Dans quelques
années, quand Uber aura fait
faillite,
ou que l’entreprise sera en
situation de monopole dans le transport routier dans les pays qui l’ont laissé
faire, nous
porterons sans doute un dur jugement contre ceux qui ont laissé grandir ce
monstre numérico-financier. La France est malheureusement parmi les moins
interventionnistes, comme le montre l’issue de
la médiation gouvernementale.
Détruire
pour asservir et s’enrichir
Pourtant, la
condition des chauffeurs de VTC est peu enviable, certains experts affirmant
même que « leurs conditions de
travail sont de l’esclavage moderne » : ils peuvent être
privés de travail au moindre jugement négatif d’un client, et subissent, sans
rien y avoir à dire, les baisses de prix destinées à éliminer les concurrents tout
comme les
hausses des commissions. Résultat, on peut trouver
des chauffeurs qui veulent devenir taxis. Pourtant, la condition des taxis est très
difficile, comme le rapporte ces
témoignages :
ils ont vu leurs revenus s’effondrer avec les VTC, beaucoup gagnant à peine le
SMIC, malgré leurs horaires de travail, une situation qui s’est
encore dégradée depuis trois ans.
Quand on apprend que Uber a
perdu 3 milliards de dollars en 2016, pour un chiffre d’affaires d’environ 5
milliards,
la situation semble totalement ubuesque. Malheureusement, il y a bien une
logique derrière ces chiffres extravagants. Les marchés financent
l’opération Attila d’Uber, qui consiste à éliminer la concurrence pour acquérir
une position monopolistique qui doit lui permettre, dans le futur, de monter les prix comme bon
lui semble, tout en exigeant des commissions toujours plus juteuses. C’est ce qui explique que
les marchés financent les pertes colossales de l’entreprise et qu’Uber se finance sans
problème. D’ailleurs, Uber a déjà montré sa capacité à monter prix et commission.
Les marchés
sont d’autant plus prompts à financer Uber que son modèle d’affaire, léger
en coûts et devoirs, a tout d’une sangsue moderne, qui exploite ses chauffeurs,
tout en ayant le moins de devoirs possible : l’entreprise ne possède
pas de véhicules et n’est pas soumise au droit du travail, ce que la justice commence à
questionner, en France, comme dans les pays anglo-saxons,
où la question d’une requalification en salarié se pose. Cela est d’autant plus
insupportable qu’Uber exploite toutes les
combines pour éviter l’impôt, un défi permanent à l’état
de droit pour Laurent Grandguillaume, symbole du côté obscur de la Silicon
Valley qui nous mènera au cauchemar, selon Eric Sadin.
Uber, c’est
une concurrence complètement déloyale, dans l’objectif de devenir
un monopole ultra-profitable exploitant des chauffeurs privés de tout droit et
des clients qui n’auraient plus de choix alternatif, après avoir détruit les
taxis. Ce
n’est en aucun cas l’économie du partage. C’est le véhicule de marchés cupides
et destructeurs qui veulent créer une rente juteuse. Qui pourra l’arrêter ?
Situation ubuesque, concurrence déloyale...
RépondreSupprimerUn journaliste de France 2 démontrait il y a peu qu'il pouvait devenir chauffeur Ubber en 5 minutes avec des scans de papiers falsifiés...
Qui pourra l'arrêter ?
Ben les politiques il me semble, en légiférant.
Je ne comprends pas qu'Ubber ne soit pas tout simplement interdit ?
Je ne comprends pas pourquoi on octroit à Ubber plus de droits et moins de devoir qu'aux autres, aux taxis dont la profession est plus réglementée et qui doivent payer un droit d'entrée pharamineux...
Je n'ai toujours pas compris ce laisser-faire du politique, il faudra que l'on m'explique un jour...
***Jacko***
Uber ouvre la voie à d'autres concurrents car il n'y a aucune barrière qui le protège à part ses équipes d'avocats, technologiquement il n'y a rien de particulier et des coopératives pourraient très bien faire la même chose avec de meilleurs revenus pour ses chauffeurs :
RépondreSupprimerhttp://www.paristechreview.com/2017/01/12/uber-taxis-capitalisation/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A%20paristechreviewfr%20%28ParisTech%20Review%20-%20Latest%20articles%20in%20French%29
Oups, nous avons dit la même chose, je n'avais pas relevé la dernière ligne...
SupprimerPourquoi les chauffeurs d VTC ne se débarrassent pas de cette punaise, pourquoi ne créent-ils pas leur propre plateforme de réservation coopérative et gratuite ?
RépondreSupprimerLa remarque est valable pour des sales sociétés à fric comme Acadomia et Cours legendre : aucun local, aucun service. Ils paient de pauvres étudiants 8 euros à la con de l'heure et en demandent 50 aux parents.
SupprimerAvec Internet, on peut liquider ces parasites et assécher leurs revenus mafieux en 3 jours...
"C’est le véhicule de marchés cupides et destructeurs qui veulent créer une rente juteuse. Qui pourra l’arrêter ?"
RépondreSupprimerLe consommateur ? Je n'y crois pas trop. Cette demande de low-cost perpétuel, cette illusion de la quasi-gratuité ne font qu'asseoir ce type de système.
Bon WE
Sylvie
@ Jacko
RépondreSupprimerJe crois qu’ils ne comprennent rien au business et souffrent d’un dogmatisme ultralibéral, et laissent donc faire
@ Anonyme et Rodolphe
Bien sûr, des alternatives peuvent apparaître, mais il faut des moyens techniques et marketing qui ne sont pas si négligeables…
@ Sylvie
Le problème, c’est que l’ultralibéralisme, en appauvrissant les hommes, les poussent vers ses solutions, qui les appauvrissent à nouveau, dans un cercle vicieux que nous vivons depuis des décennies avec la globalisation.