Aujourd’hui, Donald
Trump sera investi comme le nouveau président des Etats-Unis, en remplacement
de Barack Obama. Pour une grande partie des élites européennes, cela
revient à un passage de la lumière à l’ombre. Pourtant, pour qui se pose la
question de son bilan objectif, un
écart immense apparaît entre sa popularité continentale et ce qu’il a pu faire
concrètement.
Plus star que président
Et cela est d’autant plus court que l’Obamacare
n’a sorti de l’absence de couverture santé qu’un tiers de ceux qui n’étaient
pas protégés et que le coût de cette couverture s’envole à des niveaux
stupéfiants pour nos standards. Ensuite, sur la gestion de la crise
financière, on ne peut pas dire qu’Obama échappe à toute critique. Comme
souligné par Stiglitz et Krugman, il n’est pas allé assez loin dans la
relance keynésienne, laissant subsister trop longtemps un fort chômage. Et il
a laissé aider principalement les banques, et non les ménages victimes de la
crise des subprimes alors que ce sont les premières qui en étaient
responsables. Enfin il n’a absolument rien fait contre les inégalités, quoi
qu’il en dise.
Son bilan à l’extérieur comporte la
régularisation des relations avec Cuba, venue bien tard, mais qu’il a eu le
mérite de mettre en œuvre. En
revanche, Guantanamo n’est toujours pas fermé, la situation en Palestine
continue à pourrir, quelque
soit le vote récent des Nations Unies. Enfin, difficile de ne pas voir la
tension avec la Russie comme un artifice de communication, d’autant plus que
les accusations contre la Russie sont assez risibles quand
on voit la situation dans laquelle les interventions appuyées par Washington
ont laissé l’Afghanistan, l’Irak ou la Libye, même s’il faut reconnaître
qu’Obama a été moins aventureux que son son prédécesseur.
Mais surtout, même s’il y a sans doute une grande
différence culturelle des deux côtés de l’Atlantique, le
spectacle de ce président tellement cool, posant, faisant des blagues et se
comportant plus comme le chroniqueur politique d’un Occident bien pensant ne
m’a pas séduit, pour ne pas dire plus. L’impression que m’a donnée Barack
Obama pendant ses deux mandats a plus été celle
d’un chroniqueur star que d’un chef d’Etat agissant pour ses citoyens. Il a
survolé bien des sujets, laissant faire la politique habituelle, où certains
lobbys savent bien défendre leurs intérêts, des banques à Monsanto,
et ne faisant pas grand chose sur la pauvreté, les inégalités, l’éducation ou
la violence finalement.
Voilà pourquoi, malgré
l’arrivée pas réjouissante de Donald Trump, je ne regretterai pas Barack
Obama, qui
n’a pas fait grand chose, si ce n’est parler et briller. En fait, pour tout
dire, j’ai tendance à penser que John McCain aurait sans doute été un meilleur
président que lui, qui voulait remettre en cause le rôle délétère de l’argent
dans vie politique étasunienne et qui aurait peut-être fait mieux dans la
crise.
"les interventions appuyées par Washington ont laissé l’Afghanistan, l’Irak ou la Libye"
RépondreSupprimerDonc aucune intervention en Syrie et 300 000 morts + des millions de réfugiés syriens, et Herblay trouve ca parfait.
"aucune intervention en Syrie"
SupprimerSi, si.
Obama et les USA y ont fortement soutenu Daesh et Al-Qaïda.
Je crois aussi qu'en matière de relations internationales B. Obama a joué les cartes suivantes :
RépondreSupprimer- normalisation avec Cuba : de toute façon cela devait arriver un jour ou l'autre. Cette normalisation s'inscrit dans un processus plus vaste de désengagement des Etats-Unis en Amérique du Sud après plus d'un siècle d'ingérence (avec de l’ingérence fort discutable).
- Moyen-Orient - Proche-Orient : L’administration Obama a refilé gentiment et tranquillement le bébé aux Européens, France et Angleterre en tête de gondole. Sans tout lâcher mais en refilant un maximum (Libye, Syrie par exemple).
Et tout ça pourquoi ? Car les Etats-Unis orientent progressivement leur politique extérieure vers l'Asie et la Russie. Ces 2 pays sont (re)devenus leurs principaux concurrents et ceux qui font tourner la planète (en exagérant un peu). Voir comment faire D. Trump ? Avec la Russie, tout comme B.Obama, il est très tourné vers elle mais pas pour les mêmes raisons.
L'Anonyme du jour
"Ces 2 pays sont (re)devenus leurs principaux concurrents et ceux qui font tourner la planète (en exagérant un peu)."
RépondreSupprimerAh bon, la Russie est un nain économique...
La Russie est peut-être un nain économique (je pense que votre phrase relève de l'affirmatif)mais elle est très présente ces dernières années sur beaucoup de dossiers internationaux majeurs, non ?
SupprimerMerci Laurent pour ce billet salutaire !
RépondreSupprimerComme Trump l'a dit, environ 100 millions d'américains ne travaillent pas : ils sont même exclus des stat chômage, largement modifiées sous Bill Clinton, qui a masqué les effets néfaste du traité ALENA.
Si on a pas cette donnée en tête, on ne peut pas comprendre l'élection de Trump.
Quant à Obama, comme a dit un autre bloggeur que j'apprécie : "Obama, le meilleur président de l'histoire du golf".
Olivier
On est surpris de voir que ni la Syrie ni l'Ukraine n'est mise au passif d'Obama par Laurent Herblay. Obama a été mis là à cause de la couleur de sa peau, ça faisait moderne et progressiste et cachait l'opération de sauvetage de l'oligarchie financière après la débâcle de 2008. Une opération du même genre a été essayée avec Hillary, une femme présidente comme ça aurait été chic! mais la ficelle était trop grosse et ça a foiré.
RépondreSupprimer@ Anonyme éructant
RépondreSupprimerEn effet, il y a quelques interventions en Syrie. Et on ne peut pas dire que l’intervention en Libye, dans un contexte proche, ait été une grande réussite. Le pays est dévasté et est devenu un terreau fertile pour Daech… Malheureusement, il n’y avait que des mauvaises solutions en Syrie, certaines l’étant plus que d’autres.
Nain économique ? 6ème pays du monde à PPA, selon le FMI ou la Banque Mondiale…
@ L’anonyme du jour
Intéressant
@ Olivier
Merci
"elle est très présente ces dernières années sur beaucoup de dossiers internationaux majeurs, non ?"
RépondreSupprimerC'est vrai, tout comme un ivrogne cassant les tables du bistro fera la une des faits divers le lendemain de sa cuite pendant qu'il a sa gueule de bois. La Russie est depuis des décennies un pays d'ivrognes qui cherchent à se retrouver une fierté ratée qui les fait retomber toujours plus bas que terre.
Herblay éructant ses âneries...
RépondreSupprimer"6ème pays du monde à PPA"
Le PIB de la Russie est à peine celui de l'Italie avec bien plus d'habitants et de fortes inégalités de revenus, les potes à Poutine squattant toutes les richesses, coef Gini, arrêtez vos conneries !
https://www.google.fr/webhp?sourceid=chrome-instant&ion=1&espv=2&ie=UTF-8#q=pib%20russie