Beaucoup
présentent l’Allemagne comme le modèle à suivre en Europe, oubliant
que tous les pays ne peuvent pas avoir simultanément un excédent commercial de
7% du PIB. Bien pire, comme
beaucoup le soulignent depuis des années, les
réussites de ce pays sont bien mal partagées et les Allemands viennent de
sanctionner les politiques suivies lors des dernières législatives.
Appauvrissement
et immigration
Ces résultats
ont plusieurs sens. D’abord, le
succès des partis les plus critiques à l’égard de la politique dite d’accueil
des migrants montre bien qu’une partie de la population allemande y reste
fondamentalement hostile. Et encore, Merkel a été en partie couverte par
son propre parti, et notamment son aile bavaroise, ce qui a sans doute permis
de contenir l’envolée du FDP et de l’AfD. La
forte chute des partis centraux peut montrer que bien des Allemands ne sont pas
satisfaits par les politiques suivies depuis des années et cherchent une
alternative, seul l’éparpillement des votes d’alternances sur quatre
partis sauvant encore provisoirement les deux grands partis que sont le SPD et
la CDU.
Edouard
Husson propose une analyse intéressante de cet échec d’Angela Merkel et
rappelle utilement que les
pays pionniers de la vague ultra-libérale, le Royaume-Uni et les Etats-Unis,
viennent tout juste de voter contre la globalisation, avec le Brexit et Trump.
Certes, contrairement à 1979 et 1980, cela ne provoque pas un virage brutal car
l’ultralibéralisme s’est enkysté dans nos sociétés par un ensemble de règles et
de traités qui ne permettent plus un véritable changement. Mais on peut
considérer que le vote des Allemands marque une nouvelle étape dans le rejet
grandissant de la globalisation. Husson
fait aussi un parallèle entre Macron et Mitterrand, la France étant en retard
dans ce chemin.
Au global, cela
montre que les politiques suivies depuis 15 ans sont loin de pleinement
satisfaire les allemands, non seulement sur l’immigration, mais plus
largement encore. Si tout était bien allé, alors
l’accueil des migrants n’aurait pas pu provoquer un tel chamboulement. Mais
comme nous sommes nombreux à le dire depuis des années, l’Allemagne est tout
sauf un modèle. Les politiques de l’offre, de Hollande et Macron, qui
consistent à favoriser la compétitivité des entreprises, tout en précarisant
les salariés, posent bien des problèmes, même en Allemagne, même avec un
immense excédent commercial. Tout
ceci a produit une hausse préoccupante de la pauvreté outre-Rhin.
Quel
paradoxe d’accumuler des centaines de milliards d’excédents alors qu’une partie
de la population s’appauvrit. C’est sans doute ce qui ressort dans l’échec
des deux grands partis lors des élections, même si aucune alternative ne s’est
encore imposée. Merci aux Allemands pour ce coup de semonce qui montre que
l’ordre oligolibéral, même
s’il a gagné une bataille avec le glyphosate, est contesté.
Et bing ! l'Autriche qui fait entrer une nouvelle fois l'extrême-droite au Parlement. En plus de la vice-chancellerie, cette fois-ci le FPO récupère 3 ministères régaliens: l'Intérieur, la Défense et les Affaires Étrangères. Sans compter les positions très eurosceptiques (qui ne devraient pas conduire à un referendum type Brexit). Un des thèmes qui a porté le FPO: l'immigration. Cette thématique créé une vraie lame de fond dans l'UE. Ne pourrions-nous pas en discuter sereinement en mettant toutes les cartes sur table ? Cela éviterait peut-être cette poussée (que je trouve personnellement inquiétante) des extrêmes.
RépondreSupprimerBonne journée
Sylvie
Je ne vois pas ce qu'il y a d' "extrème" dans les partis qui arrivent au pouvoir en Autriche. C'est la politique actuelle de l'UE qui est extrème.
SupprimerD'accord avec vous notamment sur la poussée des extrêmes en Europe (et pas exclusivement dans l'UE). On pourrait parler de l'immigration mais aussi d'autres sujets type ultra-libéralisme, communautarisme, évasion fiscale etc...etc... en jouant cartes sur table comme vous le dites.
SupprimerA quand la grande discussion ????????
Si le FPO a fait une campagne très en vue et a fini au gouvernement c'est avant tout pour le thème de l'immigration. Car en matière économique il est plutôt pour moins d'impôts et une intervention réduite du monde politique dans les affaires économiques.
RépondreSupprimerMais en effet, sa (re)venue au gouvernement autrichien et les 3 postes régaliens qu'ils décrochent posent question sur la montée des extrêmes.
L'Anonyme du Jour