L’effarant amaigrissement cannois de Claudia Cardinale

Bien sûr, l’intéressée l’assume et y voit « une sublimation » pour « accentuer cet effet de légèreté et me transpose dans un personnage rêvé », mais la retouche d’une photo de 1959 de la belle Claudia Cardinale a déclenché une polémique bienvenue sur les abus du monde de la communication sur la représentation du corps de la femme, certains corrigeant même l’affiche du festival.

Laisser-faire une forme de torture psychologique ?

Bien sûr, cette affiche est loin de représenter l’abus le plus choquant en matière de représentation de la femme dans la communication. Certaines marques vont largement plus loin dans le choix de mannequins qui vont de femmes au physique d’anorexiques des modèles de beauté. Mais tout de même, quelle drôle d’idée de se dire qu’il faut amaigrir Claudia Cardinale, qui n’est pas la femme la moins belle à la fin des années 1950 ! Quel besoin de réduire plus encore sa taille fine ? Pourquoi l’affubler de jambes faméliques qui ne semblent même plus humaines ? Et le curieux éclairage lissant de son visage la fait ressembler à ces mannequins trop retouchées quand elles ne sont pas refaites. La version non amaigrie de Claudia Cardinale n’est-elle pas bien plus réussie, vivante, belle et humaine ?

On pourrait penser que cela est un sujet secondaire, mais le combat pour une représentation raisonnable du corps des femmes est important tant elle peut générer une souffrance pour celles qui finissent par faire de ces images surnaturelles le modèle vers lequel elles tendent. Ici encore, on peut y voir les effets délétères d’un excès de laisser-faire d’un Etat décidément trop absent.