Le premier mérite de Christophe Guilluy est de montrer
que les découpages traditionnels de la France ne sont plus opérants et qu’une
nette majorité, oubliée par les élites, vit dans cette périphérie extérieure
aux grandes métropoles, qui captent une part grandissante de la richesse du
fait du laisser-faire ambiant. Il propose également une lecture très intéressante
des phénomènes migratoires.
Regarder les problèmes en face, sans racisme
ni mensonges
Guilluy montre que ces banlieues sont moins
déshéritées que la France périphérique, et permettent plus facilement
l’ascension sociale du fait de leur proximité des métropoles fournit bien plus
d’opportunités de travail. L’INSEE a montré que, malgré la crise, le taux
d’emploi des hommes immigrés a progressé de 2006 à 2010. A l’inverse, « les classes populaires sont piégées dans des
territoires éloignés des zones qui créent l’emploi ». Et les services
de l’Etat, ont moins souffert dans les banlieues, quand la France périphérique subit
bien des fermetures. Il compare la mobilité subie des classes populaires (aller
à 20 kms de chez soi pour travailler coûte environ 250 euros par mois, un quart
de SMIC) et la mobilité choisie des classes supérieures, entre emplois et vacances
(60% des ouvriers ne partent pas en vacances), notant que la mobilité des
élites n’est pas reproductible, d’un simple point de vue environnemental.
Guilluy poursuit par un développement passionant sur
le rapport à l’autre. Il remet en perspective en soulignant que des enquêtes
internationales montrent que les britanniques, les belges, les italiens, les
espgnols, les argentins, les indiens ou les étatsuniens sont aussi ou plus
critiques que nous sur l’immigration. Mieux, la moitié des français musulmans
jugent qu’il y a trop d’immigrés et qu’on ne se sent plus chez nous comme
avant ! Il rappelle les tensions à Mayotte, en Guadeloupe, ou en Corse qui
impose 5 ans de résidence consécutive pour y devenir propriétaire. Il évoque Maroc Hebdo, qui parlait de « péril noir » en 2012 du fait des
migrants, ou des tensions entre locaux et travailleurs chinois en Algérie.
Partout dans le monde, des tensions apparaissent et il cherche à en expliquer
les raisons, posément.
Il évoque « à
l’heure de la mondialisation, la nécessité pour les plus modestes de préserver
un capital social à l’heure où l’Etat ne protège plus ». Chacun veut
préserver son village et les changements d’équilibres de populations dans un
territoire donné provoquent forcément une insécurité culturelle forte. « Le rapport à l’autre est (…) légitime quand
il répond à l’angoisse compréhensible de ne pas souhaiter être ou devenir
‘minoritaire’ sur un territoire donné ». Il souligne que parce qu’ils
sont une « minorité en forte
augmentation, les musulmans deviennent parfois majoritaires sur certaines
territoires. Cette dynamique nourrit une forte anxiété ». Les classes
populaires répondent par un séparatisme territorial, qui évite le conflit, tels
ces retraités français d’origine qui quittent certains HLM, renforçant
malheureusement la coupure de la France en trois et l’homogénéisation des trois
parties de notre territoire.
Pour lui, « les
catégories modestes souhaitent préserver leur capital social et assurer la
transmission de leur patrimoine et de leur village à leurs enfants. Il s’agit
d’une démarche de protection, pas de fermeture, elle n’interdit donc pas
l’accueil de l’autre ni la fraternité, mais exige un entre-soi
majoritaire ». Ils ne veulent pas passer de « référent culturel majoritaire à minoritaire ».
Il note que « si les couches
supérieures pratiquent depuis toujours un entre-soi plus ou moins assumé, cette
volonté de faire société dans la similitude est refusée aux catégories
populaires ». Il note la forte hausse des départs de Français de
confession juive en Israël du fait du recul du modèle français d’assimilation
et conclut que « vivre ensemble
séparé est aujourd’hui le prix à payer dans une société multiculturelle d’où la
question sociale a été évacuée ».
Bien sûr, ceux qui veulent fermer les yeux sur ces
phénomènes se contenteront de réduire bien abusivement Guilluy à un agent du FN
ou jetteront quelques nuages de fumée, sans rentrer sur le fond des arguments
de l’intellectuel. Ce faisant, ils démontrent leur fermeture d’esprit, que
dénonce aussi Guilluy, pour qui la réduction des flux migratoires est un
impératif aujourd’hui.
Source : « La France
périphérique », Christophe Guilluy, Flammarion
Je ne crois pas que ceux qui assimileront Guilluy au FN démontreront leur fermeture d'esprit mais l'endroit où se situe leurs intérêts. Qui bénéficie de ces flux migratoires?
