Hier
a eu lieu le troisième et dernier débat des primaires des Républicains. Le
premier tour de dimanche a gagné un nouvel intérêt avec la remontée de François
Fillon et le dégonflement partiel de la bulle Juppé. Mais derrière
les querelles de personnes et de communication, sur
les sujets économiques, les candidats sont d’une proximité confondante, jusque
dans l’erreur.
La grande
course vers le pire
Diminution
de 85 à 110 milliards d’euros de la dépense publique, suppression de 300 à 500
mille postes de fonctionnaires, baisse des impôts des entreprises, dérégulation
accélérée du marché du travail sont au menu du programme de tous les candidats,
qui semblent se fournir chez le même grossiste ultralibéral, même s’ils
prennent soin de se différencier sur la décoration. Et encore, ces différences
semble davantage venir du positionnement défini par des communiquants, laquelle
voulant incarner la modernité numérique, l’autre un renouveau qu’il ne
représente pourtant sur aucune dimension, l’un sur la modération, l’autre sur
la franchise austère et le dernier sur la majorité silencieuse.
Les
économistes ne sont pas tendres avec ces propositions, dont, selon même les études
du FMI, on peut déduire que ces programmes provoqueraient une baisse du PIB de
4,5 à 8,5%.
Jacques Sapir a dénoncé la
récession considérable que provoqueraient ces programmes s’ils étaient
appliqués. Olivier Passet, de Xerfi, a
dénoncé, lui, le mythe de la baisse massive du nombre de fonctionnaires en donnant une perspective
bienvenue aux chiffres de notre pays. Dans un autre article de la Tribune, Ivan Best démonte les mensonges
des candidats sur l’économie. Dans Marianne,
Etienne Girard résume la situation en faisant de la primaire le « Qui
va gagner le concours de la casse sociale ? ».
Il est tout
de même effarant que presque personne ne questionne plus fermement le
grand virage droitier de la droite sur l’économie. N’est-il pas un peu gros
de critiquer Hollande, tout en proposant de prolonger et d’accélérer sa
politique, en
semblant davantage s’inspirer de ce que le président dit socialiste a fait que
de ce qu’ils avaient fait de 2007 à 2012 ? Mais les querelles de
personnes semblent attirer toute l’attention. Et la remontée surprise de Fillon
pourrait bien chambouler les scénarios écrits à l’avance, car l’ancien Premier
ministre prend la place centrale de la primaire, déportant Juppé plus encore
vers le centre, ce qui pourrait lui être fatale dans des primaires qui pourraient
virer à droite.
Quelle
paradoxe que cette primaire, où
une droite qui ne réfléchit pas s’engage dans une course ultralibérale en
dénonçant la politique menée par le président sortant, alors
même qu’elle ne fait que reprendre le cadre que celui-ci a suivi, en l’amplifiant,
pour se différencier, sans la moindre vergogne, que devrait leur donner
pourtant le fait qu’ils fassent un tel grand écart avec ce qu’ils disaient il y
a 5 ans.
J'ai regardé les 2 premiers débats jusqu'au bout. Celui-là...je me suis endormie. Je sais ce n'est pas bien mais je n'ai pas accroché cette fois-ci. Et puis D.Pujadas et JP Elkabach...leurs faux-airs de journalistes rebelles...n'importe quoi. Je les ai trouvés mauvais. Et puis, ils commencent à dater comme journalistes. N'aurait-on pu avoir un peu plus nouveau ?
RépondreSupprimerBonne journée
Sylvie
Ce qui maintenant me fait peur, c'est ce quasi-abandon de l'impôt comme financement, financement noble pour moi, au profit de l'emprunt à tout va et court termiste. La hausse des taux est en train de s'installer et sera fatale aux pays cigales, dont le nôtre, en première ligne.
RépondreSupprimerJ-F. Poisson n'est pas ultra-libéral. Laurent commet une erreur de le désigner en tant que tel.
RépondreSupprimer@LH,
RépondreSupprimerIl ne semble pas que M. Poisson soit un ultra-libéral. Les autres, plus qu'ultra libéraux, sont libéraux-libertaires, ce que n'est assurément pas M. Poisson.
Par ailleurs, au vu du dernier débat, Juppé a perdu.
J'ai loupé tout les débats, ont ils parler de Macron, d' Asselineau ou de ce que veut imposer l'UE de Bruxelles?
RépondreSupprimerLes Repus portent bien leur nom. Ils jouent définitivement la carte des riches contre les pauvres, même si c'est à court terme. Les déclarations de M. Apathie (suppression du suffrage universel, haine de l'idée de "grandeur de la France", intelligence supérieure des journalistes comme lui, même quand ils se trompent) montrent bien que la classe dirigeante ne voit pas d'un mauvais œil la décadence de la France et l'appauvrissement des masses, masses qu'on devrait abandonner à leur stupidité et à leur misère.
