mardi 13 mars 2018

L’effarante chasse aux sorcières protectionnistes du Monde



L’inquisition du 21ème siècle ?

Même si cela fait plus de 25 ans que je n’attends plus rien du Monde sur les sujets économiques et européens, la bêtise crasse de cet éditorial a presque réussi à me surprendre. Tous les clichés les plus éculés sont utilisés. D’abord, le titre, « le protectionnisme de Trump s’appuie sur une vision dépassée de l’économie » : dépassé par quoi ? Comme le soutient Benjamin Masse-Stamberger dans le FigaroVox, au contraire, tous les pays asiatiques qui se sont développés depuis quarante ans, Japon, Corée, puis Chine, se sont appuyés sur un protectionnisme féroce. Pékin barricade largement ses marché agricole, automobile, et même numérique. Ce n’est pas pour rien que Google se dit Baidu, et Amazon Alibaba dans l’Empire du milieu, tout en produisant l’immense majorité des téléphones…


Toujours le même exemple… D’abord, on se demande pourquoi ce qui aurait été vrai dans les années 1980 ne le serait plus aujourd’hui. Bien sûr les chaines de valeur se sont complexifiées, mais pourquoi le solde commercial n’aurait plus d’importance ? La production de l’IPhone aux Etats-Unis, avec plus de composants étasuniens créerait des emplois, et donc une richesse qui profiterait à tous. Le shéma actuel ne profite qu’aux actionnaires de l’entreprise, qui maximisent le profit qu’ils en tirent, dans des shémas comptables qui permettent en outre souvent d’échapper à l’impôt ou de le minimiser. 99% de la population des Etats-Unis ne profite nullement de cette conception californienne.

Sur France Inter samedi matin débattaient deux nuances de libre-échangistes, la journaliste étant contrainte d’essayer un peu de contradiction, avec grand mal. Ce serait pourtant le rôle du service public d’inviter de vrais contradicteurs, qui ne manquent pas : Jacques Sapir, Emmanuel Todd, Benjamin Masse-Stamberger ou Franck Dedieu. Plus le temps passe, plus je me dis que les tenants de la ligne oligo-eurolibérale se comportent comme des croisés à mi-chemin entre Pravda et inquisitions, paradoxalement plus fermés que ne le sont les dirigeants du Front National sur bien des sujets. Comme dans 1984, les mots ont été retournés : les pseudo-ouverts sont en réalité les plus fermés.


Car le débat sur le protectionnisme n’est pas un débat en noir et blanc. Ce que l’Asie nous montre depuis des décennies, c’est un jeu sur les nuances de gris, un vrai protectionnisme sur des secteurs clés, tout en s’ouvrant au monde, avec un objectif : la défense des emplois et des citoyens. Quel dommage de ne pas pouvoir un débat apaisé et factuel sur ce sujet dans notre pays.

26 commentaires:

  1. Prenons un exemple simple qui nous vient tout droit des Etats-Unis.
    Après le 11 septembre et le vote du Patriot Act les Américains ont procédé à une reprise en mains (très discrète pas chantée sur tous les toits) de leurs ports et aéroports en...les renationalisant dans les faits et la pratique. Cette façon de procéder les a amenés vers d'autres champs comme....l'application d'une politique de contrôles douaniers plus que renforcée et pas uniquement vis-à-vis des passagers mais du fret aussi. Sous couvert de vérifier qu'aucune bombe ou autre joyeuseté de ce genre soient glissées dans les conteneurs. Et puis de là, ils sont passés tout simplement à une politique tarifaire discrète : augmentation des droits de douane sur telle marchandise, imposition de taxes fédérales etc...Et B.Obama n'a pas changé la donne...Bien au contraire ! Rappelons juste l'épisode (qui fait rire et qui peut paraître anecdotique) de la mimolette française refoulée car sujette à l'entrée de bactéries sur le territoire américain.Autre exemple (que je ne développerai pas) la nourriture pour chien contaminé à je ne sais plus quelle substance en provenance de Chine. Et aller hop ! nouvelles mesures ! En contre-plan: la crise des graines germées en provenance d'Egypte de mémoire importées par l'Allemagne. Mesures hygiènes alimentaires sur le coup mais après...plus rien ! Pas froisser le commerce international ! Et tous ces non-dits, ces subtilités, ces mesures etc...comment peut-on les qualifier ? De politique protectionniste en faveur du marché américain à l'encontre du commerce international des autres pays !
    Bonne journée à toutes et à tous
    Sylvie

