Après
avoir proposé une analyse rafraichissante de la crise de notre pays dans
« La France périphérique »,
cassant les vieux codes d’analyses périmées, le dernier opus de Christophe
Guilluy, « Le crépuscule de la
France d’en haut » approfondit ses analyses antérieures. Un livre
assez noir, mais qui n’en demeure pas moins un
complément utile aux analyses de Thomas Piketty.
Cette fracture qui ne cesse de grandir
Il souligne la déconnexion grandissante entre la
France d’en haut (les métropoles, qui réalisent trois quart de la croissance,
les cadres, dont le niveau de vie progresse) et la France périphérique qui perd
des emplois, et donc le niveau de vie baisse (employés et ouvriers depuis 2008).
Pour lui « la véritable fracture
oppose ceux qui bénéficient de la mondialisation et qui ont les moyens de s’en
protéger et ceux qui en sont les perdants et ne peuvent se protéger de ses effets (…)
Contre (tout contre) le grand capital et la mondialisation, les classes
supérieures se partagent les fruits d’un modèle économique mondialisé qui
repose sur l’exploitation des classes populaires de là-bas et l’exclusion de
ceux d’ici ».
D’ailleurs, pour 60% de la population, la
mondialisation est une menace, alors que 62% des cadres y voient une
opportunité. Avec l’idée de revenu universel, Guilluy se demande si « tout se passe comme si on avait déjà acté
qu’en milieu populaire désormais la figure du travailler laissait place à celle
de l’assisté », notant qu’elle
est aussi défendue par une partie de la droite. Pour lui, « cette approche libérale, en apparence
bienveillante, apparaît au contraire comme le moyen de conforter un modèle
inégalitaire dans lequel les classes populaires n’ont pas leur place ».
Il y voit une forme de retour au Moyen Age, ultra-inégalitaire, où les classes
populaires sont profondément aliénées.
Il évoque un retour des citadelles médiévales dans
les grands pays dits occidentaux, faisant le parallèle entre le
« non » au TCE de 2005, le Brexit de 2016 et l’élection de Trump.
Partout, la périphérie est oubliée, et cela provoque de justes retours
démocratiques. Les phénomènes sont proches des deux côtés de la Manche : à
Londres, le loyer mensuel moyen atteint 2580 livres contre 2300 livres pour le
salaire mensuel moyen. En outre, les phénomènes migratoires y sont
démultipliés, puisque de 2001 à 2011, la population de la capitale de la
Grande-Bretagne a augmenté d’un million, malgré une baisse de 600 000
britanniques blancs, témoin
de flux bien plus importants que chez nous.
Il note l’homogénéisation des filières éducatives
les plus sélectives, où la moitié des étudiants viennent des classes
supérieures, 15% des emplois. Pour lui, Paris, devient une « ville fermée, définitivement bouclée (…) dans les faits, la société mondialisée est
une société fermée où le grégarisme social, le séparatisme, l’évitement et la
captation des richesses et des biens n’ont jamais été aussi puissants (…) Dans
les métropoles mondialisées, une bourgeoisie contemporaire, new school, a pris
le pouvoir, sans haine, ni violence (par) la mise en scène d’une
opposition factice entre les partisans de la ‘société ouverte’ et ceux du
‘repli’ » dans une posture de supériorité morale, pour fermer le débat
en promouvant une « politique
unique, en attendant le parti unique », de Juppé à Collomb.
Guilluy décrit bien comment les forces du marché
provoquent un grand retour vers un passé médiéval, inégal, fermé, et dur pour
la périphérie de nos pays dits développés. Et cela est facilité par le fait que
le débat public est totalement biaisé au point de présenter la barbarie moderne
comme un progrès naturel et inéluctable, ce sur quoi je reviendrai dans le
prochain papier.
Source : « Le crépuscule de la France d’en haut », Christophe Guilluy,
Flammarion
Le Brexit s'annonce comme une grande réussite, ouah ah ah ah ! Comme prévu par Nostradamus Herblay...
