mercredi 25 janvier 2017

Trump : le protectionnisme est-il soluble dans Twitter ?



Le protectionnisme en 140 signes

A première vue, le bilan des premiers mois de Donald Trump est impressionnant. Chez nous, les entreprises font ce qu’elles veulent finalement : Pechiney a été démantelé, Arcelor racheté et restructuré, Alstom dépecé, avec des unités rachetées plusieurs fois, comme STX, les usines de la SEITA toutes fermées après son rachat, et Peugeot a fermé Aulnay malgré la prise de participation d’un Etat qui trouvait le moyen d’acheter étranger pour ses propres flottes de véhicules. On peut multiplier les exemples de désastres en matière d’emplois, laissés faire par les gouvernements de gauche comme de droite. Face à cela, en à peine plus de deux mois, Donald Trump semble avoir fait beaucoup.

Le nouveau président vise particulièrement les entreprises étasuniennes qui investissent au Mexique, et interpelle même des entreprises étrangères comme Toyota ou BMW. Quelques projets industriels semblent avoir vraiment été transformés, Carrier et Ford ayant renoncé à leur projet de délocalisation. Des annonces de créations d’emplois et d’investissements ont été faites. A première vue, on peut penser que le protectionnisme façon Twitter, cela marche. Après tout, les entreprises doivent prendre soin de leurs images et en les interpellant publiquement, Trump leur impose une réaction pour ne pas perdre les faveurs d’un marché important, ce qui peut protéger certains emplois ou en créer.

Il y a des cas où cela a permis de protéger ou créer des emplois qui ne l’auraient pas été autrement. Mais cette diplomatie économique en 140 signes est parfois illusoire. En effet, certaines annonces semblent plus l’œuvre de communiquants que d’un ajustement de la stratégie des industriels. Les 10 milliards que Toyota a promis d’investir aux Etats-Unis devaient déjà l’être. Les annonces de General Motors sur la création ou la conservation de 1500 emplois semblent bien limitées. Idem pour les annonces de création d’emplois de Walmart, qui n’auraient rien de nouveau également. Sur Europe 1, Nicolas Barré évoquait le double discours de l’administration Trump vis à vis du monde des affaires.


Bref, le protectionnisme façon Trump est assez superficiel et n’est pas un substitut suffisant à une véritable politique industrielle et protectionniste, surtout si le président des Etats-Unis se satisfait de réponses qui ne sont que des postures communiquantes. Malgré tout, il faut aussi reconnaître que c’est un vrai pas dans la bonne direction pour des millions d’ouvriers oubliés par les précédentes administrations.

15 commentaires:

  1. Il annonce réduire l'IS à 15%, proche de celui de l'Irlande. Ca n'a rien à voir avec votre protectionnisme fanatique.

    C'est comme ca que l'Irlande a attiré des capitaux et créé des emplois, pas en mettant des barrières douanières complètement inefficaces.

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    1. L'Irlande ne peut pas mettre des barrières douanières car comme l'ensemble des Etats de l'UE elle n'en a plus le pouvoir et la souveraineté. L'UE détient en compétence exclusive : la politique douanière (cf. le code des douane de l'Union remplaçant au 1er mai 2016 le code des douanes communautaires, règlement cee 2568/87 sur le tarif intégré etc...) ainsi que la politique commerciale. Si l4irlande avait pu manipulé les droits de douane, elle l'aurait fait sans aucune vergogne (comme tous les Etats-membres d'ailleurs).
      Comme tous les pays qui ont avantagé la fiscalité notamment à l'égard des entreprises, l'Irlande en contrepartie souffre d'une montée de la précarité, de la taxation de ses classes moyennes (non pas par l'impôt et encore mais bien par une privatisation d'un grand nombre de secteur comme la santé). Sa création d'emploi est en trompe l’œil. Oui, elle a créé de l'emploi à haute valeur ajoutée et de l'emploi industriel mais elle a aussi beaucoup développé les petits jobs précaires, à temps partiel où l'employé est licenciable (pour ne pas dire jetable) à merci. Par ailleurs, lors de la crise de 2008 l'Irlande a été fortement touchée. En échange de l'application d'une politique d'austérité (comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal) elle a reçu des aides de l'UE (dont une partie de vos impôts et des autres contribuables européens). D'acuns diront que grâce à cela elle s'en est sortie, mais à quel prix et selon quelle casse sociale (on focalise beaucoup sur la Grande-Bretagne mais l'Irlande est dans le même panier).
      Alors on peut voir le verre à moitié plein et le verre à moitié vide. Moi je vois le verre tout court car je vis en Irlande maintenant depuis 7 ans. C'est un choix d'expatriation qui a fini par être la construction d'une vie de famille.
      Markus

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  2. @Laurent

    Tu craches un peu dans la soupe là. Il a fait plus en quelques jours pour le protectionnisme que tous les intellectuelles et politiciens français qui défendent le Made in France depuis 30 ans.

