Deux
statistiques importantes ont été publiées la semaine dernière : celles
du chômage et de la
croissance. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, malgré
des vents et des courants plutôt porteurs, la performance de la France est tout
sauf satisfaisante, indiquant l’échec patent des politiques
suivies depuis des décennies et plus particulièrement par l’ancien ministre de
l’économie et actuel président.
L’échec de
la politique dite de l’offre
En effet,
derrière une statistique globale déjà peu glorieuse, si
on prend le total de toutes les catégories, le nombre de demandeurs d’emplois
ne baisse même pas sur un an, à 6,59 millions ! En effet, le nombre
des catégories B et C a augmenté au dernier trimestre, les
Echos évoquant « le signe d’une
plus grande précarité professionnelle ».
Encore pire, le
nombre des inscrits de longue durée poursuit sa progression, de 6,5% sur un an,
à 2,7 millions, soit 46% des demandeurs d’emploi. Bref, malgré (à
cause des ?) les baisses massives de taxes pour les entreprises et la
déconstruction du droit du travail, la situation sur le front de l’emploi ne
s’améliore toujours pas. Un échec complet !
La situation
n’est pas brillante sur le front de la croissance, malgré
la relative bonne performance de 2017. Les chiffres du premier trimestre
n’ont pas été billants, avec
une hausse du PIB qui tombe à 0,3%. La consommation est atone, démontrant
l’inégalité profonde des bénéfices que rapporte la meilleure marche du monde
des affaires. Les exportations ont légèrement baissé, démontrant le
caractère totalement illusoire des baisses de taxes. L’industrie manufacturière
a connu un coup de grisou, en baisse de 1,1% : faut-il y voir le rôle
du renchérissement de l’euro ? Le secteur productif a été sauvé par la
contribution des services, mais aussi de la construction, qui bénéficie des
taux très bas.
Bref, en
synthèse, ce que la macronie présente comme une embellie, six longues années
après l’arrivée au pouvoir de Hollande et de Macron, comme conseiller alors, c’est
un chômage stable, à des plus hauts historiques, avec une poursuite de
l’aggravation du nombre de chômeurs de longue durée, une croissance atone
malgré des taux au plus bas et un recul de l’austérité. En clair, un
mauvais bilan par beau temps, qui deviendra désastreux dès que la
conjoncture se retournera. La course à la compétitivité engagée depuis six ans
est tout simplement folle et il est triste de constater le recul de sa
contestation alors
même qu’elle ne produit aucun résultat positif et beaucoup de problèmes…
Il y a
quelques années, Paul
Krugman avait dénoncé « la faillite
intellectuelle (de ce président qui défend) la faribole depuis longtemps
discréditée qu’on appelle la loi de Say ». La faillite de
Hollande, c’est celle de Macron, qui l’a tant inspiré économiquement. Il n’y a
rien de bon à attendre de cette
présidence qui défend des idées usées et dont les effets néfastes sont plus que
connus.
Il est amusant d'entendre Macron-président critiquer le bilan de Hollande alors qu'il a été son conseiller puis ministre de l'économie.
RépondreSupprimerIl est aussi amusant d'entendre maintenant Hollande, ex président, critiquer Macron alors qu'il lui a mis le pied à l'étrier depuis 2012.
Hi hi !
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/international/2018/04/30/01003-20180430ARTFIG00246-les-lords-donnent-au-parlement-britannique-le-droit-de-bloquer-le-brexit-en-l-absence-d-accord.php
Moi aussi j'ai bien ri, mais pas forcément pour les mêmes motifs.
SupprimerL'attitude de la Chambre des Lords confirme exactement le diagnostic de la gauche eurocritique (ce qui ne veut pas dire hostile à l'Europe) qui s'exprime dans des revues comme Spiked ou Jacobin : le véritable enjeu du référendum sur le Brexit étant la démocratie et le rejet d'une politique qui sacrifie les intérêts des milieux populaires, l'opposition butée et les cris d'orfraie de l'oligarchie (http://www.spiked-online.com/newsite/article/brendan-oneill-lords-customs-union/21310 et http://www.spiked-online.com/newsite/article/the-customs-union-con/21330) relèvent d'une logique de classe imparable. On ne pouvait attendre que cela de la part d'une chambre de notables sans mandat démocratique.
Que la gauche europhile s'associe par ailleurs à la ploutocratie de la chambre des Lords pour dénoncer le Brexit, avec des procédés relevant du terrorisme intellectuel le plus décomplexé, est le signe patent de sa déchéance morale et intellectuelle. Voir sur ce point un récent papier de Bill Mitchell : http://bilbo.economicoutlook.net/blog/?p=39212 (et, dans les réactions à cet article, ce commentaire sur les contradictions du Labour : « The irony is that heroes of the Corbyn supporting left are Tony Benn, Bob Crow and Dennis Skinner… all of whom opposed membership of the EU. In contrast, the vast majority of the LP membership reject Blair and Mandelson who made membership of the EU such a central aspect of the New Labour Project. »).
