mercredi 9 mai 2018

De Trump, des armes à feu et de Macron…



Trump, aussi vulgaire que superficiel

Après tout, le triste locataire de la Maison Blanche n’est pas une star de la télé réalité pour rien. Il sait ce qui fait le buzz, et va plaire à sa cible électorale, qui sera confortée dans son jugement par les condamnations de ces Européens un peu mous. Après quelques atermoiements suite à la dernière tuerie de masse dans une école, Donald Trump avait sans doute besoin de rassurer les ultras de la NRA. Il l’a sans doute fait de manière assez convaincante pour eux en évoquant les attentats du Bataclan et en affirmant qu’ils auraient pu être moins meurtriers si le port des armes à feu était autorisé dans notre pays, dirigé par cet « homme intelligent », que serait Macron. On a les amis que l’on peut avoir.

Bien sûr, l’argument est facile, assez convaincant de prime abord, pour qui ne prend pas un peu de recul. Pourtant, il suffit de quelques chiffres pour remettre à sa place ce bien mauvais argument. D’abord, on peut rappeler qu’il y a une fusillade par semaine en milieu scolaire aux Etats-Unis, soit environ 300 depuis 2013. Ensuite, on pourrait rappeler qu’il y a 5,2 homicides pour cent mille habitants par an aux Etats-Unis, contre 0,6 seulement en France. Il y a eu 36 252 morts par armes à feu en 2015 outre-Atlantique, dont 60% de suicide, mais aussi 12 979 homicides et 489 décès accidentels, contre quelques centaines en France. Les moins de 25 ans représentent plus de quatre mille victimes.

Bref, évoquer la sécurité pour justifier le port des armes à feu est aussi ridicule qu’indécent. Les statistiques démontrent que ce choix étasunien fait plus de 30 victimes directes tous les jours, sans même compter les suicides. Et une vérité particulière ne fait pas une généralité, à supposer que ce soit une vérité : si les Français avaient eu des armes, les terroristes seraient probablement arrivés avec un arsenal plus terrible encore, et il n’est pas sûr que les échanges de coups de feu aient fait moins de victimes. En revanche, ce que l’on sait, c’est que la passion des armes des Etats-Unis produit un taux d’homicide qui a plus à voir avec celui de pays en voie de développement dangereux.


Déjà que les démonstrations exubérantes et tactiles de sa proximité avec Trump avaient souvent été jugées embarrassantes, le dérapage vulgaire et superficiel du président étasunien sur la France quelques jours seulement après la visite de Macron démontre plus encore la vacuité de la diplomatie macronienne, qui n’est que la célébration d’un égo uniquement centré sur lui-même.

8 commentaires:

  1. Macron a été fidèle à lui même pendant cette visite d'état aux USA : servil, lèche-botte, avec ses regards de faux-derche obséquieux et ses gestes d'embrassades complètement bidon, en un mot minable.

    Les séquences de prise par la main de Macron par Trump (quand ça n'est pas tatie Brigitte, c'est papie Donald) et d'époussetage de soi-disant pellicules sont lamentables et se résument en une phrase :
    "La France, le tout beau toutou servile des USA".
    Catastrophique.
    Et Trump, qui a l'habitude d'humilier à tout vent depuis son plus jeune âge, ne s'est pas vraiment privé de l'occasion.
    "Il faut qu'il soit parfait (le bon chien-chien). Ah, maintenant il est parfait !".

    Le pire c'est qu'il y a encore des commentateurs français qui ont réussi à inverser les choses et à trouver que la séquence d'époussetage était en la faveur de Macron ("C dans l'air" du 26/04/2018).
    En nous racontant que chez les grands singes, les subalternes nettoyaient les puces du dominant.
    N'en jetez plus, la nausée a ses limites quand même.

    "Macron et Sarko, ces présidents qui s'affichent en tenant ostensiblement la main de leur femme comme un enfant acéphale s'accroche frénétiquement à celle de sa mère en marchant sur la bordure d'un trottoir pour ne pas tomber." (Michel Onfray dans son nouveau bouquin).

    "Où qu'elle est Brigitte ????????"

    Sans parler de l'histoire du chêne planté par les deux comiques troupier dans les jardins de la maison blanche.
    http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Ou-est-passe-le-chene-plante-par-Trump-et-Macron-1506743

    Dans la foulée, le Mac nous en a fait une autre bien belle en Australie, en qualifiant la femme du 1er ministre de "delicious", faux ami pour les frenchies, qui en fait dans le texte veut dire "bonne".
    "Je remercie ta femme qui est tellement bonne !"
    https://www.youtube.com/watch?v=cLl7Mb5ZfAU
    Voilà ce que c'est quand on veut se la pêter à vouloir parler à tout bout de champ la langue de son maître que l'on ne maîtrise pas totalement.

    ça a fait rigoler tout le monde anglo-saxon et également le 1er ministre d'Austalie et sa femme, qui heureusement ont de l'humour
    https://www.youtube.com/watch?v=eidZZ7tPD30

    Le Mac va être invité partout dans le monde pour ceux qui veulent humilier à peu de frais ou qui veulent passer un bon moment dans un dîner de con pour se détendre un peu.
    Il suffira juste d'attendre la ou les macronnades du chef !

