C’est un
sujet fondamental dont
je parle depuis les débuts du blog : la montée des inégalités depuis des
décennies est non seulement profondément injuste, mais
également dangereuse pour la stabilité de nos sociétés. Un groupe
d’économistes vient de publier la
première étude mondiale sur le sujet, portant de 1980 à 2016. Une
contribution majeure à un débat plus que nécessaire.
Toujours
plus haut, notamment aux Etats-Unis…
« Préoccupés du seul soin de faire fortune,
les hommes n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière
de chacun d’eux à la prospérité de tous », Tocqueville
Et encore,
les chiffres globaux ont tendance à camoufler certaines évolutions. On pense
ici au
déclassement d’une majorité de la population étasunienne, dont les revenus ont
carrément baissé depuis 40 ans, comme le montraient les chiffres partagés par
Emmanuel Saez. L’évolution de la part des revenus qui revient aux 10% les
plus riches est intéressante. Si l’Europe devient plus inégalitaire, elle l’est
le moins, avec 37%, suivie par la Chine, à 41%. Il est frappant de voir que les
Etats-Unis ont dépassé la Russie (47 et 45,5%), la palme revenant au
Moyen-Orient (61%), devant l’Afrique, le Brésil et l’Inde, autour de 55%. Les
chiffres indiens en disent long sur le pays, qui était à 35% en 1990.
Les
économistes soulignent la différence d’évolution des deux côtés de l’Atlantique:
en
1980, le 1% le plus riche gagnait 10% du total des revenus en Europe, contre
10,7% aux Etats-Unis. En 2016, c’est le grand écart : 12,2
contre 20,2%. On retrouve le même phénomène avec l’évolution de la part des
revenus des 50% les moins riches, passé
de 23,5 à 21,7% en Europe et de 20,7 à 13,1% aux Etats-Unis sur la même période.
Où l’on voit que l’enrichissement du 1% le plus riche semble être directement
lié à l’appauvrissement des 50% les moins riches… On retrouve un phénomène
similaire sur la répartition du patrimoine, où
les Etats-Unis sont revenus un siècle en arrière en 40 ans.
Deux
co-auteurs du rapport, Lucas
Chancel et Gabriel Zucman, soulignent, dans une interview que « la hausse des inégalités n’est pas une
fatalité, c’est le résultat de choix politiques », ce que montrent
les différences d’évolution. Ils soulignent le rôle du système éducatif, que
j’avais développé dans ma série sur « le
cauchemar étasunien ». Mais ils surestiment un peu la modération
de l’évolution sur notre continent, d’une part car la situation se dégrade
fortement depuis la crise et parce que le chiffre européen cache de fortes
disparités. On a vu le
résultat en Allemagne, avec la hause de la pauvreté, plus forte que chez nous,
malgré les succès du pays, qui ne sont pas du tout partagés.
De manière
tout aussi intéressante, le
Monde point que cette explosion des inégalités
menace la stabilité de nos sociétés, rejoignant une conclusion du
rapport de McKinsey sur l’automatisation pointant que pas moins de 800 millions
d’emplois sont menacés. Le problème est que nos
dirigeants, à Paris comme à Washington, accentuent les problèmes au lieu de
chercher à les corriger.
Jeudi 28 septembre 2017 :
RépondreSupprimer"Un raz-de-marée de la misère" : le président du Secours populaire particulièrement touché par les retraités qui demandent à manger.
En marge de la manifestation des retraités contre la hausse de la CSG, Julien Lauprêtre, président du Secours populaire, a témoigné jeudi 28 septembre sur franceinfo du "drame" des personnes âgées touchées par la pauvreté. Celui qui le touche "le plus".
"Le nombre de personnes âgées qui viennent demander de l'aide au Secours populaire français est en augmentation croissante, a-t-il détaillé. L'année dernière, nous avons aidé trois millions de personnes en France et il y avait parmi elles de nombreux retraités. C'est un raz-de-marée de la misère."
« C'est le drame qui me touche le plus, voir des retraités qui ont travaillé toute leur vie et qui viennent demander à manger au Secours populaire, c'est vraiment douloureux. »
Julien Lauprêtre a également pointé "le drame de l'accès aux soins" qui est "difficile".
"Nous avons créé « les médecins du Secours populaire ». Nous avons passé un partenariat avec l'Ordre national des médecins pour essayer de soigner les personnes qui n'ont pas les moyens de le faire", a-t-il expliqué.
http://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/un-raz-de-maree-de-la-misere-le-president-du-secours-populaire-particulierement-touche-par-les-retraites-qui-demandent-a-manger_2393236.html