Et si, de ce triste
portrait des Etats-Unis, un point commun liait bien des dérives ? Car
finalement, ce qui lie ces
inégalités colossales, ces services publics (éducation,
santé)
privatisés, si chers et si dysfonctionnels, cette
démocratie sous influence et cette
société de la défiance, c’est une société devenue profondément
oligarchique, comme
dénoncée par ses promoteurs mêmes.
Des 1%, par
les 1%, pour les 1%
Et cette
société oligarchique, qui tourne de plus en plus pour les 1%, laisse
sur le bord de la route le reste de la population, qui affronte une société de
plus en plus dure. On en vient presque à se demander si, finalement, les Etats-Unis forment une
meilleure société que certains régimes dits autoritaires. Le doute est de plus
en plus permis, avec
l’appauvrissement de 90% de la population, précarisée, de moins en moins
protégée et exposée
aux expérimentations plus que douteuses de multinationales qui ne reculent pas
devant grand-chose pour gagner plus. Les Etats-Unis sont tout de même le
pays où le nombre de « morts du désespoir »
a doublé en 15 ans, comme le rapporte Angus Deaton.
Encore plus
incroyable : l’effarante évolution des taux d’imposition marginaux depuis
40 ans. Sous Nixon, pas vraiment un communiste, le taux d’impôt sur les
sociétés était de 50% et le taux marginal d’imposition des revenus dépassait 70% !
Aujourd’hui, non
seulement les 1% ont vu leurs revenus s’envoler, mais leur taux
d’imposition a été baissé de plus d’un tiers, sans même compter les
innombrables niches fiscales. Idem pour les entreprises, qui
ont déjà réduit leur facture de plus de 20% et pourraient bien rapidement la
voir diviser par deux ! Alors que l’explosion des inégalités et des
profits devrait pousser à une fiscalité plus progressive, les Etats-Unis, comme
d’autres, prennent le chemin contraire.
Comment ne
pas faire un parallèle avec le modèle d’affaires promu par cette nouvelle
économie, qui
ne respecte pas grand-chose, pulvérisant des secteurs économiques (la musique,
le journalisme, les taxis ou l’hôtellerie) qui délocalise à tour de bras
(Apple pourrait se permettre de fabriquer ailleurs qu’en Chine avec ses marges),
tout
en se débrouillant pour ne pas payer ses impôts ? La société
étasunienne ressemble au modèle d’affaires de ces entreprises : le
gagnant se goinffre, sans se soucier des dégâts qu’il peut faire. Et les
marchés financent car ils savent que cela peut rapporter gros, comme
le montre le cas d’Uber, valorisé 60 milliards, tout en perdant plus de 2
milliards par an…
Quoi
d’étonnant dans une société oligarchique que presque tous les services publics
finissent par être privatisés, créant de nouvelles opportunités de profits,
même si cela ne sert pas l’intérêt général, comme
on le voit bien avec la santé, où les Etats-Unis cumulent une part du privé
record, un coût record, et un très piètre classement dans l’OCDE… D’où la part
artificiellement basse des dépenses publiques dans le PIB, qui cache un écart
très limité du périmètre des activités de service public. On retrouve aussi le
caractère profondément oligarchique des Etats-Unis dans l’influence
considérable des lobbys dans l’élaboration et le vote des lois, dénoncé par
Joseph Stiglitz il y a 5 ans.
Dernier signe
de ce caractère oligarchique : la
dernière présidentielle qui a vu s’affronter une ancienne première dame et un
milliardaire, dans une classe politique dont le caractère parfois
dynastique n’est pas le signe des démocraties les plus saines. Les Etats-Unis
sont plus que jamais devenus le pays des 1%, dirigé par les 1% (Trump
n’en étant que la version excentrique), pour les 1%.
J’en profite
pour adresser une pensée à Feliz, chauffeur de taxi d’origine vénézuélienne,
installé depuis des décennies aux Etats-Unis, qui m’a conduit de Manhattan à l’aéroport
vendredi, avec qui j’ai eu la chance de discuter politique pendant une bonne
heure et demie. Un homme très ouvert et intéressant dont le constat était étonnamment
proche de celui que je fais depuis quelques jours sur les aspects économiques.
