Billet invité de Marc Rameaux, auteur de
« L’homme moderne »
Que
révèle cette candidature ?
Démagogue,
sexiste, raciste, grossier, simpliste, vulgaire, inconscient, … aucun épithète
n’a manqué à l’appel dans les jugements portés sur Donald Trump, y compris et
en premier lieu en provenance de son propre camp politique.
Je
refuse de rentrer dans ce débat, de rentrer dans cette guerre des jugements et
des alertes. Il est impossible à ce stade de savoir qui est Donald Trump,
quelle est la mesure de ce qu’il pense sincèrement et du personnage qu’il joue,
des dérapages voulus ou non contrôlés, de la part de bêtise ou de provocation
savamment calculée.
Aussi
la question n’est pas tant de s’horrifier de la candidature de Donald Trump que
de savoir ce que signifie qu’une telle candidature ait été rendue possible.
Quelles sont les vagues de fond plus profondes qu’il est possible de détecter,
derrière le fait que le candidat élu et désigné des républicains est à présent
un tel homme ?
Inutile
de revenir sur le vocabulaire et les fameuses tournures du candidat
républicain : elles font la joie de la presse et des réseaux sociaux.
Reste à savoir ce qu’est la véritable violence verbale et psychique, ainsi que
la vulgarité, au-delà des apparences immédiates.
En
matière de violence psychologique, la perversion est toujours plus forte que
l’expression directe. Dans ce domaine, Trump est un amateur : beaucoup
trop direct pour être manipulateur, il fait sourire ceux qui exercent la vraie
violence, ceux qui se donnent des dehors convenables et raisonnables, mais
intérieurement méprisent l’être humain qu’ils ont en face d’eux.
Un
bon échantillon de la véritable violence verbale et psychologique nous a été
donné il y a quelques mois, lors du vote du Brexit. Jamais un tel déferlement
de haine et de mépris de l’autre ne fut aussi patent, de la part de ceux qui se
plaisent à donner des leçons dans ce domaine. Extraits :
« Ce
référendum a fait ressurgir l'autre Angleterre, celle des hooligans et
des Little
Englanders. Cela semble méprisant? Oui. Je hais les nations, épiphénomène
sanglant de l'histoire humaine, et méprise les nationalistes. (Gaspard
Koenig) »
Commentaire :
Gaspard Koenig sait très bien quelle est la différence entre un patriote et un
nationaliste, et que nombreux sont les premiers parmi les partisans du Brexit.
Il se garde bien de faire cette différence, ni de rentrer dans ce qui aurait
été une véritable analyse de la conciliation entre identité et ouverture. Il
est beaucoup plus simple d’ignorer les distinctions chez l’adversaire, pour les
noyer dans une seule catégorie infamante. Le mépris total de l’autre est
toujours accompagné de la malhonnêteté intellectuelle, autre forme de la
violence.
« C’est
la victoire des casseurs et des gauchistes débiles, des fachos et hooligans
avinés et embiérés, des rebelles analphabètes et des néonationalistes à sueurs
froides et front de bœuf (BHL) »
Commentaire :
Il faut donc considérer selon BHL que la quasi-totalité de la rédaction de « Marianne »,
de « Causeur » et du « FigaroVox » est constituée de
« fachos avinés et embiérés ». On notera au passage l’extrême
violence dans l’essentialisation de l’autre : les adversaires de BHL, de
l’UE et de la mondialisation heureuse sont cantonnés dans une sous-humanité de
nature.
« British
'deserters' will face the consequences » (J.C. Juncker)
Commentaire :
La violence du parrain qui use de la menace et de l’intimidation, du racketteur
jurant qu’il punira et rendra la vie impossible à celui qui ne se plie pas à
son chantage, est un grand classique. Il est toujours amusant de noter cette
convergence entre les costumes trois-pièces / cravate des petits hommes de l’UE
prétendument distingués et les pratiques de petites frappes.
