Les Etats-Unis sont une
société où l’ascension sociale est extrêmement difficile, du fait des
inégalités, mais aussi d’un système éducatif profondément oligarchique. Mais la
privatisation du service public n’a pas seulement fait des dégâts dans
l’éducation. Elle a aussi profondément endommagé un système de santé au
coût exorbitant, malgré un mauvais état de santé, et qui se dégrade.
L’horreur
derrière l’Obamacare
Les chiffres
donnent le tournis : pour une personne gagnant 68
200 dollars, l’assurance coûte plus de 6 000 dollars à 40 ans et 15 000 dollars
à 64 ans,
quand un couple de 55 ans de
l’Iowa gagnant 68 000 dollars doit consacrer 33 000 dollars de primes pour
s’assurer, la moitié de son revenu ! L’envolée du coût de l’Obamacare provoque
d’ailleurs une remontée du nombre de non couverts. Il y a un peu plus de 2
mois, The Economist avait même affirmé que « la
solution pour réparer le système de santé étasunien a déjà été testé quelque part
en Europe », soulignant la performance désastreuse d’un système aussi coûteux
qu’incapable de maintenir les étasuniens en bonne santé.
Car les
indicateurs sont cruels pour l’Oncle Sam. Une étude récente montre que
pour la génération née en 1996, les Français sont plus grands que les
étasuniens,
un résultat à mettre en regard de l’utilisation d’hormones de
croissance dans le bétail, qui déclenche des pubertés très préoces, mais très
courtes aussi.
Tout indique une situation sanitaire préoccupante, comme la hausse de la
mortalité entre 45 et 54 ans pour les blancs non hispaniques depuis 1999, avec, outre les maladies, un
triplement des décès par drogue et une augmentation de 60% des suicides, des victimes qu’Angus Deaton, « prix
Nobel » d’économie, lie à la baisse du niveau de vie et au manque de
couverture sociale.
Le pays est
confronté à une envolée des décès par
overdoses d’opïodes : plus de 60 000 en 2016, quand les accidents de la route
font 35 000 victimes par an et les armes à feu 36 000. Ce qui est effarant, c’est
le rythme de la progression puisqu’il n’y avait que 4
000 victimes en 2000. En cause : l’héroïne, mais aussi les médicaments à base
d’opioïdes, dont 650 000 ordonnances
sont délivrées par jour… Angus Deaton parle de « morts
du désespoir », rappelant qu’en 1999, il y
en avait 35 par an pour 100 000 habitants blancs de 50 à 54 ans au Etats-Unis
contre 60 en France ou en Allemagne, et qu’aujourd’hui, on est à 85
outre-Atlantique et moins de 45 dans les deux pays européens.
Un autre
indicateur très parlant révèle la dégradation de la situation: la remontée du taux de
mortalité infantile pour les bébés noirs depuis 2014, pourtant déjà deux fois
plus élevé que pour les blancs. Enfin, une étude du début d’année de la revue
scientifique The Lancet évoque une
autre triste réalité : la progression de la mortalité des 25-35 ans :
« l’ampleur d’une telle hausse est comparable à celle de deux cas
d’urgence sanitaire observés dans le passé : la progression substantielle
de la mortalité en Russie au cours des années 1990 et la hausse de la mortalité
(…) au sommet de l’épidémie de sida ». Les raisons invoquées sont les overdoses,
l’alcoolisme, les suicides et les homicides.
Ce qui est
frappant aux Etats-Unis, c’est que ce pays montre qu’un recul de la situation
sanitaire dans un pays dit développé est possible, ce qui n’en reste pas moins
étrange étant donnée l’immensité des richesses supplémentaires créées depuis. Comme le note Angus Deaton,
il semblerait malheureusement que l’abus d’ultralibéralisme soit dangereux pour
la santé, pour ne pas dire mortel.
TWETT de L ANDRIEU retwetté par L H
RépondreSupprimerMon titre serait , "ou me mène ma déception du siècle.,que j'évoquais ici récemment" c'est une révolution intérieure et calme donc dangeureuse , un volcan caché bien ordormi .Rémi de Rouen .
A propos du "Trump tchèque" : résultats des élections législatives :
RépondreSupprimerLe mouvement populiste du "Trump tchèque" remporte les législatives.
1- Le mouvement populiste ANO du milliardaire Andrej Babis a remporté haut la main les élections législatives de vendredi et samedi en République tchèque en raflant 29,6% des suffrages exprimés,
2- les libéraux du Parti démocratique civique (ODS) sont crédités de 11,3%,
3- la version tchèque du Parti pirate obtient 10,8 %,
4- la formation d'extrême droite Liberté et démocratie directe (SPD) obtient 10,6%,
5- le Parti social démocrate (ČSSD) du Premier ministre sortant, Bohuslav Sobotka, tombe à 7,3%, son score le plus bas depuis 1993 et la dissolution de la Tchécoslovaquie,
6- les chrétiens démocrates (KDU-ČSL), partenaire de Sobotka dans la coalition sortante, ne sont crédités que de 5,8% des voix.
http://www.rts.ch/info/monde/9018379-le-mouvement-populiste-du-trump-tcheque-remporte-les-legislatives.html
D'une manière générale on ne peut pas avoir une société ultra-inégalitaire et méritocratique en même temps, il faut choisir.
RépondreSupprimerComment a-t-on jamais pu croire le contraire ? Plus la pente de l'escalier est raide, plus les marches sont hautes, moins nombreux sont ceux qui parviendrons à le gravir. Quand le degré d’inégalité est démesuré chaque classe reste bloquée sur sa marche et la suivante devient un obstacle infranchissable.
Seule une fourchette modérée d'inégalité peut se justifier par le travail et le mérite. Il y a longtemps que l'inégalité en France, comme en GB et aux USA, ne peut plus se justifier, seulement s'expliquer, et par de mauvaises raisons que l'oligarchie s'acharne à occulter.
Ivan