La série sur les Etats-Unis est instructive et utile. Elle peut-être une vision du futur proche de notre chère EU, car soumise politiquement, idéologiquement, culturellement, économiquement et militairement ceci n’a aucune chance d’éviter cela. Je crois que le moment politique est venu pour tous les homes de valeur de s’organiser sur une ligne politique qui a comme priorité absolue la sortie de l’OTAN, le lien par laquelle la EU est vassalisée. Cela va donner à la France la liberté politique et militaire, ainsi que la chance de rebâtir ces racines culturelles et idéologiques. La possibilité d’établir des relations directes avec ses alliés traditionnelles comme la Russie, va apporter peu-à-peu de débouchées économiques extrêmement importants pour une deuxième phase (quinquennat ?) – le FREXIT. Au passage je voudrai remarquer que l’UPR me semble le seul groupement politique capable de cette tache malgré leur faible résistance contre la migration et le déracinement. L’UPR doit être convaincu de la nécessite du FREXIT en deux phases, leur chef, un home de valeur remarquable, aidé à devenir un vrai home politique. Se rassemblent à l’UPR avec cette objective me semble une meilleure voix que de créer de nouveau groupements politiques.
RépondreSupprimer"La possibilité d’établir des relations directes avec ses alliés traditionnelles comme la Russie"
RépondreSupprimerLes inégalités et l'oligarchie sont encore pire en Russie dont les riches sont les champions du monde de l'évasion fiscale, sans parler de la répression des journalistes.
"Mais le record en la matière est sans doute atteint par la Russie, où près de la moitié de la richesse financière du pays est détenue offshore."
http://www.lemonde.fr/paradise-papers/article/2017/11/07/gabriel-zucman-l-evasion-fiscale-est-non-seulement-injuste-mais-augmente-aussi-les-inegalites_5211586_5209585.html
La richesse financière peut se trouver à l’extérieur du pays mais les ressources qui la produisent restent toujours en Russie et ils sont exploités correctement : les matières premières, la terre, les homes. Les russes me semblent se contenter de leur vie. Il ne m’arrive pas à lire de grevés ou d’actions syndicales malgré la féroce guerre de propagande menée contre la Russie. L’économie russe a bien résistée à une manœuvre soutenue de faire baisser le prix du pétrole, à l’attaque simultané de sa monnaie, aux sanctions de toutes sortes (E-U et UE). En même temps elle impose ses propres sanctions sur les produits agricoles UE (qui font tant de mal aux agriculteurs français et autres), contrôle la situation dans le match avec l’Ukraine et dans la guerre en Syrie.
SupprimerLes oligarques ont été créés par Boris Yeltsin en privatisant la plus part de l’économie russe. À l’origine ils étaient d’apparatchiks soviétiques qui ont eu la chance de se trouver sur place, dans différents ministères soviétiques de ressort et qui avait accès aux ressources financières américaines et israéliennes par des liens familiaux. Yeltsin a créé un système politique de type oligarchie de minorité possédante en espérant de s’opposer à l’oligarchie communiste qui été encore au contrôle du pays. Il n’a pas compris que le but de ceux qui contrôlaient les oligarques était de détruire la Russie. L’élection de Poutine a changé les choses, d’où le mécontentement des ex-oligarques et leur « masters ». Le système politique russe actuel n’est pas une oligarchie de minorité possédante, mais la propagande E-U – UE continue à nommer les riches russes « oligarques » tandis que les riches américaines ou autres sont « milliardaires » tout simple.
Un autre pays important pour la France est l’Iran où il y a une forte appréciation pou la langue et la culture française. Peugeot a été une de première victime des sanctions contre l’Iran. Il en profite très bien maintenant, mais la possibilité d’une réinstauration des sanctions par les E-U n’est pas négligeable. Et alors ?