Aujourd’hui, démarre
la deuxième vague de grèves de la SNCF d’opposition à la
réforme effarante de notre service public du transport ferroviaire. De
manière intéressante, malgré
le matraquage médiatique, une
part importante des Français semble soutenir le mouvement. Comme
je le fais depuis le début, je tiens donc à apporter ma
petite contribution à l’opposition à cette mauvaise réforme.
Rente,
désertification et course sans fin au moins-disant social
« Nous sommes tous les cheminots d’un
autre » : derrière
ce que dit Peltier apparaît la logique infernale dans laquelle nos
dirigeants se sont, et nous ont, enfermés : une
course sans fin au moins-disant salarial et social. Sous
l’injonction des oligo-libéraux, il faut toujours moins pour les 99%, qui
seraient toujours trop protégés ou privilégiés, et toujours plus pour ces
pauvres 1% les plus riches, qui seraient persécutés par un Etat avide et
quasi-communiste. Toujours la même rengaine, en s’appuyant sur de commodes
bouc-émissaires… et toujours la même politique, plus
de coupes de services, de droits pour les 99% et toujours moins d’impôts ou
de règles à respecter pour ceux d’en haut.
Qui plus est,
le
projet de fin du monopole public du transport ferroviaire est un projet d’une
absurdité rare. S’il est bien un « monopole naturel », c’est bien
le transport ferroviaire, avec ses investissements colossaux, à très longue
durée, et son rôle majeur dans l’aménagement du territoire. Ce
projet de libéralisation c’est surtout une opportunité de donner des rentes
juteuses à des acteurs privés sur les lignes les plus rentables, sans avoir à
assumer le moindre investissement ou le moindre service public. Bref, une
bataille totalement inégale qui poussera inexorablement la SNCF à réduire ses
missions de service public pour ne pas affronter de manière trop inéquitable
les prédateurs qui vont l’assaillir.
Parce
que cette réforme est une nouvelle étape dans la course sans fin au
moins-disant social, parce qu’elle n’aboutira qu’à donner des rentes juteuses
aux opérateurs privés, tout en poussant la SNCF toujours plus loin de sa
mission de service public, et donc nourrira la désertification du territoire,
je tiens à remercier tous les grévistes de la SNCF de continuer à défendre
notre modèle social.
On peut tout de même se poser la question de la pertinence de maintenir des lignes très peu fréquentées qui coûtent une fortune à entretenir, c'est de la simple recherche opérationnelle.
RépondreSupprimerOn peut rajouter au questionnement l'utilité de certaines lignes TGV qui aussi une fortune.
On se demande qui prend de telles décisions aberrantes, la SNCF ou l'état actionnaire majoritaire pas du tout stratège.
Le rôle de l'Etat, c'est d'assurer l'égalité de tous les citoyens, quel que soit l'endroit où ils habitent. S'en remettre au secteur privé ou même à des régions qui n'ont pas toutes les mêmes ressources, c'est accepter que tous les citoyens ne soient plus égaux dans l'accès aux services publics.
Supprimer"c'est d'assurer l'égalité de tous les citoyens, quel que soit l'endroit où ils habitent"
SupprimerAh bon, donc il faut payer une ligne fréquentée par 3 gus dans la journée au fin fond de la Creuse ?
mine de rien c'est comme ça avec le timbre poste, le kwh électrique distribué au fin fond de la Creuse ou à Paris, l'abonnement téléphonique. Etc. ça ne l'est pas pour l'eau et ce n'est pas une réussite ! C'est un choix de société.
SupprimerBien d'accord avec ce billet de Laurent, ce qui est vrai pour la SNCF l'est également pour EDF et GDF, la fusion de ces 2 entités aurait permis de faire des économies d'échelle.
RépondreSupprimerIl ne faut pas arrêter de parler des faits, à savoir que le train et l'électricité est moins cher en France que dans les pays chers aux néolibéraux: l'allemagne et l'angleterre.
J'ai subis pendant des années dans le nord les dysfonctionnements sur la ligne TER, et les grèves sont pour moins de 5% des retards et annulations!
Vu la propagande médiatique digne de l'ex URSS, il faut utiliser tous les réseaux sociaux pour contrer le gouvernement.
Puisqu'ils sont si privilégiés, on pourrait proposer à Guillaume Peltier et à la mère O'Petit d'échanger leurs traitements de députés, leurs avantages, contre le salaire, le traitement et les avantages des cheminots.
RépondreSupprimerIls seraient ravis, ils bavent tellement d'envie sur ces privilèges, non ?
A mon sens le soutien des Françaises et Français est beaucoup plus subtile qui n'y paraît !
RépondreSupprimerLes Françaises et Français souhaitent qu'effectivement la SNCF ou plus généralement le secteur du rail reste dans le giron de l'Etat. Et pour plusieurs raisons comme :
- l’aménagement du territoire;
- l’égalité de circulation des citoyens;
- un service public accessible à tous tant au plan tarifaire que déplacement;
- la SNCF leur appartient dans le sens où ce sont en grande partie leurs impôts qui a financé le rail en France;
-l'échec de la privatisation des autoroutes, réussite commerciale pour les entreprises privées, impact quasi nul pour les finances publiques de l'Etat et des augmentations de tarifs prohibitifs pour les clients.
