Billet invité de l’œil de Brutus
A la veille du scrutin du 1er
tour des présidentielles, le magazine l’Express[i]
et BFM Business ont conjointement
publié un dossier d’analyse des conséquences économiques des programmes des (supposés)
principaux candidats[ii]. Trois
semaines plus tard, avec le recul des résultats, il n'est pas inutile de
revenir sur ces analyses pas si anodines.
Pour tenter de le comprendre, il
faut aller chercher le modèle économique, baptisé « Mac SIM 2 », qui
a servi de base à ces « analyses » (lien ici) et … dont ni l’Express ni BFM
business ne font le moindre effort, qui relèverait pourtant de la déontologie
journalistique la plus élémentaire, pour expliciter le fonctionnement. Et il n’est guère besoin d’aller bien
loin pour se trouver face à un premier biais d’approche : le modèle[iv],
bien que se prétendant néokeynésien, adopte un multiplicateur des dépenses
public d’environ 0,5[v]. Or, même le
FMI a fini par admettre que ce multiplicateur était, tout particulièrement en
période d’activité économique sous contrainte comme actuellement, supérieur à 1[vi].
De fait, le modèle sous-estime donc les effets positifs des politiques de
relances d’une part et les effets négatifs des politiques d’austérité d’autre
part. Il donne donc à tort des satisfécits aux politiques néolibérales de
l’offre (telles que celles conduites en Grèce …) et des cartons jaunes (voire
rouge) aux politiques de relance. Et c’est bien ce qui se passe dans les
analyses publiées par l’Express et BFM Business : François Fillon et
surtout Emmanuel Macron sont portés en premiers de la classe pendant que les
trois autres, à des degrés divers, sont relégués parmi les cancres. Tout ceci,
bien évidemment, à tort.
Mais cela ne répond pas à notre
question initiale. Le modèle sous-estime les effets de la dépense publique sur
la croissance. Soit. Mais comment diable fait-il pour modéliser une croissance
gargantuesque en simultanée d’une
situation de l’emploi déprimée ?
Si l’un des auteurs du modèle (Jean-Louis
Brillet, Gilbert Cette, Ian Gambini, Thomas Lagoarde-Segot) en venait à lire ces lignes, je serai
personnellement ravi qu’il vienne éclairer ma lanterne. Cela anesthésierait
cette très désagréable sensation que l’Express et BFM sont prêts à tordre
n’importe comment n’importe quel chiffre pour favoriser Emmanuel Macron, l’ami
de leur propriétaire M. Drahi …
[i] Edition du
12 au 18 avril.
[ii] A savoir
François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Benoît
Hamon.
[iii] Et ne
parlons même pas du programme de Mme Le Pen qui est annoncé comme une « descente aux enfers » avec un
effondrement du PIB (- 6 points), une explosion du déficit public (+ 4 points)
et du chômage (+ 3 points).
[iv] Voir les
diapositives 30 et 31 de la présentation proposée sur le site du modèle.
[v] C’est-à-dire
que toute dépense publique d’un euro entraîne une hausse du PIB de 0,5 euro. A
contrario, toute contraction de la dépense publique d’un euro entraîne une
baisse du PIB de 0,5 euro. Sur le sujet lire Le
multiplicateur keynésien et la propagande néolibérale.
[vi] Lire en
particulier :
Quand
le FMI critique le néolibéralisme…, Romaric Godin, La Tribune,
27-mai-16 ;
Institutions
internationales et idées zombies en économie : enfin la rupture ?, Les
Économistes Atterrés, Blog Médiapart, 11-avr.-16 ;
Synapse
à la commission européenne, Jacques Sapir, Russeurope, 05/03/2015 ;
Les
très faibles rendements de l’austérité, Laurent Herblay, Gaulliste libre,
21/01/2014
@Brutus
RépondreSupprimerNe pas regarder la télévision.
Ne pas écouter la radio.
Ne pas lire les journaux, la presse.
Mesure tripartite de renouvellement intérieur. Il s'agit d'échapper définitivement à ce monde orwellien qui ne vaut pas quatre sous. Il est important de rappeler que ce "monde" imprimé, diffusé, mis en images, n'existe pas vraiment. Bien sûr, les acteurs de ce monde factice ne sont pas au courant, ce qui fait que tout cela est également assez drôle.
A qui s'adressent-ils si ce n'est à eux-mêmes ?
Cher Brutus,
RépondreSupprimerAfin d'éviter la transfiguration élyséenne du jour, permettez-moi de vous proposer une solution salvifique :
https://www.youtube.com/watch?v=oTI_z714dOo
Si le grand processus d'enchantement du monde venait à durer plus de 56 minutes, il y a Youtube repeat.
Bonne chance à tous !