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    1. Tout à fait d'accord avec votre commentaire.
      Les rappels que vous faites des crises (car ce sont des crises) de la mimolette, de la nourriture pour chien ou des graines germées peuvent paraître insignifiantes, marginales voire c'est une plaisanterie ! Et pourtant c'est bien par ce type de biais que les Etats-Unis organisent leur protectionnisme. Et quant à la Chine s'est fièrement affiché et tout aussi bien organisé.
      C'est ma déformation professionnelle qui me fait confirmer vos propos.
      A bientôt

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    2. Pour les Etats-Unis : mélange de la coercition et de la technique des petits pas.
      Pour la Chine : technique de la coercition et du double langage.

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    3. Autre exemple de 2 pays pratiquant un protectionnisme très discret mais redoutablement efficace : la Norvège et la Suisse. Et cela marche !
      L'Anonyme du jour

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    4. "Autre exemple de 2 pays pratiquant un protectionnisme très discret mais redoutablement efficace : la Norvège et la Suisse. Et cela marche !"

      Avec des atouts majeurs dans leur jeu pour ces 2 pays. La Norvège doit beaucoup au pétrole de la mer du Nord (même si le pétrole n'est pas éternel). Le développement des activités financières et bancaires contribuent pas mal à la bonne santé économique de la Suisse. Par ailleurs, ces 2 pays ont très bien joué vis-à-vis de la CEE puis de l'UE. En effet, ces 2 pays ont su intégrer les règles commerciales, douanières et de concurrence mises en place tout au long de la mise en oeuvre de la CEE puis de l'UE. Ainsi, ils ont su intégrer la dernière grande réforme douanière de l'UE à savoir la réforme du code des douanes communautaire devenu le code des l'Union. Pour eux c'est assez facile dans le sens où ils sont extérieurs à l'UE donc ils prennent, ils ajustent, ils adaptent ce qui peut les impacter, les intéresser etc...dans ce code et plus largement dans l'union douanière, commerciale et économique constituée par l'UE. Sans compter les accords entre l'UE et ces 2 pays et les accords plus élargis. Aussi, il y a un aspect "géométrie variable" dans les relations commerciales, économiques et douanières entre ces 2 pays et l'UE, avec avantage Norvège et Suisse. Et c'est ce qui leur permet effectivement de pratiquer un protectionnisme discret et pas nécessairement agressif. Cependant, la Norvège comme la Suisse sont aussi intégrées à la mondialisation et répondent aux règles, critères et autres recommandations émis notamment par l'OMC ou l'OMD (pour ne citer que ces 2 organismes).
      Donc oui il y a un protectionnisme ou une forme de protectionnisme mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas intégration totale à la mondialisation.La Suisse et la Norvège sont-elles le modèle à suivre ? Peut-être mais après il faudrait aussi se pencher sur d'autres composantes que seulement leur pratique du commerce international (modèle social, démographie, marché du travail, éducation, taxations et impôts etc...).
      Au plaisir de vous lire de nouveau
      Bonne nuit

