Billet invité de l’œil de
Brutus
Il ne m’est gère courant de
reproduire dans son intégralité un article provenant d’une autre source, mais
celui qui suit paraît tellement bien illustrer la personnalité qui se cache
derrière le sourire du sieur Macron qu’il m’a semblé indispensable de le
transmettre dans son intégralité.
-
M. Macron refuse toujours de dévoiler l’origine
du financement de sa campagne électorale (comment sont payés tous ces meetings
qui coûtent chacun des dizaines de milliers d’euros ?) alors même que,
tout comme la situation de son patrimoine personnel[i],
ses liens avec les milieux
financiers posent question[ii] et que l’on
est également à même de s’interroger sur ce qui l’unit à M. Patrick Drahi sachant
qu’en tant que ministre des finances il a eu un rôle avéré dans la vente de SFR
au consortium de M. Drahi et que BFM TV – propriété de M. Drahi – semble
ostensiblement faire campagne en sa faveur[iii].
-
Tout ce qui semble, pour l’instant, découler du programme
de M. Macron semble être de grands principes d’ubérisation et de précarisation
accélérés du monde du travail ;
-
M. Macron nie l’existence même de la culture
française[iv]
et accuse, depuis l’étranger, son propre pays de crime contre l’humanité
en instrumentalisant l’histoire[v] ;
-
M. Macron se présente comme une personnalité
« hors-système » alors même qu’il est sorti de l’ENA, a été
inspecteur des finances, a gagné plusieurs millions d’euros avec la banque
Rothschild, s’est fait adouber en
politique[vi]
par M. Hollande et M. Attali, a été secrétaire général de l’Elysée[vii]
avec ce même M. Hollande (et en a profité pour s’exercer au lobbying du grand
patronat[viii])
puis ministre de l’économie (avec le succès que l’on connaît[ix] :
combien de chômeurs aujourd’hui ? combien de boîtes de bus en faillite[x] ?
qu’est devenu Alstom ?) ;
-
M. Macron, ce candidat de « gôche », affiche
un mépris de classe proprement hallucinant (n’est pas les Bretons
« illettrés » et les Chtis « alcooliques » ?)[xi] ;
Bonne lecture !
Comment
Macron m’a séduit puis trahi
10
Février 2017 http://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde
par Adrien de Tricornot, journaliste au « Monde », spécialiste des questions
économiques et financières. En 2010, lors de la recapitalisation du « Monde »,
Adrien de Tricornot est vice-président de la Société des rédacteurs du Monde.
Il en deviendra le président de 2011 à 2012.
En 2010, le journal Le Monde est au
bord de la faillite et Emmanuel Macron propose son aide « bénévole » aux
journalistes. Mais le banquier d’affaires roulait en fait pour un des groupes
qui voulait racheter le journal…
Je suis Adrien de Tricornot, je suis
journaliste au Monde. En 2010, le groupe Le Monde avait de grosses difficultés
financières et j’étais vice-président de la Société des Rédacteurs du Monde.
Nous les journalistes, au travers de
la Société des Rédacteurs du Monde, étions les principaux actionnaires du
groupe*. Nous savions que nous allions devoir faire appel à de nouveaux
investisseurs, et voir nos parts diminuer. Nous allions perdre le contrôle
actionnarial du journal. Il fallait nous entourer de spécialistes : avocats,
banquiers d’affaires.
Macron, jeune banquier
d’affaires, propose de nous aider
C’est à ce moment là qu’Emmanuel
Macron, jeune banquier chez Rothschild, fait savoir à une journaliste, qu’il
est prêt à nous aider « pro bono ».
Emmanuel Macron se présente à nous
comme un banquier d’affaires qui fait de l’argent, mais n’y trouve pas du sens,
membre de la Fondation Jean Jaurès, voulant défendre la liberté de la presse,
ancien assistant de Paul Ricoeur… Et donc prêt à nous aider bénévolement.
