Quelques
nouvelles passées trop inaperçues : la
Chine vient d’accorder l’autorisation à BMW pour exporter ses voitures
produites dans l’Empire du milieu, alors même que
Vovo commence à exporter ses véhicules fabriqués en Chine en Europe. Rien d’anormal
pour les partisans de cette anarchie commerciale qui profite à une petite
minorité. Un deux poids deux mesures révoltant, pour
qui sait.
Chine
protectionniste et Europe naïvement libre-échangiste
Ainsi, la
Chine s’est assurée des investissements massifs, qui ont contribué à son
décollage économique, refusant de vendre des produits basiques pour acheter
des produits aussi sophistiquées que des voitures, tout
en imposant un transfert technologique qui lui a permis de construire une
industrie locale, malgré son retard économique. D’abord, la Chine a imposé
de faibles droits de douanes sur les pièces détachées pour faire construire des
usines d’assemblage qui se fournissaient ailleurs, avant de monter les droits
de douane sur les pièces détachées pour imposer un transfert de toute la
filière. Fasciné
par la taille du marché, nos pays et nos constructeurs ont accepté ce jeu de
dupes.
Après tout, pourquoi
se voir barrer la route du marché automobile chinois tout en ouvrant nos
frontières à toutes les productions de l’Empire du milieu ? Nous avons
accepté un deux poids deux mesures qui produit chômage et appauvrissement chez
nous, et enrichissement de la Chine à nos dépends. Et, naturellement, la
Chine a fini par se mettre en position d’exporter, ce qui va accentuer des
déséquilibres déjà bien trop importants. Pire encore, après nos propres
constructeurs (Volvo
a été acheté par un constructeur chinois), nul doute que les constructeurs
locaux finiront par réussir à pénétrer notre marché, comme avant eux les
japonais ou coréens, au détriment de nos constructeurs.
Le
modèle de développement économique asiatique est profondément protectionniste,
et il est d’autant plus efficace que d’autres
adoptent une vision particulièrement naïve du libre-échange, au premier rang
desquels les pays européens. La Chine ne mérite pas de voir le moindre de
ses véhicules pénétrer nos territoires. Malheureusement, pas grand monde ne s’en
rend compte.
Une vision naïve, ou une vision cynique ? Si les pays européens ne voient plus leur unité et ne se définissent plus comme un Nous face à l'extérieur, pourquoi se protégeraient-ils ?
RépondreSupprimerVoyez-vous la France comme un Nous, Laurent Herblay ? Et dans ce cas comment le définiriez-vous ?
J'ai la flemme de retrouver la dépêche AFP, mais je me souviens que nos grands amis chinois s'étaient félicité de la défaite de MLP, "bonne pour la paix dans le monde" selon eux.
RépondreSupprimerLes mêmes, au moment d'un attentat en France (comme il y en a eu hier encore en Angleterre) reprenaient dans leur presse gouvernementale les accusations selon lesquelles ce terrorisme ne serait qu'une réaction à la politique interne et externe de la France.
A bon entendeur...
@LH,
RépondreSupprimerOn ne peut pas vouloir l'ordre marchand à moitié. Il n'y a pas de demi-libéralisme, de souhait demi-libéral. Il n'est pas dans la nature du libéralisme d’être tempéré contrairement à ce que l'on nous raconte. Le libéralisme est la démesure même, cet individualisme matérialisme ou l'homme est fin et mesure de toutes choses. Le règne de la marchandise est un système total.
De même que le libéralisme n'a pas inventé la liberté ou l’égalité, il n'a pas non plus inventé l’opposition ou la limitation des pouvoirs ou du souverain, ce fameux "checks and balances", déjà présent à Rome (SPQR : Senatus populusque romanus) ou encore avec les Monarchomaques (XVIème siècle) bien après. En validant le libéralisme, pas même l’ultra ou le néo-libéralisme, on valide l'ordre marchand et ses évoluions naturelles et nécessaires (ultra et néo).
Le libéralisme n'a rien inventé, pas même l’hybris qui est son principe fondamental ; il n'a fait que mettre au centre du monde le capital et son accumulation. Nous sommes en présence d'un économisme, d'un matérialisme, qui détruit le monde depuis deux siècles.
L'ordre marchand, cette guerre des riches contre les pauvres, qui ne cesse de réifier le monde, est le cœur même du problème. Homo œconomicus est un problème. L'économie comme nouveau langage politique est un problème. Le matérialisme est un problème, tout comme les économismes (voir le XXème siècle).
Le libéralisme est un affreux mensonge du capital voulant se donner les couleurs et l’aspect d'une doctrine de la liberté et de l’égalité. C'est le libéralisme lui-même, cette doctrine unitaire, qu'il faut récuser. Il n'est heureusement pas la fin de l’histoire.