jeudi 21 décembre 2017

L’incroyable rapport qui juge le SMIC trop élevé



L’horreur sociale, en marche

Voici ici réunies bien des horreurs des oligo-libéraux. D’abord, ils trouvent le moyen de dresser les chômeurs contre les smicards, la rémunération trop élevée des seconds étant la cause de la situation des premiers. Salauds de smicards qui défendraient l’avantage acquis d’un salaire un peu trop gras de 1480 euros brut par mois, au prix d’empêcher les gentils patrons d’embaucher de pauvres chômeurs ! Ensuite, on retrouve cette tendance à avancer derrière de pseudo-experts qui détiendraient la vérité. Pourtant, ce nouvel assaut contre le niveau du salaire minimum ne repose sur aucune étude sérieuse, les grands économistes pointant au contraire les dangers des inégalités, même au FMI !

D’ailleurs, seulement 13% des salariés sont au SMIC, ce qui ne semble pas indiquer un niveau trop élevé. Mais le pire reste tout de même de voir ces augures que l’on devine issus des beaux quartiers qui pérorent sur le niveau trop élevé du salaire minimum du haut de rémunérations probablement très supérieures. Même si la remarque pourra être critiquée comme « populiste », difficile de ne pas souhaiter les voir vivre avec un tel salaire pendant quelques mois… Et un SMIC plus bas, ce serait aussi moins de consommations, et donc de richesse et de croissance. En fait, l’instauration d’un salaire minimum inférieur ferait du mal à l’économie et n’aurait absolument aucun contre-coup positif.

Car il faut être bien naïf pour croire qu’un SMIC inférieur de 10% génèrerait des emplois dans un marché unique où les entreprises peuvent trouver des salaires inférieurs de plus de 80% en Roumanie ou Bulgarie… La seule conséquence serait une baisse immédiate de la consommation et donc du PIB. Bien sûr, on peut brandir le cas de l’Allemagne en contre-exemple. Mais d’abord, outre-Rhin, il y a plus de pauvres qu’en France et le niveau de l’emploi outre-Rhin doit plus à la monnaie unique et à une bonne spécialisation industrielle. Et les dernières élections montrent bien les Allemands ne sont guère satisfaits par leur sort, la coalition au pouvoir ayant perdu plus de 20% de voix en 4 ans.

Quelle tristesse de voir l’état du débat en France, alors que la question agite les Etats-Unis, plusieurs états ayant choisi de fortement revaloriser le salaire minimum. En 2016, la Californie a décidé une revalorisation de 50% d’ici à 2022, à tempérer par le fait qu’il partait de bien plus bas que chez nous. Même Donald Trump, qui avait d’abord déclaré en campagne que les 7,25 dollars par heure étaient trop élevés, avait fini par dire que « les gens doivent recevoir plus ». Il est tout de même effarant que ce rapport n’ait pas été remis en perspective par l’évolution des Etats-Unis, ou même des récentes négotiations salariales en Allemagne où IG Metal réclame de fortes hausses de salaire.


Malheureusement, depuis des années, les ultralibéraux continuent à faire passer leur petite musique antisociale, The Economist évoquant en 2012 une baisse de 300 euros, alors que les patrons gagnent toujours plus. Encore une preuve du caractère profondément antisocial de ces pseudo-ouverts venus de la gauche qui ne sont que des oligarques fermés et dépourvus d’humanisme.

17 commentaires:

  1. Rapport troublant en effet, même si la levée des tabous est nécessaire au débat public. Pas étonnant donc que le gouvernement ait pris ses distances.

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  2. D'après le témoignage d'une député LREM, avec 5000€ on n'arrive pas à s'en sortir et on doit bouffer des nouilles. J'imagine même pas ce qu'on peut faire avec un SMIC

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  3. CE QUI EST TROP CHER ?
    C'est la paperasse .....
    A tous les étages de l'état aux PME!
    A tous les niveaux de la direction au fond de l'atelier !
    Seulement, si on réorganise et que l'on vire tous les inutiles, le chomage fera on bond encore impensable ! ! ! !