« Ceux
qui ont fait cette réconciliation franco-allemande avaient raison contre les
peuples. Il y a des moments où il faut prendre ses responsabilités. Si le
peuple veut la peine de mort, je suis contre le peuple, parce que la peine de
mort, c'est indigne de l'humanité. Il faut arrêter de dire que le peuple a
toujours raison. Quand un peuple vote pour l'extrême droite, quand un peuple
vote pour le nazisme, il n'a pas raison, même si c'est le peuple !
» (Cohn-Bendit)
Commentaire : Cohn-Bendit a visiblement oublié
l’ironie mordante de Bertolt Brecht, pourtant l’un des fonds culturels qu’il
revendique : « Puisque
le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple ».
Notre cher Dany ne se trouve pas ainsi aux côtés du talentueux metteur en
scène, mais au sein de la pièce pour tenir fort bien le rôle de l’imbécile
suffisant se prenant pour une élite. On notera au passage la sempiternelle
utilisation du point Godwin et l’essentialisation de l’adversaire ravalé au
rang de rebut de l’humanité. Voter pour le Brexit est donc assimilable à
l’adoration de la croix gammée. Le langage a été si déformé et vidé de sa
substance par nos « élites » que les mots perdent un par un leur
signification. Une faute d’autant plus grave si le terme de
« nazisme » perd son sens, à l’heure où il faudrait le réserver à des
réalités hélas présentes de notre temps, mais certainement pas là où on le
pense. Enfin, il est savoureux de voir l’ancien chef de file de 68 habité par
une mentalité digne d’Adolphe Thiers. L’imposture des faux révolutionnaires mais
vrais opportunistes ne surprendra que les cerveaux affadis : Cohn-Bendit
est tout à fait à sa place dans le camp des Versaillais, il a toujours rêvé d’y
appartenir, dès les barricades.
«
J’ai presque envie de dire que les jeunes devraient avoir deux voix dans un
référendum sur l’UE (François Fillon) ».
Commentaire :
j’ai réservé le meilleur pour la fin. Pas de commentaire explicite, l’énormité
de la proposition et la discrimination anti-vieux et anti mal votants parlant
d’elle-même. Bien entendu, ce cher François a dû s’apercevoir de la maladresse
de son dérapage en même temps qu’il prononçait cette pertinente proposition,
surtout sur le plan de la rentabilité électorale, certainement pas sur celui de
la morale, il ne faut tout de même pas pousser. Il crût bon d’ajouter que sa
remarque était faite « sur le ton de l’ironie », s’enfonçant encore
un peu plus : prendre ouvertement les gens pour des imbéciles par le
cynisme glacé de ceux qui se pensent supérieurs est encore l’une de ces marques
d’extrême violence, de non-respect absolu de l’humanité. Il est vrai que notre
si distingué François nous a montré par la suite combien il aimait plaisanter
dans la bonne humeur : son fou rire inextinguible avec Bernard Cazeneuve
en pleine messe d’hommage au père Hamel qui venait d’être égorgé montrait cet
excellent tempérament. Lorsque le cynisme et le mépris total du peuple
atteignent le haut de la jauge, il arrive qu’ils débordent, éclaboussant de
fange et d’excréments les si jolis complets trois pièces en pleine cérémonie.
D’autres
exemples de cette violence extrême et feutrée nous sont donnés régulièrement.
Ainsi de ce cénacle de patrons d’Air France, dont l’attitude boursouflée
d’arrogance satisfaite à l’égard d’une de leurs salariées était visible à l’œil
nu dans cette vidéo :
Une
telle prétention satisfaite est toujours proportionnelle à l’incompétence
crasse de celui qui la commet. Le distingué état-major qui se rengorge sur
cette vidéo venait d’enfoncer la compagnie aérienne encore un peu plus dans le
rouge économique. C’est en cela qu’il ne faut nullement rentrer dans le mode de
protestation des « petits » contre les « puissants » contre
de tels personnages : ce serait leur faire bien trop d’honneur. Il faut
leur retourner leur mépris glacé, leur faire sentir qu’eux-mêmes ne sont que
des déchets sans aucune valeur, des imposteurs terrifiés à l’idée d’être un
jour balayés comme de la saleté par une élite véritable.
