mercredi 16 novembre 2016

Après le Brexit, et Trump, Le Pen en 2017 ?

C’est la question qui s’est posée en France après l’annonce de la victoire de Trump il y a une semaine. Après la victoire du Brexit et celle du candidat républicain aux Etats-Unis, faut-il y voir le signe que Marine Le Pen pourrait bien être élue dans six mois, une question légitime posée par des commentateurs du blog. Petit point après avoir laissé un peu passer le choc de cette élection.



Comparaison n’est pas raison

Il faut dire que les points de comparaison entre Marine Le Pen et Donald Trump ne s’arrête à la couleur de leurs cheveux. Comme lui, elle dénonce les immigrés et la mondialisation. Comme lui, elle est critiquée par l’immense majorité des média. Comme lui, son électorat est plus fort chez les blancs et au sein des blancs, son vote est inversement proportionnel au niveau d’études, un très fort déterminant du rapport à la mondialisation. Comme aux Etats-Unis, on peut constater une très forte désaffection vis-à-vis des appareils politiques classiques et une colère grandissante à l’égard du dit PS et des dits Républicains. Bref, le cocktail français peut sembler très proche du cocktail étasunien.

Sauf qu’il y a aussi de vraies différences. On peut penser que la colère des Français n’est pas aussi grande que celle des étasuniens, encore plus essorés par les ravages de la mondialisation financière, que ce soit les millions qui ont perdu leur logement, ceux qui sont sortis du marché du travail, ceux qui ne peuvent pas se soigner, ou ceux qui gagnent des salaires de misère. Bien sûr, la situation de notre pays n’est pas riante, mais on peut penser qu’elle est moins pire que là-bas, émoussant quelque peu le désir de changement. En outre, il y a des Le Pen à la présidentielle depuis 1974, ce qui relativise quelque peu le caractère nouveau de la candidate donnée en tête du premier tour.

Et puis, Trump l’a aussi emporté parce qu’il a réussi à s’emparer du parti républicain, alors que la France est toujours dans un tripartisme, dont on a vu aux régionales, qu’il barrait fermement la route du pouvoir au FN, même à l’échelon régional, qui devrait pourtant être bien plus accessible. La colère des Français peut-elle s’incarner dans un vote majoritaire au second tour pour le FN, avec plus de 80% de participation ? Cela reste une autre paire de manche qu’un système où Trump a pu l’emporter en réunissant les voix d’un quart de la population seulement, avec 54% de participation. Bref, quand on creuse un peu, le contexte français est plus éloigné du contexte étasunien qu’il n’y paraît.


En outre, il y a de grosses différences de programme économique, Trump proposant un nouveau cocktail reaganien de baisses d’impôts massiques pour les entreprises et les particuliers, notamment les plus riches. Son discours est profondément anti-étatiste, lui permettant de faire un hold-up sur la droite de son pays, alors que le FN semble hésitant après une parenthèse plus interventionniste en 2012. Autre différence assez fondamentale, Trump en rajoutait dans la provocation quand Marine Le Pen police son discours. Et cela dépendra aussi du candidat des Républicains. Au final, on en vient à se demander si Nicolas Sarkozy n’est pas beaucoup plus proche de Donald Trump que ne l’est Marine Le Pen, entre provocations verbales, même rejet des média et promesses de baisses d’impôts.


On ne peut pas exclure formellement l’option Le Pen en 2017 en France. Néanmoins, en prenant un peu de recul, une pseudo répétition (parallèle quelque peu abusif) des votes de 2016 ne semble pas si évidente. Le scrutin de dimanche nous donnera des indications intéressantes, outre le fait de commencer à dessiner le choix auquel nous serons confrontés en 2017.

10 commentaires:

  1. Après le Brexit et Trump, le mécontentement vis a vis de l'UE de Bruxelles (et des européistes), surtout si elle ne fait pas de vague, sera atténué et donc ne profitera pas a Mme Le Pen!

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  2. @LH,

    1."Comme lui, elle dénonce les immigrés et la mondialisation."

    Faux, MLP remet en cause les politiques migratoires menées jusqu'alors.

    2. "Comme lui, elle est critiquée par l’immense majorité des média"

    Oui.

    3. "Comme lui, son électorat est plus fort chez les blancs et au sein des blancs,"

    Pourquoi "racialiser" ? Ensuite, de quels chiffres parle-t-on et établis par qui, quelle étude en France ? Il n'y a pas de citoyen blanc, il y a des citoyens.

    Par ailleurs, on vote en conscience, pas avec un taux de mélanine : j'avoue donc mal comprendre cette étonnante assertion. Ce type d'analyse m'apparaît comme une vision américaine des chose peut-être ?

    4. "son vote est inversement proportionnel au niveau d’études"

    Je ne vois pas l'intérêt de mentionner ce type de catégorisation dont on ne sait d'ailleurs comment elle peut être établie (quel calcul, protocole...). Mépris de classe ? De plus, le diplôme n'est pas un brevet d'élévation de la conscience morale. Souhaitez-vous un vote censitaire ? Un Homme un vote !

    "Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune" (art. 1 DDHC)

    Je ne vois pas l'utilité commune dans ce schéma de lutte politique en la cause.

    5. De mon point de vue ils sont l'un et l'autre un révélateur par rapport à l'état du pouvoir et la position de chacun par rapport à celui-ci.

    Plus on est proche de l'idéologie en place, moins on valide MLP et Trump et plus on les conteste !