RépondreSupprimer"here is Markit's terrifying chart, showing just how massive the contraction in post-Brexit Britain has been so far"
http://www.independent.co.uk/news/uk/britain-just-got-its-first-concrete-sign-that-brexit-will-destroy-the-economy-a7152306.html
L'article que vous citez date de juillet 2016. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, non ? Et où en est-on ? Les prévisions pessimistes ont été invalidées, l'économie britannique ne s'est pas effondrée et les derniers rapports Markit confirment juste que l'on est toujours inquiet des « possibles » conséquences négatives du Brexit dans le secteur des services, et bien plus confiant en l'avenir dans les activités manufacturières : https://www.markiteconomics.com/Survey/PressRelease.mvc/7846d448ec574ec292fc0cc8257c3f2f
RépondreSupprimerRien de plus… Bref, on continue à fantasmer sur du vent ou à spéculer sur une prophétie autoréalisatrice (à force de prédire la catastrophe et de saper la confiance des milieux économiques par ce biais, on finira bien par provoquer effectivement une catastrophe) et l'économie britannique attend encore l'effondrement annoncé. Dans les semaines qui ont suivi le référendum, on annonçait que la chute était imminente. Comme le cataclysme prophétisée tardait un peu, on s'est replié sur un autre récit : le déclin britannique allait être finalement plus progressif… J'attends avec impatience une troisième version du mythe. Si les prophètes de malheur sont de la même eau que les eurobéats qui nous ont vendu l'euro à la fin des années 90 sur la base de promesses mirifiques, je n'ai pas trop de souci à me faire.
On peut bien sûr arguer que la Grande-bretagne n'est pas encore réellement sortie de l'Union européenne et que le pire est encore à venir. Mais c'est une remarque que l'on peut tout aussi bien adresser à ceux qui prédisaient l'Armageddon dès le lendemain du référendum, à savoir qu'ils se sont empressés de prédire l'imprévisible. Dans tous les cas, il est bien trop tôt pour proclamer la réussite ou l'échec du brexit en termes économiques.
YPB
"il est bien trop tôt pour proclamer la réussite ou l'échec du brexit en termes économiques."
RépondreSupprimerSurtout qu'il peut très bien n'y avoir aucun Brexit, vu que ni la chambre des Lords, ni la chambre des Communes ne sont d'accord sur ses modalités et que le référendum n'a qu'une valeur consultative.
"Bref, on continue à fantasmer sur du vent ou à spéculer sur une prophétie autoréalisatrice"
Les souverainobéats nous annoncent la fin de l'Euro imminente depuis au moins 10 ans et... rien. Donc dans le genre madame Irma, vous avez pas vraiment de leçons à donner. Surtout que le Brexit n'est toujours pas commencé puisque la négociation de ses conditions a à peine commencé, elle commence très mal avec une GB qui fait l'unanimité des autres pays de l'UE contre elle et ceux ci ne lui feront aucun cadeau.
C'est pas non plus l'industrie GB qui compensera les coûts d'un Brexit, comme le croient les souverainobéats fétichistes de l'industrie, et la GB financiarisée n'est pas l'Allemagne... Vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu'au coude.
Ceux qui ont annoncé il y a quelques années la mort imminente de l'euro se sont trompés sur ce point en étant trop pressés, c'est un fait. À titre personnel je n'ai jamais cédé à cette facilité et il me semble bien que Laurent Herblay non plus. Des eurosceptiques se sont donc trompés sur le calendrier de la crise finale de l'euro, tandis que d'autres ont été plus prudents. Cela ne change rien au fait que, au regard de l'état actuel de l'union monétaire, les prévisions macroéconomiques des sceptiques de la première heure se sont révélées plus pertinentes que les délires et les mensonges des partisans de l'euro (et lorsque je parle de scepticisme de la première heure, je peux remonter au moins au papier publié par Meade dans The Economic Journal, « The balance-of-payments problems of a European free-trade area », qui date de 1957…). Il n'existe plus aucun économiste pour prétendre que l'eurozone, en l'état actuel, sans réformes de fond, est viable à long terme ; et l'idée de pouvoir réformer suffisamment le système pour le faire vivre perd de plus en plus de crédibilité.