RépondreSupprimer"Guilluy montre que ces banlieues sont moins déshéritées que la France périphérique, et permettent plus facilement l’ascension sociale du fait de leur proximité des métropoles fournit bien plus d’opportunités de travail."
RépondreSupprimerC'est parfaitement faux et largement réfuté par des études basées sur autre chose que des fantaisies. Par ailleurs, si c'était vrai, on se demande bien pourquoi les si malheureux périurbains de souche blanche seraient empêchés de rejoindre les villes.
"aller à 20 kms de chez soi pour travailler coûte environ 250 euros par mois, un quart de SMIC" et "60% des ouvriers ne partent pas en vacances"
C'est vrai aussi pour les immigrés qui font majoritairement partie des classes populaires et le logement en campagne est beaucoup moins cher.
"jetteront quelques nuages de fumée, sans rentrer sur le fond des arguments de l’intellectuel"
Le fond des arguments de ce pseudo "intellectuel" ne tient pas une seconde la route et n'abuse que les personnes superficielles comme vous, complètement obscurantistes.
"Si les ouvriers et les employés vivent majoritairement dans les villes, c’est également le cas des pauvres. Contrairement à ce que laisse entendre Christophe Guilluy, les grandes aires urbaines françaises restent en effet le lieu où l’on trouve la plus forte concentration de pauvreté et de difficultés sociales. Une étude de l’Insee montre ainsi que dans les villes-centre, le revenu annuel moyen des 10 % des ménages les plus modestes est de 4 400 euros par unité de consommation, alors qu’il est de 7 000 euros… dans les communes isolées hors des pôles, autrement dit au plus loin des métropoles.
Comme le souligne Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des inégalités, « la France pauvre vit tout au bord du périphérique, elle n’a rien de périphérique ». Ainsi, les deux tiers des personnes pauvres vivent au cœur des grands pôles urbains"
" les trois quarts des catégories populaires ne vivent pas dans la France périphérique, comme l’affirme Christophe Guilly, mais bien dans les villes. C’est ce qui ressort des calculs de Violaine Girard, maître de conférence à l’université de Rouen, à partir de données de l’Insee : 54 % des ouvriers et 62 % des employés vivent dans des pôles urbains, contre respectivement 28 % et 25 % dans les couronnes périurbaines (c’est-à-dire l’ensemble des communes de l’aire urbaine à l’exclusion de son pôle urbain)."
"La « France périphérique » décrite par Guilluy englobe aussi bien de petits villages que des villes comme Besançon ou Reims. Un tableau qui dramatise et homogénéise à l’excès des situations extrêmement diverses. « La Drôme n’est pas la Meuse », rappelle par exemple Eric Charmes : le premier de ces départements bénéficie en effet, contrairement au second, « d’importants flux touristiques, est attractif pour les néoruraux, développe une agriculture dynamique sur des créneaux porteurs »."
https://www.alternatives-economiques.fr/france-periurbaine-a-t-ete-abandonnee/00003009
Des villes comme Besançon avec 248 899 habitants ou Reims avec 319 059 habitants, ont des préfectures, des hôpitaux, des cliniques, des universités, des lycées, des écoles, des collèges, des industries, des accès au TGV...
SupprimerGuilluy les met dans son sac périurbain au même titre que des communes de 500 habitants, c'est dire la taille de n'importe quoi de son étude totalement bidon.
@ Anonyme
RépondreSupprimer1- Où sont donc vos études qui démontreraient qu’il y a moins d’ascension sociale en banlieue que dans la France périphérique ?
2- Quand on vit en banlieue des métropoles, on peut plus souvent se déplacer en transports en commun, qui coûtent moins cher
3- Vous cherchez toujours à détourner le débat (cf suite de votre commentaire), sans répondre sur le fond des questions que pose Guilluy
4- Par exemple : Guilluy n’a jamais dit qu’il n’y a pas de pauvres dans les métropoles. Au contraire, comme je le mentionne dans mon premier papier il montre qu’il y en a une part non négligeable. Ce qu’il dit, c’est juste que leur proportion est plus grande dans la France périphérique. Bien des villes, petites et moyennes, font partie de la France périphérique. Votre phrase « les trois quarts des catégories populaires ne vivent pas dans la France périphérique, comme le dit CG, mais dans les villes » est juste ridicule et montre que la personne qui l’a écrite n’a sans doute pas lu le livre et se contente de le critiquer sans le moindre sérieux, à moins qu’elle soit seulement malhonnête.
5- Bien sûr, les situations de la France périphérique sont très diverses, c’est ce que dit Guilluy
Une telle rage en dit long.
Gros con !
RépondreSupprimer@Anonyme4 août 2017 à 15:07
SupprimerCe n'est pas un argument, reprenez-vous.
Nous pouvons arriver ensemble à un échange construit et profitable à tous.
