« Une réforme fiscale inique », « un pari à haut risque » : voici comment le Monde a qualifié les
réformes fiscales initiées des deux côtés de l’Atlantique. D’un côté, un
éditorial au lance-flammes contre le projet de l’administration Trump, de
l’autre, une
présentation assez neutre. Pourtant, les projets fiscaux des deux
côtés de l’Atlantique sont extrêmement proches en réalité…
Le Monde pris en flagrant délit de favoritisme
Mais cette
attaque en règle est à double tranchant dans la mesure où tout cela s’applique
à la France, où les inégalités se
creusent, les profits des entreprises sont aussi au plus haut, le système éducatif est en
crise et l’Etat n’investit pas assez. Pire, les coupes dans les programmes
sociaux ont commencé, avec les APL. Mais surtout, les mesures qui ont été
votées sont tout de même très proches. Les grands gagnants des deux côtés de
l’Atlantique seront les entreprises, (l’IS passant de 35 à 21%
outre-Atlantique et de 35 à 25% en France), et les plus riches (suppression de l’ISF, baisse
des taxes sur les revenus du capital chez nous, de l’impôt sur les revenus et
les successions de l’autre).
Pourtant,
dans son éditorial de fin septembre, pas de condamnation : le budget Macron n’est pas
« inique », ce n’est qu’un
« pari à haut risque ». Et si le Monde admet un « allègement fiscal substantiel accordé aux contribuables les plus aisés
et, en particulier, aux fameux 1% les plus fortunés », cela est tout de même dit
en termes bien délicats… Le quotidien vespéral parle de « mesures symboliques (qui) risquent de parasiter l’ensemble de la
démarche budgétaire », et ne pas plaire aux Français. Même s’il reconnaît l’ampleur des
mesures (la taxation maximale des
revenus du capital passera de 58 à 30%), il évoque davantage un souci d’image et seulement
un pari incertain sur ses effets.
Bref, ce
grand écart absolument extravagant dans la façon de juger les budgets 2018 des
deux côtés de l’Atlantique montre à nouveau le manque de sérieux et les
préjugés effarants de ce journal qui se veut être une référence. Selon qu’elles viennent
d’une personne qu’il combat ou qu’il soutient, exactement les mêmes mesures
passent de l’inique dangereux et
injuste au pari audacieux mais
incompris…
Pire encore, le Monde ne se pose pas
la question des paradoxes de cette
époque qui voit la richesse des uns au sommet, et ceux-là même obtenir de
toujours moins contribuer à la société qui les fait riches. Ce n’est pas faute de ne
pas avoir tous les éléments réunis dans le même papier…
La réaité, c’est que Trump, comme
Macron, sont à contre-temps complet de l’histoire. Avec l’envolée
des profits des multinationales et des revenus des plus riches, qui
échappent trop souvent à l’impôt qui plus est, il faudrait augmenter leurs
impôts. Mais tous deux, par
superficialité et conformisme de classe, continuent à baisser leurs impôts. Une sévère défaite du cœur,
comme de la raison.
Il n'y a pas que Le Monde. Je me souviens d'un commentaire amusant de Nicolas Doze sur BFMTV au sujet des récentes réformes fiscales de Trump. Bien sûr ces réformes étaient jugées de manière positive, et estimées impossibles en France, en raison du déficit public. Malheureusement pour le commentateur, le déficit public était déjà supérieur aux USA à celui de la France avant les mesures de Trump, et ces dernières vont le faire exploser. J'en conclue qu'on se fout complètement des chiffres réels du moment qu'on fait passer un message idéologique conforme. C'est pourquoi on peut fourguer à ces "commentateurs" n'importe quelle statistique truquée (comme celle sur le chomage US), ils vont la valider sans aucun examen critique.
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