Plus
de 10 000 dollars, une valeur décuplée depuis le début de l’année : le
bitcoin bat tous les records, alors
même que Joseph Stiglitz prône son interdiction. Dans le même temps, les
entreprises phares du digital sont sous le feu des critiques sur leurs
pratiques en marge de la légalité, sous
les applaudissements des marchés, qui continuent de battre des records.
Qu’en penser ?
1929-1987-2001-2008-bientôt ?
Trois raisons
majeures à cela. D’abord, les
taux très bas ont rendus bien des placements peu intéressants, poussant par
ricochet les fonds à se déplacer sur des placements plus rentables. Les
seuls dividendes des grandes entreprises peuvent rapporter plus d’argent que
les obligations, augmentant la demande d’actions, et donc, in fine, leur cours.
Puis, il
faut reconnaître que les grandes entreprises n’ont gagné autant d’argent, en
proportion de la richesse nationale, justifiant une valorisation
supérieure. Mais on peut également penser que les esprits animaux des marchés
sont aussi à l’œuvre, poussant certaines valeurs totalement au-delà du
raisonnable, que
ce soit pour une entreprise comme Uber ou le bitcoin.
Georges Ugeux
affirme que « les
crypto-monnaies ne sont pas devises mais des jetons de casino ».
Tout indique qu’il s’agit d’une folie, mais le caractère moutonnier des marchés
ressurgit, d’autant
plus fascinés qu’il y a une révolution technique et que les Etats laissent
faire, malgré
ses nombreux côtés obscurs. Dommage que nos dirigeants n’écoutent pas Joseph
Stiglitz qui en prône l’interdiction. Le grand n’importe quoi sévit aussi
avec les licornes : Uber,
qui perd 2 milliards par an mais vaudrait plus que General Motors, Airbnb,
qui met en place une carte de crédit qui permet d’échapper au fisc. On peut
également mentionner la recrudescence des opérations de fusions-acquisitions.
Tous les
signes d’une bulle sont là et les signaux d’alerte apparaissent, comme
la déconfiture précipitée d’Altice, dont l’action a perdu plus de 60% de sa
valeur depuis juin. Les périodes de bulle sont propices à de telles
histoires, Patrick Drahi réunissant les excès de ce monde financier prêt à des
opérations à la taille totalement délirante, et le caractère destructeur des
coupes de coûts. Début
2009, j’avais imaginé un nouveau krach en 2017. Aujourd’hui, j’imagine
que nous aurons encore un peu de répit et que le prochain krach pourrait encore
tarder, juste avant ou après la prochaine décennie. Les extravagances
financières actuelles pourraient gonfler dans un contexte si favorable.
En revanche,
difficile de croire que Macron restera un président de temps calme. Nourrissant
la bulle par sa politique ultra-oligarchique, il
met la France sur la même trajectoire délétère du capitalisme fou étasunien.
Et son impopularité dans des circonstances pourtant très favorables laisse
penser que son château de carte politique sera bien fragile quand les
circonstances seront plus difficiles.
La crevaison de la bulle financière actuelle est inéluctable.
RépondreSupprimerLe problème du bitcoin est différent. Si ce sont vraiment des jetons de casino leur faillite ne fera peut-être pas plus de dégâts que celle d'un casino.
Mais est-ce le cas ? Le modèle monétaire du bitcoin est l'or, pas la monnaie papier. Quand le cours de l'or dégringole personne ne parle de crise financière, au contraire, car cela veut dire que les détenteurs de capitaux osent quitter leur refuge pour investir ailleurs.
Sauf que la rareté de l'or est garantie par la géologie, tandis que celle du bitcoin est garantie par un algorithme.
Si tous les ordinateurs tombaient en panne et si les disques durs étaient effacées, par exemple suite à l'explosion d'une bombe électromagnétique (mais il faut aussi surveiller les humeurs du soleil), les bitcoins seraient volatilisés, l'or serait toujours là.
Pourquoi vouloir réinventer l'or alors qu'il existe déjà ? C'est cela qui me paraît suspect dans le bitcoin.
Ivan
Peut-être vaudrait-il mieux surveiller le pétrole que l'or ou le bitcoin. C'est quand il a atteint 140$ le baril que la crise des subprimes a éclaté.
RépondreSupprimerOr la croissance mondiale est repartie depuis plusieurs années, même la France commence aussi à en profiter un peu, et déjà le pétrole repart à la hausse.
Quand il aura atteint son nouveau cours incompatible avec la poursuite de la croissance mondiale (peut-être est-ce toujours aux alentours de 140$) une carte tombera (comme celle des subprimes la dernière fois) et fera s'écrouler tout le château de cartes.
Ivan
@ Ivan
RépondreSupprimerLe bitcoin pourrait menacer à terme le système financier, s’il montait tellement haut qu’une forte correction (inéluctable) provoquerait une crise. Nous n’y sommes pas encore a priori, mais vu que sa valeur a décuplé en un an, cela pourrait vite arriver.
D’accord sur le pétrole. J’en ai parlé plusieurs fois car une montée un peu forte et rapide du pétrole pourrait provoquer une surchauffe (légère accélération de l’inflation, demande des pays producteurs), qui forcerait les banques centrales à monter les taux, ébranlant le château de carte actuel…
Oui mais une montée un peu forte et rapide du pétrole est inéluctable, car le premier pic (la définition du pétrole a été élargie depuis) a été atteint en 2006. Depuis lors nous savons qu'il n'y a plus assez de pétrole pour alimenter une croissance durable.
RépondreSupprimerIvan
Le bitcoin n'est pas une monnaie, mais plutôt un actif de thésaurisation, comme l'or ou le marché de l'art qui n'a toujours pas subi de bulle.
RépondreSupprimerLe risque du bitcoin est surtout une faille informatique révélée par un hacker.