Révolte,
révolution :
décidément, les frères ennemis eurolibéraux issus de ce quinquennat ne cessent
de se suivre, en utilisant des mots que l’on penserait pourtant plus réservés à
Mélenchon. Le
succès de Trump, et celui de Sarkozy en 2007, semblent avoir poussé les
communiquants des deux favoris de ce que l’on appelle la gauche dans la même
direction. Mais n’en font-ils pas un peu trop ?
L’anti-système
comme élément de langage
Ce faisant,
Valls et Macron ne font qu’imiter un Sarkozy qui
ne les inspire pas pour la première fois. On voit aussi chez eux une
ambition, un égocentrisme ou une capacité à dire n’importe quoi qui rappelle celui
qui a perdu les élections primaires de son camp il y a quelques semaines.
Car pour se distancier du président de la République le plus impopulaire, ils
ne reculent devant aucune outrance. Macron
se fait révolutionnaire, rien que cela ! Pourtant, difficile de voir quoique ce soit de
révolutionnaire dans les idées qu’il avance, qui doivent plus au radicalisme
modéré qu’à une quelconque radicalité : un petit transfert de cotisations
sociales sur la CSG, dont
même le Monde souligne les limites,
une poursuite de la déconstruction du droit du travail, et une ode totalement
déconnectée à l’Europe protectrice…
Manuel
Valls, lui, ose affirmer que « ma
candidature est une révolte ». Mais la révolte ne porte que sur
une possible défaite de son camp, naturellement. Il ose affirmer que « la
gauche, c’est le débat », alors que le PS vient de barrer la route
de la primaire à plusieurs candidats ! Depuis le début, l’ancien Premier
ministre semble avoir le malin plaisir de dire des choses totalement
incrédibles, se vendant aussi comme le candidat du rassemblement de son camp,
après avoir tout fait pendant cinq ans pour le diviser. Valls et Macron
devraient se méfier de ces discours policés par des conseillers en
communication mais sans queue ni tête : cela
n’a pas trop réussi à Alain Juppé de trop faire de com.
Malheureusement,
notre époque est tellement folle qu’on ne peut pas exclure, qu’aussi ridicule
soit-il, le discours de l’un des deux finisse par plaire et rassembler
suffisamment de personnes pour les emmener un peu trop loin. Après tout, ils
affrontent des concurrents dont les limites sont nombreuses. Mais espérons
qu’ils connaîtront le même destin que Juppé et Sarkozy.
Valls et Macron ont tous les deux été notamment d’accord ou ont contribué à la mise en place du CICE, du pacte de responsabilité, au gel des retraites, à la loi travail, c’est-à-dire à l’augmentation des inégalités et du chômage. Afin déjà de sanctionner et d’éliminer M. Valls et d’offrir la meilleure alternative possible à gauche, j’invite tous ceux qui sont en désaccord avec la politique de M. Valls et M. Hollande d’aller voter à la primaire PS.
RépondreSupprimerM. Valls mérite d’être éliminé à la primaire.
Même s’il est critiquable à bien des égards, M. Montebourg m’apparaît quand même comme un meilleur candidat que M. Valls.
EB.
Disons le candidat de gauche au discours économique le moins décalé par rapport à l'époque, la démondialisation le distinguant aussi bien d'un étatisme de Gauche classique que du social-libéralisme LRPS. Sauf que, en sus d'un caractère incontrôlable et d'un sens à peu près nul de la stratégie politique, son problème est de ne pas aller au bout des choses sur l'Europe. Comment veut-il instaurer un rapport de force efficace face la ligne Merkel? Etre dans la zone Euro tout en transgressant les traités est-il possible? Je ne trouve pas pour le moment de réponse à ces questions du côté de Montebourg.
SupprimerJZ
@JZ
SupprimerLe traité de Lisbonne ne nous oblige pas à payer 8 Milliards/an l’UE. En arrêtant de les payer, de financer nos concurrents Polonais Roumains et Bulgares et en faisant une politique de la chaise vide, comme le propose Montebourg et NDA, cela constitue pas mal d’argent qu’on peut redistribuer aux classes populaires, moyennes et aux retraités (proposition NDA). De plus cela permet de mettre en place rapport de force avec l’UE et de mettre un coup de pied dans la fourmilière.
La directive travailleurs détachés ne fait pas non plus partie non plus du traité de Lisbonne mais est une directive de la commission. Je ne dis pas de bêtise, on doit pouvoir la dénoncer par décret ou vote de loi au parlement, comme proposent Montebourg et NDA.
