Heureusement que nos intellectuels poussent la
réflexion sur un drame comme les attentats islamistes. Après le livre de Todd, riche
d’analyes intéressantes, et de bien d’autres critiquables, Natacha Polony a publié
son livre sur le sujet, « Nous sommes la France », un livre coup de gueule, mais qui est surtout une
réflexion indispensable sur les racines de l’horreur et l’avenir de notre pays.
Quand les coupables ne seraient pas ceux qui
ont tué
Elle dénonce aussi le refus de voir le racisme qui
se développe dans les banlieues ou de dire le motif religieux des terroristes
et le cadeau « de laisser une fois
de plus au FN le monopole des mots désignant le réel ». Elle
rappelle que « des dessinateurs et
des journalistes sont morts parce qu’ils prétendaient défendre leur droit à
l’athéisme militant, bouffeur de curés et de fous de Dieu, mais c’est le
laïcisme, idéologie ô combien dangereuse, qui constitue désormais un
totalitarisme » pour certains. C’est ainsi que Nicolas Gardère a
soutenu dans Libération que « l’attentat contre Charlie Hebdo a la sale
gueule de Renaud Camus, d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen. Il a la sale gueule
de leur victoire idéologique », rendant la France responsable, comme
le faisait Pétain après 1940.
Pour elle, le succès de Zemmour n’est qu’un symptôme
et « l’inversion fascinante qui
permet de transformer les premiers coupables (…) en victimes (…) a quelque
chose de profondément choquant, pour ne pas dire abject ». Elle
rappelle que Benoît Apparu disait le 12 janvier 2015 qu’il fallait en
finir avec le totalitarisme laïciste quand Clémentine Autain voulait alors
défiler « contre les attaques envers
les musulmans » et Plenel voyait dans la marche du 11 janvier une
marche contre le FN ! Pour Plenel, « la France s’inventerait des problèmes de revendications communautaires
et se focaliserait sur la question de l’islam pour mieux masquer la question
sociale et étouffer les revendications égalitaires de ses populations
défavorisées. C’est pourtant tout l’inverse qui semble se dessiner ».
Mais « l’explication par la détresse
sociale et la discrimination est trop mécanique pour ne pas être
simpliste ».
Elle critique la vision
toddienne
qui « consiste à dire que les
musulmans, au nom de leurs origines ou de leur religion, ne pourraient se plier
aux règles qui sont celles de la France et qu’il faudrait en changer ».
Pour elle, « la République est prise
en étau entre, d’une part, le libéralisme qui étend les droits individuels pour
promouvoir un mode de vie dans lequel la possession et l’affichage d’objets
permettent l’affirmation du moi et, d’autre part, un fondamentalisme dont
l’ultime but est d’abolir ces droits individuels mais qui utilise les
aspirations individualistes pour progresser dans une société dont il a compris
les failles » évoquant « les
Territoires perdus de la République », le livre de 2002 de Jean-Pierre
Obin. Mais elle dénonce aussi chez Zemmour cette « critique (du libéralisme) qui le conduit à rejeter toutes les avancées
permises par cette philosophie, de la laïcité à l’émancipation individuelle ».
Elle s’oppose à la vision d’une France
raciste et d’une laïcité sectaire, qui exonérerait les musulmans de toute
responsabilité, en en faisant les nouveaux damnés de la terre, sans tomber dans la guerre
de religion à la Zemmour. Mieux, elle ne se contente pas de dénoncer certaines
analyses et apporte une contribution fondamentale à l’analyse des racines du
mal, sur laquelle je reviendrai dans le prochain papier.
Source : « Nous sommes la France », Natacha Polony, Plon
Ce n'est pas Jean-Pierre Obin qui a écrit les territoires perdus de la république...
RépondreSupprimerOui, le succès de Zemmour est un symptôme : le symptôme du fait qu'il a raison, et que vous avez tort.
RépondreSupprimerEt Polony, comment va-t-elle ? Toujours à faire de la pub en douce pour l'agneau de pré salé ou autres producteurs agricoles ?
