Billet invité d’André-Jacques Holbecq, auteur de « La
dette publique, une affaire rentable »
A Nicolas Dupont-Aignan qui, lors d’une émission le 8 mars
sur la 5 (« C’à vous ») disait grosso modo « la BCE prête à zéro
pour cent aux banques, je demanderai donc à la BCE de prêter à l’État
français au même taux», le journaliste Patrick Cohen a rétorqué
instantanément « planche à billets » avec une moue qui en disait
long sur son jugement concernant cette proposition.
1 – NDA a tort d’espérer pouvoir financer les déficits de
l’Etat par des emprunts auprès de la BCE . Outre que l’article 123 du Traité de
Lisbonne l’interdit formellement, bon nombre des autres membres de la BCE s’y
opposeraient de toute façon (et en premier lieu l’Allemagne). Aucun espoir de
ce coté là tant que nous sommes tenus pas Bruxelles et sans intérêts si nous
quittions l’euro..
2 – Mais Cohen se trompe également. D’où pense t-il que
vient l’épargne qui actuellement alimente la dette des Etats ? Eh bien,
des épargnants en grande majorité. Et d’où vient l’argent des épargnants ?
Eh bien de monnaie secondaire
émise par les banques à l’occasion de crédits, qui ont « transités » sur différents comptes avant
d’aboutir sur le compte de l’épargnant- prêteur, crédits dont la contrepartie à
l’actif sont des « obligations « (hypothèques, nantissements,
reconnaissances de dettes) qui ne sont pas publiques mais privées ! Si ce
n’est pas aussi « la planche à billet » c’est quoi ?
Et Cohen se trompe une autre fois car il ne se demande pas
non plus d’où vient la monnaie du Quantitative Easing
des Banques Centrales, que ce soit celui de la BCE, de la FED ou de la BoJ qui
achète chaque année environ 650 milliards
d’euros, 13% du PIB du pays (La
Banque Centrale du Japon possède aujourd’hui plus de 40% de la dette du pays). N’est ce pas « la planche à
billets » ?
En fait, seule la Banque de France, réquisitionnée, pourrait
apporter à l’État le financement des 100 milliards de déficits annuels
qu’induit nécessairement un programme de relance (qui est une nécessité absolue !),
simultanément au rachat des titres arrivant à échéance de l’ordre de 675 milliards sur les 5
ans
En complément, lire https://postjorion.wordpress.com/2017/02/20/334-ah-si-jetais-candidat/
"de monnaie secondaire émise par les banques à l’occasion de crédits"
RépondreSupprimerEh non, les crédits accordés par les banques correspondent à leurs emprunts auprès d'autres banques pour équilibrer leur bilan, ca s'appelle l'intermédiation du marché interbancaire.
https://doc.rero.ch/record/2904/files/PiffarettiN.pdf
"Outre que l’article 123 du Traité de Lisbonne l’interdit formellement, bon nombre des autres membres de la BCE s’y opposeraient de toute façon (et en premier lieu l’Allemagne)."
Rien n'interdit à la BCE de prêter à la BPI pour des projets européens et cessez de parler à la place des allemands que Merkel n'incarne pas tous.
Vous auriez du écouter vos cours au lycée
Supprimerhttp://media.eduscol.education.fr/file/SES/85/6/LyceeGT_Ressources_SES_1_eco_4-3_Creation_de_monnaie_185856.pdf
"Vous auriez du écouter vos cours au lycée"
RépondreSupprimerVous devriez lire les derniers ouvrages de Keynes, la thèse que je cite et aussi Tobin qui dit clairement que les banques privées sont soumises aux mêmes principes économiques que les autres entreprises privées, il n'y a pas de veuve au pot magique, pas plus que de père Noël :
"Commercial banks do not possess, either individually or collectively, a widow's cruse which guarantees that any expansion of assets will generate a corresponding expansion of deposit liabilities. Certainly this happy state of affairs would not exist in an unregulated competitive financial world.
Marshall's scissors of supply and demand apply to the "output" of the banking industry, no less than to other financial and nonfinancial industries."
http://cowles.yale.edu/sites/default/files/files/pub/d01/d0159.pdf
Jorion, sortez de ce corps! ...
SupprimerDupont-Aignan tient des propos approximatifs et fumeux parce qu'il ne veut plus sortir de l'euro, donc encore moins de l'UE, mais essaie quand même de cacher sa volte-face. D'où sa proposition irréaliste, à l'image de son nouveau programme où il n'y a plus de cohérence. C'est finalement Asselineau qui avait vu juste à son sujet.
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerIl n'est vraiment pas utile de recommencer le débat sur la création monétaire.
"Anonyme" (de 8 h 25) pense que le rôle du système bancaire secondaire se limite à l'intermédiation, sans création monétaire permise de nombreuses manières mais en particulier par l'émission de crédits ( voir https://postjorion.wordpress.com/2011/10/05/210-a-j-holbecq-creation-monetaire-en-15/ ) eh bien c'est son droit, qu'il continue de le penser!