    ***Jacko***

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  2. Je pense qu'au contraire Trump est assez astucieux :il ne manque pas une occasion de ridiculiser ses vassaux volontaires.....Aujourd'hui il saute sur l'occasion de dénoncer au moment opportun l'accord sur l'Iran ,pour démontrer que les arguments de notre président en visite n'ont pas pesé grand chose....Certains se posent des questions sur les réactions de "lEurope" ;..la seule question:a-t-elle envie de réagir????L'ami d'outre Atlantique est encombrant mais si utile pour la survie de notre capitalisme et de certains privilèges!!!!!!

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  3. Trump a joué son rôle : celui d'un troll… Même si je trouve sain de le contrer, je ne suis pas entièrement d'accord pour autant avec toutes les conclusions de Laurent sur la question des armes à feu. Les études des partisans d'une réglementation plus sévère des armes aux États-Unis ne sont pas neutres, mais affligées de biais idéologiques aussi sérieux que les analyses des « pro-guns ». Je ne vais pas ici entrer dans le détail des travaux (contestés évidemment) de ces derniers (John Lott, David Mustard, Gary Kleck, pour ceux que j'ai lus), mais tout n'est pas à y rejeter. Je ferai juste quelques remarques sur des points clairement établis.

    Il y a deux fois plus d'armes à feu par habitant aux États-Unis de nos jours qu'à la fin des années 60. Pourtant, le taux d'homicides y est en chute nette depuis trois décennies, pour des raisons probablement démographiques (légalisation de l'avortement et plus large diffusion des techniques contraceptives dans les années 70, aboutissant à réduire le nombre des naissances non désirées dans les milieux les plus criminogènes : les pauvres…).

    Expliquer un phénomène comme la violence par des facteurs purement techniques n'est clairement pas satisfaisant : il y beaucoup d'armes en circulation en Autriche, Suisse, Finlande ou en Suède, pays pourtant peu marqués par la violence liées aux armes. Il y a bien plus d'armes à feu par habitant aux États-Unis qu'au Salvador (plus d'une par habitant contre une pour 13 habitants), qui détient pourtant la première ou deuxième place mondiale pour le taux d'homicides. Si l'on considère par contre la corrélation entre l'indice de Gini mesurant les inégalités socio-économiques et le taux d'homicides, on aboutit sans doute à une explication plus correcte des causes de la violence interne à une société.

    Si 60% des suicides aus États-Unis sont liés à l'utilisation d'une arme à feu, le taux de suicide dans ce pays reste relativement faible par rapport à bien d'autres pays développés. Il est notablement plus faible qu'au Japon, où la législation sur les armes à feu a toujours été très restrictive. La comparaison avec des pays en développement ne modifie pas le constat : le taux de suicide du Sri Lanka est environ trois fois celui des États-Unis, bien que le nombre d'armes en circulation par habitant y soit dix fois moins élevé. De même, les variations du nombre d'armes en circulation affectent le mode de suicide, pas le taux de suicide : le fait a été vérifié au Canada, où le durcissement de la législation sur les armes, a affecté les modes opératoires des suicidaires, tout en restant sans effet sur le taux de suicide.

    On tend à oublier en France que nous avons eu, des origines de la IIIe République à la fin des années Trente, une législation très libérale sur les armes à feu, héritage de la volonté de favoriser, en vue de la Revanche, la préparation militaire des citoyens au sein des sociétés de tir, comme l'essor de l'industrie armurière. Les Français ne se sont pas pour autant entretués à ma connaissance durant cette période.

    Les tueries de masse médiatisées qui affectent la société américaine ne doivent pas nous faire oublier que l'essentiel de la mortalité par utilisation hors défense légitime d'armes à feu y découle soit de suicides, soit d'accidents de manipulation, soit de guerres entre gangs, soit d'erreurs ou d'un usage excessif de la violence par les forces de l'ordre (un millier de tués par an du fait de tirs de police aux États-Unis, dont nombre d'innocents). Seuls les décès par accident de manipulation seraient susceptibles d'être significativement affectés par une législation plus restrictive. On aurait aussi peut-être moins de tueries par armes à feu du genre de celle d'octobre 2017 à Las Vegas. Mais d'autres formes de violence viendraient probablement les remplacer, par effet de substitution.

    YPB

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    1. Le sujet c'est est ce que des civils armés au Bataclan auraient pu contrer les terroristes ?

      Eh bien non, des civils armés n'ayant aucun entrainement type GIGN, ce sont des balles perdues, des balles qui ricochent, faire exploser un terroriste blindé de TATP et tout ça dans une foule compacte.

      Sans compter la riposte des terroristes type Totalkrieg-Bombing carpet, qui déchargent tous leurs chargeurs sur la foule pour finir par faire exploser-incendier toute la salle du Bataclan. Là, il n'y a plus aucun survivant, même les civils armés sont calcinés.