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    5. La Suisse et la Norvège pratiquent un protectionnisme bien ciblé et d'ajustement. Ce qui en effet ne les empêchent pas d'être parfaitement intégrées dans la mondialisation et de la pratiquer à haute dose comme la grande partie des pays.
      Par ailleurs, comme dit dans un des posts la Suisse et la Norvège ont 2 secteurs majeurs et stratégiques dans leur économie: pétrole et finances/banques. Ce qui représente une manne non négligeable. Ces 2 pays ne pratiquent pas un protectionnisme opportuniste ou publicitaire (comme D. Trump) c'est une continuité de leur modèle social, éco', culturelle, administratif, d'immigration ou encore socio-professionnel. Et si cela prend c'est bien parce que ces 2 pays sont à fond dans la mondialisation, en acceptent les règles et les institutions mais n'ont pas voulu une intégration horizontale, verticale, en oblique enfin dans le sens qu'on veut mais ils ont choisi de participer à des accords douaniers, commerciaux ou encore éco, d'intégrer des unions et des espaces douaniers en toute stratégie internationale mais de ne pas totalement se fondre dans un projet comme l'Union européenne leur permettant de de conserver la main sur des questions de souveraineté nationale majeure (on y revient): la monnaie et son rôle, leur administration, la notion de frontière etc...
      Alors question : ne serait-ce pas un modèle peut-être pas idéal et absolu mais intéressant et inspirant ?
      Bon WE
      Sylvie

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    6. @ Sylvie

      Merci pour ces rappels. En effet, nous avons trop tendance à être les bisounours de la globalisation. Bien d’accord sur le second commentaire

      @ L’Anonyme du jour et l’anonyme de 2h53

      D’accord sur le fait que la solution n’est pas l’autartie et que bien des pays protectionnistes n’en restent pas moins ouverts au monde, mais de manière raisonnable, et en perdant moins de vue les intérêts de leur peuple. En revanche, la Norvège (du fait du pétrole) et la Suisse (parasite fiscal notoire) ne sont pas des modèles en tout, même s’il y a des aspects positifs dans leur société.

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  2. Le discours néolibéral sur le protectionnisme et ses effets pervers relève largement de la prophétie autoréalisatrice (mettons en cause le néolibéralisme plutôt que le libéralisme : Keynes et Allais, deux libéraux, ont été très critiques vis-à-vis du libre-échange débridé).

    Le numéro 343 du 25 mars 2016 du Flash-Éco de Natixis (http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=90392) fait ainsi un sort particulier aux tenants de la sortie de l'euro et du protectionnisme.

    Deux arguments notamment sont invoqués :

    « Plusieurs partis populistes dans la zone euro préconisent la sortie de l’euro et/ou la mise en place de mesures protectionnistes (droits de douane ou quotas sur les importations...). Ces partis ne comprennent pas les caractéristiques contemporaines de l’économie mondiale :

    - les dettes et actifs extérieurs sont devenus de très grande taille, alors qu’ils étaient de très petite taille dans le passé. Une sortie de l’euro et une dépréciation du taux de change rendraient insupportable le poids de la dette extérieure brute en euros ;

    - depuis 20 ans, il y a eu « segmentation de la chaîne de valeur » (des processus de production). De plus en plus, les produits importés n’ont plus de substitut fabriqué domestiquement, ce qui explique que la dépréciation du change et les droits de douane ont comme seul effet de rendre plus chers les produits qu’il faut continuer à importer […] ».

    Le premier point présente comme une vérité d'évidence qu'il n'y aura pas redénomination dans les monnaies nationales reconstituées de la dette libellée en euro. Qu'on puisse estimer l'opération délicate et discuter de ses modalités, est une chose. En ignorer dogmatiquement la possibilité relève de l'idéologie.

    Le point relatif à la segmentation des chaînes de valeurs n'est pas contestable, mais il est associé, comme toujours à l'argument complémentaire selon lequel les produits importés n'ayant plus de substituts produits localement, déprécier la monnaie ou accroître les droits de douane ne ferait que renchérir le coût des produits importés. Le fait qu'une large part des produits industriels importés soient de fait substituables à condition de le vouloir et de mettre en œuvre des stratégies pertinentes est ici sciemment ignoré. L'argument est de nature circulaire : puisque l'industrie nationale régresse, les importations ne sont pas substituables et mettre des freins à l'entrée de produits industriels étrangers serait contre-productif ; de ce fait, l'industrie nationale, soumise à une concurrence parfois déloyale (dumping économique, social, écologique), ne peut que dépérir. Et la boucle est bouclée.