SupprimerVotre commentaire sur le Brexit illustre par ailleurs exactement ce que je disais de la validité des sonneries d'apocalypse auxquelles ont a eu droit dès l'été 2016 : on commence par annoncer une catastrophe imminente, puis on s'aperçoit que ça va être un peu plus long, puis un peu plus long, puis un peu plus long… Quant à considérer que le brexit n'aura peut-être pas lieu, pourquoi pas ? Mais cela ne ferait que rendre la situation encore plus diffilcile puisque ceux qui ont voulu le brexit n'en désarmeront pas pour autant, bien au contraire. Ils le vivront légitimement comme un déni de démocratie (qu'on soit d'accord ou pas avec ce sentiment n'est pas le problème : le fait est que des gens se sentiront floués et que ce ne sera pas sans conséquences politiques). Une Grande-Bretagne qui renoncerait au brexit après en avoir fait le choix serait un pays quasiment en guerre civile et sans aucune crédibilité extérieure. Ce serait échanger des écus contre des sous, comme on disait autrefois. Et qui peut imaginer qu'il suffirait de renoncer au brexit pour que le miel et le lait se mette à couler dans les rues de Londres ou de Manchester ? Certains ont eu tort de présenter le brexit comme une panacée, mais y renoncer après y avoir souscrit ne le serait pas davantage.
Bref, vous citez une source de l'été 2016, rédigée dans l'émotion des lendemains du référendum, qui annonce, sur la foi de prévisions catastrophistes, un effondrement probable à court ou moyen terme de l'économie britannique. Un an plus tard, l'effondrement n'a pas eu lieu et semble devoir se faire attendre encore pas mal. Qu'est-ce qui vous reste ? Jongler avec l'idée que le brexit, finalement, ne se fera peut-être pas. Mais cela implique d'ignorer totalement les conséquences dramatiques d'un tel revirement, quant à ses conséquences politiques et économiques, comme si un simple retour à la case départ était possible sans d'égâts majeurs. Il ne l'est évidemment pas.
YPB
« auxquelles ont a eu droit » : c'est mettre un t de trop à « on »… Dernière ligne : « sans dégâts majeurs » (et non « d'égâts ») évidemment. Désolé de m'être relu trop vite.
SupprimerYPB
@ Anonyme 9h06
SupprimerDémontrer les conséquences du Brexit avec un papier de plus d’un an… Merci de montrer les limites de vos déclarations aussi clairement. Notez que le FMI annonce 1,7% de croissance outre-Manche en 2017, contre 1,9% pour l’UE… Et, vous oubliez que les perdants et les gagnants du Brexit ne seront pas les mêmes.
Il se trouve justement que j’ai toujours dit que la fin de l’euro pourrait prendre beaucoup de temps
@ YPB
Un grand merci !
"bien plus confiant en l'avenir dans les activités manufacturières"
RépondreSupprimerJe vous signale que la GB n'est pas dans l'Euro et qu'elle peut dévaluer sa monnaie à sa guise pour éventuellement favoriser ses exportations industrielles, le Brexit ne lui apportera rien sur point. Au contraire, un Brexit éventuel ne ferait que freiner ses exportations industrielle vers le marché unique de l'UE, à moins de payer ses salariés au tarif chinois.
Si l'industrie GB se maintient, c'est qu'il n'y a toujours pas eu de Brexit.
Je pense que cette classe dominante est très menacée par la crise financière qui lui pend au nez. D'où cette invention permanente de mesures "non conventionnelles" de la part des banques centrales, changeant progressivement la nature du système économique. Le qualificatif "libéral", voire "ultra-libéral" qui lui est appliqué est complètement ridicule, vu que les actions et le poids de ces banques centrales le font de plus en plus ressembler à celui de l'ex-URSS. Comme dans l'ex système soviétique on assiste des plus à un comportement de moins en moins optimal, comme dans le système éducatif, qui permettait autrefois d'extraire les individus doués de l'ensemble de la population, alors qu'aujourd'hui le diplôme est de plus en plus une affaire de fric. Ou l'avantage de plus grand donné en terme de revenus aux manips financières, au détriment des vraies créations.
RépondreSupprimerLa GB est assez pragmatique, intelligente et empirique pour absorber le Brexit. Elle se calera sur la situation suisse et norvégienne. Ces 2 pays sont européens mais non membres de l'UE. Or, ces 2 pays suivent leur petit bonhomme de chemin. Notamment, ils ont parfaitement intégré les règles commerciales, douanières, concurrentielles, économiques, monétaires, sociales etc...de l'UE dans leurs économies et modèles de société respectives. Ils en tirent les avantages sans en avoir les inconvénients ou du moins en sachant faire avec les inconvénients. De temps à autre, ils signent un accord ceci ou un accord cela avec l'UE, bon pour leurs intérêts. Et en plus, ils conservent leur souveraineté nationale. Pourquoi la GB ne pourrait-elle pas retourner à cette situation ?
