En 2012, après
cinq ans de déclarations pétaradantes et de postures tous azimuts, Sarkozy
semblait avoir établi des sommets pas prêts d’être dépassés dans un proche futur.
Quel président pourrait bien être plus vulgaire, plus auto-centré, plus au
service des plus riches que lui ? En quelques mois, Emmanuel Macron semble
vouloir dépasser tous les tristes records de son prédécesseur.
Plus
conformiste, insultant, suffisant et oligarque
Pour être
honnête, il
y a un sujet sur lequel cette présidence pourrait bien apporter du mieux :
l’éducation. Avec Jean-Marie Blanquer, le président défend une vision plus
traditionnelle, éloignée
des folies pseudo-pédagogistes, qui n’ont cessé de faire baisser le niveau,
révolter bien des professeurs et de transformer nos écoles en garderie pour
enfants auto-centrés, qui ne seraient capables d’apprendre qu’en s’amusant,
tout en refusant trop souvent le rôle de transmission d’un patrimoine
historique et culturel. Sur
cette partie-là, le discours du président va dans le bon sens. Mais reste à
savoir ce que sera l’ampleur du changement dans la réalité, et il est encore
malheureusement trop tôt pour juger.
Mais sur les
autres sujets, Macron reprend et aggrave tous les travers de Sarkozy. D’abord,
dans l’interview au Spiegel, il
révèle qu’il a transmis son discours européen à Angela Merkel : un
choix et une révélation profondément choquants, tant il admet se mettre en
position d’infériorité à l’égard de la chancelière, le tout dans un journal
allemand. Ce faisant, il a commis une vraie faute politique en se positionnant
de manière aussi claire en simple vassal de Berlin, un défaut courant de
Sarkozy. Contrairement à ce dernier, il assume tous
ses dérapages verbaux, affirmant : « j’ai
toujours essayé de dire les choses et de m’approcher d’une forme de vérité (…)
j’assume totalement ce qui a été dit ».
Cela est
d’autant plus choquant qu’il a encore récidivé, affirmant dans le Spiegel, « je
ne céderai pas au triste réflexe de la jalousie française ». En
quelques temps, Macron a habillé les français pour l’hiver : illettrés,
alcooliques, rien, fainéants, jaloux… Il y a fort à parier que cela lui
collera, comme les dérapages de son lointain prédécesseur. De Sarkozy, il
a aussi repris la proximité avec les Etats-Unis, « notre allié », ou le caractère martial après l’assassinat de
deux jeunes filles à Marseille. Mais les ficelles sont grosses et trop
connues pour ne pas apparaître pour ce qu’elles sont : de simples postures
communiquantes, qui ne sont là que pour cacher une incapacité à penser et agir
différemment.
Sur
l’économie, le mimétisme se fait criant. Non seulement il s’est voulu le
président du travail, mais il a défendu mordicus la forte réduction de l’ISF,
que Sarkozy n’avait pas osé faire, avec les arguments les plus faux et
ridicules de la droite, entre
l’exil fiscal des plus riches, ou le fait que cela libèrerait du capital
pour les investissements, un
argument brillamment démonté par Frédéric Lordon dans un papier remarquable,
qui l’évalue à quelques millions pour un coût de 3 milliards par an. Sur la
fiscalité, face à des journalistes peu mordants, incapables de faire le lien
entre CSG, APL et ISF, et oubliant l’IS, il
a poursuivi son grand numéro d’embrouille en affirmant que 80% des
retraités n’y perdraient pas.
Le chef de
l’Etat a utilisé une nouvelle image révélatrice : les
plus riches seraient les premiers de cordée, que certains jalousent, et sur
lesquels il ne faudrait pas jeter des pierres. Admettons d’abord qu’entre
ce qu’il fait et leur jeter des pierres, il y a un peu de marge… Ensuite,
contrairement à ce qu’il a dit, il y a une forte proximité avec la théorie dite
du ruissellement, en pire, puisque, dans cette image, il implique en outre la
supériorité des plus riches sur les autres alors
même que la richesse est de plus en plus héritée. Bref, Macron est plus que
jamais le président de l’oligarchie, qui défend sa supériorité et le fait que
l’Etat lui donne toujours plus alors même qu’elle n’a jamais été aussi riche.
En réalité, ce
président qui prétend « célébrer les
réussites », ne fait que célébrer
les milliardaires, leur donnant tout, à contre-temps de l’histoire économique,
comme
le dénonce Piketty, qui y voit une faute. En cela aussi, il fait pire que
Sarkozy, comme
le laissait présager son passage à Bercy, où il avait tenu les promesses que ce
dernier n’avait pas osé tenir, sur le travail du dimanche notamment.