Et Emmanuel, puisque c’est comme ça
qu’on l’appelait à l’époque, devient vite un conseiller important pour nous. On
allait le voir le soir chez Rothschild, quand tous ses collègues étaient sortis
ou dans des cafés pour se tenir au courant discrètement. On le trouvait
formidable, super brillant…
J’aperçois Macron avec
Alain Minc…
Le 2 septembre 2010 après-midi, on
se retrouve une nouvelle fois dans le bureau d’Emmanuel Macron. On lui rend
compte de l’état de nos négociations. On s’apprête à conclure avec l’offre
Bergé-Niel-Pigasse, qui n’était pas la direction vers laquelle il nous avait
conseillé d’aller. Mais l’entretien reste très cordial.
Le 3 septembre au matin, nous avions
une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé [un des futurs repreneurs du
Monde], 10 avenue George V. La coïncidence, c’est qu’à la même adresse, il y a
les bureaux… d’Alain Minc. Or Minc, ancien président du Conseil de Surveillance
du Monde, conseille à l’époque le groupe Prisa qui est un des autres candidats
au rachat de notre journal.
… Macron disparaît et
part se cacher
Après notre rendez-vous, nous
discutons quelques minutes entre nous avec Gilles Van Kote, président de la
Société des rédacteurs du Monde, notre avocat et sa collaboratrice, en bas de
l’immeuble. Je vois la porte de l’immeuble s’ouvrir. Un petit groupe sort
autour d’Alain Minc, pour aller déjeuner ; le dernier à sortir est Emmanuel
Macron. Je croise son regard, il me semble qu’il me voit également ; il échange
quelques mots avec Minc tout en restant sur le pas de la porte, puis Macron
disparaît derrière la porte cochère et ne sort pas.
Là je dis à mes collègues : «
vous n’allez pas me croire, mais avec Minc, il y avait Macron ». Mes amis
me disent que je suis peut-être un peu fatigué, mais que ça n’est pas possible.
La partie de cache-cache
commence
Je décide d’aller voir si Macron est
toujours derrière la porte. Je ne vois personne dans l’entrée, personne
derrière la porte, personne dans la cour.
Je reviens sans l’avoir trouvé. Mais
avant que nous séparions, je décide de faire une autre tentative, et je demande
aux autres de m’attendre.
Je monte à l’étage et je sonne au
bureau de Minc, mais tout le monde est parti manger. Et je me dis, tiens, si
j’allais monter voir aux autres étages.
J’avais une sorte de pressentiment.
J’avais vu que Macron se cachait, or quelqu’un qui se cache doit continuer à se
cacher. Je monte les marches. Mon téléphone sonne en appel masqué. Je n’ai pas
su qui c’était, j’ai raccroché.
Je retrouve Emmanuel au
dernier étage
Et puis j’arrive au dernier étage de
l’immeuble. Je vois que la porte de l’ascenseur est bloquée – et effectivement quand
j’avais essayé de prendre l’ascenseur, il n’était pas dispo. Et tout au bout de
l’étage, sur le palier, il y avait Emmanuel Macron qui s’était bien « replié »
au moment où il m’avait vu !
Il avait bloqué la porte de
l’ascenseur, et je ne sais pas si c’est lui qui m’avait appelé en masqué pour
savoir si c’était moi qui montait les marches. On s’appelait beaucoup à
l’époque, mais pas en appel caché ! Ceci dit, c’est peut-être juste un hasard.
Surtout, étrangement, quand j’arrive
sur le palier du dernier étage, Macron regarde ses pieds et a son portable à
l’oreille et fait comme s’il ne me voyait pas. Et précisément au moment où
j’arrive sur le seuil du dernier étage, j’entends « Oui allô c’est Emmanuel…
» : Il se met à démarrer une conversation au téléphone. Pile au moment où
j’arrive. Je ne sais pas s’il y avait vraiment quelqu’un à l’autre bout du
téléphone…
Et moi je vois ce type juste devant
moi, qui fait comme si je n’étais pas là. Je suis totalement sidéré. Je
pourrais être en colère de la trahison, car on voit bien qu’il a essayé de nous
cacher quelque chose, mais je suis assez content de l’avoir trouvé !
