Politiquement,
par
l’énorme coup de pied dans la fourmilière politique trop homogène qui dirige
les Etats-Unis depuis trop longtemps, l’élection de Trump peut être
considérée comme une
révolte démocratique bienvenue et légitime. Mais alors qu’il va s’installer
à la Maison Blanche dans quelques semaines, il faut bien se demander s’il
apportera le changement désiré.
Sortie
d’une impasse pour direction incertaine
Je persiste à
penser que, malgré les grandes limites personnelles de Trump (faut-il être
français pour être rétient à voir un futur président avoir été le héros d’une
émission de télé-réalité, ou s’être donné en spectacle à un combat de catch ?)
ce
choix était bien meilleur que celui d’Hillary Clinton. Car la candidate
démocrate, outre des aspects personnels questionnables, c’était plus de ce qui
échoue depuis des décennies : l’interventionnisme extérieur, l’anarchie
commerciale, la poursuite d’un manque de régulation. Seul bon point : la
hausse du salaire minimum. Et ses
idées sur le financement des études supérieures sont absolument effarantes, accentuant
le mal au lieu de le soigner.
A contrario, plusieurs
éléments du discours de Trump sont positifs. Comme
le note Sapir, il pourrait être le premier président de la démondialisation.
En effet, Il refuse le laisser-passer tant pour les produits, les capitaux et
les personnes. Il
a tenu des propos très forts contre les importations à bas coûts, qui
pourraient ouvrir la voie à une relocalisation d’une partie des emplois perdus.
Il affirme vouloir rapatrier les capitaux qui ont fui son pays et il est aussi
opposé aux flux incontrôlés de personnes (d’où le mur à la frontière avec le
Mexique). Et il
propose une hausse du salaire minimum ainsi qu’un programme
d’investissments publics dans les infrastructures. Enfin, son refus de
l’aventurisme interventionniste à l’étranger, qui
n’a engendré qu’un chaos d’où a surgi Daech, représente un véritable
progrès.
Cependant,
outre un caractère assez fantasque pour la fonction et la question de ses
motivations, certaines de ses propositions posent problème. Michel
Onfray a sévèrement fait de lui « la
poupée gonflable du capital ». Il faut dire qu’il propose une
suppression de l’impôt sur les successions, une baisse de plus de moitié de
l’impôt sur les sociétés et une baisse générale de l’impôt sur le revenu, qui
profiterait aux plus riches. Son programme fiscal alimenterait fortement des
inégalités qui n’en ont pas besoin. Bref, ce n’est pas parce qu’il horripile
ceux qui nous horripilent qu’il faut perdre toute distance critique, d’autant
plus que son pragmatisme pourrait le mener dans des directions imprévisibles.
L’élection de
Donald Trump est une bonne nouvelle, tant
sur le sens politique de rejet d’élites qui ont oublié les citoyens, que
sur le fond, avec
la remise en question de cette mondialisation anarchique. Cependant, le
programme du président-élu risque d’accentuer encore fortement les inégalités
et il est difficile de savoir quelle direction il fera prendre à sa présidence.
Pour le meilleur, ou pour le pire ?
Le doute qu'il apporte, apporte aussi de l'espoir et réveille les endormies! Il mélange les cartes!
RépondreSupprimerUne vidéo pour comprendre pourquoi Trump fait peur à l'oligarchie financière et à la classe médiatique (à voir absolument) :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=6JMB9GKB8jw
Charles
Je suis assez en accord avec cette analyse. Je suis très heureux que les curseurs doivent bouger.Toute fois le discours (et projets) de Trump sont inacceptables en matière de migration et de stigmatisation des étrangers notamment. Sont amour pour les armes n'est pas compatible avec un désarmement de la population américaine. Je crains aussi que Trump soit imprévisible ou à tout le moins qu'il ait un pragmatisme qui lui face prendre des positions opportunistes. Ce qui est le plus important pour moi c'est de voir comment l'UE et ses pays membres vont réagir ? Là, j'ai des craintes sévères.