    YPB

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    1. "Le fait qu'une large part des produits industriels importés soient de fait substituables à condition de le vouloir et de mettre en œuvre des stratégies pertinentes est ici sciemment ignoré."

      Certes, mais reconstituer des capacités de production prend du temps.

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    2. Parfois oui, parfois non. Mais sans volonté, on ne fait rien.

      YPB

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  3. Vous êtes d'une stupidité sidérante, heureusement qu'il y a Piketty pour relever le niveau :

    http://piketty.blog.lemonde.fr/2018/03/13/pour-une-union-dans-lunion/#xtor=RSS-32280322

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    1. Ce que Piketty propose, c'est plus ou moins la même chose que Macron. Or l'Allemagne a déjà enterré ce projet.

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    2. A l'anonyme du 14 Mars à 8h18. Lisez donc cette suite de tweets qui prouvent par les chiffres que c'est vous qui êtes dans le déni d'une réalité : https://twitter.com/jjsaldat/status/970386648780460032

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    3. « Vous êtes d'une stupidité sidérante, heureusement qu'il y a Piketty pour relever le niveau :

      http://piketty.blog.lemonde.fr/2018/03/13/pour-une-union-dans-lunion/#xtor=RSS-32280322 »

      Comment pourrait-on relever le niveau par une platitude irréaliste ?

      Piketty est un de ces européistes à la comprenette un peu lente qui s'attachent désespérément à l'idée de la prétendue autre Europe, sous forme d'une « Union politique et fiscale renforcée au sein de l’UE », dont les Allemands, effectivement, ont toujours fait savoir qu'ils n'en voulaient pas. Lordon, avec qui je ne suis pas toujours d'accord, a tout de même bien dit ce qu'il fallait penser de Piketty : https://www.monde-diplomatique.fr/2015/04/LORDON/52847.

      Quant au protectionnisme, Piketty n'en dit pas autre chose que ce que les intervenants divers sur ce blog soutiennent depuis des années, à savoir qu'il ne saurait être appliqué sans nuances, de manière dogmatique, mais qu'il serait totalement déraisonnable de s'en priver lorsqu'il se révèle nécessaire :

      « Le protectionnisme permet parfois de protéger utilement certains secteurs peu développés dans un pays donné (le temps que les entreprises nationales soient prêtes à affronter la concurrence internationale). Il est également une arme indispensable vis-à-vis des pays qui ne respectent pas les règles (en matière de transparence financière, de normes sanitaires, de respect de la personne humaine, etc.), une arme dont il serait bien fou de se priver. Pour autant, le protectionnisme, s’il est appliqué de façon massive et permanente n’est pas en soi une source de prospérité et de création de richesses. L’expérience historique suggère qu’un pays qui se lancerait fortement et durablement dans cette voie, tout en annonçant à sa population une vigoureuse progression de ses salaires et de son niveau de vie, s’exposerait probablement à de graves déceptions. »

      Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, p. 872.

      Bref, il va falloir chercher quelqu'un d'autre que Piketty pour clouer le bec à vos contradicteurs.

      YPB

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    4. Pour comprendre à quel point Piketty s'aveugle sur la faisabilité politique d'une réforme intérieure de l'Europe portée conjointement par la France et par l'Allemagne et allant dans le sens qu'il désire, il suffit de décortiquer, comme vient de le faire l'économiste australien William Mitchell, la déclaration conjointe des ministres des Finances de l'Europe du Nord (Finlande, Danemark, Estonie, Irlande, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas et Suède) en date du 6 mars 2018 : http://bilbo.economicoutlook.net/blog/?p=38852. Ce groupe, qui a été jusqu'alors le plus fidèle soutien d'une vision allemande de l'Europe, a fait en gros savoir que tout irait bien tant que l'agenda austéritaire serait continué. Il a en particulier très explicitement exclu d'éventuels transferts de compétences fiscales à l'échelle européenne. Du pur Schäuble.

