Cela a été une des
informations principales de la semaine dernière : la
commission européenne demande à Apple un redressement 13 milliards d’euros
d’impôts à l’Irlande. Les
passes d’armes entre l’UE et les Etats-Unis peuvent être prises comme une
bonne évolution de la construction européenne. Mais en réalité, cette
condamnation pose beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en résoud.
Légitimation de la désertion
fiscale, effacement des Etats
D’abord, il faut remettre le
redressement à sa place. Même si la somme est énorme en apparence, ce n’est pas
grand chose pour Apple, à
peine 20% des profits de la seule année 2015, 6% de son chiffre d’affaires.
Ces 5 dernières années, l’entreprise a réalisé environ 260 milliards de
profits. Si on suit le raisonnement de la commission, si
Apple doit payer 13 milliards de redressement au titre des profits réalisés en
Irlande de 2003 à 2014, cela représente un profit de 100 milliards réalisé
en Europe sur ces douze années. Pouquoi donc seule l’Irlande, en Europe,
pourrait bénéficier de ces profits gargantuesques ? Car c’est cela que ce
redressement entérine : cela
ne pose pas de problème qu’un Etat vole les ressources fiscales des autres pays.
Pas étonnant venant
d’un ancien dirigeant Luxembourgeois.
L’autre gigantesque problème
que pose ce jugement, c’est l’effacement du rôle des Etats. Il est navrant de
voir la commission européenne réclamer à Apple le paiement d’un redressement de
13 milliards à l’Irlande, et
cette dernière de faire appel de cette décision. Espérons que les citoyens
Irlandais apprécient le cadeau de leur gouvernement à la
multinationale au plus de 200 milliards de trésorerie… Dans cette
mondialisation sans frontière, la
volonté démocratique des Etats semble manquer de poids face aux intérêts de
toutes ces multinationales, qui utilisent la complexité d’un droit et d’une
fiscalité, trop souvent taillés à leur mesure, pour se soustraire à leurs
devoirs collectifs et donner toujours plus à leurs actionnaires.
Malheureusement, bien des exemples montre que ce n’est qu’une question de
volonté politique.
Bref, le redressement
d’Apple n’est pas une bonne nouvelle. D’abord, comme
toujours, il est très insuffisant. Ensuite, il est anormal qu’il ne
bénéficie qu’à l’Irlande, sur des profits essentiellement réalisés ailleurs, ce
dont, malheureusement, aucun de nos politiques ne semble avoir conscience.
Enfin, ceci illustre encore l’effacement des Etats, porteurs de l’intérêt
général face
à des actionnaires sans limites.
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerévidemment, la Commission n'allait pas laisser passer une belle occasion de se refaire une virginité sur le dos des...Contribuables irlandais, et surtout des autres pays de l'UE!!!
Car le coupable dans cette histoire, c'est bien la République d'Irlande: non contente de ne pas réclamer ELLE-MEME ces 13 milliards d'euros (quasiment autant de dollars), elle essaie en plus de s'attirer les bonnes grâces d'Apple en se mettant en porte-à-faux avec les institutions européennes!
J'ai toujours fustigé le comportement de passager clandestin des Irlandais dans l'histoire de l'UE: 12,5% d'impôts sur le revenu des entreprises, cela fait de ce pays un paradis fiscal! Et qui paie pour le train de vie de la verte Erin? Vous, nous, moi, et les autres contribuables européens!
Et quand on pense que l'Irlande a coûté plus de 70 milliards d'euro à sauver en 2013 (soit plus que la Grèce, au passage...), il y a vraiment de quoi enrager!
Vous fustigez l'effacement des états par l'UE? Moi, c'est plutôt leur démission qui révolte! C'est lamentable, et la France doit sortir de ce mer_ier!!!!
CVT
Apple est assez riche pour déménager du jour au lendemain puisque après ce coup là, il va aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, ou aider l'Irlande a l’émancipé de l'UE!
RépondreSupprimerSi le faible IS irlandais crée des emplois et donc des rentrées fiscales autrement( par IRPP, TVA...) en attirant les investissements, rien n'empêche les autres pays de l'UE de faire de même.
RépondreSupprimerLa concurrence à la baisse des impôts ?
SupprimerOn se doute bien que si plusieurs pays faisaient cela, des pays comme l'Irlande abaisseraient encore plus leur taux d’imposition pour garder leur "part de marché" et on arriverait assez vite à la disparition de l’impôt sur les entreprises.
HMS
"on arriverait assez vite à la disparition de l’impôt sur les entreprises."
RépondreSupprimerEt alors, il peut bien disparaitre si il permet d'attirer les capitaux bloqués dans les paradis fiscaux ou alimentant des bulles spéculatives inutiles voire nocives.
L'IS est un impôt obsolète, supprimez le partout, l'activité reprendra et l'état ne perdra rien de son budget et dépenses sociales qui seront financés par tous les autres nombreux impôts.
L'IS est un impôt idiot car le plus facile à contourner avec les multiples montages actuels juridiques.
@ CVT
RépondreSupprimerBien sûr, l’Irlande est responsable. Mais elle joue avec les règles que nos dirigeants ont malheureusement acceptées et promues. En effet, il faut en finir
@ Anonyme
C’est une course sans fin au moins-disant fiscal. Sans impôt, pas d’Etat ou de Sécurité Sociale
@ HMS
En effet