Cet été, j’ai lu et étudié deux livres de Christophe
Guilluy, « La France périphérique », et « Le crépuscule de la France d’en haut », qui ont suscité des
débats parfois très vifs, sans doute le signe qu’il avait vu juste. Son analyse
gagne à être complétée par deux très bons livres : « Dans quelle France on vit », d’Anne
Nivat, et « Le peuple de la frontière » de Gérald Andrieu.
A la rencontre de ces Français abandonnés
En introduction du livre, il y a cette belle
citation de Jack
London : « je découvris que je
n’aimais pas vivre à l’étage du salon de la société. Intellectuellement, je m’y
ennuyais. Moralement et spirituellement, cela me rendait malade (…) Je n’ai
plus envie de monter. L’imposant édifice de la société qui se dresse au-dessus
de ma tête ne recèle plus aucun délice à mes yeux. Ce sont les fondations de
l’édifice qui m’intéressent ». Il dit vouloir « donner la parole à ces gens à qui les
responsables politiques reprochent d’avoir peur alors que dans le même temps
ils font si peu pour les protéger et les rassurer », souvent peu
visibles, à mille lieues de la
superficialité des campagnes électorales d’aujourd’hui.
Il dit aussi avoir voulu « ralentir pour en finir avec le flux d’actualités qui rend le journalisme
fou et le monde toujours plus flou (…) les média ajoutent désormais du brouhaha
au bruit et du capharnaüm au désordre existant ». Loin de Paris, il
note que la bulle Macron ce « candidat
des villes, et certainement pas celui des champs » a peu intéressé, et que, si le candidat du
« bloc bourgeois » a gagné,
il y a eu 15 millions d’abstentions, de votes blancs et nuls… Pour lui, « en 1983, la gauche a commencé à abandonné le
rôle qui était censé être le sien : défendre les classes populaires dans
leur ensemble, auxquelles elle a fini par préférer un agglomérat de minorités,
le ‘chacun’ plutôt que le ‘commun’ ».
Il évoque Ungersheim, dirigé par un maire de gauche
et écologiste depuis plus de 30 ans, Jean-Claude Mensch, mais qui vote FN aux
élections nationales. Ici, les enfants mangent bio et local pour 4,21 euro par
repas (contre 2,5 à 2,8 pour les solutions industrielles), « l’eau et l’assainissement ont été repris en
régie publique, ce qui a permis de baisse le prix de l’eau de 5% à deux
reprises », la piscine est chauffée avec du bois et des panneaux
solaires, et la ville expérimente une monnaie locale. Mais elle est aussi une
« cité-dortoir typique de cette
France périphérique, traversée en son centre par des routes très passantes et
n’arrivant pas à faire vivre sur place beaucoup de commerçants ».
Gerald Andrieu conclut son livre en évoquant « ces personnes qui se sont montrées
prévenantes envers moi. Ces mille et unes attentions quotidiennes dessinent –
il faut le répéter, encore et encore – un pays plus solidaire et plus généreux
qu’on nous le dit ». Il parle de ces Français qui « ont souvent le sentiment d’être réduits au
rang de chair à canon d’une guerre industrielle, commerciale et financière dont
l’Europe actuelle ne les préserve pas ou, pire encore, qu’elle
encourage (…) la recherche du seul profit et l’obsession du court-termisme
qui détruit tout, les valeurs et les repères d’hier qu’is regrettent de voir
peu à peu abandonnés (…) ces politiques qui ont cédé les rênes du pouvoir ».
« Le
peuple de la frontière » est sans doute le livre indispensable pour
prendre le pouls politique de cette France périphérique
oubliée, le
complément logique aux livres de Christophe
Guilluy par
la parole qu’il donne aux citoyens de la périphérie, sans artifice, mais en
s’adressant à eux d’une manière éminemment politique, dans un dialogue ouvert et
bienveillant qui vaut mille sondages et chiffres.
Source : « Le peuple de
la frontière », Gérald Andrieu, Les éditions du Cerf
Lire aussi le compte-rendu de Natacha
Polony, et
celui de David Desgouilles,
Suite dans deux jours
"Il évoque Ungersheim, dirigé par un maire de gauche et écologiste depuis plus de 30 ans, Jean-Claude Mensch, mais qui vote FN aux élections nationales."
RépondreSupprimerJugement que vous allez trouver un peu sévère, mais j'ai grandi dans une petite ville de banlieue parisienne qui a été dirigée par un maire présentant le même profil (PS puis passé aux écologistes mais qui ne vote pas FN ou alors il s'en cache). Et je dirai que lui comme le maire citer dans le livre de G.Andrieu me font beaucoup sourire pour ne pas dire rire. Pourquoi ? Car aujourd'hui il se réclame toujours de gauche (ce que je ne doute pas) mais nous font des discours, assez durcis et peu consensuels, sur des questions de fond type: laïcité, délinquance, école républicaine etc...et pourtant fut un moment, notamment dans les années 80, avec F.Mitterand arrivant au pouvoir, ils y ont été du droit à la différence, du "chacun" plus que du "commun". Et aujourd'hui, ils viennent faire une sorte de mea culpa.Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
Maintenant nous pouvons parler de l'autre bord: la droite. Je vis toujours en banlieue parisienne dans une ville de droite. Ah ! là aussi on entend du discours aux trémolos gaullistes souvent et pourtant qu'avons-nous ? Un maire et un conseil municipal qui joue la carte du communautariste. Et quand vous leur faites remarquer: en public vous vous faites traiter de xénophobe (plus de raciste car certains ont pris la peine de leur rappeler la définition et les implications exactes du mot racisme) et en privé, en off on vous dit désabusé, rendu : ouais...mais aujourd’hui on ne peut plus faire autrement.
