Je connais
David depuis près de dix ans, et, outre
un sens du débat parfois provoquant, j’avais toujours noté son caractère
profondément littéraire. J’étais
curieux de lire « Dérapage »,
interrompant mes lectures d’essais politiques et économiques. Et je n’ai
pas été déçu, dévorant le livre en une poignée de jours tant j’ai été pris par
le réçit, dont le caractère haletant n’est pas une vaine promesse.
Vrais divertissement et réflexion
« Dérapage » est construit autour de
deux histoires : celle de Stéphane Letourneur, un journaliste un peu connu
envoyé au pilori médiatique pour un dérapage, et celle de l’enlèvement de
Nicolas Sarkozy par un commando libyen. Les dialogues intérieurs de l’ancien
président de la République sont particulièrement réussis, aussi réalistes que
piquants, mais sans jamais tomber dans un manichéisme outrancier qui aurait
affaibli le propos. Mais outre
le fait d’être bien mené, distrayant, et bien écrit, l’intérêt de ce livre
vient aussi, naturellement, de la réflexion qu’il porte sur notre époque, dans
bien des domaines.
Et le cœur de
cette réflexion porte sur les travers de notre société médiatique, où tout va
trop vite, où il faut toujours réagir dans l’instant, sans forcément prendre du
recul sur l’importance réelle des choses auxquelles on réagit. « Dérapage » dénonce également le
travers de ces réseaux sociaux qui poussent à des chasses contre des personnes
pour des propos qui ne méritent pas une telle mobilisation, d’une violence
souvent sous-estimée. Apparaît également une critique de la
dictature du politiquement correct, une forme de police de la pensée, des dires
et des écrits, souvent brandie par des personnes qui se présentent comme des
défenseurs de la liberté et de la démocratie, mais qui ne semblent pas
reculer devant grand-chose pour réduire l’espace des llibertés à un champ
finalement très restreint.
« Dérapage » est également
intéressant dans sa description très actuelle de la radicalisation d’un groupe
et d’individus. Bien sûr, il y plusieurs chemins vers cette radicalisation,
mais ceux décrits par David présentent également l’intérêt de les lier à une
action extérieure mal réfléchie à une époque où nous payons sans doute et
paieront sans doute malheureusement sans doute encore, les aventures pas
désintéressées et profondément injustes en Afghanistan, Irak et Libye.
Bref, « Dérapage » est un livre que je
recommande chaleureusement et je vais aller acheter tout de go « Le bruit de la douche » car il m’a
fortement donné envie de lire le premier livre de David.
Source : « Dérapage », David
Desgouilles, éditions du Rocher
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