Dans deux jours, je reprendrai la
série sur « Le cauchemar étasunien », en parlant d’éducation
Je n’ai aucune sympathie pour Macron pour lequel je n’ai pas voté mais je ne crois pas qu’il soit pire que Sarkozy.
RépondreSupprimerD’abord il faut regarder le fond et pas seulement la forme. Ensuite Macron n’est là que depuis quelques mois. Nous verrons bien à la fin de son mandat si son bilan est aussi négatif que celui de Sarkozy.
Je rappelle tout de même le bilan de Sarkozy : réforme très injuste des retraites avec recul de l’âge légal qui a pénalisé ceux qui ont commencé à travailler tôt ; référendum de 2005 bafoué avec le traité de Lisbonne ; accord Merkozy qui a fait plonger la France et toute la zone euro dans la récession ; aggravation de la dette publique inédite ; révision de la constitution calamiteuse et anti-gaulliste sans passer par le référendum.
Conclusion : il sera bien difficile à Macron d’être pire que Sarkozy, même s’il n’est pas impossible qu’il y parvienne.
Et j'ajoute : réintégration dans le commandement intégré de l'OTAN, intervention désastreuse en Libye... la liste n'est pas exhaustive.
Supprimer@ Moi
SupprimerJe suis revenu à la politique contre Sarkozy fin 2006, et je maintiens. En cinq mois, nous avons déjà eu :
- toutes ses déclarations sur les français, traités de « rien », « fainéants » ou « jaloux », globalement un discours économique détestable
- une politique fiscale inique et anti-sociale
- la loi travail
- les ventes d’Alstom et STX (notez que sur ces 4 sujets, il fait pire que Sarkozy)
- présentation de son discours à Angela Merkel…
Cela fait beaucoup en peu de temps. Pour moi, il démarre pire que Sarkozy
Mais, pour l'instant, il fait ce qu'il avait annoncé durant la campagne, alors que Sarkozy avait promis "un mini traité" (rien à voir avec le traité de Lisbonne) et n'avait pas parlé pendant la campagne de 2007, ni de la réforme des retraites, ni du TSCG, ni de la réintégration de la France dans l'OTAN.
SupprimerPour Blanquer je serais plus prudent: https://francais.rt.com/france/44624-reduction-depenses-blanquer-annonce-nouveau-baccalaureat-2021
RépondreSupprimerSi le bac passe sous controle continu, l'écart entre les lycées risqué encore de se creuser, et la reference commune du bac comme examen national risque d'en prendre un coup (meme si le bac est Presque donné aujourd'hui).
Oui, je pense qu'il faut se méfier.
SupprimerBlanquer risque d'être le truc habituel : un discours séduisant pour mieux cacher des réformes néfastes.
N'oublions pas que c'est lui qui était Degesco lors de la très mauvaise réforme des programmes scientifiques au lycée, en 2010.
Et la principale réforme qu'il pousse est l'autonomie des établissements, qui est une mauvaise chose.
Bref, s'il est attaqué par la gauche suite à ses déclarations, il ne faut pas les y aider ; mais il faut en tout cas se méfier et ne pas lui donner par avance le prix Nobel de la paix...
@ Anonyme
SupprimerVoilà malheureusement pourquoi je prends des précautions. Triste idée que la réforme du ba en effet. Même si le bac est donné aujourd’hui, les mentions permettent de distinguer les meilleurs élèves, à relative égalité
Faut arrêter avec cette cabale du "pédagogisme". Informez vous au lieu de raconter des salades et d'avaler celles de Blanquer :
RépondreSupprimer" le pédagogisme est très loin de régner en maître dans les salles de classe. Les travaux de comparaison internationale (voir par exemple les recherches de Nathalie Mons et Marie Duru-Bellat) montrent au contraire que le système éducatif français reste un modèle « académique » dans lequel l’enseignement disciplinaire est ultradominant, avec un curriculum hiérarchique qui ouvre peu l’école sur le monde extérieur et dans lequel l’enseignement individualisé est peu développé."
https://www.telos-eu.com/fr/societe/lecole-et-la-fausse-querelle-du-pedagogisme.html
"Avec Jean-Marie Blanquer, le président défend une vision plus traditionnelle, éloignée des folies pseudo-pédagogistes, qui n’ont cessé de faire baisser le niveau, révolter bien des professeurs et de transformer nos écoles en garderie pour enfants auto-centrés, qui ne seraient capables d’apprendre qu’en s’amusant, tout en refusant trop souvent le rôle de transmission d’un patrimoine historique et culturel. Sur cette partie-là, le discours du président va dans le bon sens. Mais reste à savoir ce que sera l’ampleur du changement dans la réalité, et il est encore malheureusement trop tôt pour juger."