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  4. Entre 200 000 et 330 000 offres non pourvues fautes de candidat en 2017 d'après Pôle Emploi :

    http://bfmbusiness.bfmtv.com/emploi/faute-de-candidats-entre-200-000-et-330-000-projets-de-recrutements-ont-ete-abandonnes-1331455.html#xtor=AL-68

    Sauf que.... il n'y en a pas vraiment autant, il ne s'agit que d'une extrapolation, le chiffre réel des "postes non pourvus faute de candidat" compté par Pôle Emploi s’élève à 150 000.

    Et de toute façon ce ne sont pas vraiment des postes non pourvus faute de candidat non plus, puisque 87% des offres en question ont "pourtant" "suscité des candidatures" !

    Restent donc seulement moins de 20 000 postes qui sont vraiment restés non pourvus faute de candidat !

    Ivan

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    1. Il y a en France un vrai soucis que vos statistiques comptables ne reflètent pas. Un de mes proches est expert comptable dans un petit cabinet de 15 personnes. 7 sont parties depuis le début de l'année parce que c'est pas assez bien pour eux. Impossible de leur trouver des remplaçants. Et pourtant le cadre, le salaire, l'ambiance, la qualité de vie sont plus qu'attractifs (on est sur des CDI, hein, pas des emplois précaires !). Vous pourrez présenter les chiffres comme vous voudrez, mais le décalage entre la réalité de ce patron et la description d'un marché du travail en ruine où il est indécent de penser que quelqu'un puisse refuser du boulot tant la misère est grande est incompréhensible.

      Car apparemmment ce n'est pas le seul patron dans ce cas :
      http://mobile.lemonde.fr/economie/article/2017/12/21/la-moitie-des-entreprises-disent-avoir-du-mal-a-recruter_5233038_3234.html

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    2. L'article que vous citez reprend l'intox de Pôle Emploi sur le nombre de postes non pourvus faute de candidat, sans la discuter.

      Çà c'est du journalisme d'investigation ! Même pas capables de relever les contradictions qui sautent aux yeux dans un article de quelques dizaines de lignes...

      Mais il y a plus cocasse :

      "le bâtiment est sans doute le plus pénalisé. Les huit ans de crise qui ont laminé la filière ont pesé sur la formation, quantité de professionnels ont été contraints de se reconvertir."

      Ah bon ? Les patrons du bâtiment auraient préféré que les personnels qu'ils avaient licenciés ne se reconvertissent pas, pour rester immédiatement disponibles le jour où la conjoncture se retourne.

      Malheureusement notre merveilleux système d'indemnisation du chômage, le plus généreux du monde comme chacun sait, n'autorise cela en aucun cas.

      "Pour une personne de – de 50 ans : La durée maximum d'indemnisation est de 730 jours, soit 24 mois. Peu importe, si vous avez travaillé plus de 2 ans. Pour une personne entre 53 et 55 ans (à la date de fin du contrat de travail) : La durée maximum d'indemnisation est portée à 913 jours soit environ 2 ans et demi."

      https://www.google.fr/search?q=dur%C3%A9e+indemnisation+ch%C3%B4mage&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b&gfe_rd=cr&dcr=0&ei=Wgw9WtX0CIeC3gPx2b4Y

      Après il y a le RSA, mais uniquement pour les plus de 25 ans. Sinon c'est zéro !

      Autant dire que ceux qui n'ont toujours pas réussi à se reconvertir 8 ans après leur licenciement doivent être dans un triste état ! C'est sûr, ils ne sont pas immédiatement opérationnels...

      Eh bien les patrons n'ont qu'à se plaindre à leur syndicat, le MEDEF. C'est bien lui qui "négocie" les accords sur l'indemnisation du chômage avec les syndicats ouvriers, non ?

      Ivan

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  5. Un article ahurissant vient d'être publié dans la revue Science :

    Vers un quasi-triplement des demandeurs d'asile en Europe à cause du climat (étude).

    https://www.romandie.com/news/ZOOM-Vers-un-quasi-triplement-des-demandeurs-d-asile-en-Europe-a-cause-du-climat-etude/875160.rom

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  6. @ Anonyme

    Les tabous, je les vois plus sur l’euro, le protectionnisme, la création monétaire… Le gouvernement prend ses distances, mais c’est lui qui a choisi les experts, dont l’opinion était connue. Un bon moyen pour ne pas le revaloriser ensuite

    @ Toutatis

    Bien vu. J’aurais du rebondir dessus

    @ Ivan

    Merci pour ce décodage

    @ Anonyme

    Toujours ces cas particuliers… Et venant du très pro-entreprises Monde, on peut craindre un biais…

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    1. "Toujours ces cas particuliers… Et venant du très pro-entreprises Monde, on peut craindre un biais…"

      Ecoutez les patrons. Les exemples sont nombreux, ils confirment les analyses de l'INSEE rapportées par Le Monde.

