vendredi 9 décembre 2016

Les bourses fêtent la prise de pouvoirs des actionnaires (bis)

Wall Street qui bat record sur record et semble vouloir s’approcher de la barre des 20 000 points. Le CAC40 qui vient d’atteindre son plus haut annuel. La déconnexion entre les marchés financiers et les citoyens, si elle est loin d’être nouvelle, semble vouloir atteindre de nouveaux sommets. Que penser de cette évolution des marchés financiers dans les dernières semaines ?



Bulle 2.0 et victoire de classe au carré


Le paradoxe n’est qu’apparent. Bien sûr, toutes les questions sur notre modèle économique subsistent : les inégalités, la baisse du pouvoir d’achat ou celle de la participation au marché du travail aux Etats-Unis, toute la difficulté des pays européens à sortir de la crise et le maintien d’un fort taux de chômage dans bien des pays, tout comme la hausse des inégalités. Et si, finalement, tout ceci était lié ? En effet, le relatif manque de prospérité de la majorité de la population n’oblitère pas forcément la capacité des grandes entreprises à aller bien, du moment bien sûr que la situation économique de la majorité stagne et ne se déteriore pas à grande vitesse, ce qui finirait par peser sur leurs ventes et intérêts.

Le bond des dernières semaines a plusieurs significations. D’abord, il démontre que la reprise économique est profondément inégale et profite essentiellement à une petite minorité, comme l’avaient déjà montré des statistiques étasuniennes effarantes, selon lesquelles plus de 90% des gains de revenus de 2009 à 2012 étaient revenus à 1% de la population ! Ensuite, cela relativise le changement apporté par les victoires de Trump et du Brexit. En effet, c’est un peu comme si les marchés nous indiquaient de facto que leur agenda est en train de gagner plus encore politiquement et que les priorités des grandes entreprises seront encore plus favorisées, à Washington, à Londres ou encore à Paris.


Du coup, les marchés pourraient simplement refléter les perspectives d’augmentation des profits après impôts puisque ces derniers devraient baisser dans les années à venir, ce qui s’ajoute à une tendance à la hausse des profits, qui sont déjà à des sommets tellement hauts que même The Economist s’en inquiète. Mais ce faisant, comme ne pas être choqué de la baisse de la fiscalité sur les profits des entreprises alors que les profits sont au plus hauts, ce qui devraient la pousser à la hausse. Enfin, après les précédents de 2001 et 2008, difficile de ne pas voir dans la montée actuelle des cours un nouveau phénomène de bulle, qui devrait donc se terminer comme tous les précédents


Malheureusement, il y a des raisons solides pour justifier la hausse des cours de bourse, même s’ils ont déjà dépassé tous les précédents historiques aux Etats-Unis : jamais les entreprises n’ont dégagé autant de profits, ce qui en dit long sur les rapports de force économique de nos sociétés. On peut même craindre que cela puisse continuer quelques temps, avant un nouveau krach

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