jeudi 2 novembre 2017

Que penser du retour de la croissance ?

Elle a mis du temps à véritablement se redresser. Même si elle est conjoncturelle, modérée, inégale et temporaire, les dernières statistiques de l’INSEE indiquent que la croissance atteint 2,2% en rythme annuel, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 6 ans. Un résultat qui doit être remis en perspective par une conjonction assez exceptionnelle de facteurs favorables.


Une conjoncture extraordinairement favorable

Dès 2014, j’ai pointé que la conjoncture devenait plus favorable, avec la baisse de l’euro, des taux d’intérêts, du pétrole, et l’amoindrissement des politiques d’austérité. Il aura fallu un peu de temps pour que cela puisse se traduire clairement dans les chiffres. Paradoxalement, Macron doit aussi ce rebond de la croissance en 2017 aux manœuvres électoralistes de son prédécesseur, qui, dans la plus pure tradition radicale-socialiste, avait lâché du lest austéritaire dans la dernière ligne de son mandat, mais un peu trop tard pour que les effets puissent se faire sentir à temps. Du coup, c’est son Brutus qui va profiter de l’amélioration des chiffres de la croissance, qui vont mettre de l’huile dans le budget 2018.


Les chiffres du troisième trimestre restent bons car la rechute du commerce extérieur est compensée très exactement par la forte remontée des stocks (quand les statistiques du second trimestre, étonnament, avaient présenté le phénomène inverse, en contradiction avec les statistiques des douanes). La hausse de la consommation (des ménages et de l’Etat) et de l’investissement, permettent une hausse de 0,5% du PIB, soit 2% en rythme annuel. L’acquis de croissance pour 2017 est d’ors et déjà de 1,7%. De bon augure alors que le quatrième trimestre est souvent marqué par une bonne performance du commerce extérieur, les produits français étant volontiers offerts en fin d’année.

Malgré tout, les chiffres de l’INSEE rappellent les impasses de nos politiques. En premier lieu, il faut rappeler que, sur un an, le commerce extérieur nous fait perdre la bagatelle de 0,5 point de PIB, pas moins de 10 milliards d’euros ! Combien d’emplois auraient pu être créés si la contribution avait simplement été nulle ? Et combien si nous avions seulement réduit notre déficit ? Voilà une sanction concrète de notre ouverture totalement déraisonnable, des accords commerciaux déloyaux et de notre choix d’une monnaie inadaptée. On peut également y voir le signe de l’inefficacité complète des dizaines de milliards de baisses des taxes des entreprises mises en place par François Hollande.

Mais surtout, cette croissance est fragile. Elle est à la merci de la moindre remontée des taux d’intérêts, que toute remontée du prix des matières premières pourrait provoquer. Nous ne retrouverons pas tous les jours une conjonction aussi incroyable de facteurs porteurs et il est à craindre que cette croissance soit un nouveau plafond qui n’améliorera la situation qu’à la marge seulement, en attendant le prochain krach financier qui nous guette à moyen terme. Et quelle tristesse de voir l’Etat raboter ces investissements de 1,5% en cette période d’argent bon marché, qui permet au contraire aux entreprises et aux ménages de le faire (acquis de croissance de 3,9 et 4,9% respectivement).

Bref, derrière les chiffres annoncés par l’INSEE, il ne faut pas y voir un résultat politique, mais bien plus celui de taux historiquement bas, qui permettent une hausse de près de 4% des investissements, et une hausse de la consommation. Car la poursuite de la dégradation du solde commercial démontre que les dizaines de milliards de baisses des taxes des entreprises n’ont eu aucun effet sur notre commerce.

Reprise samedi de la série sur le cauchemar étasunien, avec la partie 8, un pays impérialiste

11 commentaires:

  1. La conjoncture exceptionnelle peut durer encore en 2018, voire en 2019. La BCE va continuer à avoir une politique monétaire accommodante. La FED va réduire son bilan mais très lentement pour ne pas provoquer de choc. Pour la zone euro, la question de l'après-Draghi se posera dans 2 ans avec possiblement un changement de cap si le nouveau patron de la BCE est sous influence allemande comme l'était Trichet.

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  2. Après tout, si les gens trouvent que la (leur) situation s'améliore, c'est bien non ? LOL

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  3. Faible et fragile retour de la croissance qui peut être enrayé par les nombreux grains de sables qui guettent le monde dont la crise de l'euro.

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  4. Pourquoi l'emploi en Allemagne a-t-il beaucoup moins souffert que chez nous des suites de la crise financière dite des subprimes ?

    Grâce à la réduction du temps de travail !

    http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/arbeitsmarkt-die-gruende-fuer-das-deutsche-beschaeftigungswunder-a-1176001.html (all.)

    Pour la première fois depuis le début de la 2ème grande dépression (1974 en France, début des années 1980 en RFA) une récession n'a pas détruit plus d'emplois que la reprise suivante n'a réussi à en recréer.

    J'irai même plus loin. Si l'Allemagne n'avait pas touché à l'âge de la retraite elle n'aurait même pas eu besoin de subventionner massivement les accords de chômage à temps partiel (compté comme travail à temps partiel dans les statistiques) pour éviter la catastrophe qu'on a eu en France, grâce à une conjoncture démographique beaucoup plus favorable.

    Mais on sait que le bénéfice de ce retournement démographique a été confisqué à l'avance aux jeunes générations. Les baby-boomer qui avaient promis à leurs enfants qu'eux enfin ne connaîtraient pas les longues années de chômage non indemnisé, de stages parking et de jobs bidons parce que quand ils arriveront sur le marché du travail les baby-boomer partiront à la retraite n'imaginaient pas que l'oligarchie et la finance n'étaient aucunement disposés à laisser faire cela et que les départs en retraite allaient être bloqués et retardés au moment précis où ils risquaient de devenir enfin assez nombreux pour couvrir les arrivées sur le marché du travail.

