Je suis
curieux de voir le
jugement de l’histoire sur les politiques menées en Grèce depuis 2010,
quand nous serons sortis de ces plans inhumains, qui
ont provoqué un effondrement des salaires de 35% et de retraites de 45% en
6 ans ! Pire, les
euro-tyrans viennent de publier des notes promettant l’austérité jusqu’en 2060
pour justifier qu’il n’y aurait pas besoin d’allègement de la dette !
L’austérité
à vie des bourreaux eurocrates
Le problème
est que ces nouvelles prévisions foireuses ont un sinistre objectif : démontrer
qu’il n’y aurait pas besoin d’allègement de la dette de la Grèce et que le
pays pourrait s’en tirer à condition de maintenir un fort excédent budgétaire
primaire pour des décennies, contrairement
à ce que pense le FMI ! Les technocrates du MES se révèlent encore
plus inhumains que les autres technocrates de ces grandes institutions… Ils ont
produit deux scénarios : le
A, où la Grèce maintient un excédent primaire (avant paiement des intérêts), de
3,5% du PIB jusqu’en 2032, et de 3% jusqu’en 2038, et le B, où il descendrait
graduellement à 2% en 2035 puis 1,5% en 2048, assurant une moyenne de 2,2%.
Dans tous les
cas, le
MES propose un allongement de la maturité des dettes (jusqu’en 2080…) et
diverses mesures techniques. Avec 1,3% de croissance, le scénario A, aussi
irréaliste qu’inhumain, permettrait
à la Grèce de faire passer sa dette de 180% du PIB à 65% en 2060. Mais,
« le
FMI croit qu’une telle croissance et de telles prévisions d’excédent primaire
sont irréalistes » et le scénario B, construit sur les hypothèses
du Fonds, avec
une croissance de 1% par an, aboutirait à une dette de 226% du PIB en
2060 ! Pire, il faudrait également recapitaliser les banques grecques,
imposant des besoins de financement bien plus importants que les plafonds
prévus dans les accords européens.
De telles propositions sont révoltantes à plus d’un
titre. D’abord, comment croire que l’économie de la Grèce pourrait croître avec
un excédent primaire de 3% du PIB par an, qui
signifie que l’action publique aurait un effet puissamment récessioniste, si on
en croit les théories du multiplicateur budgétaire admises par le FMI ?
L’insuffisante mais réelle légère amélioration actuelle de la situation en
Grèce n’a été rendu possible que par la conjonction de quatre puissants
facteurs qui ne se reproduiront pas ensemble de sitôt (forte baisse de l’euro,
des taux, du prix du pétrole, et terrorisme islamiste poussant les touristes en
Grèce). Il est illusoire de penser que cela pourrait se reproduite à l’avenir.
Cette proposition est également révoltante d’un
point de vue social car il est bien évident que cette politique aurait des
conséquences funestes sur les politiques publiques du pays, mettant encore et
toujours sous pression une
population déjà lourdement affectée par les politiques menées depuis 7 ans
et réduite à une forme d’esclavage économique pour des décennies. Enfin, cette
proposition est totalement révoltante d’un point de vue démocratique tant elle
suppose, pour être appliquée, une mise sous camisole serrée du pays, dont les
dirigeants ne seraient que les exécuteurs des plans conçus par leurs
créanciers, sans la moindre marge de manœuvre, comme
Tsipras le montre depuis 2 ans.
Même s’il ne faut pas renoncer à faire preuve de
pédagogie, et poursuivre le travail de décryptage sur le cas de la Grèce, il y
a de quoi se demander s’il ne faudrait pas être révolutionnaire en Grèce tant
les dirigeants actuels ont trahi leurs promesses électorales, soumettant
leur pays à l’horreur européenne.
Un dogme ne peut être remis en cause, ni adapté seul ceux qui le subissent, doivent se reformer pour entrer dans le "cadre"!
RépondreSupprimerAucun dogme, ni le gouvernement qui le soutien, n'est éternel. L'histoire nous montre que tous les dogmes soit se sont effondrés de l'intérieur, soit ont été détruit de l'extérieur.
SupprimerLe scénario B du FMI qui prévoit 1% de croissance est encore trop optimiste car la Grèce ne sort pas de la récession depuis qu'elle applique l'austérité imposée par la troïka.
RépondreSupprimerTout cela explique pourquoi la parole experte a été dévaluée auprès de bien des opinions publiques: elle n'est ici que le déguisement des intérêts d'un pays. Mais au moins peut-on reconnaître à Berlin, contrairement à Paris, une vraie détermination dans la défense de ses intérêts.
RépondreSupprimerJZ
PS: Très bon papier Libé de Bruno Amable démontant le caractère illusoire du donnant donnant réformes structurelles françaises vs largesses budgétaires accordées par Berlin espéré par Paris.
Le "jugement de l'Histoire" dépendra de ce que seront les gouvernements de demain. Si l'on est optimiste et que l'on pense que la raison va l'emporter sur les intérêts particuliers, alors on peut supposer que l'Histoire jugera sévèrement les décisions politiques d'aujourd'hui. A l'inverse,si l'on pense que la même idéologie néolibérale restera dominante demain, il faut alors s'attendre à ce que la vérité reste toujours dans l'ombre.
RépondreSupprimerEn complément : « Les édifiantes « minutes » du dernier Eurogroupe sur la Grèce :
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/economie/article/2017/05/29/les-edifiantes-minutes-du-dernier-eurogroupe-sur-la-grece_5135406_3234.html
Il semblerait que la participation financière du FMI serait nécessaire pour que la Grèce puisse bénéficier du Quantitative Easing de la BCE, lequel serait réclamé par les autorités grecques. La question ne se pose pas pour un État souverain ayant sa banque centrale qui fait un Quantitative Easing quand les circonstances l’exige, mais elle se pose pour un pays qui n’a plus la souveraineté monétaire, il faut alors le quémander.
"Même s’il ne faut pas renoncer à faire preuve de pédagogie, et poursuivre le travail de décryptage sur le cas de la Grèce, il y a de quoi se demander s’il ne faudrait pas être révolutionnaire en Grèce tant les dirigeants actuels ont trahi leurs promesses électorales, soumettant leur pays à l’horreur européenne."
RépondreSupprimerL'alternative révolutionnaire à Syriza, c'est Aube dorée !