Si jamais
Emmanuel Macron venait à être élu président de la République, nous assisterions sans doute
à la plus incroyable opération de prestidigitation politique réalisée depuis
des décennies.
Certes, le PS est en voie d’auto-destruction avec
le lâchage de Benoît Hamon par un nombre grandissant de hiérarques de son parti,
mais sa
nouvelle émanation pourrait bien gagner !
Transformer
le plomb du bilan et des idées en or électoral
Ce curieux
phénomène repose sur l’auto-destruction et la résurrection simultanées du PS.
Auto-destruction par le bilan désastreux, la faillite des idées, le
choix d’un candidat peu convaincant et sans espace politique et enfin, le
spectacle effarant d’un parti qui, en janvier, organise des primaires où les
participants s’engagent à soutenir le vainqueur, avant que le vent des sondages
ne les pousse à se renier, scellant probablement le destin du parti
d’Epinay. Mais en parvenant en même temps à se réincarner dans la personne
d’Emmanuel Macron (la
version plus jeune et un peu plus libérale du président sortant), le
successeur direct du PS pourrait permettre à la majorité sortant de rester au
pouvoir.
L’atout de
Macron, c’est
finalement la présence de Hamon, qui reste le candidat officiel du PS. Si
ce dernier se retirait, alors, il deviendrait officiellement le représentant de
la majorité sortant. Comme Nicolas Sarkozy en 2007, pour qui il a travaillé
(dans la commission Attali), il est parvenu à conserver les avantages d’avoir
fait partie de la majorité, tout en s’en distançant suffisamment pour ne pas être
uniquement un sortant, et ainsi attirer des électeurs en attente de changement,
d’autant
plus que la géographie politique de l’élection lui laisse un champ immense
entre Hamon et Fillon. Même sans ses affaires, le
candidat des Républicains n’avait pas course gagnée tant il était allé loin dans
son programme.
Dans cet
incroyable tour de passe-passe, quelques seconds couteaux, au premier rang
desquels François Bayrou, accréditent l’idée qu’Emmanuel Macron rassemble
au-delà du PS mais son
programme, la plupart de ses idées ou de ses soutiens le placent dans la ligne
droite de son ancien mentor, qu’il pousse à la retraite. Bien sûr, cet
extraordinaire pari n’est pas encore gagné, être le favori des médias n’étant
pas une garantie de victoire, au contraire même. Il serait hasardeux
d’exclure une surprise au soir du 23 avril. Etant donnée notre envie de
changement, il serait plus logique qu’Hamon, Fillon et Macron ne soient tous
les trois pas qualifiés pour le second tour et permette un vrai
renouvellement.
Mais on
ne peut pas exclure que, le 7 mai, de manière totalement effarante, le bail de
la majorité soit prolongé. Certes, le PS sera sans doute mort au passage,
mais son rejeton direct l’aura remplacé. On pourrait alors y voir la
conséquence du fait que l’alternative ne se soit pas incarnée d’une manière
plus centrale (mais aucunement centriste), comme j’en avais esquissé
l’idée en mai 2012…
Une politique alternative porte fatalement cette contradiction : elle doit prôner la sortie de l'euro sans apparaître comme risquée. Aujourd'hui, tous ceux qui parlent de sortir de l'euro sont considérés comme des extrémistes.
RépondreSupprimerEn tout cas, c'est le bordel. J'ai cette impression à chaque présidentielle depuis 2007, et je me demande si ça finira par s'arranger.
RépondreSupprimerJe pense que la droite s’est trompée sur cette élection. Elle a cru que le rejet de l’équipe sortante signifiait un désir de droite dure, ce qui n’est pas le cas. Lorsqu’on demande aux Français si la droite ferait mieux que la gauche, la réponse est toujours négative, et plusieurs propositions de la droite (recul de l’âge de la retraite, déremboursement de la sécu, etc.) sont très impopulaires. Il y a donc un malentendu. La droite s’imaginait que la victoire était acquise, que le vainqueur de la primaire serait automatiquement le futur président. Toutes ces idées étaient fausses. Je crois malheureusement que la leçon ne sera pas comprise et que la défaite de la droite sera expliquée par les affaires, le cabinet noir, etc. Pourtant la lecture des sondages montrent que Fillon a commencé à baisser avant les affaires révélées par le Canard Enchaîné. Les électeurs ne veulent plus ni du PS ni de LR et Macron a réussi à capter cet électorat orphelin, du moins dans les sondages. Nous verrons le soir des élections, je n’exclus pas une grosse surprise.
