Nouveau coup
de théâtre : après
des élections où les partis anti-système ont écrasé les partis dits de
gouvernement, suivi des discussions pour construire la majorité M5S / Lega,
le
président Italien a déclenché une crise en refusant un ministre de l’économie opposé
à l’euro, ce que les dirigeants de la majorité issue des urnes ont refusé de
cautionner, avant une dernière provocation...
L’Union
Européenne contre la démocratie, encore…
Dans
un remarquable papier publié dimanche, Jacques Sapir fait le lien avec « l’odieuse » déclaration de
Jean-Claude Juncker en janvier 2015, avant les élections gagnées par
Syriza : « il ne peut pas y avoir
de choix démocratiques contre les traités européens ». Mais les
« euroïnomanes », pour
reprendre une bonne expression utilisée en Italie, jouent avec le feu. Comme en
Grèce, on peut croire que le peuple confirmera son vote, voir l’amplifiera. Sapir
fait un parallèle avec la situation de la France il y a 140 ans, quand le
président Mac-Mahon tenta d’imposer sa volonté à Gambetta : au final, le
président qui ne voulait pas suivre le vote populaire finit par se soumettre et
se démettre.
Le
précédent Grec, où un gouvernement élu sur une promesse de changement, finit
par poursuivre les politiques effarantes qu’il dénonçait dans l’opposition,
appelle à la prudence, d’autant plus que les Italiens n’ont pas autant
souffert que les Grecs. Mais ici, le fait que le déclencheur de la crise soit
le refus de nommer un ministre de l’économie opposé à l’euro peut faire penser
à une « crise fondatrice ».
Et si l’Italie était mieux
équipée que la Grèce pour dire « ciao » au monstre
oligarchique, antidémocratique et antisocial qu’est l’UE ? Après tout, l’Italie
est moins tributaire de cette Europe, n’a pas de Turquie et la majorité
actuelle pourrait être davantage prête à franchir le Rubicon.
Il pourrait
être potentiellement utile que le point de rupture ait été atteint avec celui
qui devait devenir ministre de l’économie, M. Savona, ancien ministre, ancien
patron du Medef Italien, qui avait écrit un guide pratique de sortie de l’euro…
Ce faisant, Mattarella
et les « euroïnomanes »
pourraient bien avoir placé la question de la souveraineté nationale et de
l’appartenance de l’Italie à la zone euro au cœur de la prochaine échéance
électorale, à leur détriment. Ce n’est pas pour rien que les marchés sont
aussi nerveux, comme au temps de la dernière crise de la zone euro. Car tout
l’édifice européen est désormais à la merci de ce qui va se passer en Italie
lors des prochaines élections…
Ce faisant,
la fragilité de l’édifice européen n’en apparaît que plus criante, d’autant
plus que son caractère profondément anti-démocratique et antisocial en éloigne
toujours plus les peuples. Le moment de vérité est peut-être proche.
Restent deux questions fondamentales : les Italiens confirmeront-ils leur vote,
et surtout, est-ce que Di Maio et Salvini préfèreront leur programme à l’UE, contrairement
à Tsipras ?
« les Italiens confirmeront-ils leur vote, et surtout, est-ce que Di Maio et Salvini préfèreront leur programme à l’UE, contrairement à Tsipras ? »
RépondreSupprimerLa réponse, malheureusement, ne fait pas de doute puisque la coalition M5S-Ligue ne propose pas la sortie de l'Italie de la zone euro.
Je remercie d'avance Laurent de me permettre de développer ce commentaire.
RépondreSupprimerA partie du moment où l'on considère que l'UE est un problème par son caractère anti-démocratique et par le nivellement social vers le bas qu'elle engendre, on doit se positionner correctement pour les élections de 2019.
Je m'étais dit jusque maintenant que l'abstention était le meilleur moyen de montrer son mécontentement, mais les instances européennes qui ne respectent pas le vote des peuples se moquent du taux d'abstention. Dans ces conditions quelque soient les griefs justifiés que l'on peut faire aux partis eurosceptiques en France (FN et DLF) voter pour ces partis a du sens. Si je me risque à une comparaison historique, on a été allié de Staline (un personnage horrible) contre Hitler.
Ici, il n'est plus question du débat raté de MLP,de ses incapacités mais de gêner les maîtres de l'Europe. On ne peut pas mieux, pour l'instant, que de favoriser un groupe eurosceptique à Strasbourg.