Terminons
cette visite du musée des horreurs de l’ultra-violence feutrée par un
pourvoyeur inépuisable : Jean-Claude Juncker. Il faut remercier le
président de la commission européenne pour nous révéler si souvent au grand
jour l’inconscient inavouable du néo-libéralisme, de cette étrange dictature
qui ne dit pas son nom, cette usine à captation de la valeur d’autrui pour le
profit de quelques parasites. Est-ce un effet de l’excès de boisson dont le
président de la commission est coutumier ? Parfois, les exhalaisons
fétides du cloaque mental ne peuvent être contenues à l’intérieur, mais
remontent à la surface pour éclater en bulles telles que celles-ci :
« Il ne peut y avoir
de choix démocratique contre les traités européens. »
« Bien entendu, il y
aura des transferts de souveraineté. Mais serais-je intelligent d'attirer
l'attention du public sur ce fait ? »
Le
cynisme des « élites » atteint dans ce cas une telle cote d’alerte
qu’il ne s’embarrasse plus de précautions. Traduit dans le langage de leurs
excrétions mentales, cela donne à peu près ceci : pourquoi éviter de faire
comprendre aux gens que nous les prenons ouvertement pour des imbéciles ?
Ayant affaire à une sous-humanité, il n’est même plus nécessaire de prendre ce
soin.
Le
sale gamin et les vrais salauds
Prendre
ouvertement les gens pour des imbéciles et les considérer comme des déchets
humains est le soubassement mental du néo-libéralisme, idéologie régnante des
40 dernières années. J’ai déjà eu l’occasion d’analyser en profondeur les principes
inconscients qui guident ceux qui suivent cette idéologie dans le texte
suivant, montrant que nous ne sommes pas exposés à « une ère du
vide » ou à une « perte de sens », mais au contraire à un sens
fort, plein et entier, dont le discours implicite est à hurler :
http://le-troisieme-homme.blogspot.fr/2016/05/un-monde-vide-de-sens-vraiment.html
Les
postes de direction politiques et économiques ont ainsi été investis
progressivement par des psychopathes et pervers narcissiques en lieu et place
de véritables dirigeants. Il ne faut, encore une fois, pas les combattre sur le
mode de la plainte et de la révolte, qui serait leur faire trop d’honneur, mais
leur renvoyer leur mépris. Le cauchemar du pervers narcissique qui nie
l’humanité d’autrui est de se voir lui-même considéré comme un moins que rien,
son univers totalement égocentré étant son seul horizon.
Face
à l’extrême violence mentale de ces prétendues « élites », les foucades
de Trump apparaissent non seulement bénignes mais presque rafraîchissantes de
candeur. Trump a probablement considéré des milliers de fois que
l’interlocuteur qu’il avait en face de lui était un con et le lui a dit, mais
sans doute pas qu’il était un sous-homme en demeurant dans une perversion
silencieuse.
Celui
qui insulte, tempête, éructe est certainement vulgaire, mais il montre par là
qu’il nous considère tous humains, lui comme nous. Lorsque l’on rentre dans
l’arène en se salissant ainsi les mains, on fait signe que l’on est soi-même au
sein de l’humanité, que l’on appartient à la condition humaine parmi les
autres, même pour les apostropher. L’excrétion mentale n’est pas celle de
l’insulte voyante, mais celle du mépris glacé, de l’indifférence, de l’absence
silencieuse et hypocrite d’empathie, parce qu’elle sépare implicitement
l’humanité en deux.
Il
faut dans ce domaine beaucoup se méfier des apparences. L’intérieur et
l’extérieur d’un homme peuvent être en totale opposition. Le général George
Smith Patton haranguait ses hommes en jurant comme un charretier, mais
intérieurement tenait une noblesse et une notion impeccable de la dignité
humaine. Lorsque les autres étaient des « sons of bitches », ce qui
était d’ailleurs assez souvent affectueux, il faisait comprendre voire disait
explicitement qu’il était lui-même un sacré « son of a bitch ».