Néanmoins, les Françaises et Français estiment que le statut des cheminots n'est plus (ou n'a jamais été) indispensable pour faire tourner la SNCF. Et par ailleurs, malgré les efforts des cheminots pour démontrer par A+B que leur statut se justifie par leurs conditions de travail, les conditions sociales et professionnelles etc...Et beaucoup estime qu'ils ont autour d'eux, au sein de leur famille, foyer, que leurs maris, épouses, enfants etc...ont des métiers, des conditions sociales, professionnelles etc...hautement plus difficiles que les cheminots. Et que le moins-disant social dont ils souffrent couvrent largement leur anti-statut cheminot. D'aucuns disent ce n'est pas parce que Pierre, Paul ou Jacques est vraiment très mal loti par rapport aux cheminots qu'il faut déshabiller les cheminots. Oui, les Françaises et Français peuvent l'entendre mais ils répondent que si ce n'est pas le statut qui fait tourner la SNCF mais bien l'égalité, le service public à la française, les cheminots peuvent travailler sous le statut de n'importe quel(le) salarié(e) français(e). Et en plus, il y a d'autres professions notamment chez les fonctionnaires qui ont eux VRAIMENT besoin d'un statut très, très spécifique (policiers, militaires, douaniers, impôts, enseignement, infirmières etc...).
Franck
En effet, je vous rejoins sur la subtilité du soutien des français quant à la grève des cheminots et la privatisation du rail en France dont la privatisation de la SNCF (car c'est bien cela dont on parle...n'en déplaise à Messieurs Macron Philippe, de Rugy et consorts). La population est extrêmement lucide sur la réforme lancée: il s'agit bien de liquider le service pub;ic du rail au profit du secteur privé comme cela a été fait en Angleterre et en Allemagne. Or, cette passation sera inévitablement source de dysfonctionnements et d'impacts conséquents subis par...les clients donc la population. Néanmoins, les français dans une majorité estiment qu'en effet le statut attaché au métier de cheminot n'a plus lieu d'être et peut très bien être supprimé. Car comme vous l'écrivez, pour eux, ce n'est pas le statut qui fait tourner le service public mais le fait que l'Etat garde le rail dans son giron. Et pour ce faire il n'a pas besoin d'avoir des salariés avec un statut particulier. D'où le retour aux 3 questions essentielles que beaucoup ont déjà posé sur le même blog :
Supprimer- Qu'est-ce que l'Etat doit garder comme prérogatives ?
- Qu'est-ce que l'Etat peut effectivement passer au secteur privé ?
- Qu'est-ce que l'Etat veut garder sous son contrôle sans pour autant recruter des fonctionnaires ou des salariés avec des statuts particuliers mais garder des services publics en contrat de travail privé (type URSSAF)?
Mais qu'on arrête avec le statut des cheminots qui plomberait la SNCF ! C'est de la pure fake news...
SupprimerCe qui plombe la SNCF, ce sont les espèces de commerciaux à la gomme, comme ceux qui ont inventé le "OuiGo", une onomatopée débile que mon fils n'aurait pas osé à 6 ans.
C'est dans ce genre de baltringues qu'il y a du gras à tailler.
Complètement d'accord.
SupprimerLa SNCF se garde bien de communiquer sur le coût exact de ce chantier à la noix de OuiGo, dans la même veine que "Hé oh la gauche", même Orwell n'aurait pas osé.
https://www.capital.fr/entreprises-marches/inoui-le-cout-gigantesque-des-nouvelles-marques-de-la-sncf-1230045
Extraits :
"la SNCF a fait une économie maximale de 20.000 euros en se passant des services d’un spécialiste.
... sauf que le changement de nom entraine des millions d'euros de dépenses
“Mais à ce niveau, la justification de Guillaume Pepy de passer par une solution interne relève du politiquement correct car le recours à une agence est dérisoire”, souligne Cyril Gaillard. “Il faut surtout regarder du côté des énormes dépenses de communication qui seront lancées pour sensibiliser le public au changement”. Il estime que la SNCF devra dépenser plusieurs millions d’euros pour son opération. Sans compter les rames de TGV à relooker, les cartes de visite des commerciaux, la décoration des points de ventes, etc. À titre de comparaison, Le Parisien déclare que le changement de France Télécom en Orange a coûté 200 millions d'euros à l'opérateur."
Pepy et tous les gros pontes de la SNCF sont pathétiques, comme c'est la règle dans ce genre de grosses boites.
En tant que client, je trouvais l'ancien site de réservation beaucoup plus pratique, simple et intuitif.
On ne m'a rien demandé au contraire de ce qu'affirme Pepy.
