dimanche 14 mai 2017

Propagande de L’Express et de BFM pour Emmanuel Macron ? (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus



A la veille du scrutin du 1er tour des présidentielles, le magazine l’Express[i] et BFM  Business ont conjointement publié un dossier d’analyse des conséquences économiques des programmes des (supposés) principaux candidats[ii]. Trois semaines plus tard, avec le recul des résultats, il n'est pas inutile de revenir sur ces analyses pas si anodines.

Or, les résultats publiés ont de quoi surprendre quiconque s’intéresse un peu aux ficelles élémentaires de la macroéconomie. A titre d’exemple, le programme de Jean-Luc Mélenchon était crédité d’un effet positif très important sur la croissance (plus de 5 points supplémentaires au sommet de l’effet du plan de relance du candidat de la France insoumise) conjugué à un effet sur le chômage … très négatif (2 points de chômage en plus) (lire l’analyse ici) ! Tout cela interpelle : si la croissance augmente, surtout de manière si importante, c’est que l’activité économique repart et donc que les entreprises (et/ou l’Etat) embauchent, sauf à imaginer que les entreprises gonflent exponentiellement leurs profits tout en comprimant les salaires (il est permis de douter que cela fasse partie du programme de M. Mélenchon !). Et pourtant non : l’Express et BFM Business, nous clament que M. Mélenchon (et à un degré moindre M. Hamon[iii]) parviendrait à réussir ce tour de force (à ma connaissance inédit dans l’histoire économique) de doper de manière presque vertigineuse à la fois la croissance et le chômage. Diantre ! Comment est-ce possible ?

Pour tenter de le comprendre, il faut aller chercher le modèle économique, baptisé « Mac SIM 2 », qui a servi de base à ces « analyses » (lien ici) et … dont ni l’Express ni BFM business ne font le moindre effort, qui relèverait pourtant de la déontologie journalistique la plus élémentaire, pour expliciter le fonctionnement.  Et il n’est guère besoin d’aller bien loin pour se trouver face à un premier biais d’approche : le modèle[iv], bien que se prétendant néokeynésien, adopte un multiplicateur des dépenses public d’environ 0,5[v]. Or, même le FMI a fini par admettre que ce multiplicateur était, tout particulièrement en période d’activité économique sous contrainte comme actuellement, supérieur à 1[vi]. De fait, le modèle sous-estime donc les effets positifs des politiques de relances d’une part et les effets négatifs des politiques d’austérité d’autre part. Il donne donc à tort des satisfécits aux politiques néolibérales de l’offre (telles que celles conduites en Grèce …) et des cartons jaunes (voire rouge) aux politiques de relance. Et c’est bien ce qui se passe dans les analyses publiées par l’Express et BFM Business : François Fillon et surtout Emmanuel Macron sont portés en premiers de la classe pendant que les trois autres, à des degrés divers, sont relégués parmi les cancres. Tout ceci, bien évidemment, à tort.

Mais cela ne répond pas à notre question initiale. Le modèle sous-estime les effets de la dépense publique sur la croissance. Soit. Mais comment diable fait-il pour modéliser une croissance gargantuesque en simultanée  d’une situation de l’emploi déprimée ?

Si l’un des auteurs du modèle (Jean-Louis Brillet, Gilbert Cette, Ian Gambini, Thomas Lagoarde-Segot) en venait à lire ces lignes, je serai personnellement ravi qu’il vienne éclairer ma lanterne. Cela anesthésierait cette très désagréable sensation que l’Express et BFM sont prêts à tordre n’importe comment n’importe quel chiffre pour favoriser Emmanuel Macron, l’ami de leur propriétaire M. Drahi …



[i] Edition du 12 au 18 avril.
[ii] A savoir François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Benoît Hamon.
[iii] Et ne parlons même pas du programme de Mme Le Pen qui est annoncé comme une « descente aux enfers » avec un effondrement du PIB (- 6 points), une explosion du déficit public (+ 4 points) et du chômage (+ 3 points).
[iv] Voir les diapositives 30 et 31 de la présentation proposée sur le site du modèle.
[v] C’est-à-dire que toute dépense publique d’un euro entraîne une hausse du PIB de 0,5 euro. A contrario, toute contraction de la dépense publique d’un euro entraîne une baisse du PIB de 0,5 euro. Sur le sujet lire Le multiplicateur keynésien et la propagande néolibérale.
[vi] Lire en particulier :
Quand le FMI critique le néolibéralisme…, Romaric Godin, La Tribune, 27-mai-16 ;
Institutions internationales et idées zombies en économie : enfin la rupture ?, Les Économistes Atterrés, Blog Médiapart, 11-avr.-16 ;
Synapse à la commission européenne, Jacques Sapir, Russeurope, 05/03/2015 ;
Les très faibles rendements de l’austérité, Laurent Herblay, Gaulliste libre, 21/01/2014

6 commentaires:

  1. @Brutus

    Ne pas regarder la télévision.
    Ne pas écouter la radio.
    Ne pas lire les journaux, la presse.

    Mesure tripartite de renouvellement intérieur. Il s'agit d'échapper définitivement à ce monde orwellien qui ne vaut pas quatre sous. Il est important de rappeler que ce "monde" imprimé, diffusé, mis en images, n'existe pas vraiment. Bien sûr, les acteurs de ce monde factice ne sont pas au courant, ce qui fait que tout cela est également assez drôle.

