Wall
Street qui bat record sur record et semble vouloir s’approcher de la barre des
20 000 points. Le
CAC40 qui vient d’atteindre son plus haut annuel. La déconnexion entre les
marchés financiers et les citoyens, si
elle est loin d’être nouvelle, semble vouloir atteindre de nouveaux
sommets. Que penser de cette évolution des marchés financiers dans les
dernières semaines ?
Bulle 2.0
et victoire de classe au carré
Le paradoxe n’est qu’apparent. Bien sûr, toutes les questions sur notre modèle économique subsistent : les inégalités, la baisse du pouvoir d’achat ou celle de la participation au marché du travail aux Etats-Unis, toute la difficulté des pays européens à sortir de la crise et le maintien d’un fort taux de chômage dans bien des pays, tout comme la hausse des inégalités. Et si, finalement, tout ceci était lié ? En effet, le relatif manque de prospérité de la majorité de la population n’oblitère pas forcément la capacité des grandes entreprises à aller bien, du moment bien sûr que la situation économique de la majorité stagne et ne se déteriore pas à grande vitesse, ce qui finirait par peser sur leurs ventes et intérêts.
Le bond des
dernières semaines a plusieurs significations. D’abord, il démontre que la
reprise économique est profondément inégale et profite essentiellement à une
petite minorité, comme
l’avaient déjà montré des statistiques étasuniennes effarantes, selon
lesquelles plus de 90% des gains de revenus de 2009 à 2012 étaient revenus à 1%
de la population ! Ensuite, cela relativise le changement apporté par
les victoires de Trump et du Brexit. En effet, c’est un peu comme si les
marchés nous indiquaient de facto que leur agenda est en train de gagner plus
encore politiquement et que les priorités des grandes entreprises seront encore
plus favorisées, à Washington, à Londres ou encore à Paris.
Après tout, la
situation était déjà très positive : un
coût de l’argent au plus bas, qui permet de financer des rachats d’actions
records, tout comme des opérations de fusions et acquisitions qui permettent de
générer des espèces sonnantes et trébuchantes pour les actionnaires, des pays
qui se battent pour attirer les sièges des grandes entreprises, poussant les
taux d’impôts sur les sociétés vers le bas… Mais le contexte récent semble
aller encore plus loin, puisqu’en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en France,
les impôts sur les sociétés semblent vouloir être orientés à la baisse pour le
proche avenir, puisque
Trump, May et Fillon font de la baisse de la fiscalité des entreprises une
priorité.
Du coup, les
marchés pourraient simplement refléter les perspectives d’augmentation des
profits après impôts puisque ces derniers devraient baisser dans les années à
venir, ce qui s’ajoute à une tendance à la hausse des profits, qui
sont déjà à des sommets tellement hauts que même The Economist s’en inquiète. Mais ce faisant, comme ne pas être
choqué de la baisse de la fiscalité sur les profits des entreprises alors que
les profits sont au plus hauts, ce qui devraient la pousser à la hausse. Enfin,
après
les précédents de 2001 et 2008, difficile de ne pas voir dans la montée
actuelle des cours un nouveau phénomène de bulle, qui devrait donc se terminer
comme tous les précédents…
Malheureusement,
il y a des raisons solides pour justifier la hausse des cours de bourse, même
s’ils ont déjà dépassé tous les précédents historiques aux Etats-Unis : jamais
les entreprises n’ont dégagé autant de profits, ce qui en dit long sur les
rapports de force économique de nos sociétés. On
peut même craindre que cela puisse continuer quelques temps, avant un nouveau
krach…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire