Déjà, ministre, il s’était
distingué en disant qu’il « faut des
jeunes qui aient envie d’être milliardaires » quand la grande richesse
s’exprimait plutôt en millions, un indice sur les repères de celui qui n’était
alors que ministre de l’économie. Bien évidement, une fois arrivé à l’Elysée,
il met en œuvre une politique au service des milliardaires comme jamais il n’y
en a eu en France depuis des décennies.
Le robin
des riches
Bien sûr, le gouvernement et les
ultralibéraux affirment que cela est nécessaire pour notre compétitivité et
éviter que les riches fuient notre pays. Depuis longtemps, certains média rapportent de
manière alarmiste le départ de quelques centaines de contribuables payant l’ISF,
comme s’il s’agissait d’un flot considérable de pauvres persécutés par notre
fiscalité proto-communiste. En réalité, le nombre de départs est dérisoire et s’explique par
quelques désertions et des expatriations de français par des multinationales.
Mieux, quelques chiffres remettent largement en cause la fable de cette
persécution fiscale des hauts revenus ou patrimoines, comme le rapporte l’Observatoire des inégalités.
En effet, si
les plus riches étaient opprimés fiscalement en France, alors, notre pays en
compterait moins que la moyenne. Manque de chance, les statistiques semblent
indiquer que la France n’est pas si hostile pour les plus riches puisque nous
en comptons plus que tous les pays européens, à l’exception de la Norvège. En effet, le seuil pour faire partie
du 1% le plus riche est à 7 631 euros par mois, contre 4 976 pour l’UE, 6 581
outre-Manche ou 6 000 tout rond en Allemagne. Bref, en France, les plus riches sont plus
riches qu’ailleurs en Europe. Le rapport entre les revenus
des plus riches et les autres est également supérieur au reste de l’Europe,
Portugal à part, invalidant certains discours.
Bref, dans un
tel contexte, il est encore plus choquant de mener la politique fiscale que Macron
mène depuis son arrivée au pouvoir. Rien,
absolument rien, ne justifie cette baisse massive de la fiscalité pour les plus
riches et les revenus du capital, alors qu’ils touchent des plus hauts
historiques, et que la fiscalité française n’est pas si lourde que cela. Et
reste encore à venir l’effarante baisse de l’impôt sur les sociétés, qui
aura également un effet sur les inégalités en gonflant les profits nets, les
dividendes, les cours boursiers et les réumérations des dirigeants. Pire,
le démantèlement du droit du travail facilite les licenciements boursiers comme on a pu le voir pour
Peugeot Citroën ou Pimkie.
L’ancien
banquier d’affaire mène la politique du petit monde dans lequel il se projette,
sans même se poser la question si les intérêts de cette minorité coïncident
avec l’intérêt général. Un indice : aux
Etats-Unis, qui sont en avance, cette petite minorité s’enrichit outrageusement
au détriment de l’immense majorité. En 2017, les milliardaires
s’y sont enrichis de 1000 milliards de dollars.
La délocalisation est le maitre mot, depuis l'ouverture des frontières tout ce qui peut produire de la richesse s'expatrie et tout ceux qui rentre chez nous c'est pour en ramasser les miettes tant qu'il y en a!
RépondreSupprimerJ'ai un peu de mal à comprendre votre argumentaire car le terme "riche" désigne à la fois des milliardaires, des actionnaires de grand groupe, et des gens qui gagnent plus de 7631 euros par mois. Parmi ces derniers il y a des gérants de TPE dont les revenus peuvent s'arrêter du jour au lendemain. Ils n'ont pas droit au chômage, et les quelques économies qu'ils auront réussi à mettre de côté après s'être acquitté de toutes leurs taxes ne suffisent pas encore à créer une rente, et la retraite est encore très lointaine. Ces taxes sont importantes, et la question de l'évasion fiscale ne se pose pas car ils n'ont pas le choix. Ils doivent rester à proximité de leurs clients. Un bon nombre de ces gérants apprécieraient de voir justement cette pression fiscale redescendre. Peut-être que ça les motivera davantage, eux et ceux qui hésiteraient à se lancer dans l'aventure. Je connais bien cette situation car c'est la mienne. La retraite, c'est dans 25 ans. Ces mesures, elles me plaisent. Je veux bien assumer le statut d'ami de Macron. Mais je vous le confirme : hélas, je ne suis pas milliardaire.
RépondreSupprimerBientôt les riches Macronistes créerons une sorte de téléthon pour que les pauvres puissent leurs venir en aides...
RépondreSupprimerBonne idée en effet que d’élargir le principe de solidarité nationale aux modestes entrepreneurs qui perdent tout après une période de hauts revenus pendant laquelle ils ont largement contribué à cette même solidarité grâce au très légitime principe de progressivité de l’impôt.
RépondreSupprimerMais pas sûr que le téléthon ça marche.
Pour en revenir au sujet sur lequel j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur ce blog : mettre dans le même panier les milliardaires, les actionnaires du GAFA, feu Indgrid Betencourt dont le taux d’IR était à 20% je crois (un scandale !) et ces entrepreneurs, c’est une erreur.
Billet très injuste pour un homme qui, tout de même, est lumière du monde depuis sa triomphale élection sur les forces de régression en 2017. Je tiens, en tant que progressiste, à indiquer qu'il apparaît essentiel d'avoir le souci d'un propos nuancé sur des situations complexes dont nous n'avons pas toutes le données afin d'apprécier le souverain coup de barre idéologique qu'imprime sur la France, et le monde, ce haut manager général en charge de l'avenir - et je ne pense pas exagérer en le disant - de la démocratie-monde. Il est heureux à ce propos, et en même temps, de constater que le journalisme professionnel, le journalisme sérieux, juste et vrai, celui des journalistes, témoigne de ce souci de mesure face à la tâche immense de notre Grand organisateur et suprême manager. Trop souvent l'on a, de loin, à l'emporte pièce, critiqué dans l'immédiateté la plus trompeuse, versant presque dans les "fakes news", une action dont la cohérence, l'onde de développement, enfin la grâce de justice et de vérité, ne pouvait apparaître que sur le temps long. Laissons le temps au temps, laissons au temps sa vérité. Ce siècle, jeune, est bien trop ami des réflexions faciles et des effets immédiats, alors même que les crises que nous ne cessons de traverser commandent retenus, expectative et sérieux. Trop souvent encore une certaine habitude d'ironie à prévalu face aux balbutiement des grandes aventures humaines. Je me demande d'ailleurs à quel point l'ironie n'est pas mère de toutes les fake news, et s'il ne faudrait pas étudier de près cette attitude réactionnaire en diable, et contre-productive par nature, s'agissant notamment du destin de la vérité à l'échelle de l'univers. A la suite de tels constats, une critique pertinente de notre exécutif ne semble possible avant que ce soit écoulé un ou deux siècle. Gardons-nous de trop de précipitation et ménageons l'avenir, par exemple par un souci permanent de bienveillance à l'endroit des hommes et des femmes qui ont choisis le dur métier de conduire tout un peuple à la félicité.
RépondreSupprimerEt ben voilà ! Merci pour votre blog Laurent, grâce à vous j'ai réussi à en convaincre un.
SupprimerVous êtes militant LREM ?
SupprimerCordialement.
Non, ma remarque se voulait ironique, comme l'intervention précédente (j'ai beaucoup moins de talent, je dois bien le reconnaitre !).
SupprimerJ'ai soutenu la campagne de Macron (financièrement + participation à un meeting), et voté pour lui.
Rien de plus depuis l'élection. Je n'ai pas participé au vote sur les statuts par exemple. J'ai récemment pris mes distances en me désinscrivant des différentes listes (marre d'être bombardé de mail).
Je ne dirais donc pas que je suis militant, mais plutôt sympathisant. Depuis l'élection j'observe des bonnes choses, et des moins bonnes dans l'action de Macron. A ce stade la balance reste en sa faveur, mais ça peut changer. Je crois beaucoup à la démonstration par les résultats.
@ Anonyme 14h03
RépondreSupprimerIl est bien évident que Macron ne pourrait pas avoir gagné en plaisant seulement aux milliardaires. Il plait aussi aux classes supérieures et une partie des classes moyennes. Il n’en reste pas moins que baisser les taxes de ceux qui ne cessent de s’enrichir davantage depuis des décennies me semble totalement injuste. Après, il est certainement possible d’améliorer la justice de notre système économique. Le patron de TPE n’est probablement pas le plus favorisé.
