Après
avoir étudié l’avancement du Brexit, aux conséquences pour l’instant d’autant
plus limitées que la sortie est lente et progressive, puis être revenu sur la
nécessité, ou non, de recourir à l’article 50 pour sortir de l’Union Européenne,
il convient de se poser pleinement la
question du discours qu’il convient de tenir pour convaincre les Français et du
scénario qu’il faudrait suivre pour y parvenir.
Du besoin
d’une véritable rupture européenne
Autant dire
que je ne partage pas du tout cette position. Ce
ne sont pas les idées qui ont été défaites en mai 2017, mais uniquement la
personne de son avocate d’un temps, aux innombrables limites. Si l’idée
d’une rupture avec l’UE a été défaite, c’est
seulement parce qu’elle était représentée par une candidate totalement nulle,
qui n’a jamais travaillé le sujet, malgré la présence d’une abondante
littérature pour l’aider depuis sept ans, et qui était donc incapable de
défendre sérieusement le sujet, aboutissant
au naufrage du débat du second tour. Ce n’est pas la critique de l’UE et de
l’euro qui a perdu, mais
la personne de Marine Le Pen, et la dissociation des deux est une opportunité
pour la première.
Malgré tout, arguant
de l’hostilité de l’opinion publique pour la sortie de l’UE et de l’euro,
certains pensent qu’il ne faudrait pas avancer cartes sur table, faisant
parfois un parallèle avec la question algérienne et le Général de Gaulle. Je
pense que c’est une erreur. D’abord, le champ des possibles était beaucoup plus
large en 1958, et il n’y avait pas besoin d’une rupture franche et rapide avec
le passé pour dessiner un nouvel avenir. Le cas de l’UE et l’euro est
différent. Pour le coup, si
nous ne tranchons pas vite, il n’y aura aucun véritable changement : c’est
le problème posé par l’article 50, qui, pleinement respecté, nous imposerait
une forte continuité politique pour deux longues années.
L’option
d’avancer masqué, sans appeler clairement à la sortie de l’UE et de l’euro, me
semble doublement inenvisageable. D’abord,
elle me semble profondément malhonnête sur un sujet aussi fondamental. Pour
qui pense que rien ne pourra être fait de satisfaisant dans ce cadre, ce qui
est mon cas, je crois qu’il faut être clair avec les Français. Car sans avoir
annoncé une rupture forte et rapide pendant la campagne, elle ne serait pas
légitime, ce qui conduirait à une longue période de transition, où peu pourrait
changer pendant au moins deux ans. Et toute
tentative de rupture immédiate peu après l’élection, parce qu’elle n’aurait pas
été expliquée et justifiée en amont, serait très incertaine et délicate.
Le
cas de la Grande-Bretagne montre au contraire qu’un peuple peut parfaitement
être convaincu par un discours clair et cohérent. Beaucoup sous-estiment la
capacité du peuple Français à soutenir l’idée d’une rupture franche et
immédiate avec l’UE et l’euro. Maintenant
que Marine Le Pen y a renoncé, cette rupture mal défendue sera moins polluée
par cette avocate incompétente. Car sur le fond, pour une grande majorité,
il n’y a plus qu’une forme de résignation vis-à-vis de cette organisation
européenne, vu comme néfaste, mais dont beaucoup pensent qu’elle pourrait être
la moins mauvaise des solutions dans le monde actuel. Bref, il n’y a pas de
soutien fort et la situation n’est pas irréversible.
Et surtout, contrairement
à la Grande-Bretagne, qui a conservé sa monnaie, sans amortisseur monétaire, la
France ne pourrait sans doute pas se permettre une période de transition dans
ce corset juridique européen, qui ne permettrait que des changements très
limités. La situation de notre pays impose un changement bien plus rapide
et fort, qu’il faut donc légitimer en amont.
Vendredi, suite et conclusion
Avocate incompétente mais...au deuxième tour. Elle.
RépondreSupprimerAlors qu'Herblay le foi jaune n'est même plus à DLF.
L'onanisme herblayien continue, imperturbable.
Ségolène Royal aussi a été présente à un deuxième tour. Vous y voyez aussi sans doute une preuve irréfutable de sa supériorité intellectuelle ?
Supprimer« Avocate incompétente mais...au deuxième tour. Elle. »
SupprimerC’est bien le problème : avoir au second tour, face au candidat pro-UE, une candidate incompétente, c’est le meilleur moyen d’assurer le triomphe et la pérennité du système.
Je comprends votre critique, mais elle n'épuise en rien l'argument auquel vous vous opposez.
SupprimerLe fait était là : en avril 2017, le choix était binaire, Macron ou Le Pen.
Pour des raisons personnelles, il m'était très difficile de voter Le Pen, mais je comprends le geste de Nicolas Dupont-Aignan.
Dans un litige judiciaire, si l'avocat a un rôle essentiel, il n'en reste pas moins que ce qui pour moi doit permettre de trancher la dispute, c'est le fond du dossier, et non l'avocat.