RépondreSupprimerMacron est effectivement le prestidigitateur de cette élection 2017 mais il est bien aidé aussi par le système et tous les commentateurs et journalistes politiques qui le présentent comme le "renouveau".
RépondreSupprimerIls n'ont pas honte vraiment...
Cette élection a l'avantage que toutes les grosses ficèles se voient encore plus cette fois-ci.
Le système médiatique est complètement discrédité avec leurs questions et analyses à deux balles du style copier-coller, effarant.
Ça se voit tellement qu'ils sont aux ordres.
Le système politique l'est tout autant où l'on voit à quel point ils sont tous accrochés à leurs avantages et où la seule règle est l'intérêt personnel. Les caricatures les plus marquantes étant Fillon et Valls (hallucinant de mauvaise fois quand même), mais bien tallonnés par les Mélenchon ou Hamon, prisonniers de leur orgueil et/ou de leur parti à la noix.
Tout est fait pour que Macron passe.
Mais que ce soit lui ou Fillon, le programme économique et la purge seront les mêmes.
Parler d'alternance est un contre-sens et c'est tomber dans le piège de la manipulation du système.
Et même si par le plus grand des hasards Hamon et Mélenchon s'alliaient (ce qui n'arrivera pas), les politiques de fond seraient les mêmes, copier-coller des instructions de la Commission Européenne.
Tout cela, c'est du cirque pathétique.
Il y a quelques années, je pensais qu'un nouveau parti "Démocrate" allait surgir de la division du PS, emmené par Valls.
Et bien en fait il va surgir mais venant de l'extérieur du PS, poussé par le Macron tout frais tout beau.
Valls doit être dégouté. Sa prise de position hier montre le niveau affligeant du personnage, qui va à tout prix essayer de se recaser.
Quel niveau affligeant.
Et Hollande qui se pose au dessus de la mêlée, en donneur de leçon... Entre rire et pleurer, j'hésite encore...
On mérite vraiment ça ? Et bien on est tombés bien bas.
***Jacko***
... et si Macron passait, soutenu silencieusement par le fusible grillé Hollande (et tous ses compères) comme nous le savons tous, il est à prévoir que ce dernier obtiendrait en récompense un joli fauteuil garni au sein de Bruxelles .
RépondreSupprimerMacron élu ne fera guère plus illusion que ses 2 prédécesseur qui, eux, avaient un savoir faire politique. Au bout de 2 à 3 ans il sera aussi impopulaire qu'eux. Alors si aucune autre alternative n'est en vue gare au FN en 2022, il aura un boulevard comme le pense Christophe Guilluy.
RépondreSupprimer@ Moi
RépondreSupprimerJe pense que l’on peut porter la sortie de l’euro sans être extrémiste. Sapir en est un bon exemple (ou même Stiglitz). C’est clair pour la droite. Elle s’est faite piéger par la droitisation de Hollande…
@ Jacko
C’est clair que nous sommes tombés bien bas. Et si cela était le chemin vers le rebond.
@ Anonyme
Je crois que la chute de Macron ira très vite car rien ne changera, d’autant plus qu’il a pris la grosse tête
Bien sûr que l'on peut être contre l'euro sans être extrémiste, mais on passe quand même pour un extrémiste, en particulier dans les médias. C'est surtout vrai pour les politiques, moins sans doute pour les intellectuels. Stiglitz est américain et prix Nobel, donc a l'abri de telles accusations.
Supprimer"Certes, le PS est en voie d’auto-destruction avec le lâchage de Benoît Hamon par un nombre grandissant de hiérarques de son parti, mais sa nouvelle émanation pourrait bien gagner !"
RépondreSupprimerCette nouvelle émanation n'est rien d'autre que la succursale française du Parti démocrate américain.
Ce qui serait trop rigolo, c'est qu'il échoue. On verrait alors toute la faune en panique ralliée, qui tente de sauver sa carrière, envoyée au chômage. Considérés comme des traîtres, ces rats enfuis des navires ne pourront plus revenir dans leurs anciens partis.
RépondreSupprimerPour peu qu'un(e) populiste gagne et supprime les avantages des politicards, leurs 5 ans d'indemnités de députés à taux plein et aligne leur retraite sur celle de la fonction publique, ils seront obligés de se trouver un djobe dans le privé. Et même pour faire des ménages, je ne sais pas qui en voudrait...
Cette élection ouvre des perspectives de franches rigolades.