Les marchés
n’avaient déjà guère apprécié les
annonces protectionnistes de Trump sur l’acier. Pourtant, en quelques
jours, les exemptions se sont multipliées (après
le Mexique et le Canada, les
pays européens), en limitant la portée. Mais la
dernière salve du président des Etats-Unis contre la Chine a provoqué une
nouvelle déprime boursière. Que penser de cette réaction ?
Mais quels
intérêts sont réellement menacés ?
Mais le plus
effarant n’est-il pas le fait de prendre
la réaction des bourses comme la mesure du danger que représenteraient les
mesures protectionnistes de Trump ? En quoi les bourses ont-elles
démontré être des boussoles de l’intérêt général ces dernières décennies, ces
bourses « exubérantes et
irrationnelles », en pleine bulle, la troisième des vingt dernières
années ? Ces bourses ne sont la boussole que des intérêts très limités
et ultra-minoritaires des actionnaires des grandes entreprises. Pire, leur
succès n’est pas absolument pas partagé, et il se paye depuis plus de trente
ans, d’inégalités croissantes, d’une instabilité violente et d’une
dégradation de l’état général de la planète.
Bref, le
fait que les bourses baissent quand Trump annonce des mesures protectionnistes
indique sans doute que le protectionnisme fait perdre les actionnaires des
grandes entreprises. Et comme leurs gains sont souvent les pertes de tous les
autres, on peut en déduire que leurs pertes sont les gains de tous les autres.
D’ailleurs, le
dernier coup de tabac des marchés n’avait-il pas été provoqué par une hausse un
peu plus rapide que prévue des salaires aux Etats-Unis ? Bref, les
réactions des marchés financiers indiquent sans doute, de manière inversée, le
sens de l’intérêt général, et ici, ils indiquent que le protectionnisme, c’est
l’intérêt général, contre ceux des actionnaires des grands groupes.
L’importance
de leur réaction en dit long sur l’importance du sujet, tant
le soufflé protectionniste sur l’acier est retombé avec l’exclusion des pays
européens. D’ailleurs, les annonces de Donald Trump sur la Chine sont
finalement modérées : seuls
60 milliards de marchandises sont visées, pour un déficit d’au moins 375
milliards. Beaucoup de bruit pour une cible de seulement 16% du déficit
bilatéral : il ne s’agit pas d’une guerre comme le disent des média à
courte vue, mais d’un petit ajustement. Pour une fois, le président des
Etats-Unis pêche sans doute par excès de mesure, révélant
de facto à nouveau un biais plus favorable aux intérêts du monde des affaires
qu’à ceux de son peuple.
Les marchés
financiers sont décidément incorrigibles. Outre le fait de célébrer dans le
champagne toute annonce de destructions d’emplois, voilà qu’après
s’être inquiétés d’une hausse des salaires de 2,9%, signifiant seulement que
toute la croissance ne revient plus aux 1%, de modestes annonces
protectionnistes leur font bien peur. Ce faisant, ils indiquent ce qu’il faut
faire pour l’intérêt général.
"On prétend que les économiques sont très majoritairement favorables au libre-échange.
RépondreSupprimerIl s’agit d’une caricature.
En effet, si la plupart des économistes considèrent que le commerce est une meilleure situation que l’autosuffisance, ils ne sont pas forcément favorables, en toute époque, pour tous pays et sur tous les marchés, à plus d’ouverture commerciale. Si les économistes se rangent plus souvent du coté des partisans de l’ouverture que du côté des mercantilistes non coopératifs, c’est d’abord par prudence, et en particulier par crainte des retombées de la guerre commerciale.
S’ils sont sceptiques quant au protectionnisme, ce n’est pas par rejet des considérations d’équité, mais plutôt par méfiance vis-à-vis de politiques commerciales qu’ils préfèreraient voire remplacées par des aides sociales ou des mesures d’accompagnement destinées aux salariés victimes des importations.
Cohérents avec l’idée que l’échange est plus profitable que l’autarcie, les économistes pensent qu’il est souhaitable, et possible, d’indemniser les « perdants » avec les gains des « gagnants »."
https://ecointerview.wordpress.com/2018/03/19/non-les-economistes-ne-sont-pas-des-libre-echangistes-beats/
"Les intérêts des marchés financiers sont à l'opposé de l'intérêt général, à savoir l'équilibre économique des Nations. Ils sont donc un bon baromètre politique sauf qu'il faut retourner l'interprétation qu'en font les médias assujettis": TOUT A FAIT D'ACCORD.
RépondreSupprimerQuand les bourses plongent suite à une annonce, on peut penser que celle-ci est bonne pour le peuple.