Le programme économique de la France insoumise n'était tenable que s'il s'accompagnait d'une sortie de l'euro immédiate et d'une dévaluation de combat, le tout assorti d'une politique de réindustrialisation. Faute de cela il aurait eu le destin économique de François Mitterrand en mars 1983 de rentrer dans le rang libéral et européen comme un Tsipras ou le capitaine de pédalo.
RépondreSupprimerEn surexposant leur poulain et en niant l’existence d'autre ou en lançant les rumeurs, les médias ont manipulé "l'opinion publique"! Le manque d’État et de partialité grignoté par l'UE de Bruxelles n'ont fait qu’aggraver la situation!
RépondreSupprimerPar contre comptes publics équilibrés+récession c'est économiquement tout à fait possible puisque la Grèce commence 2017 par un recul du PIB après une croissance zéro en 2016. Preuve que le diktat européen européen a d'abord but de protéger l'argent du contribuable allemand et non de redresser économiquement les pays du Sud. On pourrait alors se dire qu'après tout Berlin ne fait que protéger ses intérêts -ou plutôt ceux de sa démographie vieillissante-, ce que ne fait pas Paris sur la scène européenne. Mais dans ce cas autant ne pas faire prendre les vessies d'un destin argentin pour des lanternes d'austérité porteuse de lendemains qui chantent.
RépondreSupprimerJZ
Edouard Philippe, Bilderberg 2016, a été choisi par Emmanuel Macron, Bilderberg 2014 !
RépondreSupprimerDu 9 au 12 juin 2016, Edouard Philippe participait à la réunion du Groupe Bilderberg.
Le mécanisme du Groupe Bilderberg est le suivant :
1- D’abord, la sélection.
Depuis 1954, chaque année, au mois de juin, le Groupe Bilderberg se réunit. Il sélectionne deux ou trois hommes politiques français. Objectifs : placer leurs pions, continuer la construction européenne, et faire élire des membres du Groupe Bilderberg aux élections dans les pays européens.
2- Ensuite, la propagande médiatique.
Le système médiatique fait la promotion de ces hommes politiques sélectionnés par le Groupe Bilderberg. Le système médiatique dit du bien de ces hommes politiques dans les journaux, sur les radios, sur les chaînes de télévision pendant des mois et des mois. Normal : les grands journalistes politiques, les grands éditorialistes et les directeurs des médias sont eux-aussi des membres du Groupe Bilderberg.
Exemple : Nicolas Baverez et Etienne Gernelle ont été sélectionnés par le Groupe Bilderberg pour participer à leur réunion de juin 2016. Ils sont respectivement éditorialiste et directeur de l'hebdomadaire LE POINT.
Jeudi 4 mai 2017, l'hebdomadaire LE POINT faisait sa une sous le titre : « Droite : la bataille qui commence. »
Sur cette une, on voyait la photo des huit principales personnalités politiques du parti de droite Les Républicains pour les mois qui viennent.
Chose étonnante : sur ces huit personnalités de droite, il y avait sept personnalités très connues … et un homme politique complètement inconnu !
Les sept très connus : François Baroin, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez, Christian Estrosi.
Un homme politique inconnu : un certain Edouard Philippe !
Avec cette photo de une et avec le dossier à l'intérieur, l'hebdomadaire LE POINT commençait à préparer l'opinion publique à la nomination d'Edouard Philippe, qui était alors encore inconnu.
http://www.lepoint.fr/images/liseuse/medium-small/2330.jpg
3- Dernière étape, l’élection.
Les électeurs, après avoir subi des mois de bourrage de crâne, votent pour l’homme politique promu par les médias.
Conclusion :
Emmanuel Macron, Bilderberg 2014, a été élu président de la République. Quelques jours plus tard, il a nommé premier Ministre Edouard Philippe, Bilderberg 2016 !
C'est la nouvelle aristocratie.
La nouvelle aristocratie contrôle parfaitement le système politique et le système médiatique.
La nouvelle aristocratie a verrouillé le système.
Même au moment des élections, il ne peut plus y avoir d'alternance.
Seule une révolution pourra détruire la nouvelle aristocratie.
Rappels :
Edouard Philippe était là :
http://www.bilderbergmeetings.org/participants.html
Emmanuel Macron était là :
http://www.bilderbergmeetings.org/participants2014.html
Le Groupe Bilderberg est à l’origine de la construction européenne. Le traité de Rome, signé en 1957, a marqué le début de la construction européenne. Il a été négocié durant les réunions du Groupe Bilderberg en 1954, 1955 et 1956.
« Je pense que vous pourriez dire, déclara un jour le diplomate américain George McGhee, que le traité de Rome, qui a créé le Marché commun, a été mûri pendant ces réunions de Bilderberg et aidé par le flot de nos discussions. »
(Source : « L’Europe sociale n’aura pas lieu », de François Denord et Antoine Schwartz, édition Raisons d’agir, page 40.)