Vendredi
dernier, après
quelques rodomontades du Premier ministre Grec, comme toujours depuis sept trop
longues années, le
gouvernement grec a fini par trouver un accord avec ses créanciers. Au
menu, rien de nouveau : hausses
d’impôts et 14ème mesure de coupe des retraites ! Mais pour
qui se souvient de ce que promettait Syriza avant d’arriver au pouvoir,
cela est absolument effarant.
La gauche
dite radicale devenue social-traître
Mais non, comme
toujours, Tsipras a capitulé sur toute la ligne, sans rien obtenir, si
ce n’est de discuter du sujet de la dette le 22 mai. On ne voit pas
pourquoi ses créanciers céderaient quoique ce soit alors que la Grèce a déjà
accepté les nouvelles exigences de ses tortionnaires, à
savoir 3,6 miliards d’économie (2% du PIB de la Grèce, l’équivalent de 40
milliards à l’échelle de la France…), de manière à maintenir un excédent
primaire de 3,5% du PIB en 2019 et en 2020, quand le FMI pensait que 1,5%
serait suffisant. En revanche, la Grèce serait libre une fois le seuil
atteint, ce
qui n’était pas le cas, puisque Athènes s’était faite taper sur les doigts pour
avoir osé dépenser son excès d’excédent.
Le cocktail
de mesures est assez classique : hausse
d’impôts par un abaissement du seuil d’imposition et 14ème réforme
des retraites en 7 ans, au point que même le
Monde s’en exclame. Mais comme le démontre l’empilement des plans
depuis ces sept longues années, ils
ne règlent rien puisqu’il faut toujours revenir sur l’ouvrage, mois après mois.
Comme auparavant, les
prévisions de croissance sont tout aussi fantaisistes, puisqu’avec un excédent
primaire de 3,5% du PIB, l’Etat mène une politique puissamment dépressive, ne
permettant pas de reprise du marché interne, l’effondrement n’étant limité
que par le contexte géopolitique qui pousse des touristes des pays arabes à aller
en Grèce.
Ce faisant,
Tsipras montre qu’il tient plus à son pouvoir qu’à ses idées, lui
qui promettait la fin de la tutelle et de l’austérité en janvier 2015,
quitte à devenir le petit télégraphe de cette troïka qu’il critiquait tant
avant. Le pire, c’est
que cette longue saignée de la Grèce est totalement inutile puisque dans ces
conditions, Athènes ne pourra jamais rembourser. Mais des
politiciens de bas étages, à Athènes comme ailleurs, sont prêts à sacrifier le
peuple Grec et la démocratie de ce pays pour ne pas reconnaître leurs erreurs.
Il est malheureux que l’histoire
du pays pousse les Grecs à accepter cela pour l’instant, même si, heureusement,
les partisans d’une véritable rupture avec l’UE semblent gagner du terrain.
En attendant,
nous devons quand même nous interroger sur les
raisons qui poussent tant de Grecs, et les dirigeants de pays, à mener de
telles politiques, aussi destructrices qu’anti-démocratiques, sans parler
de celles des créanciers. Bien sûr, la
Grèce a de vraies circonstances atténuantes, mais cela montre aussi que les
idéologies peuvent provoquer des aveuglements proprement effroyables.
Petit a petit les mains se serrent sur le cou de la Grèce, dans peu de temps, elle ne se débattra même plus! C'est un avant goût de ce qui va nous arrivé a nous français, nous allons subir les "Grandes Orientations de Politique Économique" (GOPE) imposé par cette zone administrative qu'est l'UE de Bruxelles!
RépondreSupprimerDes politiques ne tenant pas leurs promesses, il y en a plein. Mais on peut poser la question suivante: les archaïsmes de la société grecque justifient-ils qu'on leur fasse subir ça? Alors certes le travail au noir est très répandu, de même que la fraude fiscale. Mais l'austérité dure permet-elle de lutter contre ces archaïsmes? Il semble que pour Berlin il soit plus important de fabriquer un épouvantail permettant de terroriser les opinion publiques et les élites du continent. Ne parlons même pas de la négligence de l'idée de développement économique: comment l'austérité peut-elle fonctionner sans mise en place de futures sources de recettes? Berlin est encore plus idéologique que Thatcher qui avait au moins pensé à développer la finance. Et cela risque de durer, les chances de réélection de Merkel étant reparties à la hausse.
RépondreSupprimerJZ
Heureusement que l'Europe, c'est la paix comme ils disent... Quand on voit ce qu'ils font subir aux grecs, et ce qu'ils disent des britanniques et l'état d'esprit avec lequel ils abordent le Brexit...
RépondreSupprimerDe vrais petits salopards. ça me rappelle tellement l'état d'esprit des cadres sup et dirigeants des grosses boites. Macron en étant un archétype poussé à l'extrême.
"Mais des politiciens de bas étages, à Athènes comme ailleurs, sont prêts à sacrifier le peuple Grec et la démocratie de ce pays pour ne pas reconnaître leurs erreurs."
J'aurais rajouté "et pour leur propres petits intérêts personnels".
A la base, il n'y a peut-être pas forcément d'"erreur" des politiciens, mais de l'obéissance et de la soumission à ceux qui décident vraiment et qui ont le pognon (comme dans d'autres pays d'ailleurs).
"La gauche dite radicale devenue social-traître"
C'est un grand classique hélas, quand on voit chez nous ce qu'ont donné en France le PS, le PC et toutes les obédiences trotskistes, style NPA et LO, où il ne faut surtout par critiquer l'UE et cracher sur l'idée de nation libre.