De même Montebourg veut réserver 80% des marchés publics aux PME Installées en France, alors qu’il y en actuellement 25% qui sont gagnés par les entreprises Française. A priori c’est contre le traité de Lisbonne mais en pratique, en privilégiant les circuits courts pour des raisons écologiques et en faisant des marchés tellement précis que seules les entreprises Française peuvent les gagner, comme l’Allemagne le fait avec Siemens dans les trains, on peut augmenter la part d’entreprises Françaises dans les marchés publics.
Moralité, Montebourg c’est quand même mieux que Valls, Macron, Fillon et MLP, quoiqu’on en dise. De plus Valls après nous avoir imposé sa loi travail à coup de 49.3 mérite bien une élimination à la primaire.
EB.
@ EB:
SupprimerSelon wikipédia: "La transposition est l’acte obligatoire par lequel un État membre de l'Union européenne insère dans son système juridique une règle de droit demandée pour remplir les objectifs d'une directive de l'Union européenne.".
Quant à la politique de la chaise vide, sera-t-elle suffisante pour faire céder Merkel? Si c'était le cas, la Grèce ou l'Italie la pratiqueraient. Quel discours opposer à une Allemagne qui dirait "la France est le bonnet d'âne budgétaire de l'Europe et elle se permet de bouder"? Que fait-on si Merkel ne cède pas ?
Sinon, j'ai un problème non avec les idées économiques mais avec la personne Montebourg: rayon qualités de stratège politique, il fait passer MLP pour Mitterrand. Rien qu'avoir caressé l'idée d'un ticket avec Taubira le prouve. Et sun un plan plus strictement politique il me paraît manquer de témérité sur l'identitaire et le régalien.
JZ
Si l'Allemagne ne veut pas céder on s'en va, un point c'est tout! Mais encore faudrait-il qu'il ait un gouvernement avec assez de caractère pour faire cela et non pas le ramassis de poules mouillées, de lâches qui nous gouvernent. Sans la France il n'y a plus d'UE et l'Allemagne se retrouve avec son cher DM qui se revalorise d'au moins par rapport au franc, et pire par rapport aux autres monnaies d'où adieu aux fabuleux excédents commerciaux.
Supprimer@JZ
SupprimerLa Grèce de Tsipras, en plus d’être surendettée vis-à-vis notamment de la France et de l’Allemagne, reçoit plus d’argent de l’UE qu’elle n’en donne. La France au contraire est le 2ème contributeur net de l’UE, à la hauteur de près de 20% du budget de l'UE. La France a donc beaucoup plus de poids que la Grèce et même que l’Italie pour réorienter l’UE. Plus la suspension de la contribution nette des 8 Milliards et la politique de la chaise vide de la France dure, plus cette dernière gagne d’argent; ce qui compte pour créer un rapport de force. Si l’Allemagne refuse de céder, je me dis qu’on pourrait se retrouver dans une situation de statut Quo pendant des années. Il me semble également possible que la BCE bloque l’accès aux liquidités pour les banques Françaises. Si c’est le cas, reste à savoir si M. Montebourg finirait comme Tsipras par se plier à Troïka ou aurait-il un plan B avec réquisition de la banque de France et au final sortie possible de l’Euro. Je ne sais pas jusqu’où serait prêt à aller M. Montebourg. Me concernant, je ferais plus confiance à NDA voire même Mélenchon, que Montebourg pour oser sortir de l’Euro en cas de blocage; tout en sachant que d’ici là l’Italie pourrait finir par sortir de l’Euro et la zone Euro pourrait alors éclater.
EB.
Ils ont parfaitement compris que le discours de campagne ne servait qu'à...se faire élire. Ils disent à ceux qui les écoutent ce qu'ils ont envie d'entendre, mais ensuite, on oublie tout ça.Et ils recommencent à chaque élection. La seule chose qu'ils craignent, ce sont les référendums Le système qui les a "fabriqué" sait qu'il est de plus en plus contesté car les peuples sont en train de se réveiller et il y a une course de vitesse qui s'est engagée. L'issue sera un totalitarisme mondial style "meilleur des mondes" soit un renforcement des etats-nation et de la democratie
RépondreSupprimerCela ne rêve que d'être élue par défaut! Sur un malentendu! On voit bien leur hauteur de vue pour les français et leur ambition pour la France!