    Tu peux ne pas aimer le personnage et en même temps admettre qu'il y a un changement extrêmement positif à la tête de la maison blanche. Si demain notre pays a enfin des dirigeants qui prennent leurs responsabilités et admettent l'échec de l'euro et du globalisme, Trump sera un allié de poids pour nous sortir du guêpier néolibéral. D'autant que les nations mercantilistes que sont l'Allemagne et la Chine devront être affrontées puisqu'elles ne semblent pas vraiment décidées à changer toutes seules de modèle économique. L'Allemagne va surement encore accroitre sa pression commerciale sur ses victimes européennes avec la perte progressive du marché US. On aura besoin du soutien des US pour les contrer.

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  3. " Chez nous, les entreprises font ce qu’elles veulent finalement"

    En ce moment il y a une forte offensive (institut montaigne, cour des comptes) pour pousser à de nouvelles privatisations.

    Voyons, voyons, quels sont les partis qui y sont opposés, déjà...? Ah, oui. Mais...

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  4. Trump vient à peine d'arriver, il n'a donc strictement rien fait à part bavarder sur twitter, y dire tout et son contraire et nos beaux souverainistes protectionnistes de tirer des plans sur la comète d'un Trump allié de leurs billevesées.

    Les 2 seuls trucs réalisés c'est s'attaquer à l'IVG et approuver le nouvel oléoduc en prétendant que le réchauffement climatique est une invention chinoise. Plus débile que ce type, faut chercher...

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  5. Bon gag du Gorafi :

    http://www.legorafi.fr/2017/01/25/francois-fillon-je-vais-fusionner-500-000-postes-de-fonctionnaires-en-un-seul-et-il-sera-pour-ma-femme/

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  6. "La mobilisation numérique directe, en contournant les institutions et les élites ", s'étrangle de rage Nicolas Baverez dans le Figaro. Rien que pour ça, la méthode Trump a du bon.

    Je vous reproduis ici l'intégralité de l'article de cette baltringue (accessible aux seuls abonnés sur le site). Jouissance en lisant leur panique. Tout se passe comme si Trump n'avait pas été prévu par leur "ingénierie sociale" et qu'ils se retrouvent à poil.

    "CHRONIQUE - Avec le programme protectionniste de Donald Trump et le «Hard Brexit» de Theresa May, l'Occident n'est pas seulement remis en question dans ses politiques mais dans ses valeurs.

    Depuis 1945, l'Occident, sous la conduite des États-Unis, a cherché à stabiliser le capitalisme, à promouvoir le libre-échange, à intégrer l'Europe autour du droit et du marché, à unir les démocraties et à préserver un ordre mondial face à la menace du totalitarisme soviétique.

    En 1989, la chute du mur de Berlin et la désintégration de l'URSS mirent fin à la guerre froide. En 2001, les attentats du 11 Septembre érigèrent le terrorisme islamique en péril stratégique et lancèrent un cycle de guerres en chaîne en Afghanistan, en Irak puis en Libye, toutes perdues par les démocraties. En 2008, les États-Unis se révélèrent incapables de réassurer la crise du capitalisme mondialisé qu'ils avaient engendrée. En 2014, la Chine devint la première économie du monde en parité de pouvoir d'achat. En 2016, la vague populiste qui a conduit au Brexit puis à l'élection de Donald Trump a touché les démocraties au cœur.

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    1. L'année 2017 s'ouvre ainsi sous le signe d'une inversion des valeurs. Au sommet de Davos, Xi Jinping s'est fait le champion du libre-échange et le garant de la mondialisation. Au même moment, Trump multipliait les déclarations protectionnistes, dénonçait l'Otan et fustigeait l'Union européenne sous domination allemande - plaçant Angela Merkel et Vladimir Poutine sur le même pied -, tandis que Theresa May dévoilait son plan pour un «Hard Brexit» qui donne la priorité au contrôle de l'immigration et tourne le dos au grand marché européen.

      L'Occident n'est pas seulement remis en question dans ses politiques mais dans ses valeurs. Les menaces extérieures venues des démocratures et du terrorisme islamique ne deviennent potentiellement mortelles que parce qu'elles sont relayées de l'intérieur par les démagogues, qui sapent les principes du capitalisme, de la démocratie et de l'ordre mondial.

      Aux États-Unis, les grandes entreprises mettent désormais en scène leurs décisions d'investissements et les créations d'emplois en fonction des tweets de Donald Trump, contribuant à la manipulation de l'opinion. Ce faisant, les stratégies de long terme deviennent le monopole des géants chinois, y compris dans la technologie.

      La combinaison du protectionnisme, de l'inflation et de l'endettement peut aboutir à une stagflation qui rappelle celle des années 1970

      Il n'est pas d'économie de marché sans régulation, qu'il s'agisse de concurrence, d'environnement ou de réassurance des chocs. Le démantèlement annoncé des agences fédérales et l'engagement d'une relance massive sous forme de baisses d'impôts et d'un programme d'infrastructures de 1000 milliards de dollars alors que l'économie américaine se trouve en plein emploi (le taux de chômage est réduit à 4,7 % de la population active) n'aura d'autre effet que de créer d'énormes bulles spéculatives en accumulant 3000 milliards de dollars de dettes supplémentaires. La combinaison du protectionnisme, de l'inflation et de l'endettement peut aboutir à une stagflation qui rappelle celle des années 1970.