Cordialement.
@ Tous
RépondreSupprimerEtant donné le niveau des arguments des anti-Guilluy (j'en ai supprimé quelques uns du niveau de celui de 15h07), j'interromps momentanément les commentaires.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour votre résumé car c'est tout à fait vrai ce que démontre Guilly. Je viens du 93 près des lilas et je suis allé vivre en Bretagne dans une petite ville entre rennes et Nantes mais alors quel enfer niveau travail. Un état féodal face à un état ethnique dans le 93 ? Mais je dois l'avouer, vaut mieux vivre en HLM ethnique dans le 93 comme j'ai pu le faire pendant 5 ans que là où je suis pour trouver du travail. Le moindre boulot est pris et distribué par un réseau limite féodal. On a aucune chance. De plus sans haine particulière de ma part mais juste pour dire les faits, ils récupèrent là où je suis tous les paumés des grandes villes qui viennent se refaire entre RSA et APL. Plein d'appartements ne se louent plus et sont laissés à l'abandon ou laissés à des populations en difficultés, ce qui aggrave la paupérisation de la ville même si elle s'en cache. Franchement, je suis très pessimiste pour l'avenir surtout de la classe populaire. Les bobos que je connais bien ont trouvé un truc imparable dit dans le livre de Guilly avec son fameux brouillage culturel des bobos. Ils vivent en regroupements de pavillons tout neufs tous près des grands villes comme Rennes ou Nantes. Ils ont 2 voitures, enfants et vivent entre eux et nous font la morale toute la journée et pratiquent même la victimisation. J'ai une connaissance dans l'humanitaire qui passe son temps à faire venir des gens du monde entier dans des villes en difficultés de Bretagne et qui vit dans ses pavillons de bobos où ils se ressemblent tous. On croit rêver. Elle traite même les gens de fachos si on accueille pas ceux dont elle s'occupe alors qu'elle vit coupée de ses gens dans un entre soi de la classe supérieure. Aucune honte. J'étais révolté de ce qu'est devenu ce pays et son élite. Voilà pour mon témoignage vécu par plein d'autres gens. Franchement, je suis d'aucun parti mais une chose est sûre, on a affaire à une déroute, une débâcle de l'élite Française pour avoir sacrifier une bonne part de sa population, obligé de vivre dans une forme de partition désertée par l'emploi..Car franchement, pour ma part, je suis content de plus vivre dans le 93 dans un HLM ethnique bien que j'avais du travail. Mais le prix à payer est cher si vous avez pas les moyens de vivre dans une grande ville.
D’accord sur le fait que bobos de droite et de gauche forment une même classe sociale qu'on appelait la petite bourgeoisie, par opposition à la grande bourgeoisie désormais rebaptisée jet-set.
SupprimerPar contre les bobos qui vivent en regroupements de pavillons tout neufs tout près des grandes villes comme Rennes ou Nantes avec 2 voitures, n'ont peut-être aucun avenir, car ceux des centre-villes sont bien décidés à bannir les voiture de la ville.
Et là la solidarité de classe ne jouera pas, contrairement à ce qui arrive quand il faut voter pour Macron pour pouvoir continuer à opprimer les classes populaires !
Il faut les entendre fulminer contre la politique anti-voiture dans les grandes villes ! Ils savent très bien que quand leurs voitures ne leur serviront plus à rien, leurs pavillons ne vaudront plus rien non plus.
Ivan
Anonyme6 août 2017 à 01:11
RépondreSupprimerVous faites de votre cas particulier une généralité, ça n'a aucune valeur sur le plan statistique et économétrique.
L'étude de Guilluy ne vaut rien du fait que ses catégories zones urbaines et périurbaines sont sans queue ni tête. Par ailleurs, chaque ville et région sont des cas particuliers sur le plan démographique et économique, Guilluy est incapable de voir ça.
Une analyse de la situation de la Meuse n'est tout simplement pas applicable à celle la Drôme.
De plus, les incitations à la propriété immobilière sont une leurre, car il vaut mieux louer que de s'endetter pour l'achat d'un logement qui à coût égal sera plus loin de son lieu de travail et plus petit du fait des intérêts et maintenance à payer.
@ Anonyme 1h11
RépondreSupprimerMerci pour votre témoignage, ainsi qu’à tous les autres.
@ Anonyme 13h21
Jamais Guilluy ne dit que la situation de la Meuse et de la Drôme sont les mêmes. Au contraire, il inclut des cartes qui montrent justement la diversité de la situation et souligne qu’il y a des classes populaires dans les métropoles, tout comme des catégories supérieures qui vivent dans la France périphérique. Vous caricaturez trop son propos pour le dénigrer, ce qui montre que vous n’agissez pas de manière honnête.