Elle
a mis du temps à véritablement se redresser. Même si elle est conjoncturelle,
modérée, inégale et temporaire, les dernières statistiques
de l’INSEE indiquent que la croissance atteint 2,2% en rythme annuel, un
niveau qui n’avait plus été atteint depuis 6 ans. Un résultat qui doit être remis
en perspective par une conjonction assez exceptionnelle de facteurs favorables.
Une
conjoncture extraordinairement favorable
Les chiffres
du troisième trimestre restent bons car la rechute du commerce
extérieur est compensée très exactement par la forte remontée des stocks
(quand les statistiques du second trimestre, étonnament, avaient présenté le
phénomène inverse, en contradiction avec les statistiques des douanes). La
hausse de la consommation (des ménages et de l’Etat) et de l’investissement,
permettent une hausse de 0,5% du PIB, soit 2% en rythme annuel. L’acquis de croissance pour
2017 est d’ors et déjà de 1,7%. De bon augure alors que le quatrième
trimestre est souvent marqué par une bonne performance du commerce extérieur,
les produits français étant volontiers offerts en fin d’année.
Malgré tout,
les chiffres de l’INSEE rappellent les impasses de nos politiques. En premier
lieu, il faut rappeler que, sur un an, le commerce
extérieur nous fait perdre la bagatelle de 0,5 point de PIB, pas moins de 10
milliards d’euros ! Combien d’emplois auraient pu être créés si la
contribution avait simplement été nulle ? Et combien si nous avions seulement
réduit notre déficit ? Voilà une
sanction concrète de notre ouverture totalement déraisonnable, des accords
commerciaux déloyaux et de notre choix d’une monnaie inadaptée. On peut
également y voir le signe de l’inefficacité
complète des dizaines de milliards de baisses des taxes des entreprises mises
en place par François Hollande.
Mais surtout,
cette
croissance est fragile. Elle est à la merci de la moindre remontée des taux
d’intérêts, que toute remontée du prix des matières premières pourrait
provoquer. Nous
ne retrouverons pas tous les jours une conjonction aussi incroyable de facteurs
porteurs et il est à craindre que cette croissance soit un nouveau plafond qui
n’améliorera la situation qu’à la marge seulement, en attendant le prochain
krach financier qui nous guette à moyen terme. Et quelle tristesse de voir
l’Etat raboter ces investissements de 1,5% en cette période d’argent bon
marché, qui permet au contraire aux entreprises et aux ménages de le faire (acquis de croissance de 3,9
et 4,9% respectivement).
Bref, derrière les chiffres
annoncés par l’INSEE, il ne faut pas y voir un résultat politique, mais
bien plus celui de taux historiquement bas, qui permettent une hausse
de près de 4% des investissements, et une hausse de la consommation. Car la
poursuite de la dégradation du solde commercial démontre que les dizaines de
milliards de baisses des taxes des entreprises n’ont eu aucun effet sur notre
commerce.
La conjoncture exceptionnelle peut durer encore en 2018, voire en 2019. La BCE va continuer à avoir une politique monétaire accommodante. La FED va réduire son bilan mais très lentement pour ne pas provoquer de choc. Pour la zone euro, la question de l'après-Draghi se posera dans 2 ans avec possiblement un changement de cap si le nouveau patron de la BCE est sous influence allemande comme l'était Trichet.
RépondreSupprimerAprès tout, si les gens trouvent que la (leur) situation s'améliore, c'est bien non ? LOL
RépondreSupprimerFaible et fragile retour de la croissance qui peut être enrayé par les nombreux grains de sables qui guettent le monde dont la crise de l'euro.
RépondreSupprimerPourquoi l'emploi en Allemagne a-t-il beaucoup moins souffert que chez nous des suites de la crise financière dite des subprimes ?
RépondreSupprimerGrâce à la réduction du temps de travail !
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/arbeitsmarkt-die-gruende-fuer-das-deutsche-beschaeftigungswunder-a-1176001.html (all.)
Pour la première fois depuis le début de la 2ème grande dépression (1974 en France, début des années 1980 en RFA) une récession n'a pas détruit plus d'emplois que la reprise suivante n'a réussi à en recréer.
J'irai même plus loin. Si l'Allemagne n'avait pas touché à l'âge de la retraite elle n'aurait même pas eu besoin de subventionner massivement les accords de chômage à temps partiel (compté comme travail à temps partiel dans les statistiques) pour éviter la catastrophe qu'on a eu en France, grâce à une conjoncture démographique beaucoup plus favorable.
Mais on sait que le bénéfice de ce retournement démographique a été confisqué à l'avance aux jeunes générations. Les baby-boomer qui avaient promis à leurs enfants qu'eux enfin ne connaîtraient pas les longues années de chômage non indemnisé, de stages parking et de jobs bidons parce que quand ils arriveront sur le marché du travail les baby-boomer partiront à la retraite n'imaginaient pas que l'oligarchie et la finance n'étaient aucunement disposés à laisser faire cela et que les départs en retraite allaient être bloqués et retardés au moment précis où ils risquaient de devenir enfin assez nombreux pour couvrir les arrivées sur le marché du travail.
