jeudi 24 août 2017

Natacha Polony dénonce les pompiers pyromanes de l’islamisme radical

Heureusement que nos intellectuels poussent la réflexion sur un drame comme les attentats islamistes. Après le livre de Todd, riche d’analyes intéressantes, et de bien d’autres critiquables, Natacha Polony a publié son livre sur le sujet, « Nous sommes la France », un livre coup de gueule, mais qui est surtout une réflexion indispensable sur les racines de l’horreur et l’avenir de notre pays.



Quand les coupables ne seraient pas ceux qui ont tué

« Nous sommes la France » comporte une vraie dimension pamphlétaire, d’une plume tout aussi vive que fine. Natacha Polony  évoque les « spécialistes de l’infotainment dont la principale prise de risque consiste en général à moquer le FN ». Pour elle, Je suis Charlie a « enfermé la pensée et le réel (…) certains, par dogmatisme ou par opportunisme, se garderaient bien de contrarier quelque islamiste que ce soit (…) on a le doit, bien sûr, de ne pas partager l’humour satirique de Charb ou de Luz. On a même le droit d’être choqué par leurs dessins les plus provocateurs. Mais qu’ils aient été accusés d’islamophobie démontre combien les principes mêmes de toute discussion sont désormais viciés ». Elle dénonce le relativisme et les « oui, mais » au sujet des dessins de Charlie.

Elle dénonce aussi le refus de voir le racisme qui se développe dans les banlieues ou de dire le motif religieux des terroristes et le cadeau « de laisser une fois de plus au FN le monopole des mots désignant le réel ».  Elle rappelle que «  des dessinateurs et des journalistes sont morts parce qu’ils prétendaient défendre leur droit à l’athéisme militant, bouffeur de curés et de fous de Dieu, mais c’est le laïcisme, idéologie ô combien dangereuse, qui constitue désormais un totalitarisme » pour certains. C’est ainsi que Nicolas Gardère a soutenu dans Libération que « l’attentat contre Charlie Hebdo a la sale gueule de Renaud Camus, d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen. Il a la sale gueule de leur victoire idéologique », rendant la France responsable, comme le faisait Pétain après 1940.

Pour elle, le succès de Zemmour n’est qu’un symptôme et « l’inversion fascinante qui permet de transformer les premiers coupables (…) en victimes (…) a quelque chose de profondément choquant, pour ne pas dire abject ». Elle rappelle que Benoît Apparu disait le 12 janvier 2015 qu’il fallait en finir avec le totalitarisme laïciste quand Clémentine Autain voulait alors défiler « contre les attaques envers les musulmans » et Plenel voyait dans la marche du 11 janvier une marche contre le FN ! Pour Plenel, « la France s’inventerait des problèmes de revendications communautaires et se focaliserait sur la question de l’islam pour mieux masquer la question sociale et étouffer les revendications égalitaires de ses populations défavorisées. C’est pourtant tout l’inverse qui semble se dessiner ». Mais « l’explication par la détresse sociale et la discrimination est trop mécanique pour ne pas être simpliste ».

Elle critique la vision toddienne qui « consiste à dire que les musulmans, au nom de leurs origines ou de leur religion, ne pourraient se plier aux règles qui sont celles de la France et qu’il faudrait en changer ». Pour elle, « la République est prise en étau entre, d’une part, le libéralisme qui étend les droits individuels pour promouvoir un mode de vie dans lequel la possession et l’affichage d’objets permettent l’affirmation du moi et, d’autre part, un fondamentalisme dont l’ultime but est d’abolir ces droits individuels mais qui utilise les aspirations individualistes pour progresser dans une société dont il a compris les failles » évoquant « les Territoires perdus de la République », le livre de 2002 de Jean-Pierre Obin. Mais elle dénonce aussi chez Zemmour cette « critique (du libéralisme) qui le conduit à rejeter toutes les avancées permises par cette philosophie, de la laïcité à l’émancipation individuelle ».

Elle s’oppose à la vision d’une France raciste et d’une laïcité sectaire, qui exonérerait les musulmans de toute responsabilité, en en faisant les nouveaux damnés de la terre, sans tomber dans la guerre de religion à la Zemmour. Mieux, elle ne se contente pas de dénoncer certaines analyses et apporte une contribution fondamentale à l’analyse des racines du mal, sur laquelle je reviendrai dans le prochain papier.