RépondreSupprimerL'Anonyme du Jour
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerIl y a une question que je me pose et que je suis impatient de connaitre la réponse ;La France d'en haut est t'elle démocratique ?
RépondreSupprimerEst ce qu'elle accepterait de perdre des élections et est ce qu'elle se laisserait gouverner par un gouvernement non libéral ? Ne serait t'elle pas tenté d'utiliser sa puissance médiatique pour entrer en guerre au nom de la liberté ?
Quand on observe comment sont traités médiatiquement les événements en Syrie Venezuela Ukraine et autres , ça peu laisser perplexe .
"Des eurosceptiques se sont donc trompés sur le calendrier de la crise finale de l'euro"
RépondreSupprimerTout comme certains Brexitosceptiques, la différence essentielle étant que le Brexit n'a toujours pas commencé, alors que l'Euro a près de 15 ans, alors laissez un peu de temps au Brexit éventuel pour juger de sa réussite, 3 ans minimum, soit 2020.
Par ailleurs, de plus en plus d'anglais demandent à obtenir la nationalité d'un autre pays de l'UE, du jamais vu.
"Et qui peut imaginer qu'il suffirait de renoncer au brexit pour que le miel et le lait se mette à couler dans les rues de Londres ou de Manchester ?"
Il coulera encore moins avec le Brexit...
"Une Grande-Bretagne qui renoncerait au brexit après en avoir fait le choix serait un pays quasiment en guerre civile et sans aucune crédibilité extérieure."
Le référendum en GB a une valeur consultative seulement, pas comme en France qui n'a d'ailleurs connu aucune guerre civile après celui de 2005, malgré l'accord de Lisbonne ensuite.
Face au blocage des 2 chambres de GB, un second référendum est possible et nombreux sont les Brexiters qui sont maintenant devenus Remainers.
La guerre civile est plus probable avec le Brexit si les résultats économiques ne sont pas RDV et qu'aussi l'Ecosse décide de faire sécession.
"Elle se calera sur la situation suisse et norvégienne."
Sauf que ce ne sont pas du tout des économies comparables, la Norvège a du pétrole, la Suisse est un petit pays paradis fiscal, et ces 2 pays sont liés à l'UE par de nombreux et contributions financières vers l'UE.
La GB ne demande pas le statut de ces 2 pays, elle veut beaucoup plus de concessions de l'UE et laisser une ardoise de 100 milliards à la charge des français, allemands, italiens, hongrois... qui vont apprécier.
La Grande-Bretagne importe beaucoup plus en provenance du continent qu'elle n'exporte, le principal pays européen exportant en Grande-Bretagne étant l'Allemagne. Donc contrairement à leurs prétentions grotesques les eurocrates bruxellois ne sont pas en position de force. Au final il y aura une négociation entre May et Merkel.
SupprimerCroyez-vous que l'économie française est comparable à celle de la Roumanie ou de la Pologne. Croyez-vous que l'économie allemande est comparable à celle de la France ? La GB se calera bien sur le modèle norvégien et suisse selon ses capacités et ressources. Car ces 2 pays sont des modèles de réussite hors UE. Et pas uniquement à cause du pétrole ou de l'évasion fiscale (en matière fiscale la GB sait aussi y faire). La Suisse maîtrise parfaitement les régimes particuliers douaniers mis en place par le code de l'Union au grand bénéfice de son industrie et de ses services. Idem pour la Norvège (notamment dans l'agro-alimentaire relative à la pêche ou la logistique dite du froid concurrençant à ce titre le port de Rotterdam). Quant aux concessions qu'elle demande, elle en obtiendra une grande part car la GB commerce principalement au sein de l'UE (dans quelques on pourra revenir aux termes d'exportation/d'importation entre elle et le reste de l'UE pour l'instant restons sur le terme d'échanges intra-européens)avec l'Allemagne et la France.
Supprimer"La GB se calera bien sur le modèle norvégien et suisse selon ses capacités et ressources."