      Se servir d'une arme à feu dans le contexte du Bataclan n'a rien à voir avec s'en servir dans un stand de tir.

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    2. « Le sujet c'est est ce que des civils armés au Bataclan auraient pu contrer les terroristes ? »

      En partie. Parce que le sujet c'est aussi ceci :

      « Bien sûr, l’argument est facile, assez convaincant de prime abord, pour qui ne prend pas un peu de recul. Pourtant, il suffit de quelques chiffres pour remettre à sa place ce bien mauvais argument. D’abord, on peut rappeler qu’il y a une fusillade par semaine en milieu scolaire aux Etats-Unis, soit environ 300 depuis 2013. Ensuite, on pourrait rappeler qu’il y a 5,2 homicides pour cent mille habitants par an aux Etats-Unis, contre 0,6 seulement en France. Il y a eu 36 252 morts par armes à feu en 2015 outre-Atlantique, dont 60% de suicide, mais aussi 12 979 homicides et 489 décès accidentels, contre quelques centaines en France. Les moins de 25 ans représentent plus de quatre mille victimes.

      Bref, évoquer la sécurité pour justifier le port des armes à feu est aussi ridicule qu’indécent. Les statistiques démontrent que ce choix étasunien fait plus de 30 victimes directes tous les jours, sans même compter les suicides. […] ce que l’on sait, c’est que la passion des armes des Etats-Unis produit un taux d’homicide qui a plus à voir avec celui de pays en voie de développement dangereux. »

      C'est à ce long passage du texte de Laurent que j'ai répondu. Il représente environ un tiers du total, ce qui n'est tout de même pas rien. Libre à vous de l'ignorer, libre à moi de le prendre en compte et de rectifier ce que je crois être une analyse erronée du rapport entre armes à feu et violence.

      Pour ce qui est de la question du Bataclan, je n'ai pas de réponse toute faite. J'ai dit que Trump n'était pour moi qu'un troll, ce qui éclaire suffisamment sur l'estime dans laquelle je tiens son opinion. La présence d'explosifs instables pose évidemment des problèmes particuliers. Je ne suis pas pour autant convaincu par votre argumentation, qui laisse de côté l'intérêt évident et régulièrement démontré d'une intervention précoce (voir simplement l'actualité quotidienne en Israel, où il est banal que des terroristes soient neutralisés par des civils armés), mais mon intention n'était pas, dans tous les cas de figure, de polémiquer sur ce sujet.

      YPB

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  4. Un choc pétrolier arrive.

    Préparez-vous.

    Le pétrole au plus haut depuis 2014 après la décision de Trump sur l'Iran.

    Les cours du pétrole ont bondi mercredi à leur plus haut niveau depuis novembre 2014, galvanisés par le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien ainsi que par une nette baisse des réserves de produits pétroliers aux Etats-Unis.

    A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé à 77,21 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 2,36 dollars par rapport à la clôture de mardi.

    Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de juin a pris 2,08 dollars pour finir à 71,14 dollars.

    https://www.romandie.com/news/Le-petrole-au-plus-haut-depuis-2014-apres-la-decision-de-Trump-sur-l-Iran/916492.rom

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  5. @ Jacko

    C’est exactement ce que soutient Sapir (dont j’ai mis le papier en lien). C’est dans l’air a l’air malin aujourd’hui après la décision sur l’Iran et la déclaration sur le Bataclan

    @ YPB

    Je suis d’accord pour dire qu’à supposer qu’il serait possible de retirer 90% des armes à feu aux Etats-Unis, la mortalité par ce biais ne baisserait pas forcément aussi vite. Ce n’est bien évidemment qu’un facteur (très important certes), parmi d’autres. Il y a une addition de facteurs, ce qui explique les variations entre pays. Néanmoins, je pense qu’une telle décision pourrait, sur du long terme, réduire le niveau de mortalité par homicide des Etats-Unis, qui est totalement effarant pour un pays dit développé.

    Bien d’accord sur les suicides : les armes à feu sont un facilitateur, mais il y a des moyens de substitution. On peut néanmoins se demander si leur absence n’en réduirait pas le nombre : c’est un moyen simple et sûr, même s’il est violent. Enfin, il ne faut pas oublier la hausse et le niveau très élevé des « morts de désespoir » évoqués par Angus Deaton.

    Bien sûr, il me semble qu’il y a une violence interne à la société étasunienne, et les armes à feu sont un moyen d’exprimer cette violence. Les deux sont liés et même si les armes à feu ne font pas tout, j’ai tendance à penser qu’elles aggravent quand même singulièrement la situation.

    Bien d’accord sur le caractère trollesque de Trump

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    1. « Enfin, il ne faut pas oublier la hausse et le niveau très élevé des « morts de désespoir » évoqués par Angus Deaton. »

      Oui, je pense qu'on touche là quelque chose qui éclaire de manière décisive sur le mode de fonctionnement de la société américaine. Notre taux élevé de suicides, en France, en dit aussi beaucoup…

      YPB

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