En 2017, Generali proposera,
dans le cadre de ses contrats d’assurances complémentaires, un
système de « récompense des bons
comportements ». Les modalités sont encore un peu floues et
l’entreprise présente cette initiative comme une avancée en matière de prévention.
Mais en réalité, il s’agit bien d’une initiative détestable, à plusieurs
titres.
Orwellisation et
individualisme au carré
La
communication de Generali fait sourire, quand elle ne fait pas froid dans
le dos. Bien sûr, l’entreprise communique sur l’aspect quasiment citoyen de sa
démarche, par l’incitation à la prévention que cela représenterait. Passons sur
l’aspect volontiers insupportable d’un monde où ce sont les entreprises qui
dicteraient plus encore nos comportements. Mais quand Generali veut faire
passer son initiative comme une simple récompense aux comportements vertueux,
la ficelle est un peu grosse. Il est bien évident que si les clients qui
s’enrôlent gagnent des avantages financiers, alors, Generali pourra augmenter
petit à petit ses cotisations en arguant du fait que ceux qui suivent le
programme paieront moins cher. Difficile de ne pas y voir la porte ouverte à
une tarification selon l’état de santé, d’autant plus que, comme
le rappelle la Tribune, les assureurs
cherchent à récupérer les données médicales.
Bien sûr, certains verront
dans ces récompenses un juste retour des choses. Après tout, pourquoi ceux qui
conduisent de manière prudente devraient-ils payer autant que ceux qui ont une
conduite dangereuse ? Les prudents et les vertueux ne paient-ils pas pour ceux
qui prennent des risques, qui vivraient un peu au crédit des premiers ? Dans
une époque qui valorise un individualisme extrême et où l’égoïsme serait une
vertu, cela semble logique. Sauf que, cela suppose une négation de la vie
privée, déjà
menacée de toute part dans ce monde numérique mal régulé et mal compris.
Mais plus encore, cela menace le fondement même de la Sécurité Sociale, où les
risques sont mutualisés et où tout le monde cotise de manière relativement
indifférenciée, et parfois même en fonction de ses moyens.
Ici, c’est l’inverse même
qui semble en marche : les bien portants paieront moins cher et les malades plus
cher. Malheur aux malades chroniques ! Ce faisant, cette innovation révèle une
forme de négation de la société. Les individus pris séparément priment sur ce
qui nous rassemble. Une évolution idéale pour
les grandes multinationales qui peuvent alors imposer leurs conditions, et
viser la rentabilité pour chaque consommateur, fût-il coûteux comme un individu
en mauvaise santé. Tant pis, il sera contraint de payer. Derrière cette
sinistre innovation, il y a bien une forme de déconstruction de nos sociétés,
chaque citoyen devenant un consommateur isolé et bien faible face à ces
intérêts que trop souvent nos politiques laissent avancer sans même sembler
comprendre les enjeux de ce qu’ils font.
Pour des questions de
liberté individuelle, constamment menacée par ces intérêts trop heureux de nous
fliquer en permanence pour leur plus grand profit marchand, mais aussi pour des
questions de protection des mécanismes de solidarité de nos sociétés, où les
bien portant aident les malades, et les actifs aident les retraites et les
chômeurs, ces mécanismes ne sont pas acceptables.
Le cas de cette société d’assurance n’est, à mon avis, qu’un exemple supplémentaire des liens entre les politiciens et les patrons des grandes entreprises. Or, il suffit de parcourir le livre « Au cœur du pouvoir » consacré au club Le Siècle ou de lire la liste des invités de la rencontre annuelle du Bilderberg pour s’apercevoir que tout ce beau monde se connaît très bien.
RépondreSupprimerEn définitive, en s’acoquinant avec les multinationales et les puissances étrangères, les hommes politiques ne servent plus que des porteurs d’eau par le vote de législations complaisantes au profit d’intérêts privés et avec en retour, sans doute aussi quelques petites compensations…
Notre classe politique et l’oligarchie européenne sont tellement compromises que je crois qu’elles ne peuvent plus dire « non » aux sollicitations des uns et des autres. C’est ainsi que le corrupteur referme le piège sur le corrompu.
On s’aperçoit ainsi aujourd’hui que les gouvernements ne peuvent même plus s’opposer à de telles dérives. Il n’est donc pas anormal que les peuples ne fassent plus du tout confiance aux politiques qui ont bradé la puissance publique et notre souveraineté.
Pour le reste, merci pour ces informations utiles.
Hélas, vous n'avez encore rien vu :
RépondreSupprimerhttp://www.telegraph.co.uk/news/2016/09/02/obese-patients-and-smokers-banned-from-all-routine-operations-by/
"Obese patients and smokers banned from routine surgery in 'most severe ever' rationing in the NHS
Obese people will be routinely refused operations across the NHS, health service bosses have warned, after one authority said it would limit procedures on an unprecedented scale.
Hospital leaders in North Yorkshire said that patients with a body mass index (BMI) of 30 or above – as well as smokers – will be barred from most surgery for up to a year amid increasingly desperate measures to plug a funding black hole. The restrictions will apply to standard hip and knee operations.
The decision, described by the Royal College of Surgeons as the “most severe the modern NHS has ever seen”, led to warnings that other trusts will soon be forced to follow suit and rationing will become the norm if the current funding crisis continues."
Ce qui est amusant, c'est que ces contrats ne tiennent compte que de la vie privée, mais pas du tout de la vie professionnelle qui affecte tout autant, sinon plus, la santé. Mauvaises conditions de travail, troubles musculo-squelettiques, harcèlement et mauvais management stressant, ateliers ou bureaux bruyants, pollution atmosphérique des lieux de travail...
RépondreSupprimerLe patronat été vent debout contre les grilles d'évaluation de pénibilité au travail pour déterminer l'âge de la retraite, car prétendument trop coûteuse en temps, mais est probablement pour une incursion profonde dans la vie privée des assurés les accusant d'être uniques responsables de leur possible santé défaillante sans jamais tenir compte des paramètres environnementaux extérieurs à leur volonté, dont ceux du travail.
C'est la parfaite description de l'ultra-libéralisme, refoulement idéologique complet où tout dépend de l'individu, individualisme méthodologique, et quasiment rien de son environnement social, écologique, de travail.