SupprimerLe seul problème, c'est que la GB ne demande pas les mêmes conditions que la Suisse et la Norvège, ce qui lui serait très probablement par l'UE, mais elle demande beaucoup plus et en plus d'essuyer une ardoise de 100 milliards d'Euros au frais des autres pays de l'UE. Elle veut le beurre, l'argent du beurre et le derrière de la crémière, ce qui n'est pas le cas de la Suisse et de la Norvège.
"la Norvège comme la Suisse ont un niveau de protection très faible dans l’industrie, avec un droit de douane moyen de 0,5 % et 1,9 % respectivement, contre 4,2 % pour l’UE."
https://theconversation.com/conversation-avec-sebastien-jean-lunion-europeenne-est-elle-na-ve-dans-sa-politique-commerciale-75971
La Suisse ne pratique des forts droits que pour l'agriculture "
mais cela est lié aux handicaps naturels auxquels l’activité agricole doit faire face dans ces deux pays : le relief en Suisse, le climat en Norvège. De fait, ces deux pays sont importateurs nets de produits agricoles : les exportations de la Suisse ne représentent que 78 % de ses importations, celles de la Norvège, 14 % seulement."
Le seul domaine où le protectionnisme est praticable, c'est celui de l'agriculture, car la composition des valeurs ajoutées de ces produits est simple, soit 80% dans le pays producteur. Ce n'est pas du tout le cas des produits industriels dont structure comptable valeur ajoutée/pays est excessivement complexe et intraçable.
Des droits de douane élevés sur les produits agricoles, seraient la meilleure façon de permettre aux agriculteurs de l'UE un niveau de vie correct tout en préservant la qualité des sols et de la nourriture, de la biodiversité, comme le font les suisses, mais avec un coût plus élevé de la nourriture, comme en Suisse.
SupprimerCe serait plus utile que les subventions de la PAC qui provoquent une hémorragie de produits agricoles à bas prix de l'UE vers l'Afrique, ce qui tue les petites exploitations agricoles africaines, entraînant émigration d'africains sans travail vers l'UE et une perte d'agroécologie des pays africains.
Des droits douane sur les produits industriels sont en revanche une folie.
" l'idée de pouvoir réformer suffisamment le système pour le faire vivre perd de plus en plus de crédibilité."
RépondreSupprimerAvec Trump qui hausse le ton concernant les exportations allemandes, la Chine qui recentre son économie, importera de moins en moins de machines allemandes dont elle s'équipait pendant sa croissance récente, parce qu'on achète pas une machine spéciale tous les ans, la dégradation géopolitique militaire mondiale, l'Allemagne sera obligée de revoir sa position par rapport à l'UE.
« Le référendum en GB a une valeur consultative seulement, pas comme en France qui n'a d'ailleurs connu aucune guerre civile après celui de 2005, malgré l'accord de Lisbonne ensuite. […] La guerre civile est plus probable avec le Brexit si les résultats économiques ne sont pas RDV et qu'aussi l'Ecosse décide de faire sécession ».
RépondreSupprimerJe peux me tromper, mais à mon sens c'est mal connaître la culture démocratique de la Grande-Bretagne. Beaucoup de Britanniques préfèreront le risque hypothétique de moins de prospérité dans le respect des procédures démocratiques à une promesse de prospérité tout aussi hypothétique dans le cadre de l'UE, payée au prix d'un déni de démocratie. Certains partisans de la sortie regrettent aujourd'hui leur choix ? Peut-être. Mais on pourrait aussi noter que, dès les premières contestations du référendum, des défenseurs du maintien dans l'UE ont réclamé le respect de ses résultats, au nom de leurs convictions démocratiques. Quant au référendum de 2005, il ne portait que sur les modalités de notre participation à l'UE, pas sur la possibilité d'une sortie. Le coup du traité de Lisbonne a été suffisamment subtil (pour le Français moyen du moins, pas forcément expert du sujet) pour faire avaler la pilule. Mais je ne crois pas que les Britanniques se seraient accommodés aussi facilement de ce qu'on a fait aux Français.