Et pourtant, je me sens plutôt de gauche...
***Jacko***
« Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire » Voilà ce que l'on ne pourra plus dire en France si nous ne sortons pas de cette zone administrative qu'est l'UE de Bruxelles! La Résistance est de retour!
RépondreSupprimer"Ce faisant, Tsipras montre qu’il tient plus à son pouvoir qu’à ses idées"
RépondreSupprimerSauf si son idée centrale, celle pour laquelle il accepterait de sacrifier toutes les autres, c'est l'"Europe".
A rapprocher sans doute de Mélenchon qui a voté Maastricht en 1992 et a fait parti du gouvernement Jospin qui a validé l'euro et privatisé à tours de bras.
Alors aujourd'hui, il peut nous raconter ce qu'il veut.
Les actes en disent plus que les paroles.
@ Anonyme
RépondreSupprimerJe pense qu’un jour, les Grecs se rebelleront. C’est ce qu’ils souhaitaient en partie en 2015.
@ JZ & Jacko
Le jugement de l’histoire sera dur avec Berlin…
Je ne pense pas qu’il y ait seulement de l’obéissance et et de la soumission, mais sans doute plus de conformisme et de manque de réflexion de fond
@ Kous
Pas faux, mais je faisais référence aux idées qu’il avançait pendant la campagne : fin de la tutelle et fin de l’austérité
On peut critiquer Berlin et Merkel mais eux au moins agissent un minimum dans l'intérêt de leur pays, même si le modèle allemand est loin d'être l'idéal qu'on essaie de nous vendre et que Target 2 risque de leur retomber un peu sur la tête.
SupprimerJe serais beaucoup plus critique envers nos propres politiques qui sont lamentables et qui eux n'agissent jamais dans l'intérêt de leur pays.
Mais c'est aussi une constante, nos "élites" françaises arrivent toujours à se placer du bon côté de l'Histoire, malgré leurs pires saloperies et leur tendance à la soumission.
***Jacko***
J'étais content quand Tsipras a gagné les élections car on allait voir une clarification.
RépondreSupprimerSoit la Grèce quitte la zone euro, et à moyen terme, la croissance serait revenue. Dans ce cas là, ça montrerait aux europhiles qu'on peut quitter l'euro (et même qu'on doit) pour retrouver de la prospérité.
Soit la Grèce reste dans la zone euro, et dans ce cas il n'y aurait pas d'améliorations, et ça montrerait par l'absurde qu'il faut quitter l'euro.
Et bien non!! Les europhiles continuent de dire qu'il faut rester dans l'euro car l'euro "c'est l'europe, l'idée européenne, le rapprochement des peuples, que si on quitte l'euro c'est la guerre..." et d'autres conneries. On a beau mettre leur merde en face de leurs yeux, ils continueront toujours à défendre l'euro. Ils nous reprochent de faire du simplisme et de sortir des slogans alors que se sont eux qui les sortent à longueur de journées.
J'essaye à longueur de journée de convaincre mon entourage qu'on DOIT quitter l'euro, je leur sort les arguments cités plus haut et bien d'autres que je lis sur votre blog ou sur d'autres, ils me disent "oui tu as peut-être raison, mais non, l'euro c'est fait une fois pour toute". En gros, l'euro est là, c'est un problème, mais c'est mieux même si c'est pire. Bref, je n'abdique pas, mais c'est vrai que c'est fatiguant.
PS: Ils savent que je ne suis pas FN (même si j'ai voté 2 fois pour eux en 5 ans et encore au 2e tour).
Eric
Claudio Borghi Aquilini, le chef économiste de la ligue du nord en Italie : les bases de l’économie.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=hEY8NRC_8gQ
Malheureusement pour la Grèce Tsipras ne les a pas.
Je serai plus sévère vis à vis de Tsipras, un politique qui est élu pour une politique et qui est contraint faire le contraire devrait avoir l'honnêteté de démissionner. Cela montre que il ne voit que son intérêt personnel ou celui de son parti, on est dans la politique politicienne.
RépondreSupprimerAu moment de l'élection de Tsipras, une majorité de Grecs étaient pour le maintien de l'euro et de l'adhésion à l'UE. Chez beaucoup d'entre eux, les moins touchés par la crise, cet attachement à l'euro était principalement dû au désir de préserver la valeur de leurs économies. Ils n'avaient pas prévu qu'on leur piquerait quasiment tout mais par d'autres moyens, en particulier des augmentations vertigineuses d'impôts et de taxes. A méditer par les partisans de l'euro en France, en particulier les retraités.
RépondreSupprimer@ Jacko
RépondreSupprimerCalcul à court terme : ils perdront des créances et subiront un ajustement brutal. Il n’en reste pas moins que nos dirigeants sont terriblement critiquables. Au début des années 90, PS et droite ont envoyé plus d’un million de nos concitoyens au chômage pour défendre la parité franc / mark.
@ Eric
Bien d’accord sur Tsipras. J’y ai cru. Mais sur le moyen terme, une clarification s’imposera. Je pense que nous avons deux arguments forts :
- le jugement des économistes (10 « prix Nobel d’économie » de notre côté)
- la synthèse remarquable faite récemment par Sapir, dont j’ai parlé
- nous pouvons aussi parler de l’Argentine, de la Tchécoslovaquie…
@ André
Ses choix sont effarants
@ Toutatis
Très juste