Vous me faites penser à cette ancienne soixante-huitarde qu'on rencontre parfois dans les fils de discussion de Causeur et qui dit : oui, les réformes poussées par mai 68 ont été mauvaises, mais il ne faut pas revenir en arrière, donc il faut trouver une autre manière de faire. Au lieu d'admettre, tout bêtement, que ces réformes étaient mauvaises et qu'il faut les annuler.
RépondreSupprimerDe même, s'il n'y avait pas d'immigration extra européenne, on n'aurait pas tous les problèmes induits. Donc il faut stopper cette immigration. C'est trop simple pour vous ?
Quelques question à l'auteur du billet.
RépondreSupprimerIl y a actuellement une querelle entre les pays de l'Est (Pologne, Hongrie et socialistes tchèques) et l'UE sur la question des réfugiés "de Syrie".
L'UE veut les forcer à en accueillir, contre leur gré. Et ils disent : non, car on ne veut pas ressembler aux pays d'Europe de l'Ouest.
Imaginons que ces pays viennent vous demander conseil, M. Herblay. Que leur proposeriez-vous ?
- faut-il accueillir tous les migrants, comme le demande l'UE ?
- faut-il qu'ils demandent à n'accueillir que les chrétiens d'Orient, en demandant que les musulmans soient accueillis par les pays de l'Ouest souhaitant s'enrichir des différences culturelles ? Ou peut-être par les pays du Golfe ?
- faut-il qu'ils prévoient de ne garder aucun migrant à long terme, lorsque la paix sera revenu, en se basant sur le fait qu'il est préférable de garder une nation la plus homogène possible ?
Bref, que leur recommanderiez-vous, sur la base de votre riche réflexion politique pour la France ?
De même, il y a actuellement un débat en Italie sur le droit du sol. Que leur recommanderiez-vous, M. Herblay, de le mettre en place ou de continuer comme aujourd'hui ?
@ Anonyme 12h38
RépondreSupprimerJe vous renvoie à ma note de lecture sur le Suicide Français. Des éléments intéressants, mais de gros arrangements avec la vérité et des choix que je refuse
@ Anonyme 12h42
Sacrée imagination. Je vous laisse à vos conclusions, qui ne viennent d’on ne sait où… Ce n’est pas parce que vous répétez une chose qu’elle est vraie.
@ Anonyme 14h39
Pour moi, ce n’est pas l’affaire de l’UE. C’est à chaque pays de décider ce qu’il souhaite faire. Et aujourd’hui, dans le cas de la France (et de bien de pays européens), du fait de la crise économique, du chômage, et des problèmes de conflits de vision de société, je pense qu’il faut viser une immigration nette proche de zéro (point de vue que je défends depuis des années).
Les pays d'Europe de l'Est ne raisonnent pas en terme d'immigration zéro, mais de composition des flux d'immigration.
SupprimerSi ce que vous dites par "problèmes de conflits de vision de société" reprend leur raisonnement, il me semble que vous devriez plutôt être en accord avec eux.
Mais, dans ce cas, pourquoi ne pas le dire clairement (par exemple, dire que ces pays ont raison de ne pas vouloir de gens qui vont constituer une nouvelle minorité religieuse) plutôt que de parler d'immigration nette proche de zéro ?
Car ce ne sont pas les mêmes notions. Et on a tout intérêt à bien distinguer les notions, sur ce problème comme sur d'autres.
Pour moi, nous n'avons pas à être plus ouverts à des chrétiens d'Orient qu'aux musulmans. Aujourd'hui, il faut restreindre le plus possible les flux migratoires, d'où qu'ils viennent.
SupprimerSi vous pensez qu'une raison pour restreindre ces flux sont les "problèmes de conflits de vision de société", sans doute est-ce que la proximité culturelle devrait jouer un rôle dans votre raisonnement.
SupprimerAinsi que la taille des minorités déjà présentes dans le pays.