    A qui s'adressent-ils si ce n'est à eux-mêmes ?

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  2. Cher Brutus,

    Afin d'éviter la transfiguration élyséenne du jour, permettez-moi de vous proposer une solution salvifique :

    https://www.youtube.com/watch?v=oTI_z714dOo

    Si le grand processus d'enchantement du monde venait à durer plus de 56 minutes, il y a Youtube repeat.

    Bonne chance à tous !

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  3. Le programme économique de la France insoumise n'était tenable que s'il s'accompagnait d'une sortie de l'euro immédiate et d'une dévaluation de combat, le tout assorti d'une politique de réindustrialisation. Faute de cela il aurait eu le destin économique de François Mitterrand en mars 1983 de rentrer dans le rang libéral et européen comme un Tsipras ou le capitaine de pédalo.

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  4. En surexposant leur poulain et en niant l’existence d'autre ou en lançant les rumeurs, les médias ont manipulé "l'opinion publique"! Le manque d’État et de partialité grignoté par l'UE de Bruxelles n'ont fait qu’aggraver la situation!

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  5. Par contre comptes publics équilibrés+récession c'est économiquement tout à fait possible puisque la Grèce commence 2017 par un recul du PIB après une croissance zéro en 2016. Preuve que le diktat européen européen a d'abord but de protéger l'argent du contribuable allemand et non de redresser économiquement les pays du Sud. On pourrait alors se dire qu'après tout Berlin ne fait que protéger ses intérêts -ou plutôt ceux de sa démographie vieillissante-, ce que ne fait pas Paris sur la scène européenne. Mais dans ce cas autant ne pas faire prendre les vessies d'un destin argentin pour des lanternes d'austérité porteuse de lendemains qui chantent.


    JZ

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  6. Edouard Philippe, Bilderberg 2016, a été choisi par Emmanuel Macron, Bilderberg 2014 !

    Du 9 au 12 juin 2016, Edouard Philippe participait à la réunion du Groupe Bilderberg.

    Le mécanisme du Groupe Bilderberg est le suivant :

    1- D’abord, la sélection.

    Depuis 1954, chaque année, au mois de juin, le Groupe Bilderberg se réunit. Il sélectionne deux ou trois hommes politiques français. Objectifs : placer leurs pions, continuer la construction européenne, et faire élire des membres du Groupe Bilderberg aux élections dans les pays européens.

    2- Ensuite, la propagande médiatique.

    Le système médiatique fait la promotion de ces hommes politiques sélectionnés par le Groupe Bilderberg. Le système médiatique dit du bien de ces hommes politiques dans les journaux, sur les radios, sur les chaînes de télévision pendant des mois et des mois. Normal : les grands journalistes politiques, les grands éditorialistes et les directeurs des médias sont eux-aussi des membres du Groupe Bilderberg.

    Exemple : Nicolas Baverez et Etienne Gernelle ont été sélectionnés par le Groupe Bilderberg pour participer à leur réunion de juin 2016. Ils sont respectivement éditorialiste et directeur de l'hebdomadaire LE POINT.

    Jeudi 4 mai 2017, l'hebdomadaire LE POINT faisait sa une sous le titre : « Droite : la bataille qui commence. »

    Sur cette une, on voyait la photo des huit principales personnalités politiques du parti de droite Les Républicains pour les mois qui viennent.

    Chose étonnante : sur ces huit personnalités de droite, il y avait sept personnalités très connues … et un homme politique complètement inconnu !

    Les sept très connus : François Baroin, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez, Christian Estrosi.

    Un homme politique inconnu : un certain Edouard Philippe !

    Avec cette photo de une et avec le dossier à l'intérieur, l'hebdomadaire LE POINT commençait à préparer l'opinion publique à la nomination d'Edouard Philippe, qui était alors encore inconnu.

    http://www.lepoint.fr/images/liseuse/medium-small/2330.jpg

    3- Dernière étape, l’élection.

    Les électeurs, après avoir subi des mois de bourrage de crâne, votent pour l’homme politique promu par les médias.

    Conclusion :

    Emmanuel Macron, Bilderberg 2014, a été élu président de la République. Quelques jours plus tard, il a nommé premier Ministre Edouard Philippe, Bilderberg 2016 !

    C'est la nouvelle aristocratie.

    La nouvelle aristocratie contrôle parfaitement le système politique et le système médiatique.

    La nouvelle aristocratie a verrouillé le système.

    Même au moment des élections, il ne peut plus y avoir d'alternance.

    Seule une révolution pourra détruire la nouvelle aristocratie.

    Rappels :

    Edouard Philippe était là :

    http://www.bilderbergmeetings.org/participants.html

    Emmanuel Macron était là :

    http://www.bilderbergmeetings.org/participants2014.html

    Le Groupe Bilderberg est à l’origine de la construction européenne. Le traité de Rome, signé en 1957, a marqué le début de la construction européenne. Il a été négocié durant les réunions du Groupe Bilderberg en 1954, 1955 et 1956.

    « Je pense que vous pourriez dire, déclara un jour le diplomate américain George McGhee, que le traité de Rome, qui a créé le Marché commun, a été mûri pendant ces réunions de Bilderberg et aidé par le flot de nos discussions. »

    (Source : « L’Europe sociale n’aura pas lieu », de François Denord et Antoine Schwartz, édition Raisons d’agir, page 40.)

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