      Conclusion de Mitchell, qui a titré son papier « Europhile reform dreamers wake up – there will be no ‘far-reaching’ reforms » :

      « As an aside, when I was in Barcelona (March 1-3), it was repeatedly claimed by the audiences of the events I spoke at that a unified European culture would eventually emerge, which justifies the progressive Europhile position to stick with the ‘reform’ process and reject breaking up either the Eurozone, the overall EU or both.

      Time horizons of around 100 to 150 years were mentioned.

      While the progressives share values with me, I don’t consider it reasonable to put one’s faith in a process that will take that long to deliver anything sustainable.

      People need jobs now! ».

      YPB

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  4. Pétition à signer contre les accords de libre-échange UE-Mercosur : https://www.foodwatch.org/fr/s-informer/topics/accords-commerciaux/petition-contre-le-mercosur/

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  5. @LH,

    Outre le fait que nous ne nous affranchirons de rien tant que la parole économique - langue idéologique - sera au centre du débat politique (il faut récuser le sérieux quelconque de cette non science), pourquoi lisez-vous Le Monde ? Voilà une lecture qui ne me vient même plus à l'idée depuis 15 ans.

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    1. "Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites."
      Sun Ztu

      J'ai écouté cet après-midi "Les grandes gueules" sur RMC dégueulés toute leurs haines et leurs mépris sur Elise Lucet pour son émission d'investigation sur la distribution d'eau potable en France. Il est intéressant de voir qu'un reportage qui remet en cause la gestion des services publics par des entreprises privés provoque une telle colère, voir l'hystérie chez les libéraux , surtout avant la vague de privatisation que nous prépare se gouvernement oligarchique...

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  6. Un article à pleurer de rire ! ! !

    Quand "Paris Match" raconte le glorieux voyage des Macron en Inde.

    Dans sa livraison hebdomadaire, le magazine "Paris Match" livre un récit sans concession du voyage d'Emmanuel et Brigitte Macron en Inde. Âmes pudiques, s'abstenir.

    Paris Match se serait-il donné pour mission de nous préparer à la reconversion louis-napoléon-bonapartienne d'Emmanuel Macron ? Au terme de son premier périple à travers la France en 1852, l'ex-président de la République devenu l'empereur Napoléon III se vit accueillir dans la capitale par ces mots : "Le conseil municipal de Paris vient avec empressement saluer votre retour ; il vient se féliciter avec vous du triomphe dont chacun de vos pas a été marqué dans ce glorieux voyage".

    Aujourd'hui, c'est Paris Match qui fait le boulot, livrant son récit extatique du glorieux voyage de Macron Ier en Inde.

    Le dossier de huit pages s'ouvre, choc des photos oblige, sur le cliché étalé en double du couple Macron devant le Taj Mahal, caprice architectural d'un empereur moghol. D'une plume trempée dans le cirage, le texte d'ouverture assène sans craindre la pompe : « Pour les Indiens, Macron mérite plus que jamais le titre d'Emmanuel le majestueux ». Pour nos confrères aussi, manifestement.

    La lune de miel en images se déroule ensuite sur quatre pages, dont la moitié bien sûr consacrées à l'impériale épouse du président. "Brigitte Macron promène avec classe l'élégance française", s'émerveille Match, en pâmoison devant un "parcours sans faute".

    En langue paris-matchiste, ce parcours mène "de la petite robe rose à la tenue de cocktail en dentelle", le tout "100% signé Louis Vuitton". Bernard Arnault approuve ce message.

    Les derniers sceptiques ne pourront que plébisciter le retour à l'empire en apprenant que "même les chèvres de la capitale s'inclinent sur son passage" [note du claviste : à ce stade de l'article, il nous faut certifier à nos lecteurs que toutes les citations entre guillemets sont véridiques].

    On ne nous dit pas, en revanche, si les vaches sacrées ont pu rester stoïques.