RépondreSupprimerLa réussite de la stratégie du "je ne suis pas sortant même si je le suis" de Sarkozy s'explique par le refus de Chirac de lui confier Matignon comme NS l'espérait en 2002. Faire croire qu'il n'était pas comptable du bilan d'un gouvernement impopulaire aurait été plus difficile à Matignon. Du coup, tout ce que je dis est très mauvais signe pour Valls...
RépondreSupprimerParce qu'il n'a fait qu'un passage éclair en ministère, Macron peut plus facilement faire croire qu'il est neuf. Ce qui est un atout face à un PS à bout de souffle et à un Fillon la casse sociale. Il semble promis à un joli score de troisième homme. Mais je doute qu'un discours ignorant délibérément les perdants de la mondialisation et les sujets qui fâchent (immigration, insécurité, délocalisations...) suffise à le propulser au second tour. Omissions au fond pas étonnantes: la croyance que le marché peut résoudre tous les problèmes d'une société n'est-elle pas la base du libéralisme anglo-saxon?
Mais au fond tout cela n'est pas le plus important. Je pourrais gloser sur l'inculture économique de Valls/Macron/Fillon, la volonté ridicule de Valls et Macron de rejouer la bataille Old Labour vs New Labour 20 ans après... Mais le point commun le plus marquant de ces trois-là est de minorer la portée d'un évènement selon moi économiquement aussi fort que la Chute du Mur ou l'entrée de la Chine dans l'OMC: la crise de 2008. Elle semble relever pour eux de l'incident de parcours alors que j'y vois plutôt une fin de cycle, la fin d'une époque où la dérégulation semblait porteuse d'un niveau élevé de croissance mondiale. Il ne faudra de toute façon pas compter sur Merkel pour être plus lucide que ces trois-là: admettre cela reviendrait pour elle à remettre en cause l'ordo-libéralisme, à devoir expliquer à son peuple que les Grecs ne "rembourseront pas" à court terme, à prendre conscience des limites de la rigueur imposée à la France et au Sud de l'Europe. On crache sur la médiocrité de nos élites mais la "grande femme d'Etat" dirigeant la première puissance de la zone Euro est loin d'être une visionnaire...
JZ
Macron et sa révolution libérale arrive avec 20 ans de retard, son côté Tony Blair ou Matteo Renzi est dépassé : ce dernier a été largement désavoué le 4 décembre par le peuple italien qui vient d'avoir droit à un replâtrage gouvernemental. Valls et sa révolte d'opérette s'essaie à cacher le mauvais bilan du quinquennat Hollande dont il est comptable avec son compère et rival Macron. Deux crocodiles, un jeune-vieux et un vieux-jeune, draguent le même marigot des classes moyennes et supérieurs à l'aise dans l'Europe néolibérale et la globalisation financière des grandes métropoles et autres associées.
RépondreSupprimer@ EB
RépondreSupprimerJe pense que Montebourg n’est que le Mitterrand du pauvre. Pas sûr qu’il changerait quoique ce soit s’il arrivait au pouvoir. C’est son projet de loi que Macron a récupéré pour en faire la première loi Macron…
@ JZ
Merci pour ces rappels, que je partage largement
@ Cliquet
C’est triste
Une preuve de plus de la médiocrité du débat politique français... On n'entend ni Macron ni aucun candidat à la primaire PS évoquer le dernier épisode de la tragédie grecque. Et personne non plus à Droite pour tirer à boulets rouges sur la passivité de Hollande sur ce coup-là. Les premiers parce qu'ils confondent primaire et congrès du parti, les seconds parce que ça permet de légitimer leurs projets de casse du modèle social (et sans doute aussi parce que Sarkozy a capitulé face à la ligne dure Merkel au début de la crise grecque). Alors que ce qui s'est passé a même suscité l'indignation publique de Moscovici (!!). A savoir un pays qui dépasse ses objectifs d'excédent budgétaire primaire (hors service de la dette), voudrait pouvoir utiliser le surplus pour donner un coup de pouce aux retraites et reporter la hausse de la TVA sur les îles devant gérer l'arrivée massive des migrants... Mais voilà que le seul Schaüble met son veto et les mesures d'allègement de la dette se retrouvent suspendues. Ou comment la Grèce se retrouve l'otage de la campagne électorale allemande. Et personne ne dit rien. Paradoxe d'élites n'ayant que le mot adaptation à la mondialisation à la bouche mais accouchant de débats politiques franco-français.
RépondreSupprimerJZ
@ JZ
RépondreSupprimerMerci pour ce rappel