RépondreSupprimerLe niveau scolaire a baissé, l'apprentissage a été désorganisé, les méthodes qui avaient fait leurs preuves, et ce quel que soit le milieu social de l'élève, ont été littéralement radiées de la carte etc...Quand je vois comment mes enfants apprennent à l'école (plus que les contenus), personnellement je fais partie de ces parents qui reprennent pas mal de choses à la maison (et si j'ai le temps car je fais un effort pour le trouver). Exemple : l'apprentissage des tables de multiplication, je leur ai fait apprendre par cœur bêtement quand leur institutrice leur faisait faire des ceintures de tables à savoir 12 lignes de multiplication dans le désordre, une minute pour donner le résultat et droit à 2 erreurs.Or, comment faire cet exercice si à la base vous n'apprenez pas les tables par cœur comme on apprend une chanson ou une poésie. Idem en conjugaison, grammaire et orthographe: le Bescherelle et le Bled.
Maintenant, permettez-moi de douter de l'idée qui se cache derrière la réforme de Monsieur Blanquer. Je pense sincèrement que cela va introduire encore plus de sélection, de dégagisme d'élèves des filières générales et technologiques pour la filière professionnelle et l'apprentissage alors que ces élèves auront la capacité de suivre un cursus classique et ne souhaiteront pas de se retrouver en apprentissage. Je me rappelle que lors du débat des présidentielles, pas de mal de candidats étaient sur cette lignée. Une a fait entendre une voie un peu différente, N. Kosciusko-Morizet. Elle a exprimé le fait que l'école devait en effet revenir aux fondamentaux mais que ce que proposait les candidats ressemblaient au projet de Vichy en matière d'école à savoir un retour à une forme d'élitisme par la sélection au profit des classes supérieures, que leurs enfants soient bons élèves ou non,au détriment principalement des classes moyennes.
Cette sélection est DEJA largement en marche notamment dans les lycées depuis l'assouplissement de la carte scolaire. Je crois que sur plusieurs sujets plusieurs personnes sont intervenues sur ce blog pour expliquer cette sélection qui de plus en plus d'élèves sur le carreau au nom du réformer l'école et redorer le blason de l'apprentissage et du lycée professionnel.
En complément de mon 1er post:
Supprimerje suis absolument pour l'apprentissage et la filière professionnelle quand elle est RÉELLEMENT choisie et non subie surtout si l'élève a des capacités à suivre d'autres cursus. J'y suis encore plus favorable si on laisse aussi aux élèves la possibilité de choisir le lycée, l'institut de formation, le CFA où il peut aller. J'ai un exemple très concret. J'ai un neveu qui a toujours été clair sur son parcours scolaire. Lui, il voulait faire de la force de vente. Il est allé jusqu'en 3ème, a eu son brevet mention bien et après avec ses parents, en se déplaçant sur place, il avait trouvé un institut de formation sur la petite couronne parisienne auprès duquel il avait postulé dès le 2ème trimestre de 4ème. Pour cet institut : ok s'il passe le test de l'entretien et l'oral de présentation de son dossier et son projet éducatif et professionnel. Or, si l'on suit la carte scolaire il aurait dû entrer dans un des deux lycées pro' autour de sa ville, 2 lycées vraiment au niveau très bas (je ne veux pas employer de termes désagréables). Quand les professeurs du collège ont su les démarches effectuées pour aller dans l'institut depuis la 4ème, ils lui ont littéralement BOUSILLE son livret scolaire. Plusieurs profs l'ont saqués à la notation (jusqu’au 1er trimestre de 3ème, il avait une moyenne générale de 14/20 avec des notes de ce type dans toutes les matières). Du jour au lendemain, il est descendu à 9/20 de moyenne générale. INCOMPRÉHENSIBLE ! Seuls 2 professeurs ont continué à le noter à sa juste valeur et l'ont encouragé. les autres non. Pourquoi ? Car il fallait absolument qu'il aille dans un des 2 lycées surtout pas autre part. Pourquoi ? Car les deux lycées en question avaient besoin de capter des élèves comme lui tant le niveau est mauvais et leur réputation pas super. L'institut n'a pas été étonné de la réaction de son collège et est passé outre le livret. Ils ont préféré se référer au brevet, à l'entretien et au projet de mon neveu. Aujourd'hui, après le bac pro', le BTS, la licence pro' il est entré en 4ème année (1ère année de master) en techniques de commercialisation.
" les méthodes qui avaient fait leurs preuves, et ce quel que soit le milieu social de l'élève, ont été littéralement radiées de la carte"
RépondreSupprimerC'est totalement faux, les études comparatives par pays le démontrent.
