Cette myopie qui persiste sur la situation du Japon

Ce n’est pas la première fois que les journalistes ont du mal à évaluer la situation économique du Japon, même Romaric Godin n’ayant pas suffisamment pris en compte la démographie du pays. Le Monde tombe aussi dans le panneau en parlant d’un lent redressement, d’amélioration fragile, questionnant les Abenomics alors que leur succès est assez éclatant, pour qui sait prendre du recul.

Une forte reprise, en prenant en compte la démographie

Le problème avec le Japon, c’est que l’on prend insuffisamment en compte la baisse de sa population pour comparer sa croissance avec des pays comparables. Il y a 5 ans, The Economist avait montré qu’alors que sa croissance de 2001 à 2010 était nominalement plus faible que celle de l’Europe et des Etats-Unis, elle était en revanche la plus forte par habitant, ce qui nuançait sérieusement le discours sur le pays. Mieux, la situation s’est nettement améliorée avec l’arrivée de Shinzo Abe, la croissance accélère, la déflation recule et le pays a retrouvé un excédent commercial du fait, entre autres, de la baisse du yen.

Le 1% de croissance qu’évoque le Monde est d’autant meilleur que la population du pays recule de 0,2% par an, soit une croissance du PIB par habitant de 1,2%. Si la France affiche une croissance légèrement plus forte, à 1,1%, par habitant, nous rétrogradons à 0,6% et la croissance du PIB par habitant des Etats-Unis est également plus faible que celle du Japon en 2016… Parler de statistiques mensuelles d’inflation est ridicule étant donné que la tendance depuis trois ans est à une sortie de la déflation, comme l’lllustre la hausse de 0,5% du salaire brut. Enfin, l’inquiétude exprimée sur la dette est assez superficielle étant donné le rachat massif de la dette publique par la banque centrale, trop souvent oublié.

Bien sûr, le cas du Japon est complexe. Mais dans la lecture à courte vue des statistiques du pays depuis quatre ans, il est difficile de ne pas y voir un biais idéologique, le refus de voir le succès de recettes pas très orthodoxes. Et si les Décodeurs du Monde classaient leur propre journal dans la catégorie des sites peu sûrs dans leur instrument orwellien d’évaluation de la véracité des sites ?