Sinon, j'ai un peu l'impression que vous faites une petite allusion complotiste, sous-entendant que MLP aurait été choisie par le système. Franchement, je ne le crois pas : Macron aurait été élu de toute manière, puisqu'il aurait écrasé aussi bien Fillon que Jean-Luc Mélenchon.
Je m'attendais à ce que Marine Le Pen ne domine pas le débat, mais franchement j'ai été le premier surpris de ce naufrage. A mon avis, si Macron a sauté sur l'aubaine, il n'en attendait pas tant et a lui aussi été surpris (et d'ailleurs, soit dit en passant, sa prestation personnelle n'a pas non plus été mémorable, ce qui est d'autant plus rageant)
« Maintenant que Marine Le Pen y a renoncé, cette rupture mal défendue sera moins polluée par cette avocate incompétente. » Sauf qu’on n’est pas à l’abri d’un nouveau revirement du FN et de DLF pour peu qu’il y ait une nouvelle crise de l’euro et que le sujet redevienne payant électoralement.
RépondreSupprimerCe point est inopérant parce que, qu'on le veuille ou non, le Front National reste encore la principale force d'opposition à l'UE actuelle, quelle que soit sa position sur l'euro.
SupprimerJe conteste également le terme de "revirement". Pour moi, le changement adopté par DLF (je connais moins le FN) n'est pas un virement, c'est une évolution qui est plus de présentation qu'autre chose par rapport au contexte politique.
L'hostilité de NDA à l'euro ne fait aucun doute (le début de son engagement politique remonte à Maastricht), je trouve donc malhonnête de qualifier ses évolutions dans l'approche de revirements.
Il faut une bonne dose de mauvaise foi pour prétendre que Marine Le Pen a perdu parce qu’elle proposait une sortie de l’euro, puisqu’en fait elle avait déjà changé d’avis avant le fameux débat calamiteux : elle ne proposait plus une sortie unilatérale mais la transformation de l’euro en une monnaie commune, sujet qu’elle ne maîtrisait absolument pas par ailleurs.
RépondreSupprimerSi on est d'accord sur la non-maîtrise par Marine Le Pen de ce sujet éminemment complexe de la monnaie commune, en revanche dans l'opinion, les choses étaient claires : Marine Le Pen était identifiée comme anti-euro et l'ensemble de la classe politique et médiatique étaient à l'unisson de cette thèse.
SupprimerMLP proposait déjà cette transformation, mais elle n'a pas imprimer cette idée dans l'opinion.
Au niveau de l'élection présidentielle de 2017, il est bon de rappeler certains chiffres (après, je laisse les interprétations et les analyses à tout un chacun) :
Supprimer-> 1er tour :
- Emmanuel Macron : 8,6M de voix / 24% des exprimés (~-1/4)
- Marine Lepen : 7,6M de voix / 21,3% des exprimés (~+1/5)
-> 1M de voix entre les deux
-> Si on rajoute Fillon avec 7,2M de voix - 20% des voix (1/5) facilement grillé avec qqs articles bien ciblés de notre néanmoins bien aimé palmipède. Ça se joue à ~400.000 pour le second tour.
~550.000 pour Méluche.
-> 2ème tour :
- Emmanuel Macron : 20,7M de voix / 66,1% des exprimés (2/3) / + 12,1M par rapport au 1er tour
- Marine Lepen : 10,6M de voix / 33,9% des exprimés (1/3) / + 3M par rapport au 1er tour
-> 10M de voix entre les deux
- Chacun peut faire ses calculs et ses fines analyses ( je n'ai même pas parlé des autres candidats et des temps de parole respectifs), mais que ceux qui me disent que le système n'est pas pas archi-ultra-méga vérouillé me jettent la première pierre...
Et je n'ai pas parlé non plus du système soi disant "médiatique" (peut-être dans le sens de courroi de tranmission et de passe-plat, media en somme) trusté par les Lapix, Bouleau, Cohen, Apathie, Pro, Bourdin, Elkabbach... La fierté du 4ème pouvoir !
Je n'ai pas parlé non plus de la stratégie marketing/web/réseaux sociaux copiée sur celle d'Obama du Mac.
- Pour ma part, je dirais intuitivement que tout cela participe d'une vaste blague.
Et on nous en remet une couche pour 5 ans...
***Jacko***
@ Anonyme
RépondreSupprimerAu second tour, pour le plus grand profit de Macron, dont elle était l’adversaire idéale
@ Moi
Bien d’accord. Elle ne pourra pas changer d’opinion tous les quatre matins
@ Tythan
Ce qui me semble incompréhensible (pour ne pas dire autre chose), c’est le revirement sur l’euro, et là, c’est un revirement : avant, une condition sine qua non, après, une simple option, un point devenu secondaire.
Maintenant, la FI n’est pas beaucoup moins opposante à l’UE que le FN.
Aucun risque qu’elle ait imprimé l’idée dans l’opinion tant elle la maitrisait et la défendait mal.
@ Jacko
Plus un mauvais casting qu’un verrouillage je pense
En Grande-Bretagne justement, s’il y a eu un référendum c’est à l’initiative d’un pro-européen parce que l’UKIP était trop clivant pour espérer prendre le pouvoir à lui seul. Ça devrait vous faire réfléchir Laurent.