Par contre près de chez moi, dans la banlieue d'une grande ville de province, ils vont fermer la gare de proximité plébicitée par la population locale, après avoir fermé le bureau de Poste...
Et ces divers SMS envoyés à toutes les étapes du trajet, c'est ridicule. Parfois j'ai reçu 4 fois de suite le même message, qui ne m'apporte rien de plus...
Quand on en parle avec les personnels roulants de la SNCF, ils compatissent, et ça les fait rire jaune...
Pipo bingo sur toute la ligne.
Par contre, comme dans la plupart de ce type de projet, pas mal de "responsables" ont dû bien se sucrer au passage.
***Jacko***
Proposition 138 :
RépondreSupprimerhttp://www.frontnational.com/pdf/144-engagements.pdf
"La libéralisation du rail voulue par l’Union européenne sera refusée. La Poste et la SNCF resteront des entreprises publiques."
Ce programme est caduc depuis que MLP l'a renié pendant le débat de l'entre-deux tours.
SupprimerExemple, la proposition n°52 :
"Fixer l’âge légal de la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisations pour
percevoir une retraite pleine"
Ivan
Merci de ce billet. Le service public du chemin de fer doit être défendu. Il n'y a pas de petites lignes. Elles ont toutes leur importance dans un réseau.
RépondreSupprimerJ'ajouterai un cas de figure concret.
RépondreSupprimerD'où j'habite dans le nord, il y a 200 km pour Paris.
Les élus locaux se mobilisent pour le maintien des trains corails aulnoye aymeries -paris.
La suppression envisagée de ces trains entraine l'obligation d'aller à Lille en TER et de prendre le TGV. Cela représente une perte de temps et un coût supplémentaire de 70 euros pour un trajet aller-retour, sans compter les problèmes sur la ligne TER. L'autre alternative est de prendre la voiture avec l'autoroute A1 bondée.
Ce sont des détails sans importance pour les têtes d'oeufs des technocrates français et bruxellois.
Vous n'avez pas de chance. Si vous aviez été calaisien et non aulnésien, vous auriez pu visiter Londres sur le trajet pour Paris :
Supprimerhttp://www.europe1.fr/societe/la-sncf-propose-un-trajet-calais-paris-pour500-euros-3621650
Au train (si j'ose dire) où vont les choses, on va bientôt tous prendre l'avion. D'ailleurs il est souvent déjà moins cher mais cela ne durera peut-être pas car la privatisation des aéroports est en route.
Ivan
Hongrie : le nationaliste Viktor Orban triomphe aux législatives.
RépondreSupprimerLe Fidesz, la formation d’extrême droite du premier ministre, remporte largement les législatives face à une opposition divisée.
Le Fidesz, le parti de Viktor Orban, a recueilli 48,5 % des voix. Cette progression de quatre points devrait permettre à M. Orban de décrocher, une fois encore, une majorité des deux tiers au Parlement, avec 133 sièges sur 199.
Avec 19,61 % des suffrages, le parti d'extrême droite Jobbik peut certes revendiquer sa suprématie dans l’opposition. Mais son chef de file, Gabor Vona, a échoué à s’imposer dans sa circonscription et a annoncé sa volonté de passer la main.
Les socialistes (MSZP) ont recueilli 12,3 %, les Verts (LMP) 6,87 % et DK, une formation de gauche dissidente de l’ancien premier ministre Ferenc Gyurcsany, 5,55 %.
Leur présence dans l’Hémicycle sera symbolique et ils représenteront surtout les habitants de la capitale, Budapest, alors que cette élection vient confirmer une évolution observée ailleurs en Occident : la concentration d’un électorat libéral et progressiste dans les grandes villes, les campagnes restant acquises aux partisans du repli national.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/04/08/elections-en-hongrie-orban-donne-vainqueur_5282652_3214.html
https://twitter.com/ordrespontane/status/708194083517259776
RépondreSupprimerIntéressant, très intéressant...
SupprimerPour la forme : 1910-1930 c'est l'âge d'or du fer (et de la vapeur) avant l'arrivée de l'automobile.
Mais surtout on avait des grandes lignes, ce qui n'a pu être possible que par des expropriations pour utilité publique...Euh non, privée, puisque les compagnies étaient privées.
Normal qu'elles aient eu un cahier des charges à respecter.
Toutes les petites lignes non rentables n'ont pas été supprimées par la SNCF, qui savait qu'il suffit parfois de fermer une ligne non rentable pour que celle d'à côté jusque là rentable cesse de l'être, ce qui peut entraîner la chute d'autres dominos.
D'ailleurs il y en a eu aussi (uniquement des petites lignes )qui n'ont jamais été intégrées à la SNCF.
Et là je soupçonne que c'étaient les vrais entrepreneurs libéraux, ceux qui construisaient des voies uniquement sur des terrains qu'ils avaient achetés de gré à gré à leurs propriétaires, sans jamais envoyer les flics pour faire déguerpir ceux qui ne veulent pas vendre ...
Ivan