RépondreSupprimerIl a commencé à mettre de l'eau dans son vin. A part, le droit à l'avortement, les armes et l'immigration, pas d'annonce et de visées spectaculairement révolutionnaires. Et encore, sachant qu'il a dit qu'il ne reviendrait pas sur le mariage homosexuel (alors que bon...pendant sa campagne, on avait pas trop le même discours). Par ailleurs, il propose de renvoyer 3 millions d'immigrés clandestins. B. Obama en a renvoyé 2.5 millions. Où est le changement sur cette question ?
RépondreSupprimerIl ne pourra pas faire autant ce qu'il veut. Il risque de décevoir autant que les autres. En plus, je maintiens mon impression : il s'est retrouvé élu mais ne voulait-il pas simplement jouer avec les élections présidentielles, faire son show et basta? C'est l'image qu'il a donné après son rendez-vous avec B. Obama et P. Ryan. Sans compter que tout d'un coup le procureur spécial pour les affaires Clinton...n'est plus une priorité. Wall Street avait dévissé après son élection, elle s'est ressaisie depuis. Franchement, en ce qui me concerne, j'ai du mal à me convaincre sur sa capacité à faire bouger les lignes, à part sur le sociétal (avec un retour en arrière ?!).
Bonne journée
Sylvie
Votre impression est fausse : dans son discours de victoire Trump émet déjà le souhait d'être réélu dans 4 ans et de faire deux mandats présidentiels pour mener à bien tout ce qu'il veut faire (à 13 min 50) :
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=tQX7EMTiXoU
Charles
Merci pour cet article, tout en nuances.
RépondreSupprimerCe gars est un roi du Marketing au sens pas noble du terme. Il a dit n'importe quoi pour être élu, et ça a marché. Il gouvernera de la même manière. Il n'aura aucune influence sur les évènements, mais saura en tirer profit aux yeux de certains. Vous voyez des signes d'apaisement dans son discours, moi je ne vois rien d'autre que la continuité de ce qu'il a toujours été : un gars doué pour sentir ce qu'il faut dire à quel moment pour faire illusion.
RépondreSupprimerVous critiquez Obama pour son sens du show et son absence de profondeur. Franchement, qu'attendez-vous de Trump ?!
Désole mais non, ce ne sera pas le porte-étendard de la politique que vous appelez de vos voeux. Vous notiez - à juste titre - que Marine Le Pen stérilisait le vote souverainiste. Par le même mécanisme, Trump va très probablement démolir vos idéaux aux yeux du monde.
La vérité est qu'il y a à boire et à manger chez Trump... ce qui m'inquiète le plus, ce sont ses liaisons avec des ultraconservateurs moisis qui rêvent de supprimer l'enseignement de Darwin dans les écoles américaines...
RépondreSupprimerMais bon, l'essentiel, c'est l'arrêt des guerres et du conflit contre la Russie, la collaboration avec Poutine qui mettra fin à DAESH en quelques semaines.
@ Olivier Montulet
RépondreSupprimerD’accord sur la stigmatisation : il a dépassé les limites, notamment sur les Mexicains. En revanche, renvoyer les immigrés illégaux qui ont un casier, cela me semble parfaitement légitime. D’accord sur les armes, mais là, ceci est peut-être malheureusement culturel. D’accord aussi sur le caractère imprévisible et sur la réaction de l’UE.
@ Sylvie
On peut interpréter cela de votre manière, en effet. Sur les clandestins, si on s’en tient à son discours, c’est trois millions tout de suite (tous ceux qui ont un casier), ce qui est différent d’Obama, lissé sur 8 ans. Au global, je suis malheureusement d’accord sur le fait de bouger les lignes. Peut-être sur le protectionnisme ? Mais même là, je n’ai pas de certitude.
Bonne journée
@ Anonyme 17h37
C’est un gros risque en effet, malheureusement. Trump peut, par calcul ou hasard, remettre en cause certains dogmes modernes, notamment l’anarchie commerciale.
Soyons clair : pour moi, il n’est pas un étendard. Je pense que dans un duel contre Clinton, il est plutôt positif que ce soit lui qui gagne, mais j’ai exprimé maintes fois (y compris dans ce papier), mes réserves sur le bonhomme…
@ Rodolphe
Let’s wait and see