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    2. Le protectionnisme, les dévaluations compétitives, la dénonciation des traités commerciaux et la fragilisation du grand marché européen sonnent le glas de la mondialisation, qui a permis de faire sortir de la pauvreté plus d'un milliard d'hommes en un quart de siècle. Le contrôle strict des frontières et de l'immigration qui guide le Brexit enterre la société ouverte dont Londres était le symbole. La rupture avec le libre-échange comme la déstabilisation des institutions multilatérales du système de Bretton-Woods et de l'OMC laissent le champ libre aux «routes de la soie» qui entendent exporter le modèle chinois dans 64 pays, au programme de développement de l'Afrique autour de corridors de transport, aux fonds de financement des infrastructures et à la banque de développement des Brics.

      Le Brexit et Trump, avec l'aide des réseaux sociaux, ont ouvert l'ère de la politique déconnectée des faits et du débat argumenté. La mobilisation numérique directe, en contournant les institutions et les élites, permet aux dirigeants de s'affranchir de toute limite.

      Au total, les États-Unis, par leur repli isolationniste et protectionniste, renoncent à être une puissance globale au moment où la Chine en affirme la volonté. Ils sont en passe de porter le coup de grâce à l'Occident dont ils étaient le héraut et la clé de voûte. Mais dans le même temps, la Chine, au-delà des discours, n'applique nullement le libre-échange qu'elle revendique et ne travaille pas à un ordre mondial prospère et pacifique. Elle poursuit méthodiquement le renforcement du monopole du pouvoir du Parti communiste à l'intérieur et sa conquête de l'Asie-Pacifique à l'extérieur. L'époque qui s'ouvre est moins multipolaire qu'en voie de balkanisation. Bienvenue dans le monde d'hier!

      Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 23/01/2017."

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    3. Ce faisant, les stratégies de long terme deviennent le monopole des géants chinois, y compris dans la technologie.

      Il se fout vraiment du monde, le Nico.

      Sinon, Trump et l'UE :

      http://www.xerficanal-economie.com/emission/Olivier-Passet-Pourquoi-Trump-s-en-prend-si-fort-a-l-Europe_3744387.html

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  7. @ Anonymes

    1- Je dis bien que ce que fait Trump, ce n’est pas ce que je propose
    2- Le protectionnisme, c’est la clé du succès des pays asiatiques

    Sur Trump néanmoins, il y a quelques vrais succès (Carrier ou Ford). En revanche, l’IVG…

    @ Markus

    J’ajouterai que le modèle Irlandais est un modèle non coopératif et non réplicable. Si tous les pays faisaient comme l’Irlande, l’Irlande serait ruinée…

    @ Yann

    C’est bien ma conclusion : c’est du mieux, comme je le note à ma dernière phrase. Trump allié de poids ? Pas sûr vu le profil du bonhomme. En revanche, il a l’intérêt de faire bouger les lignes

    @ Rodolphe

    Merci

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  8. "Le protectionnisme, c’est la clé du succès des pays asiatiques"

    Une affirmation aucunement démontrée, en termes de niveau de vie, je ne vois pas en quoi les pays asiatiques sont un succès, ils n'ont fait que bénéficier d'un coût de main faible pour améliorer leur niveau de vie sans atteindre celui occidental pour la plupart.

    Il y a des tas d'autres paramètres qui interviennent dans la croissance d'un pays, mais avec votre foi aveugle, c'est le protectionnisme qui explique tout. Ce n'est pas une analyse, c'est acte de foi totalement irrationnel, une pensée magique digne des pires obscurantistes.

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    1. A l'anonyme du 3 Janvier de 23H25. C'est vous qui écrivez n'importe quoi. Les faits et les chiffres démontrent que vous avez tort. Le Japon, la Corée du Sud, etc., ont une réussite économique supérieure à bien d'autres et leur taux de chômage est plus faible grâce au protectionnisme. L'euro-mondialiste béat que vous êtes devrait voir la réalité en face...

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  9. Romaric Godin (La Tribune) : "Car désormais, l’Union européenne n’est plus dans l’esprit de l’administration étasunienne un complément politique et économique de l’OTAN renforçant mutuellement une sorte de « grande alliance occidentale ». L’UE pour Donald Trump est un « instrument de puissance » de l’Allemagne qui est clairement ciblée par l’aide directe que le président élu entend donner au Royaume-Uni du Brexit."

    (http://www.latribune.fr/economie/international/donald-trump-un-defi-colossal-pour-l-allemagne-et-l-europe-630692.html)

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  10. @ Anonyme

    Je démontre plus que vous, en parlant d’un livre, en citant des exemples. Et le niveau de vie du Japon se compare favorablement à celui de l’Europe… Et la Corée du Sud n’est plus loin des pays les plus riches de notre continent également. Enfin, la vitesse de développement de la Chine a été stupéfiante. C’est vous qui n’êtes que sur une foi, ne reposant sur rien.

    @ JJS

    Merci

    @ Bob

    Merci pour ce juste, mais triste article

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