D'un cas, vous tirez une généralité. Si c'est comme ça que vous éduquez vos gamins, ils sont mal partis...
Eh bien moi qui suis institutrice depuis maintenant 17 ans, je suis totalement d'accord avec le fait que "les méthodes qui avaient fait leurs preuves, et ce quel que soit le milieu social de l'élève, ont été littéralement radiées de la carte".
SupprimerVous pouvez sortir toutes les études qu vous voulez, mais quand vous êtes rendu voire obligé de dire aux parents surtout n'apprenez à vos enfants le calcul (addition, soustraction, multiplication et division) comme vous l'avez à savoir en posant les opérations. L'exercice des ceintures de table, lorsque vous êtes inspecté(e) si vous n'appliquez pas, vous prenez des remarques. Bescherelle, Bled...ouvrages devenus quasi inconnus etc...Alors oui, les méthodes d'apprentissage ont été désorganisées pour éviter d'ennuyer l’élève mais à quel prix ?
Bonne description du zozo que l'oligarchie nous a imposé par le tour de passe-passe de la dernière élection présidentielle. Mais la comparaison avec Sarkozy me paraît limitée. Je vois dans la politique actuelle l'aboutissement d'une revanche du pétainisme qui commence en fait dès l'élection de Giscard en '74. Plus de quarante ans après, la soumission à l'Allemagne est pleinement assumée. Micron est même pire que Laval, qui lui au moins n'allait pas à l'étranger pour insulter les Français. Et je trouve ça très inquiétant.
RépondreSupprimerSakozy n'a jamais été aussi loin que Macron concernant le code du travail et la fiscalité. Il a par ailleurs "tordu" le bras de Merkel qui voulait lui imposer une politique austéritaire sévère en 2010. Sarkozy a en fait beaucoup reculé face aux syndicats, alors que Macron est un borné droit dans ses bottes qui ne recule pas.
RépondreSupprimerIl n'est pas impossible que les conséquences économiques de la politique de Macron soient désastreuses et que la nouvelle donne des partis politiques allemands intransigeants finissent par faire exploser l'Euro. Et que ce soit Macron qui devra gérer ce cataclysme probable.
Macron est un éléphant dans un magasin de porcelaine.
C'est plutôt Merkel qui a tordu le bras de Sarkozy avec le TSCG.
SupprimerJe pense que Macron comme Hollande comme une partie de nos élites politiques et économiques sont passibles de poursuites judiciaires pour atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation selon l'article 410-1 du Code pénal. Pour avoir vendu Alstom énergie à l'américain General Electric, Péchiney à Alcan, Alcatel à Lucent, Lafarge à Holcim, Technip à un groupe texan, Les Chantiers de l'Atlantique, propriété du conglomérat Alstom en attendant Airbus déjà passé sous contrôle allemand et d'autres que j'oublie. Bref nous perdons le contrôle de tous nos fleurons industriels payés directement ou pas par de l'argent public. Macron n'est qu'au service du capital financier apatride.
RépondreSupprimer"C'est plutôt Merkel qui a tordu le bras de Sarkozy avec le TSCG."
RépondreSupprimerC'est sous Hollande que le TSCG a été ratifié, faut vous informer un peu plus...
Mais c'est Sarkozy qui l'a négocié avec Merkel.
SupprimerJ'avais ici-même comparé Macron à VGE. Mais bon, j'avais lu que FH, quoi qu'on pense de lui, aurait dit "je battrai Sarko parce que c'est VGE" avant de se lancer dans la course élyséenne (puis de faire une politique à la VGE une fois au pouvoir). Donc cela n'invalide pas ce qu'écrit LH. Il y a quand même une petite question qui me taraude et à laquelle seuls les plus âgés du blog pourraient répondre: l'an zéro de la réduction du président de la République à un statut de super-Ministre des Finances, c'était Pompidou ou VGE?
RépondreSupprimerPS: J'ai rien contre l'apprentissage mais la fixette des trois derniers locataires élyséens sur le sujet a du mal à ne pas sentir le complexe vis-à-vis du modèle allemand, oubliant que la place de l'apprentissage de l'autre côté du Rhin a des sources historiques et culturelles.
@ Anonyme 10h19
RépondreSupprimerNotez que je reste prudent. La réforme annoncée du bac est une très mauvaise idée
@ Jacques
Il y avait tout de même beaucoup d’échos de Sarkozy dans son discours (le travail, les étrangers délinquants…)
@ Anonyme 18h44
Je suis peut-être un peu de parti-pris, mais je dirais plutôt VGE, avec son discours sur la France, si petite, sa vision européenne, alors que Pompidou avait encore une vision volontariste, nationale