« La fin de l’Union Européenne » démontre
remarquablement bien comment l’UE met nos démocraties sous camisole. Mais
ce qu’il ressort également de ce livre, c’est que si
la volonté d’une très grande majorité de peuples est mise sous camisole,
elle est un démultiplicateur de la volonté des plus forts, nation, grandes
multinationales ou les plus riches. Une autre démonstration implacable.
L’UE,
c’est la loi du plus fort amplifiée
En clair,
l’UE « organise une compétition sans
merci entre les pays membres, où chacun cherche à récupérer les emplois et les
investissements des autres (…) non seulement le marché et la monnaie unique ont
levé toute entrave à la circulation interne des marchandises, du travail et des
capitaux, mais l’Union se donne aussi pour objectif d’ouvrir son marché
intérieur à la mondialisation et refuse absolument de protéger son économie de
la concurrence internationale », laissant tomber la filière
photovoltaïque. Ils dénoncent la
folie des travailleurs détachés quand les salaires varient de 1 à 10 et le
parasitisme fiscale de l’Irlande, pays dont la production industrielle a
augmenté de 150% depuis 2000, malgré une baisse des emplois industriels de 20%
sur la période, par
des jeux artificiels de stocks.
Ils dénoncent
le
parasitage fiscal du Luxembourg, entre secret bancaire, exonération de
toute fiscalité des dividendes reçus et versés entre les entreprises et leurs
filiales et « taxe forfaitaire (…)
(qui) s’apparente en fait à une commission prélevée par le Grand Duché pour une
opération de fraude fiscale réalisée au détriment d’autres pays européens »,
pratique utilisé par McDonald’s qui y localise les 22% de commission de ses
franchisés : de 2009 à 2013, l’entreprise aurait détourné 3,7 milliards de
profits, sur lesquels elle n’aurait payé que 16 millions d’impôts. La
commission a estimé que sur 2011, Apple a rapatrié 16 milliards de profits en
Irlande sur lesquels elle a payé 0,05% d’impôts…
Il en va de
même entre pays. Ils rappellent que de 2001 à 2005, l’Allemagne est le pays
malade de l’UE, dépassant les 3% de PIB de déficit. Et avec l’euro « les gains de compétitivité de l’économie
allemande n’ont donc plus aucune conséquence monétaire, ce qui permet au pays
d’engranger des excédents commerciaux stratosphériques » tout en
permettant de recycler les excédents sans risque de change ! Berlin a été
le « plus grand délinquant des Etats
européens… et e plus scrupuleux des agents de police dès lors qu’il s’agit de
prévenir ou de sanctionner les manquements des autres », transformant
l’UE en « salles de tortures »
lors de la crise de l’euro, notamment pour la Grèce.
Ils
rappellent que Jean-Claude Juncker soutenait en janvier 2015 que « dire que tout va changer parce qu’il y a un
nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités (…)
il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens ».
De facto, après avoir mis en place 8 plans d’économies de l’automne 2009 à
janvier 2013, la
Grèce de Tsipras en a fait voter un 9ème plan : « ce n’est pas parce qu’une méthode échoue
avec constance depuis 10 ans qu’il faut renoncer à tabler sur l’imminence de
son succès ». Ce dernier a refusé l’option de la sortie de la zone
euro, alors qu’elle était prête comme le confie James K Galbraith, dans son
livre « Crise grecque, tragédie
européenne » : « Les
moyens qui sont à notre disposition paraissent adaptés pour assurer une sortie
de l’euro très rapide et en douceur, le système de paiement envisagé pouvant
être aussitôt opérationnel ».
Pire, ils
rappellent que « les
créanciers vont prêter de l’argent à la Grèce… pour que la Grèce rembourse
l’argent emprunté aux créanciers », comme le confirme Olivier
Blanchard, chef économiste du FMI : « le financement accordé à la Grèce a servi à rembourser les banques
étrangères (…) Les réformes structurelles nuisibles à la croissance et
l’austérité budgétaire ont provoqué une dépression économique (…) Les
créanciers n’ont rien appris et ils continuent de commettre les mêmes erreurs ».
Les auteurs notent que ces mêmes politiques, menées dans les pays Baltes, ont
abouti en 8 ans au départ de 564 000 habitants, soit 8% de leur population et à
la destruction de 300 000 emplois !
Bref, outre
le fait d’oblitérer les démocraties de l’immense majorité des pays européens
(à l’exception de l’Allemagne et de quelques pays plus en périphéries), l’Union
Européenne sert outrageusement l’agenda des plus forts, quitte à écraser et
faire souffrir des populations, comme on a pu le voir en Grèce, au Portugal ou
en Espagne, pour
sauver des banques de leurs paris hasardeux…
Source :
« La fin de l’Union Européenne »,
Coralie Delaume et David Cayla, Michalon
Conclusion la semaine prochaine
Cela pose un problème concernant la nature humaine. En effet ces éléments connaissent à être connus, malgré le bourrage de crane médiatique Et malgré tout les partisans de cette UE ( ou l'un des deux)pourraient l'emporter ce soir. J'ai personnellement du mal à comprendre.
RépondreSupprimerAutrement, on a quelque chose de commun aujourd'hui Laurent!
Je crois simplement que peu de gens peuvent se projeter dans le futur.La plupart sont sans illusion concernant l'avenir de l'Europe ais craignent les conséquences de sa dislocation. Bref, les ingrédients de la catastrophe sont là mais tout le monde est figé.
RépondreSupprimer@ cliquet
RépondreSupprimerje partage votre analyse, mais j'ai du mal à comprendre que l'on soit majoritairement contre les lois Macron et El Khomri et voter pour les 2 candidats qui vont encore aller plus loin et faire passer cela sous ordonnance.
Sur la dislocation de l'europe, il est dur de lutter contre une "religion" appuyée par les médias. Difficile de faire passer les idées de gens d'ailleurs politiquement différents comme Charles Gave et Sapir. Et qui veut lire leurs écrits.