Reste une question à étudier pour les économistes allemands : coûte-t-il moins cher de payer du chômage partiel à tous les travailleurs ou de laisser partir les plus vieux à la retraite ?
Ivan
C'est donc une croissance liée à la consommation intérieure alors que les derniers gouvernements n'ont cessé de chercher le salut à l’extérieur et avec la sacro-sainte competitivité par le prix. C'est intéressant en effet.
RépondreSupprimerMonsieur Herblay
RépondreSupprimerSauf oubli de ma part, je n'ai pas lu que la nouvelle méthode de calcul de l'INSEE en 2014 pouvait aussi influer sur l'amélioration du PIB
en effet depuis ce temps sont pris en compte l'immatériel et les achats d'armes considérés comme des investissements.
Peut être l'avez vous déjà évoqué auparavant.
Deux remarques complémentaires ;
Le peu d'effet du CICE qui avait été mis en oeuvre au nom de la compétitivité pour l'export, à un moment où l'euro était entre 1.30 et 1.40 dollars.
Le CICE n'a rien amélioré du tout à l'export, et surtout met le prix de l'emploi moyen à environ 360 000 € brut (rapport complémentaire CICE mars 2017)
L'autre remarque plus subtile qu'on pourrait tirer du rapport de l'INSEE, est que lorsque la consommation croit , les importations font de même. Or la progression s'est faite sur les biens fabriqués ce qui peut être un signal inquiétant dans la mesure où la France n'est plus vraiment capable de pouvoir à ses besoins dès le 1er rebond..
Stanislas
@ Moi
RépondreSupprimerJe suis bien d’accord : la conjoncture exceptionnelle devrait encore continuer, mais la gestion de la hausse des taux sera particulièrement périlleuse, d’autant plus que beaucoup de signes de bulles apparaissent
@ CoolRaoul
Oui, sauf que ces reprises ne laissent que des miettes dérisoires pour la grande majorité, quand elles en laissent (cf papiers sur les chiffres effarants de la reprise US, où les salaires de 90% des étasuniens baissaient, mais ceux du haut s’envolaient, faisant une moyenne positive)
@ Ivan
Merci pour cette précision. En effet, le temps de travail moyen est plus faible en Allemagne. Après, il faut voir aussi ce que cela donne en terme de revenus, car de mémoire, le livre de Berruyer montrait une évolution très étasunienne des revenus, avec chute assez marquante des revenus des plus pauvres et envolée du haut. C’est ce qu’indique aussi le taux de pauvreté, plus haut qu’en France. Ce serait donc un pis-aller, même s’il faut aussi reconnaître l’utilité sociale du travail.
L’Allemagne profite aussi à plein de son avance prise dans les réformes dites structurelles et de la monnaie unique, qui fait qu’elle a une monnaie meilleur marché que son économie le suppose, quand ses voisins ont souvent l’inverse.
@ TeoNeo
Le bilan du choc de compétitivité est nul, comme on pouvait l’anticiper. Il ne se retrouve que dans les profits du CAC40, qui battent des records.
@ Stanislas
Merci pour le rappel. J’en avais parlé à l’époque il me semble.
Très juste. Sans protectionnisme, cette reprise accélère le déséquilibre de notre commerce.
L’UPR exige que M. Macron fasse retirer immédiatement tout territoire français des eurorégions dont l’objet dissimulé est de conduire les États européens à l’éclatement et à l’impuissance.
RépondreSupprimer"De la même façon, le gouvernement euro-atlantiste d’Emmanuel Macron reste silencieux sur la présence depuis le 23 juin 2017 à la tête de l’eurorégion Pyrénées-Méditerranée de M. Puigdemont. Ce dernier, désormais en fuite en Belgique et poursuivi en Espagne pour rébellion, défend ouvertement l’éclatement de la France en réclamant le rattachement du département des Pyrénées orientales à la Catalogne."
https://www.upr.fr/actualite/communique-de-presse-lupr-demande-a-emmanuel-macron-a-carole-delga-presidente-ps-conseil-regional-doccitanie-de-retirer-immediatement-cette-region-de-france-de-leuroregion
Sur le site de l'eurorégion Puidgemont est toujours président
http://www.euroregio.eu/fr/structure-et-organisation
Alors qu'il a été destitué et remplacé par Madrid à la tête de sa generalitad.
Et le plus fou c'est que les médias français ne soufflent mot de cela.
Ivan
Les eurorégions n'ont aucun pouvoir, aucune existence réelle. C'est bidon. La plupart des gens ne savent même pas qu'elles existent.
SupprimerHilarant !
RépondreSupprimer38 ans de promesses d'Europe sociale.
La vidéo dure 4 minutes 49 secondes.
https://www.youtube.com/watch?v=pMRgQQ7TNrs
Belle video de belles têtes de vainqueurs :
RépondreSupprimer- Macron, Mitterrand, Fabius, Dumas, July, Delors, Desir, Lang (quel bel homme !), Kouchner, Guigou, Bilalian (rentrera pas dans l'histoire vu inetrnet), Mosco, Jospin, DSK, Hollande, Rocard, Royal, Aubry, Ayrault, Désir, Hamon, Junker (pour boucler la boucle effectivement)
... "bref, l'Europe sociale est en marche"...
Je kiffe
***Jacko***