RépondreSupprimerAu second tour je vote pour n'importe qui contre le candidat Repu, même si c'est Marine, Valls ou Hollande : c'est une question de survie.
Guadet
L'argument des libéraux LR (et de l'aile droite du PS) a souvent été celui de la comparaison entre la France immobile et l'étranger en mouvement, de la volonté de s'inspirer de "ce qui marche". Sauf que l'austérité imposée aux pays du Sud a donné pour le moment des résultats plus proches du désastre argentin que du retour espéré de la prospérité. Et le doublé Trump/Brexit nous montre que, même dans les places fortes du libéralisme, un ras le bol des laissés pour compte de la "mondialisation heureuse" existe. Quant à l'Allemagne, le désastre méditerranéen déjà mentionné montre bien que leurs voitures sont bien plus exportables que leurs solutions économiques. Et après ils osent nous dire que la France a besoin de plus de potion libérale?
RépondreSupprimerJZ
@ Sylvie
RépondreSupprimerUn peu de renouvellement journalistitique ne ferait pas de mal. Pourquoi pas Plenel, Bourdin ou Lucet ?
@ Atao
C’est juste
@ JJS & 1984
Beaucoup de ses propos étaient pourtant très libéraux jeudi soir
@ Anonyme
Macron, oui. Asselineau : mais pourquoi ?
@ Guadet
Leur programme est absolument effarant : ils lorgnent vers le modèle thatchero-reaganien alors même qu’il commence à être remis en question localement
@ JZ
Mais bizaremment, l’époque semble pousser dans ce sens
Thatcher pouvait peut-être encore croire que l'enrichissement de la classe la plus fortunée n'appauvrirait pas les autres et finirait même par les enrichir. La droite actuelle ne le croit pas, elle, et c'est pourquoi elle présente comme fatal et indispensable que la majorité des Français travaillent plus pour gagner moins. Elle assume parfaitement que son programme ne donne un avenir qu'aux plus riches, parce qu'elle considère les autres comme des inutiles voués à disparaître.
SupprimerGuadet
@LH,
RépondreSupprimerLesquels ?
Juppé a perdu !
@LH:
RépondreSupprimerCela dépend ce qu'on entend par "l'époque". Si l'époque se résume aux contraintes de la Commission Européenne et à la façon de penser de l'élite LRPS, alors oui "l'époque" pousse à ça.
JZ
Il parait qu'Asselineau se présente au élection présidentielle soutenue par un parti de 13000 adhérents mais qu'il est inconnu au bataillon, c'est bizarre d'apprendre cela!!
RépondreSupprimer@ Guadet
RépondreSupprimerLe pire (???), c’est qu’ils ne sont peut-être même pas conscient de cela. Cela peut être seulement du conformisme, un manque de réflexion et l’air du temps, pour servir leurs intérêts…
@ 1984
Je ne me souviens pas précisément, mais en voyant ce que Poisson a dit sur l’économie, je me suis fait plusieurs fois la réflexion qu’il était comme les autres. Juppé me semble mal parti en effet : éliminé dès le premier tour ? Cela ne me déplairait pas, tant il était le chouchou du système.
@ JZ
Le moment actuel, où les idées alterntives à l’ultralibéralisme ne semblent pas parvenir à émerger et où nous perdons, pour le moment, la bataille des idées (heureusement, la guerre n’est pas finie).
@ Anonyme
Il est peu connu. C’est évident. Il a fait 0,4% aux européennes, un dixième du score de DLR.
@LH:
RépondreSupprimerSi on entend par bataille des idées la bataille du POSSIBLE. Il n'y pas une majorité de Français pour souhaiter ce que Jospin nommait société de marché. Mais ses défenseurs ont su imposer auprès de l'opinion l'idée qu'il n'y aurait pas d'alternative, bien aidés par: 1) la domination culturelle américaine 2) la Chute du Mur 3) L'idée que nous serions si peu par rapport à la population de la Chine et donc qu'il faudrait être inclus dans un grand ensemble libéralo-bureacratique (l'UE). 4) la situation des comptes publics. Du coup, à défaut de susciter une réelle adhésion, ils peuvent se poser comme les seuls à proposer une route réaliste. Les quatre points que je mentionne plus haut ont su gagner l'assentiment, à défaut de l'adhésion, des plus instruits. Quant aux retraités, ils n'ont même pas besoin d'être convaincus vu que c'est leur intérêt direct (cf. Merkel, porte parole du portefeuille du retraité allemand). C'est cette alliance retraités pro-LR/électeurs LRPSUDI urbain de haut niveau socioculturel qui promeut les candidats du consensus mou soclib.
JZ
Dans interview récent avec Radio France sur les élections aux États-Unis Emmanuel Todd a élaboré sur la capacité de la France d'être en retard. Son exemple: l'amour de Thatcher 35 ans après son temps.
RépondreSupprimerIl dit que ceux gens-là sont "les Mitterands" de nos jours, hors l'histoire. Vont-ils faire Marine Le Pen Présidente de la République?