"Jorion, sortez de ce corps! ..."
RépondreSupprimerVous pourriez tout autant dire " Keynes, Tobin... sortez de ce corps"
Je réponds "Holbecq sort de ce corps" dont c'est le droit d'être dans l'erreur complète.
Mais il n'a toujours pas présenté un bilan réel de banque où l'actif serait supérieur au passif, car c'est ça sa théorie que Tobin appelle "widow's cruse" et que j'appelle la théorie du père Noël, une fumisterie.
Les tours de bonneteau d'Holbecq n’impressionnent que les ignares en comptabilité.
RépondreSupprimerDe même, les prêts taux 0 de la BC à l'état sont du même acabit, n'abusant que les ignares et incultes en économie.
CE TABOU QUE L’ON TAIT:
RépondreSupprimerL’EURO, MONNAIE MOINS FORTE QUE NE L’ETAIT LE FRANC !
Pour comparer les deux monnaies, il suffit d’en apprécier l’évolution sur leurs périodes d’existence respectives, par rapport au dollar comme référence commune, depuis la disparition du Gold Exchange Standard qui a laissé place aux changes flottants généralisés:
Pour le Franc:
- Fin du Gold Ex. St. (15.08.1971): 1 F = 0,1816 $
- Cours fin du Franc (01.01.1999): 1 F = 0,1778 $
(soit -2,1% en 28 ans, ou -0,75% par décennie)
Pour l’Euro:
- Adoption de l’Euro (01.01.1999): 1 E = 1,1667 $
- Cours act de l’Euro (22.02.2017): 1 E = 1,0513 $
(soit -9,89% en 18 ans, ou -5,5% par decennie, une dépréciation de l’Euro sept fois plus rapide que celle du Franc)
Encore faut-il noter que l’Euro n’a pas fini sa période baissière de Quantitative Easing, contrairement au Dollar qui l’avait effectuée bien avant.
Il est donc erroné d’alléguer, comme le prétendent les médias sous influence, une forte dépréciation à redouter en cas de retour au Franc (ou Eurofranc).
L’Euro est en réalité une monnaie dont le cours reflète l’effet de moyenne entre Nord et Sud de l’Europe. Dans un billet actuel libellé en euros, il y a certes une part de marks et de florins, mais aussi une forte proportion de lires, pesetas, escudos et drachmes…
Pour la Lire:
- Fin du Gold Ex. St. (15.08.1971): 1 Lire = 0,0016 $
- Cours fin de la Lire (01.01.1999): 1 Lire = 0,0006 $
(soit une dépréciation de -60% sur les mêmes 28 ans que le Franc)
Une Lire (ou Eurolire), renaissant actuellement après 18 ans, subirait donc logiquement une très forte dépréciation par rapport à son cours originel de remplacement par l’Euro.
Il en irait évidemment très différemment avec le mark, car
Pour le Deutschemark:
- Fin du Gold Ex. St. (15.08.1971): 1 Dmark = 0,2955 $
- Cours fin du Dmark (01.01.1999): 1 Dmark = 0,5965 $
(soit une appréciation de +100% sur les mêmes 28 ans)
Un Euromark subirait donc par la même logique une forte appréciation, ramenant les exports allemands à leurs justes proportions et confirmant ainsi les récents propos de Donald Trump qui a jugé l’économie allemande « passager clandestin » d’un Euro « sous-évalué » par la participation des pays ne pratiquant pas la même austérité que l’Allemagne.
La France, on le voit, a le privilège d’occuper une position médiane, de sorte qu’un Eurofranc serait très voisin de l’Euro actuel, et devrait même subir en toute logique une légère appréciation.
Lorsqu’on se réfère à « notre important déficit commercial », faut-il rappeler que ce déficit est le pendant de l’énorme excédent de l’Allemagne (350 Mds actuels) et date précisément de l’adoption de l’Euro:
Lorsque s’acheva l’introduction de l’Euro, sous sa forme fiduciaire (2002), notre balance extérieure jusque là excédentaire entra subitement dans une spirale globalement déficitaire dès l’année suivante:
de peu en 2003, puis :
de 5 Mds en 2004,
de 24 Mds en 2005,
de 30 Mds en 2006,
de 42 Mds en 2007,
de 56 Mds en 2008,
etc.
Dans une Union monétaire et douanière non fédérale, c’est le pays qui s’est imposé le plus d’austérité socio-économique qui oblige tous les autres à le suivre!
N.B.
On peut trouver quelques informations supplémentaires (notamment sur le patrimoine et le chômage allemands) dans le billet invité:
https://postjorion.wordpress.com/2017/02/27/335-monnaie-forte-et-idees-courtes/