RépondreSupprimerCette notion de parti "clivant" c'est finalement le fond du problème. Ceux qui décrivent exactement la situation et proposent des mesures forcément désagréables pour s'en sortir sont qualifiées de "clivants". Ils n'ont aucune chance de l'emporter étant donné la lacheté ambiante, et le sentiment que finalement tout finira par s'arranger.
SupprimerUn exemple célèbre ce sont évidemment ceux qui proposaient de partir en guerre avant 1939 (quoi de plus "clivant" et désagréable
que la guerre, surtout après avoir subi la boucherie de 14-18, allons, tout va finir par s'arranger...).
Un autre exemple contemporain est celui de la Grèce. L'immense majorité des Grecs possédant quelques euros a voulu préserver son bien et a accepté de subir tout que que la sujétion à Bruxelles impose. On leur a finalement piqué ces précieux euros et bien plus (le pays est en ce moment mis à 'encan).
Un autre exemple est l'immigrationnisme, qui conduit peu à peu le pays en une mosaïque de territoires antagonistes au bord de la guerre civile.
Sauf dans le cas exceptionnel que vous mentionnez (l'initiative d'un pro-européen), la seule solution est donc de subir jusqu'à l'extrème les conséquences désastreuses des politiques qu'on ne veut pas combattre et parfois même qu'on refuse de voir. Jusqu'où faudra-t'il descendre pour que ces attitudes changent ? L'avenir le dira.
L'UKIP ne voulait pas le pouvoir, mais le Brexit, et elle a gagné.
SupprimerQuant au Bremainer Cameron, se croyant plus malin que Chirac, il a organisé le référendum en croyant qu'il allait le gagner.
Ivan
@ Gérard
RépondreSupprimerC’est exactement cela : les eurobéats ne se méfient pas de la force d’idées plus radicales sur les questions européennes. Je crois que le cas britannique montre justement que les idées de rupture ont d’autant plus de potentiel qu’elles sont sous-estimées. Nos voisins ont montré que des idées cohérentes et fortes pouvaient l’emporter.
@ Toutatis
La Grèce souffrait d’un contexte psychologique compliqué (peur de la Turquie, volonté de ne pas mordre la main qui les a aidés pendant si longtemps) et sans doute du manque de radicalité de Tsipras, qui, en voulant ménager la chèvre et le chou, a fini par continuer ce qu’il dénonçait. Un discours plus clair et tranchant ne lui aurait pas permis de faire cela et lui aurait imposé d’aller jusqu’au bout. Ma conclusion est qu’un parti clair et droit sur ces questions peut l’emporter.
Le FN et Debout la France ne veulent plus sortir de l’EURO et de l’UE mais les modifier de l’intérieur tout en appliquant leur programme. Modifier les traités européens n’est pas chose facile puisqu’il faut l’unanimité des États membres qui, on le sait, ont des intérêts divergents,c’est pourquoi NDA avait par exemple l’idée que la France pourrait prendre des décisions unilatérales, telle que refuser les travailleurs détachés sur son territoire, en violation d’un traité européen que la France a signé. On pourrait multiplier les exemples de violation possibles de traités, que la France pourrait avoir intérêt à réaliser, par exemple favoriser les entreprises françaises ou les entreprises implantées localement dans les marchés publics, ce qui est interdit, tout comme le non respect des dispositions de l’Espace Schengen, tout comme un éventuel refus de la mise en concurrence de la SNCF, etc.
RépondreSupprimerMais que ce passe-t-il si la France se met à faire de la violation de traités européens de façon unilatérale? Peut-on croire qu’il n’y aura aucune mesure de rétorsion de la part de l’Union Européenne dans son ensemble? Peut-on croire qu’il n’y aura pas une situation de crise qui fera que les marchés s’inquiètent et fassent augmenter le spread de taux sur les obligations de l’État français? La BCE pourrait alors intervenir en achetant la dette souveraine française mais pour un pays qui se met à violer un traité européen ce n’est plus possible, et même elle doit interrompre un QE sur la dette souveraine de ce pays, s’il y en a un, comme c’est le cas depuis 2015. Si la crise évolue au point que les banques françaises aient besoin de financement, la BCE peut aussi leur restreindre le financement, ce qu’elle a fait pour la Grèce en 2015. Et donc In fine que se passe-t-il pour ces idiots de Marine Lepen et NDA qui se seraient mis à faire de la violation de traités et qui refusent de sortir de l’Euro et de l’UE ? Et bien ils doivent capituler comme Tsipras en 2015, ils devraient pourtant l'avoir à l'esprit. En fait s’ils ne sont pas totalement idiots ils ne prendront pas le risque de faire de la violation de traité s’ils n’ont pas un plan B de Frexit qui ne s’improvise pas et se prépare minutieusement et longtemps à l’avance. Donc, en cas de refus de Frexit ou de sortie de l’Euro, ils ne peuvent faire que des promesses électorales qui n’ont pas pour vocation à être tenue une fois qu’il arriveraient au pouvoir (s’ils y arrivent).
Saul