    Reste une question à étudier pour les économistes allemands : coûte-t-il moins cher de payer du chômage partiel à tous les travailleurs ou de laisser partir les plus vieux à la retraite ?

    Ivan

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  5. C'est donc une croissance liée à la consommation intérieure alors que les derniers gouvernements n'ont cessé de chercher le salut à l’extérieur et avec la sacro-sainte competitivité par le prix. C'est intéressant en effet.

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  6. Monsieur Herblay

    Sauf oubli de ma part, je n'ai pas lu que la nouvelle méthode de calcul de l'INSEE en 2014 pouvait aussi influer sur l'amélioration du PIB
    en effet depuis ce temps sont pris en compte l'immatériel et les achats d'armes considérés comme des investissements.

    Peut être l'avez vous déjà évoqué auparavant.

    Deux remarques complémentaires ;
    Le peu d'effet du CICE qui avait été mis en oeuvre au nom de la compétitivité pour l'export, à un moment où l'euro était entre 1.30 et 1.40 dollars.
    Le CICE n'a rien amélioré du tout à l'export, et surtout met le prix de l'emploi moyen à environ 360 000 € brut (rapport complémentaire CICE mars 2017)


    L'autre remarque plus subtile qu'on pourrait tirer du rapport de l'INSEE, est que lorsque la consommation croit , les importations font de même. Or la progression s'est faite sur les biens fabriqués ce qui peut être un signal inquiétant dans la mesure où la France n'est plus vraiment capable de pouvoir à ses besoins dès le 1er rebond..

    Stanislas

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  7. @ Moi

    Je suis bien d’accord : la conjoncture exceptionnelle devrait encore continuer, mais la gestion de la hausse des taux sera particulièrement périlleuse, d’autant plus que beaucoup de signes de bulles apparaissent

    @ CoolRaoul

    Oui, sauf que ces reprises ne laissent que des miettes dérisoires pour la grande majorité, quand elles en laissent (cf papiers sur les chiffres effarants de la reprise US, où les salaires de 90% des étasuniens baissaient, mais ceux du haut s’envolaient, faisant une moyenne positive)

    @ Ivan

    Merci pour cette précision. En effet, le temps de travail moyen est plus faible en Allemagne. Après, il faut voir aussi ce que cela donne en terme de revenus, car de mémoire, le livre de Berruyer montrait une évolution très étasunienne des revenus, avec chute assez marquante des revenus des plus pauvres et envolée du haut. C’est ce qu’indique aussi le taux de pauvreté, plus haut qu’en France. Ce serait donc un pis-aller, même s’il faut aussi reconnaître l’utilité sociale du travail.

    L’Allemagne profite aussi à plein de son avance prise dans les réformes dites structurelles et de la monnaie unique, qui fait qu’elle a une monnaie meilleur marché que son économie le suppose, quand ses voisins ont souvent l’inverse.

    @ TeoNeo

    Le bilan du choc de compétitivité est nul, comme on pouvait l’anticiper. Il ne se retrouve que dans les profits du CAC40, qui battent des records.

    @ Stanislas

    Merci pour le rappel. J’en avais parlé à l’époque il me semble.

    Très juste. Sans protectionnisme, cette reprise accélère le déséquilibre de notre commerce.

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  8. L’UPR exige que M. Macron fasse retirer immédiatement tout territoire français des eurorégions dont l’objet dissimulé est de conduire les États européens à l’éclatement et à l’impuissance.

    "De la même façon, le gouvernement euro-atlantiste d’Emmanuel Macron reste silencieux sur la présence depuis le 23 juin 2017 à la tête de l’eurorégion Pyrénées-Méditerranée de M. Puigdemont. Ce dernier, désormais en fuite en Belgique et poursuivi en Espagne pour rébellion, défend ouvertement l’éclatement de la France en réclamant le rattachement du département des Pyrénées orientales à la Catalogne."


    https://www.upr.fr/actualite/communique-de-presse-lupr-demande-a-emmanuel-macron-a-carole-delga-presidente-ps-conseil-regional-doccitanie-de-retirer-immediatement-cette-region-de-france-de-leuroregion

    Sur le site de l'eurorégion Puidgemont est toujours président

    http://www.euroregio.eu/fr/structure-et-organisation

    Alors qu'il a été destitué et remplacé par Madrid à la tête de sa generalitad.

    Et le plus fou c'est que les médias français ne soufflent mot de cela.

    Ivan

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    1. Les eurorégions n'ont aucun pouvoir, aucune existence réelle. C'est bidon. La plupart des gens ne savent même pas qu'elles existent.

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  9. Hilarant !

    38 ans de promesses d'Europe sociale.

    La vidéo dure 4 minutes 49 secondes.

    https://www.youtube.com/watch?v=pMRgQQ7TNrs

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  10. Belle video de belles têtes de vainqueurs :
    - Macron, Mitterrand, Fabius, Dumas, July, Delors, Desir, Lang (quel bel homme !), Kouchner, Guigou, Bilalian (rentrera pas dans l'histoire vu inetrnet), Mosco, Jospin, DSK, Hollande, Rocard, Royal, Aubry, Ayrault, Désir, Hamon, Junker (pour boucler la boucle effectivement)
    ... "bref, l'Europe sociale est en marche"...
    Je kiffe

    ***Jacko***

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