A
contrario, beaucoup se pinceront le nez et offriront un extérieur très policé,
mais maintiendront un cloaque mental véritable, celui de la véritable bassesse
qui nie l’humanité de l’autre.
Si
beaucoup d’électeurs se tournent vers Trump, ce n’est pas par un goût
particulier et un peu vulgaire pour les tycoons à la moumoute peroxydée et
proférant des gros mots, comme aimerait à le croire notre « élite »,
y voyant là une confirmation de la nature inférieure de la partie de l’humanité
qu’ils exploitent.
Si
beaucoup d’électeurs se tournent vers Trump, c’est parce qu’à tout prendre,
entre l’éructation grossière mais sincère, et le mépris glacé caché derrière de
fausses valeurs, il faut préférer l’éructation. Trump n’est peut-être pas
sympathique, mais il bénéficie de l’affection que l’on a pour le sale gamin
lorsqu’il est au milieu de vrais salauds, notamment lorsque ces derniers sont
des monuments d’hypocrisie et de cynisme.
Le
grand talon d’Achille des pervers narcissiques est de considérablement
sous-estimer les hommes, et de penser que l’on peut prendre impunément une
majorité d’entre eux pour des imbéciles, parce que telle est la loi du monde.
Sur le long terme, les hommes sont et seront toujours d’une très grande
lucidité, même lorsque cela n’est pas apparent. Et la majorité des hommes est
parfaitement lucide sur ce que vaut notre « élite » - c’est-à-dire
rien - la rendant pour cette raison très nerveuse, expliquant ses débordements
de haine récurrents.
Le
vote pour Trump n’est pas un vote d’adhésion, son « programme » est
d’ailleurs extrêmement flou. Ce n’est pas non plus un vote de protestation ou
de colère, excuse trop facile souvent invoquée par ceux qui se pensent
supérieurs, pensant que « le peuple ne maîtrise pas ses pulsions »,
quand eux-mêmes sont habités par des pulsions infiniment plus répugnantes. Le
vote pour Trump est simplement un message de ceux qui veulent signifier qu’ils
ne sont pas dupes et qu’ils ne se laissent pas tromper par la hiérarchie des
apparences.
La
ruse de la raison et la survie de la civilisation
Hegel
introduisit la notion de « ruse de la raison » pour expliquer
certains détours inattendus de l’histoire. Certains événements qui semblent
provoqués par la pure passion d’un seul ou de quelques hommes se révèlent être
l’instrument de la civilisation, qui avait besoin de passer par des détours
pour franchir un cap historique.
Ainsi,
la biographie de Thémistocle donne l’image d’un dirigeant humainement
critiquable, en proie à de fortes passions personnelles. Thémistocle fut
pourtant l’homme de la situation qui permit à Athènes sa survie face à l’empire
Perse. La lecture selon la ruse de la raison dira que les outrances de
Thémistocle étaient le vecteur nécessaire pour que la Grèce athénienne voie le
jour. De semblables lectures furent faites quant à la personnalité d’un
Churchill. Les passions de certains hommes réalisent un dessein historique qui
échappe à eux-mêmes, même lorsque ces passions suivent des détours qui semblent
absurdes.
Mes
lecteurs savent que je ne suis en rien Hégélien et encore moins historiciste.
Je ne fais donc pas appel à la ruse de la raison parce que je crois en sa
réalité, en la marche d’une « Idée » façonnant le destin historique
du monde, et que l’intelligence humaine ne peut déchiffrer et comprendre qu’a
posteriori. Mais elle est une grille de lecture du monde qui s’avère utile dans
certains cas, si l’on n’oublie pas qu’elle n’est qu’un simple moyen de
présenter les choses. Et elle est probablement très adaptée à la compréhension
du « cas » Donald Trump.