Source : « Nous sommes la France », Natacha Polony, Plon

8 commentaires:

  1. Ce n'est pas Jean-Pierre Obin qui a écrit les territoires perdus de la république...

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  2. Oui, le succès de Zemmour est un symptôme : le symptôme du fait qu'il a raison, et que vous avez tort.

    Et Polony, comment va-t-elle ? Toujours à faire de la pub en douce pour l'agneau de pré salé ou autres producteurs agricoles ?

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  3. Vous me faites penser à cette ancienne soixante-huitarde qu'on rencontre parfois dans les fils de discussion de Causeur et qui dit : oui, les réformes poussées par mai 68 ont été mauvaises, mais il ne faut pas revenir en arrière, donc il faut trouver une autre manière de faire. Au lieu d'admettre, tout bêtement, que ces réformes étaient mauvaises et qu'il faut les annuler.

    De même, s'il n'y avait pas d'immigration extra européenne, on n'aurait pas tous les problèmes induits. Donc il faut stopper cette immigration. C'est trop simple pour vous ?

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  4. Quelques question à l'auteur du billet.

    Il y a actuellement une querelle entre les pays de l'Est (Pologne, Hongrie et socialistes tchèques) et l'UE sur la question des réfugiés "de Syrie".

    L'UE veut les forcer à en accueillir, contre leur gré. Et ils disent : non, car on ne veut pas ressembler aux pays d'Europe de l'Ouest.

    Imaginons que ces pays viennent vous demander conseil, M. Herblay. Que leur proposeriez-vous ?
    - faut-il accueillir tous les migrants, comme le demande l'UE ?
    - faut-il qu'ils demandent à n'accueillir que les chrétiens d'Orient, en demandant que les musulmans soient accueillis par les pays de l'Ouest souhaitant s'enrichir des différences culturelles ? Ou peut-être par les pays du Golfe ?
    - faut-il qu'ils prévoient de ne garder aucun migrant à long terme, lorsque la paix sera revenu, en se basant sur le fait qu'il est préférable de garder une nation la plus homogène possible ?

    Bref, que leur recommanderiez-vous, sur la base de votre riche réflexion politique pour la France ?

    De même, il y a actuellement un débat en Italie sur le droit du sol. Que leur recommanderiez-vous, M. Herblay, de le mettre en place ou de continuer comme aujourd'hui ?

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  5. @ Anonyme 12h38

    Je vous renvoie à ma note de lecture sur le Suicide Français. Des éléments intéressants, mais de gros arrangements avec la vérité et des choix que je refuse

    @ Anonyme 12h42

    Sacrée imagination. Je vous laisse à vos conclusions, qui ne viennent d’on ne sait où… Ce n’est pas parce que vous répétez une chose qu’elle est vraie.

    @ Anonyme 14h39

    Pour moi, ce n’est pas l’affaire de l’UE. C’est à chaque pays de décider ce qu’il souhaite faire. Et aujourd’hui, dans le cas de la France (et de bien de pays européens), du fait de la crise économique, du chômage, et des problèmes de conflits de vision de société, je pense qu’il faut viser une immigration nette proche de zéro (point de vue que je défends depuis des années).

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    1. Les pays d'Europe de l'Est ne raisonnent pas en terme d'immigration zéro, mais de composition des flux d'immigration.

      Si ce que vous dites par "problèmes de conflits de vision de société" reprend leur raisonnement, il me semble que vous devriez plutôt être en accord avec eux.

      Mais, dans ce cas, pourquoi ne pas le dire clairement (par exemple, dire que ces pays ont raison de ne pas vouloir de gens qui vont constituer une nouvelle minorité religieuse) plutôt que de parler d'immigration nette proche de zéro ?

      Car ce ne sont pas les mêmes notions. Et on a tout intérêt à bien distinguer les notions, sur ce problème comme sur d'autres.

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    2. Pour moi, nous n'avons pas à être plus ouverts à des chrétiens d'Orient qu'aux musulmans. Aujourd'hui, il faut restreindre le plus possible les flux migratoires, d'où qu'ils viennent.

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    3. Si vous pensez qu'une raison pour restreindre ces flux sont les "problèmes de conflits de vision de société", sans doute est-ce que la proximité culturelle devrait jouer un rôle dans votre raisonnement.
      Ainsi que la taille des minorités déjà présentes dans le pays.

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