YPB
Les loyers monstrueux que l'on observe dans les grandes métropoles européennes (à l'exception - provisoire ?- de l'Allemagne et la Belgique) ne peuvent s'expliquer que par le blocage de l'offre, c'est-à-dire par des normes d'urbanisme malthusiennes qui interdisent la construction des logements nécessaires pour résorber la pénurie : zoning à l'anglo-saxonne, ou règlements d'urbanisme à la française qui limitent les zones constructibles, les hauteurs et les densités autorisées.
RépondreSupprimerN'est-il pas étrange que ce carcan règlementaire qui étouffe la croissance, gèle la production de richesses et paralyse le fameux entrepreunariat sans cesse porté aux nues ne soit jamais dénoncé par l'oligarchie eurolibérale au pouvoir ?
Comment osent-ils raconter qu'ils veulent libérer l'entreprise, l'économie et la croissance alors qu'ils refusent de toucher au code de l'urbanisme, mille fois plus contraignant que le code du travail accusé de tous les maux ?
Imagine-t-on qu'un patron soit obligé de se battre pendant des années en justice contre ses concurrents avant d'être enfin autorisé (ou pas) à embaucher un salarié supplémentaire ? Alors au moins Gattaz et ses comparses libéraux sauraient de quoi ils parlent quand ils gueulent contre les "rigidités structurelles" insupportables qui les empêcheraient de créer des emplois et de la richesse.
C'est pourtant ce qui attend tout courageux entrepreneur qui voudrait construire des logements supplémentaires là où ils sont le plus nécessaires. Immédiatement se constitue une association de riverains, c'est-à-dire de propriétaires en place, qui va le poursuivre en justice pendant des années, et le plus souvent avec succès, car il est quasiment impossible de construire tout en respectant le code de l'urbanisme. Le code du travail, c'est du pipi de chat à côté.
Exemple : "Le schéma directeur de la région d'Ile-de-France a pour objectif de maîtriser la croissance urbaine et démographique (...)
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idArticle=LEGIARTI000027574770&dateTexte=&categorieLien=id
Imagine-t-on que le code du travail se donne officiellement pour objectif de "maîtriser" (oui, comme une bête sauvage) la création d'emplois ou la croissance économique ?
Les classes bourgeoises petites et grandes ne croient pas elles-mêmes à l'idéologie néolibérale qu'elles nous serinent à longueur de journée. Elles ne dénoncent les rigidités structurelles que là où il n'y en a pas. Là où elles existent vraiment elles sont tabous et il est interdit d'en parler.
Ils ne sont même pas les gagnants de la mondialisation comme ils veulent nous le faire croire. Ils ne doivent rien à la mondialisation dans ce qu'elle peut avoir de libéral, et tout à une rente de situation brutale et abusive qu'ils défendent bec et ongle en violation de toutes les doctrines libérales qu'ils défendent hypocritement par ailleurs.
Ivan
"La Grande-Bretagne importe beaucoup plus en provenance du continent qu'elle n'exporte"
RépondreSupprimerLe différentiel aura beaucoup moins d'impact pour l'UE, compte tenu de la taille de son PIB, que pour la GB, nettement plus petite, dont la monnaie dévissera entraînant une inflation, très dangereuse pour les produits alimentaires de première nécessité et tous les autres aspects pas anticipés, ce qui arrive toujours dans un tel chantier :
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-brexit-signera-t-il-le-retour-de-la-faim-en-grande-bretagne_114901
"moins de prospérité dans le respect des procédures démocratiques"
Mais l'organisation d'un second référendum en GB ne va pas à l'encontre de ses procédures si les 2 chambres des élus GB le décident.
Si le Brexit est un échec économique, l'UE en sortira renforcée pour un moment.
Si il est une réussite, une montée en Europe des partis souverainistes ou/et extrémistes est possible, alors soit l'Allemagne fait des concessions conséquentes in extremis et l'UE est renforcée, soit elle abandonne l'UE et le Brexit fera figure d'une promenade de santé à côté de ça, surtout si les autres pays font de même.
"ce carcan règlementaire qui étouffe la croissance, gèle la production de richesses et paralyse le fameux entrepreunariat sans cesse porté aux nues ne soit jamais dénoncé par l'oligarchie eurolibérale"
RépondreSupprimerLe carcan réglementaire d'urbanisme et de normes de construction français ne sont pas dus à l'UE, mais à la bureaucratie française qui fait toujours beaucoup plus dur que ce que demande la commission.