@ Anonyme 22h30
Mais où est-ce que je les mets dans le même panier. J’ai choisi justement un graphe qui montre les grandes différences de sources de revenus
"Mais où est-ce que je les mets dans le même panier"
SupprimerOui, j'ai un peu caricaturé. Pas vous ?
"J’ai choisi justement un graphe qui montre les grandes différences de sources de revenus"
Rien à dire sur le graphe en effet. Ma remarque vient du fait que votre argumentaire s'appuie aussi sur l'étude de l'observatoire des inégalités, qui fait une analyse comparative du revenu minimum des 1% des revenus les plus élevés pour conclure : "France, le pays où les riches sont très riches". Je m'interroge sur la méthode car je pense que la richesse devrait s'exprimer en termes de capital, pas de revenu à l'instant t.
Est-ce que les mesures de Macron sont une bonne nouvelle pour les milliardaires ? Oui, de toute évidence. Et alors ? On n'a pas de soucis à se faire pour eux, quelles que soient les mesures qu'on prenne ils s'en sortiront. Donc je ne pense pas que ces mesures aient été prises pour eux.
C'est important de donner envie d'entreprendre, sans faire une usine à gaz. Si le fait de baisser l'IS de 33 à 20% permet de remotiver les entrepreneurs, j’achète. Même si cette mesure profite aussi à des milliardaires qui n'en ont pas besoin.
L'ISF est une mesure idéologique inefficace. Avec le principe de progressivité de l'impôt sur le revenu d'une part, et les frais de succession d'autre part, on avait déjà tous les outils pour assurer la solidarité. Il a fallu qu'on rajoute cette verrue qui n'apporte rien d'autre que d'envoyer un message de punition. La contribution des riches n'était pas suffisante ? Et bien il suffisait de bouger les curseurs des deux premiers impôts. Pas la peine d'appliquer un traitement communiste dans le mauvais sens du terme, même à dose homéopathique. J'espère bien que la suppression de l'ISF sur les revenus du capital financier n'est qu'une première étape visant à sa suppression définitive.
Il me semble que le vrai problème avec les milliardaires est ailleurs. C'est qu'ils ont le luxe de pouvoir s'affranchir des règles. C'est là-dessus qu'il faut agir. Car si les activités françaises des GAFA étaient soumises au même IS que ma micro-entreprise, et si Mme Bettencourt avait elle aussi été taxée à 41 % sur ses revenus marginaux, je pense que nos finances se porteraient bien mieux, même après avoir passé l’IS à 20% et aboli l’ISF. Pour le coup je regrette que ce problème ne soit pas affiché comme une priorité pour Macron.
Emmanuel Macron a semble-t-il tenu quelques propos surprenant lors de sa visite récente au Royaume-Uni, voir cet article :
RépondreSupprimerhttps://www.express.co.uk/news/uk/907719/Macron-France-vote-to-LEAVE-EU-referendum-Brexit-Brussels-Marr
Traductions partielles de cet article:
« Cependant, parlant à Andrew Marr sur la BBC, M. Macron a indiqué qu'il perdrait un référendum français sur l'adhésion à l'UE. Interrogé sur le vote du Brexit, le président candidat a déclaré à Marr: "Je ne suis pas le seul à juger ou à commenter la décision de votre peuple." Mais selon moi, beaucoup de perdants de la mondialisation ont décidé que ce n'était plus eux. "
Le journaliste de la BBC a demandé: "Si la France avait eu le même référendum, il aurait pu avoir le même résultat?" Macron a répondu: "Oui, probablement, probablement, oui, dans un contexte similaire, mais nous avons un contexte très différent en France." Il a ajouté: "Je ne prendrais aucun pari - je me serais battu très fort pour gagner. "Ma compréhension est que les classes moyennes et les classes populaires et les plus âgés ont décidé que les dernières décennies n'étaient pas en leur faveur, et les ajustements faits par l'UE n'étaient pas en leur faveur. "Je pense que l'organisation de l'UE est allée trop loin avec la liberté sans cohésion, des marchés sans règles." Le leader français a critiqué David Cameron pour avoir tenu un référendum avec une simple réponse oui / non sur l'adhésion, au lieu de demander comment améliorer la situation.
apparemment ça doit être plus rentable de bosser pour une poignée de milliardaire. à vomir :/
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