Je me rapproche à quelques
centimètres de lui, mais toujours rien… il continue à « parler » au téléphone.
Je lui tends la main et lui dis : « Bonjour Emmanuel. Tu ne nous dis plus
bonjour ? Mes autres collègues t’attendent en bas ». J’ai senti à ce moment
l’angoisse en lui. Il avait du mal à respirer. Son cœur battait à 200 à
l’heure.
Je lui demande ce qu’il fait là. Il
me répond :
« –
J’attends des clients »
« – Tu
attends des clients, comme ça, sur le pas de la porte ? Pourquoi tu ne rentres
pas ? »
« –
Bah, parce qu’en fait on nous prête des locaux ici, mais j’ai pas encore la
clé… »
« – En
tout cas mes collègues t’attendent en bas, ça serait bien que tu descendes leur
dire bonjour »
« – Non
je ne peux pas, j’attends des clients… »
Finalement, je lui force la main
pour qu’il descende dire bonjour à mes collègues. Macron retrouve petit à petit
son aplomb, pendant qu’on redescend au rez-de-chaussée.
« Tant pis pour
l’humanité »
Je repasse la porte d’entrée de
l’immeuble, cette fois avec Macron. Là, mes amis, goguenards, s’attendaient à
me voir revenir bredouille. Ils passent de l’état goguenard à celui de la
sidération. Parce qu’effectivement Macron était bien là !
Macron discute quelques instants
avec notre petit groupe. Parmi mes collègues, notre avocat d’affaires, qui est
assez rompu aux négociations d’affaires, sait que dans ce domaine tout est
permis, mais était sidéré. Et Gilles Van Kote [à l’époque président de la
société des rédacteurs du Monde, puis directeur du journal de 2014 à 2015], qui
était aussi présent ce jour-là, m’avait dit un jour :
« On a
été trahis par tellement de gens que si même Emmanuel nous trahit, c’est à
désespérer de l’humanité. »
Quelques minutes plus tard après
être parti, Gilles Van Kote m’envoie ce texto :
« Tant
pis pour l’humanité. »
Je pense que Macron a été se cacher
parce qu’il a été surpris. Le fait qu’il soit surpris avec Alain Minc est une
sorte d’aveux qu’il a des relations qui ne sont pas connues de nous avec lui.
Or Macron est notre conseiller. Il a le droit de rencontrer Minc, soit pour des
dossiers qui ne nous concernent pas et où il ne parle pas de nous. Mais s’il
parle de notre dossier, il doit nous en rendre compte.
Cela signifie que, pendant la
négociation, Macron avait déjà eu des relations avec Minc, sans nous le dire.
Or Minc était le soutien d’une offre qui nous paraissait particulièrement
dangereuse, celle de Prisa !
Plus tard, d’autres éléments ont
conforté ces très forts soupçons. Dans le livre de Marc Endeweld, L’Ambigu
Monsieur Macron, j’ai
appris qu’un courrier que nous avions nous-mêmes [la Société des rédacteurs du
Monde] adressé à Xavier Niel, Pierre Bergé et Mathieu Pigasse pour demander un
délai de 15 jours supplémentaires de négociations avec les différents
repreneurs potentiels, avait en fait été rédigé à l’origine par Alain Minc
Conseil, la société de Minc. Or, c’est Emmanuel Macron qui nous avait transmis
la trame de ce courrier !
