Voilà un
an que Theresa May a lancé la procédure de l’article 50 pour lancer le Brexit,
neuf
mois après que les britanniques aient voté pour sortir de l’Union Européenne.
Le moment de faire un bilan sur ce qui s’est passé, de mettre
chaque camp en face de ses analyses et de prendre
du recul sur le chemin qu’il faudrait prendre pour, nous aussi, un jour, quitter
le monstre institutionnel européen.
Une sortie, au ralenti
Sur la croissance, les débats sont assez agités. Le
camp du « Bremain » avait parfois assez imprudemment annoncé un
cataclysme, qui n’est pas venu. Depuis, ils
s’accrochent aux quelques dizièmes de pourcents de croissance de moins de la
Grande-Bretagne par rapport à la moyenne de l’Union Européenne ou la légère
remontée de l’inflation consécutive à la baisse de la livre. Mais l’écart
reste minime à date et il serait utile de voir l’évolution détaillée par
décile. En effet, si le petit écart actuel de croissance vient uniquement du dégonflement
de la sphère des très hauts revenus, qui
préfère le cadre plus oligarchique de l’UE, alors cet écart n’est en aucun
cas un problème pour le Royaume Uni.
Malgré tout, à
moins que le pays ne mette en place une politique nettement plus progressiste
que dans l’UE, ce qui n’est pas à l’ordre du jour, il faut bien reconnaître
qu’un très léger décalage de croissance pourrait persister à court terme. En
effet, même si la période de transition va durer jusqu’à décembre 2020, les
multinationales devraient préférer le cadre européen, qui leur est plus
favorable, et laisse moins de latitude d’action aux Etats pour encadrer la
quète des intérêts de leurs actionnaires. Par conséquent, il est probable
qu’elles préfèrent des implantations continentales. Mais ce faisant, encore
une fois, l’UE montre qu’elle est un espace qui sert d’abord les intérêts du
monde des affaires.
Cependant, le gouvernement actuel britannique n’a
pas de projets très différents de ceux
de l’UE, à la question migratoire près, ce qui explique sans doute le choix
d’une sortie lente et au ralenti. Non seulement Theresa May prévoit d’utiliser
pleinement les 2 ans de négociation prévus dans l’article 50, mais elle a déjà
accepté une période de transition de 21 mois, où pas grand chose ne changera.
Finalement, on peut se demander si l’agenda de Jérémy Corbyn n’aurait pas
imposé une sortie plus franche et rapide, tant
son programme est davantage en contradiction avec l’agenda euro-oligolibéral,
au contraire du programme politique des conservateurs, bien plus proche de
celui de l’UE.
Dans l’absolu, cette
sortie au ralenti, et finalement assez douce, reste inquiétante pour l’UE car
elle pourrait dédramatiser l’idée même d’une sortie de l’UE, les risques apparaissant
finalement très limités. Mais c’est sans compter sur des média souvent
alarmistes et de parti-pris, qui rabâchent leur horreur du Brexit, probablement
sans grande influence pour qui n’est pas de leur bord.
Lundi, je
reviendrai sur les implications pour une sortie de la France
"Finalement, on peut se demander si l’agenda de Jérémy Corbyn n’aurait pas imposé une sortie plus franche et rapide"
RépondreSupprimerSauf que Corbyn veut une nouvelle union douanière calquée sur le régime actuel.
https://www.lesechos.fr/monde/europe/0301342875166-brexit-le-labour-complique-la-donne-pour-theresa-may-2156336.php
Mon sentiment est que les dirigeants du RU (que ce soit May ou Corbyn) n’assument pas totalement le Brexit voulu par le peuple britannique. Déjà, il s’est écoulé 9 mois entre le référendum et l’activation de l’article 50. Et ensuite, on prévoit une période de transition de presque 2 ans après les 2 ans de négociations… Il se sera donc écoulé près de 5 ans depuis le référendum lorsque le Brexit entrera vraiment en application, si seulement il entre un jour en application. Ensuite, May a accepté les conditions de l’UE, notamment le chèque de sortie. Et ne me parlez pas de Corbyn qui est pire que May. Tout cela ne plaide pas en faveur d’une sortie de l’UE. Le Brexit est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Ca et la capitulation de Tsipras, ça nous handicapent, nous les eurosceptiques, lorsque nous défendons la sortie de l’euro et de l’UE.
RépondreSupprimerIl ne faut pas perdre de vue que ni May ni Corbyn n'étaient favorables au Brexit.
RépondreSupprimerVous êtes ridicule, le Brexit n'a toujours pas eu lieu, il est en négociation et les résultats seront très mauvais pour la GB qui est en train de se mettre tout le monde à dos, Ecosse et Irlande compris.
RépondreSupprimerLes résultats seront « très mauvais » ? À quel titre ? Quelle est la crédibilité des études qui prétendent le montrer ? J'ai déjà cité ici les travaux récents de Gudgin, Graham, Gibson, Coutts et Buchanan, qui démontent les analyses pessimistes sur les conséquences économiques prévisibles du Brexit et en soulignent le caractère idéologique : http://www.gaullistelibre.com/2018/03/lesbrouffe-protectionniste-de-donald.html?showComment=1520767056296#c4053832002987874033.
SupprimerEnfin, la question écossaise n'est pas nouvelle et ne découle pas du vote en faveur de la sortie de l'UE, tandis que l'Irlande est le pays qui, après le rejet du traité de Lisbonne par un premier référendum en 2008, a fait revoter ses citoyens « dans le bon sens » après les avoir éclairés, c'est-à-dire après une campagne de pure propagande assimilant la non-ratification éventuelle du traité à un cataclysme condamnant l'Irlande à sombrer dans les profondeurs de l'océan. La Catalogne s'agite aussi, les nationalistes sont aux affaires en Corse et, à ma connaissance, ce n'est pas parce que Madrid ou Paris auraient envisagé de quitter l'UE.
YPB
Il semble qu'il y a une petite erreur .L'euro est une monnaie commune et pas unique .
RépondreSupprimerPaul
RépondreSupprimer@ Moi
Autant les contradictions économiques sont limitées entre les traités européens et le programme des conservateurs, autant l’écart est beaucoup plus grand avec celui de Jérémy Corbyn. L’approche du pouvoir pourrait le pousser vers une rupture plus franche s’il est fidèle à ses convictions (ce qu’il semble avoir été dans le passé)…
@ Anonyme
Résultats aussi mauvais que ceux de l’UE et de l’euro sont bons j’imagine ?
@ YPB
Merci
@ Unknown
Pour ceux qui ont suivi les débats de 1991-1992, la monnaie commune est une monnaie supplémentaire qui ne vient pas en substitution de l’ancienne, contrairement à ce que l’euro, monnaie unique, représente aujourd’hui pour les pays qui en font partie.