L’opposition
temporaire de la Wallonie au CETA avait permis de révéler au grand public tous
les doutes qui étaient exprimé à l’égard de ce traité de libre-échange avec le
Canada. Mais le
revirement de Paul Magnette déblaye le chemin pour sa ratification. Malgré
son soutien au traité, le
Monde a publié cette semaine une
série
de papiers démontrant les
raisons pour lesquelles il
faut absolument s’y opposer.
Tribunaux
d’arbitrage, agriculture, climat et démocratie
Même
si les Décodeurs notent qu’il y a eu
de vrais changements dans les modalités de ce tribunal, on peut toujours en
contester le principe même et ces ajustements restent très limités. Ils
notent qu’en passant par leurs filiales canadiennes, les multinationales
étasuniennes pourront bien poursuivre les Etats européens… Mieux encore, les
Décodeurs notent qu’il serait
possible d’avoir un CETA sans arbitrage. Enfin, ils admettent que le traité
pourrait permettre aux grandes entreprises de contester des politiques
publiques. Le
papier sur l’agriculture, en revanche, démonte les différentes critiques
portées au traité et en vante même plusieurs aspects, de la clause de
sauvegarde à la protection des AOP.
Malgré tout,
en reprenant l’argumentaire, on est bien plus circonspect. Certes, le
montant supplémentaire de quotas attribués au Canada n’est pas énorme par
rapport à notre consommation, mais il suffit de peu pour déséquilibrer les
marchés et les
argiculteurs n’en ont pas besoin. Il n’y a pas de garantie sur
l’alimentation des bovins et sont créés des forums d’harmonisation des normes
qu’il faudra surveiller, sur le bœuf aux hormones et autres joyeusités
nord-amérciaines. Dans
un troisième papier, les Décodeurs montrent
que le CETA aura sans doute des conséquences négatives sur le climat,
notamment en permettant aux entreprises d’attaquer les politiques climatiques
via les tribunaux d’arbitrage.
Enfin, dans
un quatrième papier, ils se demandent si « la démocratie européenne sera dépossédée ». Les
journalistes rappellent notamment que le CETA introduit des procédures qui
permettront de réconcilier les normes de part et d’autre de l’Atlantique,
rappelant que l’Europe
a accepté en 2013 de lever son interdiction de décontamination des carcasses à
l’acide lactique, souhaitée par les intérêts étasuniens. Et « le
principe de précaution n’est à aucun moment érigé en exception générale qui
l’emporterait sur l’ensemble des autres dispositions du traité »,
ce qui n’est pas sans risque avec les tribunaux d’arbitrage. Ce qui ressort,
c’est que le CETA ouvre beaucoup de portes et manque de clarté.
Merci au Monde pour ces
très
bons
articles
qui renforcent encore les
arguments contre le CETA et illustre tous les reproches que nous lui faisons.
Le plus révoltant est sans doute le manque de clarté de ce traité, qui ouvre le
champ des possibles pour
les intérêts des multinationales d’une manière un peu sournoise, tout en
essayant de rassurer des citoyens hostiles par quelques déclarations
superficielles.
Ce qui m'inquiète ce sont les tribunaux d'arbitrage et l'arbitrage sans ces tribunaux. Cela va fiche en l'air les fonctions publiques régaliennes des Etats. Je pense à la douane, aux impôts, à la concurrence. En gros aux ministères des finances de l'UE. Par ailleurs, quel intérêt pour l'UE de se doter d'outils de facilitation douanière et commerciale, de règlements de défense commerciale. Une saisine du tribunal d'arbitrage eh hop ! on raye le droit communautaire d'un coup d'un seul. La GB , elle au moins en sortant de l'UE pourra mener sa barque comme elle veut face au Canada et aux USA. Tout ce qui lui plaira, passera, tout ce qui la contrariera, elle dégagera.
RépondreSupprimerFanfan
Oui, je partage votre avis, la GB a choisi la meilleure option, quitter l’UE !
SupprimerCe n’est pas tant l’idée d’une union Européenne forte qu’il faut dénoncer, mais bien la façon dont elle est gérée par des technocrates qui ignorent la voix des peuples et qui, par voie de conséquence, remet en cause notre démocratie. Si nous voulons protéger nos enfants et notre futur, nous devons détruire cette institutions et peut être en récréer une avec une gouvernance soucieuse de l’avis des peuples…
@Fanfan
RépondreSupprimerMême remarque que vous et j'ajouterai qu'avec cet accord, l'UE a perdu la bataille des normes.
Sylvie
Comment peut-on concilier les tribunaux arbitraux avec la Charte des Nations Unies qui proclame la souveraineté de celles-ci? A moins que cette charte n'ait eu qu'un rôle provisoire?
RépondreSupprimer