Tout ça sous le haut patronage de Bercy dont les conceptions de l'économie de ses membres énarques sont plus que déficientes :
https://twitter.com/i/moments/894877848082821121
https://www.amazon.fr/dp/B00AEF9SAO/ref=dp-kindle-redirect?_encoding=UTF8&btkr=1
Merci de cette recension des livres de Guilluy. La violence des réactions aux autres ouvrages de Guilluy montre qu'il touche des points sensibles.
RépondreSupprimerAujourd'hui, il n'y a pas de propos violents, mais un débat hors sujet sur le Brexit.
"La violence des réactions aux autres ouvrages de Guilluy montre qu'il touche des points sensibles."
RépondreSupprimerOui, car Guilluy est un escroc et les escrocs touchent toujours des points sensibles.
@Anonyme8 août 2017 à 20:14
SupprimerGuilly décrypte les intérêts de classe sous le discours de la générosité et de "l'ouverture", et nécessairement cela agasse, déstabilise, met en colère.
Ne faudrait-il pas tout simplement faire le point sur ces injonctions morales et leurs motivations véritables ? Qu'en pensez-vous ?
Errata :
Supprimeragace
Lu la France périphérique de Ch. Guilluy. J'ai trouvé son livre intéressant même si je ne suis pas d'accord sur tout. Notamment sur les banlieues. Pour avoir commencé ma carrière d'instituteur dans le 93, l'évolution est tout de même inquiétante sur un plan social, économique voire sanitaire. Une chose m'interpelle vraiment, c'est l'abandon des filles dans ces quartiers. Sur les zones dites péri-urbaines (on a dit aussi à une époque rurbanisées), j'ai habité dans une zone de ce type où j'ai enseigné en école "rurale". Je mets des guillemets car les 4 communes où j'ai enseigné et celle où j'ai vécu avec mon épouse et mes 3 filles n'était rurale que de nom. Dans le sens, où déjà les habitants travaillaient dans les services, le commerce. Ils allaient au travail en voiture dans la partie urbanisée du département à mi-chemin entre la moyenne couronne (94) et la grande couronne. Comme mon épouse ! Les habitants étaient soit issus de ces communes soit s'y étaient installés par choix. Ce qui fut mon cas avec mon épouse et nos 2 premières filles en bas âge. Il y a une dizaine d'années, j'ai vu arriver dans ma commune et celle où j'enseignais des personnes ayant un travail, que l'on classerait dans les classes moyennes puis de nouveaux arrivants avec des revenus plus modestes. En discutant avec eux on s'apercevait que ce n'était pas vraiment un choix très satisfaisant. Mais ils préféraient être propriétaires dans un coin tranquille, loin des zones HLM, des incivilités quotidiennes, d'une dégradation urbaine, de la qualité de l'école etc...être dans une petite commune ça les rassurait. Puis après, les nouveaux arrivants venaient s'installer car ils voulaient être propriétaires de leur maison et ils ne pouvaient plus en grande ou moyenne banlieue. Et ils étaient trop "riches" pour bénéficier des programmes des nouveau HLM. Car être propriétaires c'était une façon d'être encore dans la bonne catégorie sociale. Sauf que pour ces nouveaux arrivants travaillant à Paris ou en petite couronne, cela devient compliqué car ils perdent un temps fou dans les transports.J'avais des élèves qui dès l'âge de 7/8 ans se débrouillaient seuls pour aller à l'école le matin et le soir se faisaient raccompagner par des mamans du cru le soir et restaient seuls jusqu'à 19:30 le soir à attendre les parents qui revenaient du travail. Il y a 3 ans j'ai pris ma retraite. J'ai vendu ma maison et suis parti m'installer en province dans la ville d'origine de mon épouse, 115 000 habitants dans une zone urbaine de 420 000 habitants. Et pourquoi ce retour là-bas ? Car mon épouse avait envie d'y revenir et parce que nous vieillissons et que vivre dans une zone périurbaine cela deviendrait compliqué pour les services de proximité etc...Etant allés dans une ville où l'immobilier reste correct, nous avons pu racheter une petite maison de ville, dans un quartier tranquille, proche du centre-ville.
