sorte de dominer le
marché pour asservir complètement clients et chauffeurs. Et ce n’est pas
tout : les taxis sont les victimes collatérales de l’ascension subventionnée
par les marchés de Uber, qui opère à grandes pertes pour éliminer toute
concurrence. Et pour couronner le tout, ces
entreprises savent faire ce qu’il faut pour frauder légalement le fisc des
Etats où elles opèrent.
Malheureusement, parce que
nous croyons aux contes de fée communiqués par ceux qui profitent de ces
modèles d’affaires, nous laissons faire ces mercenaires financés par des
marchés voraces qui ont compris la logique asservissement de cette nouvelle
économie. Merci à la
Hongrie de se distinguer en mettant en place une législation si contraignante
qu’Uber vient d’annoncer son départ du pays.
Laurent,
RépondreSupprimerJe comprends ton explication pour certaines entreprises telles que FaceBook, Google (nouvelles activités et largement gratuites pour le client final), voire même pour des entreprises telles que Booking, qui offrent une vraie nouveauté par rapport au passé (mais si c'est plus cher qu'avec une réservation directe d'hotel, pas besoin de passer par Booking).
Pour Uber, je n'arrive quand même pas à comprendre.
ça n'est pas une nouvelle activité, des centrales de taxi avec appli existaient déjà avant (G7 et autres), et si c'est trop cher, le client peut facilement zapper.
Les mecs qui investissent (Arabie Saoudite par exemple) ont du pognon à ne plus savoir quoi en faire et veulent se prendre pour les nouveaux business angels.
En plus, c'est une façade marketing utile à certains politiques (Macron et sa clique) pour vanter un certain type d'économie basée sur l'auto-entreprenariat, la liberté du travailleur moderne et bla bla bla.
Je pense que c'est une vraie bulle pour le coup (si trop cher, le client peut facilement zapper) et quand ça se retournera, ces investisseurs perdront leur pognon, certains chauffeurs seront marrons et d'autres s'en seront mis plein les poches.
***Jacko***
En plein débat sur la loi El Khomri l'IGAS a censuré un rapport qui confirmait ce qu'on savait déjà, que les 35 heures avaient permis de créer environ 350 000 emplois.
RépondreSupprimerhttp://www.liberation.fr/france/2016/07/18/selon-un-rapport-censure-de-l-igas-les-35-heures-ont-bien-cree-350-000-emplois_1466926
Évidemment puisque cette loi est destinée à abroger de facto la durée hebdomadaire légale du travail en vigueur de 35 heures sous le prétexte (déjà abandonné) que cela créera des emplois.
De là à respecter la liberté d’expression de ceux qui montrent qu'à la fin cela détruira des emplois il y a un pas qu'ils ne veulent pas franchir.
Ivan