Ceux qui s'amusent à effrayer les petits enfants en brandissant la menace de la catastrophe inévitablement engendrée par le Brexit vont tout de même devoir patienter, puisque l'agence Moody's, qu'on ne peut soupçonner de soutenir les thèses eurocritiques, a dû reconnaître que le référendum de 2016 tardait encore à faire sentir des effets délétères pourtant initialement promis comme une conséquence inévitable et immédiate du vote : http://www.cityam.com/284831/brexits-impact-uk-gdp-has-been-relatively-muted-since). Le Brexit n'a pas eu encore lieu et ses effets sont donc imprévisibles ? Sans doute. Mais ce constat discrédite d'abord ceux qui ont proclamé il y a deux ans que l'apocalypse suivrait de peu l'annonce d'un vote en faveur du Brexit. Que May, les Lords, ou les états-majors des partis traînent la patte et refusent de jouer à fond le jeu démocratique n'est pas un argument contre le Brexit, c'est même exactement le contraire. Cela justifie pleinement le refus des brexiters d'être traités comme les Grecs, de se voir jeter à la figure une formule à la Juncker selon laquelle il ne saurait y avoir de choix démocratique contre les traités européens.
YPB
La GB a sa monnaie, donc tous les problèmes de la classe pauvre anglaise n'a rien à voir avec l'UE et tout à voir avec ses dirigeants politiques qui avaient largement les mains libres pour mener d'autres politiques. Le Brexit ne changera rien à cette situation et va probablement même l'empirer.
SupprimerPour ce qui est d'abord de la prétendue capacité de la Grande-Bretagne à mener « d'autres politiques », tout en restant dans le cadre de l'UE, il y a des années que les procédures de déficit excessif lancées contre le Royaume-Uni en ont démontré les très étroites limites : par exemple, https://www.la-croix.com/Archives/2007-10-10/La-procedure-de-deficit-excessif-contre-la-Grande-Bretagne-est-close.-_NP_-2007-10-10-303012 et https://www.lesechos.fr/08/07/2008/lesechos.fr/300278810_bruxelles-relance-une-procedure-pour-deficit-excessif-contre-le-royaume-uni.htm. La non-appartenance du Royaume-Uni à la zone euro a donc effectivement empêché de lui infliger des amendes pour non-observation des recommandations communautaires, mais n'a absolument pas empêché la multiplication des recommandations et des mises en garde depuis une décennie : en voir le détail tatillon sur http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2017/12/05/uk-s-deficit-back-below-3percent-of-gdp-council-closes-procedure/. La procédure engagée en 2008 contre un pays qu'il n'était pas de fait possible de sanctionner, n'a été close que le 5 décembre 2017, ce qui atteste suffisamment du caractère obsessionnel de l'idéologie austéritaire européenne.
SupprimerLa gauche eurocritique britannique à laquelle j'ai fait référence voit donc dans l'UE le cadre privilégié d'imposition d'un ordre économique néolibéral qu'elle rejette. Quelles raisons aurait-elle de préférer Juncker à Cameron, alors que leurs visions de l'économie sont congruentes ? Le problème n'est pas, cependant, qu'économique. L'aile gauche du Labour s'est engagée pour le Brexit non seulement parce qu'elle n'a jamais cru que, dans le cadre institutionnel verrouillé de l'UE, une « autre politique » que celle de l'agenda néolibéral fût possible, mais aussi et surtout parce qu'elle a perçu ce même cadre comme fondamentalement antinomique avec ses exigences démocratiques.
Toni Benn s'est exprimé avec beaucoup de clarté sur la question :
« When I saw how the European Union was developing, it was very obvious that what they had in mind was not democratic. I mean, in Britain you vote for the government and therefore the government has to listen to you, and if you don’t like it you can change it. But in Europe all the key positions are appointed, not elected – the Commission, for example. All appointed, not one of them elected.
[..] And my view about the European Union has always been not that I am hostile to foreigners, but that I am in favour of democracy. And I think out of this story we have to find an answer, because I certainly don’t want to live in hostility to the European Union but I think they are building an empire there and they want us to be a part of that empire, and I don’t want that. » (https://semipartisansam.com/2016/03/03/tony-benn-and-the-left-wing-case-for-brexit/).
YPB
J'aurais dû écrire Tony Benn et non Toni. Désolé de l'erreur.
SupprimerYPB
Ce n'est pas seulement un échec du "hollado-macronisme", c'est un échec global de toute la classe politique qui a exercé le pouvoir depuis 35 ans : PS-LR-EELV-LREM. Tous ces partis suivent la même direction.
RépondreSupprimerEchec ,ça dépend à quel point de vue on se place et quel crédit on fait à ceux que vous désignez si bien....Je crois au contraire qu'ils ont parfaitement réussi à recréer les inégalités que le Conseil National de la Résistance avait tenté de combattre par la creation de grands services publics????Vous croyez que les Hollande Jospin et son equipe ?Macron ont échoué? Vous leur prêtez vraiment de belles intentions. Ils n'ont que mépris pour les "sans dents"
SupprimerL'UE est en train de mettre les mains sur la défense, coeur des Etats :
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/flash-eco/2018/05/02/97002-20180502FILWWW00190-budget-de-l-ue-pres-de-20-milliards-d-euros-pour-l-europe-de-la-defense.php
https://uk.reuters.com/article/uk-eu-defence-research/trump-and-brexit-give-momentum-to-eu-defence-push-idUKKBN18Y0S7?il=0
Transmis aux gros malins du "je m'abstiens pour pas voter FN, y'aura pas de transferts de pouvoirs à l'UE si Macron passe" de 2017.