RépondreSupprimer@ Anonyme 13h57 & co
RépondreSupprimerLes exportations britanniques vers le marché unique pourraient ne pas freiner en échange de la réciproque… Vous oubliez que Londres a de beaux atouts dans sa manche
Vous délirez sur l’évolution de la Grande-Bretagne. Même The Economist, farouche remainer, reconnaît que les britanniques n’ont pas changé d’avis et parvient à se satisfaire du fait que qu’une petite majorité préfère le soft brexit que le hard brexit
« Le seul domaine où le protectionnisme est praticable, c’est celui de l’agriculture » : demandez aux pays asiatiques (Japon, Corée du Sud, Chine), où plus de 95% des véhicules vendus sont fabriqués localement
@ Toutatis
Nous sommes en effet dans un mélange d’ultra-libératisme et d’oligarchisme… Bien d’accord sur le rapport de force
@ L’anonyme du jour
Merci
@ YPB
Merci
@ Ivan
Intéressante mise en perspective
@ Cgrotex
Pas complètement. Elle l’a démontré après 2005
@ Jacques
Merci
@ Anonyme 21h26
Merci pour votre témoignage
"demandez aux pays asiatiques (Japon, Corée du Sud, Chine), où plus de 95% des véhicules vendus sont fabriqués localement
RépondreSupprimer"
Le taux de protectionnisme global de la plupart de ces pays est inférieur à celui de l'UE. Les bagnoles ne sont qu'une composante du taux, donc vous délirez complètement, comme d'habitude...
"Vous oubliez que Londres a de beaux atouts dans sa manche"
Lesquels SVP ?
"Les exportations britanniques vers le marché unique pourraient ne pas freiner en échange de la réciproque"
Ah bon, et comment vu les taux de douane qui seront imposés à la GB par l'UE ?
"The Economist, farouche remainer, reconnaît que les britanniques n’ont pas changé d’avis"
Sans référendum, vous ne le saurez jamais, et je trouve bizarre que The Economist soit votre boussole qui est un journal libéral, ce qui démontre tout votre désarroi, prêt à vous accrocher à n'importe quelle information douteuse, même venant d'un canard libéral.
Les anglais que je fréquente dans mon boulot, qui sont des très qualifiés, ne pensent qu'à se barrer de la GB qui n'aura plus de diplômés pour y travailler, ni anglais, ni de l'UE, la GB sera désertée par les plus qualifiés, un no man's land dans ce domaine, et désertés par les polonais ou autres de l'UE que les entreprises GB
auront la plus grande peine à remplacer.
Herblay, vous êtes complètement givré, et l'avenir le prouvera, et alors il ne vous restera plus qu'à vous jeter d'un pont pour disparaître et fuir le ridicule de votre crétinerie de prétentieux décérébré.
@ Troll énervé anti-Brexit
RépondreSupprimer1- Le taux de protectionnisme du Japon, de la Corée du Sud et de la Chine inférieur à l’UE : vous oscillez entre le délire complet et le déni de réalité caractérisé. Personne de sérieux ne peut défendre votre position. Au passage, l’automobile est l’industrie qui génère le plus d’emplois… Et sur l’agriculture, leur marché est totalement vérouillé :
http://www.gaullistelibre.com/2013/08/le-modele-de-developpement-asiatique.html
http://www.gaullistelibre.com/2016/02/du-riz-du-libre-echange-et-du-modele.html
2- Londres a de beaux atouts dans sa manche : les excédents commerciaux importants de la France et de l’Allemagne vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Nous avons plus à perdre qu’eux en cas de guerre commerciale, donc il n’y aura probablement pas de guerre commerciale et l’UE cèdera à Londres, quel que soit le discours martial des eurocrates. Merkel protègera son industrie automobile et Macron notre industrie agro-alimentaire…
3- Les sondages indiquent que les britanniques n’ont pas changé d’avis. Ma référence à The Economist comme signe de désarroi ? Je le lis depuis 25 ans, car c’est sans doute le meilleur hebdo d’informations, qu’il fournit des informations intéressantes (cf l’Asie) et que j’apprécie de me confronter à d’autres idées, quand elles sont bien exprimées. Ce ne sont pas quelques personnes très qualifiées qui représentent la Grande-Bretagne. Un no man’s land, rien que cela ? Rendez-vous dans quelques années.
Je laisse les lecteurs juges de qui est givré, crétin et décerébré. Les idées eurolibérales rendent visiblement complètement fou.