La
civilisation va être confrontée dans les prochaines années à l’un de ses plus
graves périls, qui s’avérera peut-être plus dangereux encore que le
nazisme : l’islamisme. Son règne signifierait la destruction de toute
forme évoluée de pensée et de l’ensemble des héritages humanistes, occidentaux
ou non. Vicieux, intelligent, cohérent, l’islamisme s’insinue dans toutes nos
failles et exploite toutes nos démissions, notre incapacité à distinguer la
tolérance du relativisme, la justice de la victimisation, la méritocratie de la
course aux ambitions.
Dans
l’ordre des causes, j'ai rappelé dans un autre texte que ce péril est d’autant
plus redoutable qu’il est engendré en partie par nous-mêmes :
http://le-troisieme-homme.blogspot.fr/2016/07/trois-cibles-et-trois-leurres.html
Le néo-libéralisme,
fondé sur la considération d’êtres humains comme des déchets a vu apparaître
l’islamisme comme la pustule apparaît sur le corps malade. A force de cultiver
ce cloaque intérieur, il a été rendu explicite par des agents qui préfèrent le
renvoyer à la face du monde et mettre l’équarrissage de l’humain en pratique,
afin que cela soit dit sans hypocrisie.
L’islamisme
n’est en rien l’adversaire du néo-libéralisme, ni son contraire logique parce
que l’un se présente comme moderne et l’autre comme archaïque. L’islamisme,
c’est le portrait de Dorian Gray du néo-libéralisme, l’éruption de ses
stigmates traduisant son état intérieur qu’il cherche à enfouir mais qui
déborde sous la masse de ses turpitudes. L’islamiste agit par la violence
mimétique chère à René Girard. Il n’y a d’ailleurs pas plus assujetti aux
valeurs factices qu’un islamiste, à la fois fasciné et haineux de grosses
cylindrées et de filles faciles, sa spiritualité de pacotille n’étant issue que
de sa frustration de n’avoir pas réalisé ce rêve inconscient.
Je
l’ai également déjà écrit, ce n’est en rien une excuse ou même une circonstance
atténuante à l’islamisme, comme le pensent certains qui renvoient du coup la
responsabilité à l’occident : complotistes et islamo-gauchistes en font
leur beurre rance. Il n’y a aucune excuse à l’islamisme pour la raison simple
que le combat contre le néo-libéralisme peut prendre de toutes autres formes,
légitimes celles-ci, à commencer par toute entreprise auto-gestionnaire. La
liaison entre néo-libéralisme et islamisme est celle de la cause mécanique, non
de la justification morale. Néo-libéralisme et islamisme sont tous deux
adversaires de l’humanisme, il n’y a donc pas à verser dans la repentance ou la
culpabilité, mais à retrouver le véritable fonds de nos civilisations.
Nous
allons donc devoir rentrer en situation de combat. Lorsque c’est le cas,
l’homme civilisé doit affronter un paradoxe : rentrer en combat signifie
faire taire en grande partie son intelligence ou sa conscience, faire taire les
discussions ou les objections, être totalement déterminé.
Il
n’y a que ceux qui idéalisent le combat, c’est-à-dire ceux qui ne l’ont jamais
connu en pratique, pour imaginer qu’il peut y avoir un combat conscient,
lucide, moral. Une fois rentré dans le combat, il n’y a plus rien qui fasse
appel à la conscience : la morale a lieu avant, lorsque l’on a encore le
loisir de délibérer de ce qui est moral ou de ce qui ne l’est pas.
C’est
pourquoi il faut très fortement soupeser les raisons qui nous poussent à
rentrer en combat avant de décider de le faire, car une fois dedans, il sera
trop tard pour savoir si elles sont fondées ou non. Rentrer en combat nécessite
de fermer son intelligence, d’abandonner en grande partie sa conscience en
espérant la retrouver à la sortie.