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  7. "Un bon moyen pour ne pas le revaloriser ensuite"

    Le choix d'une augmentation du pouvoir d'achat par une baisse des cotisations sociales et non pas par une revalorisation du SMIC était une promesse de campagne. Elle sera tenue, tout comme l'a été la réforme du code du travail par ordonnance, et de l'IS. Le gouvernement n'a pas besoin de justifier le respect des engagements pris devant les francais avant les élections avec des rapports d'expert.

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  8. Il est à constater que bien souvent les libéraux qui prônent la suppression du smic, ne sont guère choqués et ne dénoncent pas les très hauts salaires de certains dirigeants d'entreprises de même que leur "parachute doré"... Ne pas oublier non plus que ces dirigeants ne sont que de simples employés (et non le véritable patron de la société comme pour une entreprise familiale).

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  9. Il y a une amélioration conjoncturelle dont tous les pays de la zone euro profitent y compris la Grèce mais pour ce pays c’est encore la calamité comme l’explique l’article ci-dessous signalé par LH : « 4 Grecs sur 10 vivent en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 500 euros par mois. Le chômage a baissé mais les petits boulots ont explosé. »

    https://www.franceculture.fr/emissions/le-choix-de-la-redaction/le-choix-de-la-redaction-mercredi-20-decembre-2017

    Ce sont les mêmes solutions qui vont devoir être appliquées en France progressivement. Dans le cadre de l’amélioration conjoncturelle en cours on pourrait penser qu'on prend le bon chemin, mais certains craignent, non sans raison, que le manque de compétitivité international de la France finisse par avoir des conséquences désastreuses (on les voit déjà en fait) d’où cette histoire de SMIC trop élevé. Au passage il faut souligner que dans la zone Euro il est particulièrement difficile pour un pays en crise de d’améliorer de façon simultanée la compétitivité en cassant les salaires à la baisse et en précarisant tout le monde et de régler le problème de l’endettement public car les politiques d’amélioration de la compétitivité sont des politiques déflationnistes. Hors une des bases de l’économie c’est que l’inflation réduit la dette, comme c’est expliqué ci-dessous et que la déflation est favorable au créancier au détriment du débiteur, quand celui-ci est l’État c’est ennuyeux :

    http://www.bsi-economics.org/240-%E2%98%86-pourquoi-l%E2%80%99inflation-reduit-de-la-dette

    Dans le cas de la Grèce il fallait sortir de l’Euro, pour avoir la dépréciation du change, l’inflation qui va de pair avec et quelques autres bricoles utiles comme une banque centrale finançant l’État à taux amical et sans excès pour ne pas créer un problème d’hyperinflation.

    Mais apparemment les solutions pragmatiques n’ont pas pu être appliquées en Grèce, je crains que la France prenne progressivement le même chemin. J’espère me tromper mais j’en doute beaucoup.

    Saul

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  10. @ Anonymes

    La somme des intérêts particuliers ne produit pas forcément de l’intérêt général
    Il n’est pas inintéressant de voir qu’il choisit des experts dont on sait qu’ils proposent une baisse du SMIC

    @ Saul

    Merci pour ces précisions

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    1. "La somme des intérêts particuliers ne produit pas forcément de l’intérêt général"

      Là vous n'avez plus d'argument !

      "Il n’est pas inintéressant de voir qu’il choisit des experts dont on sait qu’ils proposent une baisse du SMIC"

      Bon ok, vous marquez un point ...

      Je vous souhaite une bonne soirée et de très bonnes fêtes

      ;-)


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  11. Le smic est un obstacle, ben rétablissons l'esclavage !

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  12. Ne désespérez pas, car vous savez qu'un jour tout recommencera : Lisez-vite ce livre qui vous fera vibrer.

    UNE RÉVOLUTION EN HÉRITAGE - Alain KERHERVÉ
    Préface de Michel ANFROL
    La politique sociale de Charles de Gaulle

    « N’en doutons pas, toutes les salves
    du gaullisme ne sont pas encore tirées.
    Et la dernière viendra d’outre-tombe ».
    Jean-Raymond Tournoux

    Cet ouvrage sur la politique sociale de Charles de Gaulle veut évoquer un thème fort peu évoqué par l’ensemble des biographies et ouvrages consacrés à sa politique.