Frantz
L'Allemagne est ingouvernable.
RépondreSupprimerLes élections fédérales allemandes de 2017 se sont tenues le 24 septembre 2017. Elles ont vu l'élection de 94 députés d'extrême-droite : je dis bien 94 députés d'extrême-droite.
Depuis ce jour-là, l'Allemagne est ingouvernable.
CITATION :
L'arrivée à la chambre des députés de l'AfD, qui était resté sous la barre des 5% en 2013, constitue un tournant dans l'histoire allemande d'après-guerre.
Car elle signifie que pour "la première fois depuis 70 ans, des nazis vont s'exprimer au Reichstag", le bâtiment qui abrite la chambre basse du Parlement, a tonné avant le scrutin le ministre des Affaires étrangères et figure des sociaux-démocrates, Sigmar Gabriel.
https://www.romandie.com/news/ZOOM-Allemagne-la-droite-nationaliste-brise-un-tabou-avec-une-percee-historique/836022.rom
Nous avons déjà vu ce film.
Nous savons ce que sera le XXIe siècle en Europe.
En Allemagne en particulier, la catastrophe sociale provoque en réaction la catastrophe politique.
Dans l'Union Européenne en général, la catastrophe sociale provoque en réaction la catastrophe politique.
2016 : il y avait 860 000 sans-abri en Allemagne. La moitié d'entre eux sont des migrants.
2018 : il y aura 1,2 million de sans-abri en Allemagne.
Près de 20% de la population allemande, soit 16 millions de personnes, sont menacées par la pauvreté, indiquait l'office fédéral de la statistique la semaine passée.
Mercredi 15 novembre 2017 :
CITATION :
Jusqu'à 1,2 million de sans-abri en Allemagne l'an prochain ?
Le nombre de sans-abri devrait atteindre 1,2 million de personnes en 2018 en Allemagne. La crise du logement prend de l'ampleur, indique ainsi l'association fédérale pour les sans-abri dans un rapport...
Ce document est rendu public alors que s'accroît l'inquiétude face à la hausse du taux de pauvreté et la capacité du pays à intégrer quelque 1,1 million de migrants qui sont entrés sur le territoire allemand au cours de deux dernières années.
L'association caritative indique que plus de 860.000 personnes ne disposaient pas d'un logement en 2016, soit une hausse de 150% par rapport à 2014. La moitié d'entre eux sont des migrants.
Quelque 52.000 personnes vivaient dans la rue l'an passé, soit une augmentation d'un tiers par rapport à 2014.
Selon les estimations, le nombre de personnes hébergées dans des foyers et des centres d'accueil devrait augmenter de 40% supplémentaires d'ici l'an prochain en raison de la hausse des loyers, de la réduction du parc des logements sociaux, et du nombre croissant de migrants obtenant le statut de réfugiés et de fait éligibles à un logement.
Le nombre de nouveaux arrivants a accentué la tendance, précise l'association tout en dénonçant également des "erreurs" dans la politique du logement.
Près de 20% de la population allemande, soit 16 millions de personnes, sont menacées par la pauvreté, indiquait l'office fédéral de la statistique la semaine passée...
http://www.boursier.com/actualites/economie/jusqu-a-1-2-million-de-sans-abri-en-allemagne-l-an-prochain-37397.html
C'est une photo historique.
RépondreSupprimerC'est la photo d'Angela Merkel, qui s'exprime devant les journalistes, dans la nuit du 19 au 20 novembre 2017.
Sur la photo, les dirigeants de la droite pro-européenne, la CDU, entourent Angela Merkel : ils ont des têtes d'enterrement.
C'est la mort de la droite pro-européenne, la CDU, qui vient juste de plonger l'Allemagne dans le chaos politique.
C'est la mort de la gauche pro-européenne, le SPD, qui a disparu du paysage.
C'est la mort du soi-disant « modèle allemand ».
En Allemagne, la droite pro-européenne a créé une catastrophe sociale.
Cette catastrophe sociale a entraîné une réaction des électeurs allemands : le 24 septembre 2017, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, 94 députés d'extrême-droite ont été élus en Allemagne.
Je dis bien : 94 députés d'extrême-droite.
L'Allemagne est ingouvernable.
http://img.lemde.fr/2017/11/20/299/0/5084/2542/644/322/60/0/58869b5_738-kjao1.hyr8kyy14i.jpg
A Palo Alto la pénurie de logements est digne des pires arrondissements de Paris :
RépondreSupprimer"The crisis is not the fault of those tech companies, though, but of local governments who continue to fight tooth and nail against building any new housing at all."
https://slate.com/business/2017/11/east-palo-alto-evicts-rvs-on-city-streets-near-site-of-mark-zuckerbergs-new-school.html
Le lecteur français notera avec intérêt que ce média US ne cherche pas à détourner la colère du peuple contre des boucs émissaires bidons (méchants fonctionnaires pondant des règlements qui paralysent tout, lois excessivement protectrices pour les locataires, etc) mais ose désigner les vrais responsables.
Ivan
@ Ivan
RépondreSupprimerC'est le phénomène NIMBY en anglais dans le texte (Not In My BackYard)