C’est
ici que Trump est peut-être l’instrument de la ruse de la raison. L’homme qui
affirme maladroitement ce qui est à faire, sans se poser de questions,
abruptement et de manière fausse dans les moyens, mais souvent exacte dans
l’objectif. Quelqu’un qui ne passera pas son temps en repentance, en fausse
raisons, en préservation d’un humanisme d’apparat destiné à s’auto-glorifier ou
à cultiver son clientélisme et ses intérêts personnels.
Parce
que le combat nécessite de faire taire un temps notre intelligence, nos
délibérations trop conciliantes, trop compromises ou trop complices, les
détours de l’histoire nécessitent peut-être de passer par Trump pour que plus
tard notre civilisation survive.
Aussi
paradoxal que cela puisse paraître, aussi contradictoire le personnage de Trump
fût-il vis-à-vis de la civilisation, nous savons maintenant que c’est pour
échapper à des hommes qui la nient et la démolissent bien plus fortement en se
donnant des allures respectables que nous emprunterons ce détour inattendu.
Espérons qu’une fois ce détour emprunté, nous verrons le retour d’une élite
véritable aux commandes, celle qui terrifie les actuels imposteurs, celle
d’hommes qui ont l’humilité de l’empiriste, le courage de la confrontation au
réel, la simplicité qui est la marque des grands.
La
morale de la ruse de la raison est celle du fameux « dîner de cons ».
Ceux qui se pensent supérieurs mais sont en réalité infiniment plus vulgaires
et plus sales que ceux qu’ils méprisent pourraient être pris à leur propre
système de pensée. Si Donald Trump est élu, le traditionnel dîner de
Thanksgiving qui aura lieu quelques semaines après l’élection leur rappellera
qu’ils sont devenus les dindons de leur propre farce.
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"L'orque : une nouvelle forme d'organisation de la société et de l'économie"
"Portrait de l'homme moderne"
"Prendre ouvertement les gens pour des imbéciles et les considérer comme des déchets humains est le soubassement mental du néo-libéralisme"
RépondreSupprimerCa correspond au mode de fonctionnement fréquent chez ceux appartenant à la classe dominante, sous Louis XIV, la reine Victoria... pas grand chose à voir avec le libéralisme.
"La ruse de la raison et la survie de la civilisation"
La ruse de la raison, c'est proche de la main invisible... La vérité c'est que personne ne contrôle vraiment l'histoire.
"Il n’y a d’ailleurs pas plus assujetti aux valeurs factices qu’un islamiste"
Il y a toutes sortes d'islamistes et de motivations, vous ne pouvez pas en faire un portrait robot.
Hitler éructait comme un soudard, était ce pour autant un dirigeant bénéfique ? Trump éructe, son programme c'est tout et son contraire, il est probablement aussi narcissique que ceux que vous dénoncez, mais avec une expression différente.
Trump est très proche de Sarkozy concernant ses positions au sujet du climat, ce qui est grave car le changement climatique va être un problème autrement plus grave que l'islamisme :
RépondreSupprimerhttp://www.huffingtonpost.fr/2016/09/22/donald-trump-climat-lettre-ouverte-30-prix-nobel-stephen-hawking_n_12126878.html?ncid=tweetlnkfrhpmg00000001
Vous me faites penser aux énarques, qui quand on leur dit qu'on manque d'avions pour lutter contre les feux de forêt, nous répondent que nous n'avons jamais été aussi proches du prochain gigantesque tremblement de terre...en attendant la forêt brûle...
SupprimerSoyez bref et concis !
RépondreSupprimerComme il l'a déclaré depuis Trump en a fait exprès d'être comme il est décrit pour se démarquer de ses adversaires, lors de la primaire républicaine, qui ne sont pas mieux que lui sous des apparences plus policées, et pour devenir le prochain président US.
Demandez aux salariés de Trump ce qu'ils en pensent de leur patron :
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/02/24/les-salaries-du-trump-hotel-en-ont-assez-d-etre-les-plus-mal-payes-de-las-vegas_4870595_829254.html
@MR,
RépondreSupprimerSur le management :
"Au fondement du management - Théologie de l'organisation - Volume 1" de Baptiste Rappin - les éditions Ovadia