    Du discours d’Oxford en 1942 jusqu’au référendum de 1969, en passant par l’incontournable programme du CNR et les nombreuses réformes, c’est toute une vie au cours de laquelle Charles de Gaulle entend mener une révolution sociale.

    Alain Kerhervé fait œuvre d’historien en proposant une analyse chronologique de l’œuvre inachevée de Charles de Gaulle et fait le récit des mois qui ont précédé le référendum d’avril 1969 décrivant les agissements de ceux qui ont voulu torpiller son ambition sociale.

    Tout cela se serait passé différemment si l’attitude de Pompidou avait été différente. Charles de Gaulle à Michel Debré, le 24 avril 1969.

    Alain Kerhervé, chroniqueur politique notamment sur le site internet gaullisme.fr est également acteur de la vie publique, il a longtemps dirigé une organisation syndicale de salariés et est aujourd'hui élu local d'une ville bretonne.



    Encore lui ? Encore un film ? Encore un livre ? Où et quand cesserez-vous les fouilles dans la vallée du Roi ? (Jean Lacouture — Nouvel’Obs du 9 septembre 1988). 27 ans plus tard, le constat est toujours d’actualité. « Jamais bien sûr, ni nous, ni personne à venir. Qui oserait prétendre que l’essentiel a été dit et écrit sur le personnage immense dont nous n’avons pas cessé de mesurer sur notre paysage, notre horizon, dans notre conscience collective, l’ombre portée » répond l’auteur de quelques milliers de pages consacrées à Charles de Gaulle.

    L’hebdomadaire L’Express du 8 mai 2008 corrobore cette approche. Christian Makarian évoque l’avenir du gaullisme politique : « Alors que le képi et l’uniforme ont presque disparu de notre paysage politique, que la froideur de la mondialisation semble éteindre toute fièvre de grandeur », alors que la crise économique et sociale actuelle asphyxie toute initiative de changement, « ce géant né au XIXe siècle a encore tant de chose à dire, tant de chose à partager ».

    Le Pays, dans toutes ses composantes, attend que l’on replace les femmes et les hommes au cœur de toute chose. À l’image de ce qu’Hervé Gaymard déclarait au Figaro le 9 novembre 2000, « il faut bâtir un nouvel humanisme qui rétablisse le principe de responsabilité avec une citoyenneté active qui permette à l’homme de s’épanouir dans sa vie, dans sa famille, dans son travail, dans la cité », il nous faut construire avec persévérance la démocratie de participation.

    « Il est clair que l’une des raisons principales de notre déchirement intérieur, c’est l’injustice de la condition ouvrière » affirmait l’homme du 18 juin (Saint-Brieuc, 9 juin 1951).

    Cet ouvrage sur la politique sociale de Charles de Gaulle veut réhabiliter un thème fort peu évoqué par l’ensemble des ouvrages consacrés à son œuvre.

    Du programme du CNR au référendum d’avril 1969, Charles de Gaulle veut mener une révolution sociale qu’il ne pourra mener à terme.

    L’œuvre inachevée de Charles de Gaulle, la Participation, l’auteur, Alain KERHERVÉ en propose dans ce livre une analyse chronologique et dénonce ceux qui, dans l’entourage du Général, ont voulu torpiller son ambition sociale.

    Charles de Gaulle en appelle à tous :
    « Puisque tout recommence toujours, ce que j’ai fait sera, tôt ou tard, une source d’ardeur nouvelle après que j’aurai disparu »

    À mon humble niveau, celui d’un militant syndical, puis élu local, le moment est venu de participer du mieux que je peux à l’évocation d’un thème à mon avis insuffisamment traité : la politique sociale de Charles de Gaulle.

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  13. Je ne crois pas que ce soit la politique sociale de Charles de Gaulle ni la réforme du Sénat et du CES (sujet trop technique) que les français ont rejeté en 1969, mais la régionalisation.

    Congédier l'homme du 18 juin, ce n'était pas un mince sacrifice de la part du peuple pour éviter la régionalisation. Et bien, on la lui a imposée quand même.

    Ivan

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