    Cordialement

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    1. Et on se demande ce que souhaite M. Herblay en définitive. Il ne cesse de pester contre la politique LPRS (Les Rois Pillards et Scélérats) et refuse la seule alternative qui a quelque chance de s'imposer. Serait-ce de l'inconséquence ? La différence entre le programme économique reaganien et celui interventionniste de MLP me parait aller dans le sens ce ce que prône habituellement M. Herblay.
      Un mot sur Sarkozy : il n'est qu'un minable opportuniste singeant Trump mais il fait partie de "l'élite" qui nous a conduit très près du mur et qui souhaite avoir encore le volant.

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  3. Je ne crois pas trop à MLP 2017 pour une raison bien plus simple. Les Français crachent sur les deux grands partis de gouvernement, leurs synthèses, leurs egos, leurs surenchères pour masquer des options économiques proches. Mais seuls les LRPS disposent pour le moment d'un vivier suffisant pour constituer une équipe gouvernementale "crédible". Pour contrer cela, il faudrait que le FN recrute très vite des experts économiques crédibles et fasse quelques grosses "prises" dans la droite classique.

    Il existe selon moi un autre obstacle de court terme au FN: la croissance démographique de la catégorie "retraités", cette catégorie favorable à la rigueur et à l'européisme béat, cette catégorie qui adorait DSK et adore désormais les faux modernes Macron/Juppé. Pour que l'hypothèse Marine à l'Elysée devienne crédible, il faudrait que les retraités cessent de considérer le social-libéralisme comme le meilleur allié de leurs intérêts. Sur ce dernier point, j'ai des doutes. On parle de la banlieue, on parle des victimes de délocalisations mais on n'évoque jamais cette catégorie de la population meilleure alliée d'un certain consensus mou, une catégorie de poids électoral non négligeable qui ne déserte jamais les urnes. Elle représente un vrai défi pour ceux qui voudraient voir une politique souverainiste au sommet de l'Etat, quels qu'ils soient.

    JZ

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  4. Quelques remarques :

    1) Sarkozy complètement discrédité par le résultat de son action. Peu importe ce qu'il racontera, il n'arrivera plus à faire croire qu'il incarne une quelconque possibilité de changement.

    2) Tous les thèmes qui vont dans le sens de l'histoire maintenant à l’œuvre (démondialisation, retour des nations, souveraineté, arrêt de l'immigration, etc) sont ceux sur lesquels le FN a basé son analyse depuis des années. Et il est le seul parti principal dans ce cas.

    3) "En outre, il y a des Le Pen à la présidentielle depuis 1974"
    Trump a depuis des dizaines d'années occupé l'espace médiatique de manière importante. Pour être élu, il faut être connu (il n'y a en tout cas pas d'exemple de gens peu connus qui aient gagné une élection présidentielle).

    4) On est d'accord que le système électoral français est moins favorable pour permettre un changement des politiques menées actuellement que le système US.
    Le suffrage universel direct favorisant plus les vainqueurs de la mondialisation, à savoir les métropoles qui sont très peuplées et très mobilisées électoralement.

    5) Les circonstances seront déterminantes (candidats, contexte (par exemple 3-4 attentats d'ampleur d'ici mai dont un la semaine du 2ème tour), etc)


    Le FN a donc de vraies chances de l'emporter. Mais comme depuis 40 ans, la France est toujours à contre-temps de l'histoire, on peut penser que les tenants d'un système qui nous fait couler depuis lors en ont d'au moins aussi grandes.

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  5. Guilluy : http://www.lepoint.fr/societe/faire-passer-les-classes-populaires-pour-fascisees-est-tres-pratique-16-11-2016-2083327_23.php#xtatc=INT-500

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  6. @ 1984

    1- Et les « Merah en puissance » ? Ses exagérations sur leur coût ?
    3- Je préfère un pays comme le nôtre qui n’en parle presque jamais, mais c’est aussi un fait.
    4- Encore un fait. Je n’ai jamais dit que le fait d’être diplômé impliquait la moindre supériorité. Au contraire, j’explique le vote social, même quand il va dans un sens que je réprouve

    @ Chichourne

    Il n’y a pas que l’économie, et quelle confiance accorder à un parti ultralibéral pendant plus de 3 décennies
    http://www.gaullistelibre.com/2015/12/20-raisons-de-faire-barrage-au-front.html

    @ JZ

    En effet, l’équipe peut jouer et le spectacle des figures du FN n’est sans doute pas très attirant. Juste sur la partie démographie

    @ Kous

    1- Vrai barrière pour le second tour, mais ce qu’il compte pour lui maintenant, c’est de mobiliser assez de fidèles pour les primaires : il lui suffit d’un carré de supporters
    2- Sur l’euro, malheureusement, cela n’avance pas…
    3- Juste, il faut être connu, mais il était très nouveau en politique
    4- Moins favorable, je ne pense pas, au contraire. Un président peut tout changer chez nous, beaucoup moins aux Etats-Unis où les contre-pouvoirs ont été prévus pour le pire

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  7. @LH:

    Mais alors, comment un candidat souverainiste peut-il accéder au pouvoir en dépit des fans de Macron aux cheveux blancs?

    JZ

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  8. Les "Elites" du parti republicain abandonnaient Trump au fur et à mesure de ses inepties et certains en tiraient la conclusion que lâché par des politiciens il serait battu..Erreur chaque "pro de la politique qui le lâchait lui apportait de nouveaux partisans ,car justement ces pros sont des épouvantails pour le peuple qui les a assez vus,et ainsi Trump passait pour un homme nouveau...Tirons-en une leçon ,évitons de trop frapper sur Le Pen ,le rejet populaire contre la classe politique est tel qu'elle pourrait bien passer,elle aussi pour un personnage nouveau et ainsi cette apparence lui donner une grande adhésion...

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