Dans la
grande mythologie étasunienne, le
pays de l’Oncle Sam serait le pays où quiconque, en travaillant et avec du
talent, pourrait réussir, le pays qui permettrait à ceux qui le veulent et s’en
donnent les moyens de réussir, bien plus que dans cette vieille Europe
sclérosée et conservatrice. Sauf que dans la réalité, c’est absolument l’inverse,
comme
le reconnaissent même les défenseurs de son modèle.
L’ascenseur
social bloqué par les inégalités
Même la bible des élites
globalisées dénonçait il y a deux ans « la nouvelle aristocratie des Etats-Unis » et le fait que
« les privilèges viennent de plus en
plus en héritage ». Dans ce dossier, The
Economist soulignait le rôle du système
éducatif, et du différentiel grandissant de dépenses selon les classes sociales.
Mais, contre toute logique, l’hebdomadaire ultralibéral refusait de faire le
lien entre l’explosion du coût de l’éducation et celle des inégalités. Krugman rappelait pourtant
dans « L’Amérique que nous
voulons » qu’un élève du dernier quart de sa classe de 4ème
issu du quart le plus riche avait autant de chance d’aller à l’université qu’un
élève du 1er quart issu d’une d’une famille du dernier quart.
Pire encore, les chiffres des inégalités
sont absolument effarants aux Etats-Unis : si les revenus réels
moyens ont progressé de 17% de 1973 à 2012, ici, la moyenne est extrêmement
trompeuse. Sur cette même période, les
revenus des 99% les moins riches ont stagné, et ceux des 90% les moins riches
ont baissé de 13%, au plus bas depuis 1965. Dans le même temps, les revenus du
1% le plus riche ont progressé de 187% quand ceux du 0,1% le plus riche se sont
envolés de 381%. En outre, à rebours de ces évolutions, depuis les années 1970, les
impôts sont devenus bien moins progressifs, les taux marginaux d’imposition
étant passés de 70% sous Nixon à moins de 50% aujourd’hui.
Thomas
Piketty et Joseph
Stiglitz ont largement documenté et dénoncé cette explosion des inégalités.
The Economist y apporte aussi sa
contribution : il
montrait l’explosion de la rémunération des grands patrons depuis la fin des
années 1970, passée de 1,5 à près de 10 millions en 30 ans. Il rapportait aussi
l’étude
de trois économistes français, Xavier Gabaix, Augustin Landier et Julien
Sauvagnat qui ont montré que le revenu médian est resté stable de 1970 à 2011,
alors que le PIB étasunien a été multiplié par 3, démontrant que la
croissance n’est pas parvenue à la grande majorité, alors que les salaires des
patrons ont été multiplié par 12 et la valeur des entreprises par près de 5.
Le
rêve étasunien est largement mort et enterré, à quelques exceptions près.
Dans la réalité, il est bien plus facile de réussir en France que de l’autre
côté de l’Atlantique, où
1% de la population seulement récupère tous les fruits de la croissance des
dernières décennies, créant
une aristocratie pas moins hermétique que la noblesse des anciens régimes
européens.
Avec Macron, on y vient :
RépondreSupprimerhttp://piketty.blog.lemonde.fr/2017/10/12/budget-2018-la-jeunesse-sacrifiee/#xtor=RSS-32280322
Pour expliquer tout cela, il faut remonter 150 ans en arrière, mais comme tout le monde s'en fiche, aucun journaliste ne publie la-dessus. Des qu'on cherche un peu, on trouve vite que les Etats Unis sont entierement aux mains d'un petit groupe de financiers qui s'est perpétué depuis. Il suffit de lire Caroll Quigley mais comme nous sommes tous bouche-bée devant notre télé, nous continuons à croire que les saucissons poussent sur des arbres appelés saucissoniers...
RépondreSupprimerhttps://www.mediapart.fr/journal/economie/141017/dette-la-sonnette-d-alarme-est-tiree?onglet=full
RépondreSupprimerUne nuance à votre dernière phrase : il est "encore" bien plus facile de réussir en France que de l'autre côté de l'Atlantique; parce que Macron comme Obama va casser les classes moyennes.
RépondreSupprimerPour casser la classe moyenne, encore faudrait-il qu'il existe encore une classe moyenne à casser
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer"Car les règles du jeu seront fixées depuis le siège de Siemens, à Munich" :
RépondreSupprimerhttp://www.xerficanal-economie.com/emission/Mathias-Thepot-Ferroviaire-Alstom-Siemens-le-vrai-enjeu-strategique_3745096.html
Dites-donc, Herblay, vous avez l'air tout content dans votre fil twitter du revirement (qu'y disent) de Marine Le Pen sur le Frexit.
Ne pensez-vous pas :
- qu'avec un meilleur score en mai (c'est à dire avec votre vote) il n'y aurait pas eu de revirement (s'il y a en effet revirement) ;
- qu'il deviendra considérablement plus compliqué pour vous de promouvoir la sortie de l'euro si ni Dupont-Aignan (selon vous) ni le FN ne le font plus ?
Que croyez-vous pouvoir faire, tout seul sur votre petit blog, alors que vous n'avez pas leurs notoriétés et que tous les médias y sont opposés ?
En tout cas, je vous récapitule l'addition de votre choix de 2017 jusqu'ici :
- plus d'Alstom ni de STX
- plus de partis connus soutenant sortie de l'UE ou de l'euro (selon vous, car je ne sais pas ce qu'il en est)
- le futur discours de Macron à Alger
- un discours ouvertement européiste qui s'installe à la tête de l'Etat
Cette addition ne peut que s'allonger, puisqu'à l'évidence Macron et ses soutiens sont prêts à tout pour empêcher tout retour en arrière.
Si vous voulez sortir de l'UE, de l'Euro et de l'OTAN il y a un parti qui n'a jamais varié là-dessus, l'UPR. Et du coup Laurent n'est pas tout seul sur son petit blog.
SupprimerAsselineau a toujours dit qu'on ne pouvait pas faire confiance à NDA et MLP. Ils se sont couchés comme prévu aux coups de sifflets de leur maîtres, qui après la victoire du Brexit outre-Manche ont pris peur, et ne veulent plus aucun débat sur le sujet.
Ivan
@ Anonyme 8h46 et 16h34
RépondreSupprimerBien d’accord
@ Anonyme 13h55
Content, non. Je constate. Notez que je n’ai pas (encore) fait de commentaire sur ce sujet. J’y viendrai plus tard. Merci de sembler me prêter une influence qui aurait permis de changer significativement le score du second tour, mais je crois que vous me surestimez quelque peu. Il aurait au moins fallu qu’elle fasse 40 ou 45% pour se voir confirmée dans sa stratégie. Mais je crois que sa prestation au débat ne le permettait pas, quel que soit ma position.
On verra sur la sortie de l’UE et de l’euro. Peut-être que libérées du poids du FN, ces idées pourraient enfin se développer. En tout cas, la proximité du FN ne leur a pas permis d’aller très loin, malheureusement.
Je vous rappelle qu’il y avait 10 millions de voix d’écart entre Macron et Le Pen. N’est-il donc pas un peu abusif de m’attribuer l’addition de son élection ? Et la plupart des retours en arrière sont toujours possibles.