Et d’ailleurs, quand Macron propose
de repousser le délai de remise des offres de 15 jours supplémentaires, cela
permettait à Prisa de rester encore dans le jeu ! Et ensuite, Macron nous a
même poussés à ne pas rentrer en négociations exclusives avec
Niel-Bergé-Pigasse lors d’une réunion d’information avec les journalistes du
Monde où nous l’avions invité, et où sa position a été très mal reçue,
compte-tenu du risque qu’il nous conseillait curieusement de courir dans notre
situation délicate, puisque nous risquions alors d’être placés sous mandataire
de justice par le Tribunal de commerce…
Encore une autre preuve du double
jeu de Macron…
En fait Macron roulait
pour lui-même
Je pense qu’en cours de route, Macron,
en se présentant comme conseil de l’actionnaire majoritaire, a obtenu une
certaine visibilité dans Paris, la possibilité de discuter avec des gens… Et
puis, il a vu arriver dans la négociation des gens avec qui il était rival,
comme le banquier d’affaires Mathieu Pigasse de la banque Lazard.
Et au final, j’ai l’impression que
Macron roulait pour lui-même.
C’est d’autant plus choquant qu’il
prétendait rouler pour une cause d’intérêt général. Nous étions pour notre
part, élus, bénévoles, et on n’a rien retiré de cette opération qui visait à
sauvegarder un groupe de médias indépendants !
Je n’ai plus eu de contacts avec
Emmanuel Macron depuis ce jour, sauf à un prix du livre d’économie, quelques
années plus tard.
Je crois être la seule personne à
avoir joué à cache-cache avec un candidat à l’élection présidentielle… et à
l’avoir trouvé !
* Au sein du « Pôle d’indépendance », qui était l’actionnaire majoritaire,
il y avait la Société des Rédacteurs du
[i] Macron
: 3,6 millions d’euros de revenus, et patrimoine négatif ?, Olivier
Berruyer, Les Crises, 03/06/2016.
[ii] Regarder
Hollande jeudi soir ? Emmanuel Macron ne peut pas… il a un dîner avec des
banquiers, Louis Hausalter, Marianne, 11-avr.-16.
[iii] Lire Mais
pourquoi Macron est-il si soutenu par BFM TV?, entreprise.news, 17 novembre
2016.
[iv] Lire Emmanuel
Macron et le reniement de la culture française, Yves Jégo, Figarovox,
06-févr.-17 ;
Voir aussi :
République
et multiculturalisme, 7 Juin 2016 , L'oeil de Brutus ;
Le
multiculturalisme ou la fin du citoyen, 29 octobre 2012, l’œil de Brutus.
[v] Emmanuel Macron et la colonisation,
Jacques Sapir, Russeurope, 20/02/2017.
[vi] Macron
conchie les partis… mais quémande par texto leur soutien aux députés PS
Bruno Rieth, Marianne,16-nov.-16.
[vii] Dis-moi
qui te conseille..., Laurent Mauduit, Marianne, 27-oct.-12
[viii] Cf. Les
lobbies ont table ouverte à l’Elysée, Lundi 29 Juillet 2013, Emmanuel Levy –
Marianne
[ix] Macron,
un bilan calamiteux, Julien Barlan, La Tribune, 12-sept.-16.
[x] Cars
Macron : les salariés de Megabus dénoncent une ""banqueroute
organisée""", La Tribune, 18-nov.-16.
[xi] Chômeurs
fainéants, nordistes alcooliques : le strike de Macron, Etienne Girard,
Marianne, 15-janv.-17.
Bref, un ego qui rassemble des égos pour travailler pour des égos de la finance! Pauvre France!
RépondreSupprimerLien vers streetpress très révélateur en effet : http://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde
RépondreSupprimerLe lien vers cet interview de François Henrot, directeur à la Banque Rothschild, vient compléter le propos, il est d'ailleurs un peu léger sur la comm le François, il va se faire taper sur le doigt : https://www.youtube.com/watch?v=j6JXHXmsdVU
Allez, une petite vidéo de l"UPR pour se faire plaisir :
https://www.youtube.com/watch?v=hIQ4Itmj7YE
Même Complément d'Enquête s'y met : https://www.youtube.com/watch?v=vfOxOXJCbFo
Je ne retrouve plus le passage où l'un des condisciples de Macron disait quil était brillant mais qu'il avait aussi une forte tendance à pipoter et à se défausser à la première difficulté.
Mais bon, voilà le visage de notre prochain président !
***Jacko***