    Charmeur de bovidés, le couple Macron ne laisse pas non plus insensibles certains de nos confrères. Ainsi le rédacteur en chef du service politique prend-il la plume après l'album pour nous narrer ce périple qu'il a vécu comme "envoyé spécial". "Au pays du dieu Shiva aux mille bras, la diplomatie du 'en même temps', si chère à Emmanuel Macron, fait merveille" : nous ne sommes qu'à la fin du premier paragraphe et le chef de l'Etat est déjà comparé à un dieu.

    Des petits riens vous campent ensuite le futur empereur - dont on apprend qu'il est "amateur de poulet tandori" - en "président moderne" qui, pour vendre la France à l'étranger, "est prêt à donner de sa personne". Traduction, "il a tombé la veste et relevé les manches de sa chemise"… Tant d'oriflammes pour des bras de chemise.

    Mais l'ensemble ne serait pas complet sans que derrière la geste macronienne, la substantifique moelle de sa parole ne nous soit délivrée. Voici donc Emmanuel Macron qui, sans gants, dit à la jeunesse indienne son secret de réussite : "Just do it ! Ne respectez jamais les règles". Ou la sagesse de Nike balancée au pays de Gandhi.

    Mais notre magazine tient là son titre, avec ce commentaire : "Le président français ne tourne pas autour des mots". Ni Paris Match autour des Ooooh.

    https://www.marianne.net/politique/quand-paris-match-raconte-le-glorieux-voyage-des-macron-en-inde?

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  7. Encore une mesure que la présidente Marine Le Pen, son conseiller Philippot et son premier ministre Dupont-Aignan ne pourront pas empêcher, n'ayant pas été élus :

    http://blog.nicolasdupontaignan.fr/post/Nicolas-Hulot-veut-sacrifier-%C2%AB-l%E2%80%99or-bleu-%C2%BB-de-la-France-sur-ordre-de-la-Commission-Europ%C3%A9enne-%21

    En continuant sur la pente de votre sectarisme, Herblay, vous allez finir par vous retrouver en caleçon à fleurs sur la place publique, comme le reste des Français.

    Mais on peut sûrement trouver, en cherchant un peu, un descendant de Herblay byzantin pour prétendre : "un pays ne disparait pas comme cela. Une fois que j'aurai convaincu tout le monde de la justesse de mes thèses sur le sexe des anges, nous pourrons reconquérir l'Anatolie, et tout se passera comme si je n'avais pas laissé détruire Constantinople".

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    1. Les faits ont prouvé que Marine Le Pen était une girouette sans vraies convictions ni connaissance des questions qu'elle traitait, que Dupont-Aignan s'était compromis sans en tirer de bénéfice réel, que Philippot était au fond un corps étranger au sein du FN. Et vous reprochez à Laurent de n'avoir pas cru à leur association ?

      Quant aux clichés paresseux sur Byzance, les vrais connaisseurs de l'histoire ou de la pensée byzantines ne peuvent qu'être atterrés par la répétition ad nauseam de platitudes inspirées par des différends théologiques dépassés ou par l'hostilité bornée de l'idéologie des Lumières (http://www.mondedelabible.com/la-religion-de-byzance/).

      YPB

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  8. Vos billevesées protectionnistes, voilà ce qu'il en est, mais on ne peut pas convaincre un fanatique :

    "Cette dispute pourrait donc ne pas dégénérer en « guerre commerciale » si elle reste dans le cadre de l’OMC. Néanmoins subsistent quelques inconnues. D’abord la réaction de la Chine qui dispose de capacités de représailles importantes contre les Etats-Unis. On pense bien évidemment au soja que la Chine importe des Etats-Unis pour des montants considérables : 14 milliards de US Dollars pour la seule année 2017. Aux Etats-Unis, le secteur de l‘aéronautique a réagi très négativement, en précisant que si la hausse du prix de l’acier et de l’aluminium qui résulterait de cette décision ne se répercuterait que marginalement sur le prix de ses produits finis, les représailles potentielles de la Chine sur ses importations dans le secteur pourraient infliger un tort considérable à cette industrie américaine de pointe. Il y a aussi le secteur des terres rares, ces minerais stratégiques dont la production mondiale est largement contrôlée par la Chine. Il y a enfin les importantes réserves en US Dollars détenues par la banque centrale chinoise."

    https://www.telos-eu.com/fr/economie/les-guerres-commerciales-sont-elles-bonnes-et-faci.html

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    1. On vous dit simplement, citation d'un économiste guère favorable au protectionniste à l'appui, que le protectionnisme, à doses raisonnables, est parfois une arme indispensable dans certains contextes, et qu'il faudrait donc être fou pour s'en passer. Vous transformez ce simple discours de bon sens en « billevesées protectionnistes » inspirées par le fanatisme et devant déboucher sur de terrifiantes guerres commerciales… Qui a prétendu ici que n'importe quelle forme de protectionnisme serait bonne indépendamment des circonstances ? Personne. C'est vous le fanatique.

      L'article que vous citez fait seulement passer le message selon lequel il est dangereux de s'engager dans des guerres commerciales dont on n'est pas certain de sortir victorieux. C'est un lieu commun que personne n'avait songé à contester. Et ce n'est certainement pas un argument en faveur de la pusillanimité consistant à ne jamais se protéger.

      On serait bien aise que les Chinois aient les mêmes scrupules quant à la nécessité d'éviter les guerres commerciales, mais ils se trouvent qu'ils retardent simplement celles qu'ils ne peuvent pas remporter pour l'heure. Pour les autres, ils savent s'y engager résolument, convaincus qu'en dernière analyse la hantise dans laquelle ils sont de toutes les situations conflictuelles finira par persuader les Européens de céder (les relations avec la Russie font exception, parce que le tropisme atlantiste s'y révèle plus prégnant que n'importe quelle autre détermination).

      L'exemple de la destruction de l'industrie européenne des panneaux solaire sous l'effet du dumping chinois est éclairant à cet égard : le coût de la main-d'œuvre a toujours été, dans ce secteur, un facteur marginal (un dixième environ du coût final), au regard du coût de la matière première ; c'est donc le dumping pratiqué par les entreprises chinoises, renforcé par une fraude douanière massive sur l'origine des panneaux, qui explique la disparition rapide des entreprises européennes du secteur. L'UE, prisonnière de son idéologie libre-échangiste, a préféré, après quelques velléités de résistance, acter la destruction accélérée de ce secteur industriel, plutôt que de mécontenter les Chinois ou les équipementiers européens acheteurs de panneaux solaires chinois dont les faibles coûts leur convenaient parfaitement. Voir sur ce point : https://www.euractiv.fr/section/commerce-industrie/news/l-affaire-sur-les-panneaux-solaires-chinois-suscite-des-recriminations/ et http://www.lepoint.fr/economie/allemagne-solarworld-derniere-victime-du-dumping-chinois-12-05-2017-2126883_28.php ou encore https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/solaire-accord-anti-dumping-chine-37119/.

      YPB

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    2. @ YPB

      Merci pour ces rappels. Bien d’accord sur Piketty qui ne parvient pas à s’abstraire d’une foi religieuse dans l’UE…

      @ Cgrotex

      C’est pour cela que je lis aussi The Economist

      @ Anonyme

      Ne présumez-vous pas largement de mon influence sur le sort de l’élection de 2017 ?

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  9. Avez-vous lu l'interview d'Emmanuel Todd dans le Figaro magazine de ce week-end, Herblay ?

    Il y fait un mea culpa sur l'immigration extra-européenne, et indique (dans une formule qui se veut certes en partie humoristique) qu'un peu de xénophobie est nécessaire à la démocratie.

    Vous allez bientôt être le dernier des Mohicans, dans votre déni de réalité...
    Déni aux lourdes conséquences politiques, puis démographiques.

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  10. @ Anonyme

    Où ai-je dénié la moindre réalité, moi qui évoque le coût de l’immigration, son impact sur le marché de l’emploi ou les dangers communautaristes depuis plus de 10 ans ?

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