Après vient la question de la monnaie, et je crois qu'il y a un gros effort pédagogique à faire sur ce thème anxiogène pour beaucoup.
« gêner les maîtres de l'Europe »
SupprimerRien que la formulation de cet objectif peine à soulever l'enthousiasme… Comment mobiliser sur ce mot d'ordre un électorat que tout pousse à l'éparpillement ou à l'absentéisme ? Ce n'est pas juste une question de formulation. Gêner simplement les maîtres de l'Europe, jouer les poils à gratter, ne peut en soi constituer un programme de gouvernement.
« quelque soient les griefs justifiés que l'on peut faire aux partis eurosceptiques en France (FN et DLF) voter pour ces partis a du sens »
Oui et non. La montée en puissance du FN ne date pas d'hier. En quoi a-t-elle vraiment entravé la domination des forces politiques européistes ? C'est exactement le contraire qui s'est produit : le FN a servi d'épouvantail pour convaincre des électeurs crédules qu'il ne fallait surtout pas voter pour des mouvements eurocritiques, parce qu'ils feraient le lit du fascisme. L'euroscepticisme apparaît aujourd'hui comme une forme d'extrémisme politique, ce qui n'était pas le cas à l'époque de l'appel de Cochin ou du débat sur Maastricht.
On peut y voir une injustice ou un complot. Ou se demander pourquoi le FN n'a pas été capable de transformer radicalement son image dans le cadre d'un aggiornamento comparable à celui effectué jadis par les communistes italiens ou les néofascistes du MSI. Le départ des philippotistes est un signe éclairant de cette difficulté, alors qu'ils avaient justement largement entamé ce travail de renouvellement. Il y a là une occasion manquée décisive.
« on a été allié de Staline (un personnage horrible) contre Hitler »
Pas en 1938, ni en 1939. Ce n'est pas comparable. Nous étions en guerre, pas seulement dans une situation de troubles politiques et économiques. L'enjeu de l'Alliance entre la France libre et l'URSS n'était pas non plus de voir la France être éventuellement gouvernée par Staline ou par ses séides du PCF, malgré le poids des communistes dans la Résistance et aux côtés du général de Gaulle, quoi qu'ait pu en dire la propagande de Vichy. Qui aujourd'hui pourrait incarner ce consensus national en dépassant les clivages idéologiques ?
« Après vient la question de la monnaie, et je crois qu'il y a un gros effort pédagogique à faire sur ce thème anxiogène pour beaucoup »
Bien d'accord avec vous. Mais se positionner en faveur d'un mouvement politique dont l'attitude à cet égard est d'une parfaite ambiguïté, pour ne pas parler d'incohérence, n'est pas forcément le meilleur moyen de faire de la pédagogie. Il me semble assez évident que la volte-face du FN en la matière n'a fait que renforcer le caractère anxiogène de ce thème pour des Français pas forcément très au fait des questions monétaires.
YPB
C'est hallucinant tout ça...
RépondreSupprimerC'est là que l'on voit que certains postes soit-disant honorifiques on en fait un pouvoir énorme en cas de crise.
"Parmi ses prérogatives, le président de la République peut nommer les membres du gouvernement, dissoudre les chambres du Parlement et désigner jusqu'à cinq sénateurs à vie. En outre, il préside de jure le Conseil de la magistrature et jouit du droit de grâce." (wiki)
Rien que ça... D'où l'intérêt absolu de mettre les garants du système à ce genre de poste, qui échappent au suffrage universel direct.
"Le président est élu pour un mandat de sept ans par les membres du Parlement – la Chambre des députés et le Sénat de la République – et cinquante-huit délégués régionaux réunis en session conjointe. La Constitution n'interdit pas explicitement sa réélection, mais aucun président n'a jamais sollicité un second mandat." (wiki)
Entre deux, les élections par le bon peuple sont là pour faire illusion et pour le calmer un peu à interval régulier.
Mais effectivement s'il vote mal, on le refera voter jusqu'à ce qu'il vote bien.
***Jacko***
Puisque l'on parle de vote, le référendum sur l'indépendance de la Nouvelle Calédonie en novembre et surtout ce qu'il va se passer après vont être intéressants à suivre et à analyser.
SupprimerUn ancien article du Huffpost expliquait fin 2017 de manière assez exhaustive ce qui était prévu en cas de "oui" et en cas de "non" :
https://www.huffingtonpost.fr/ferdinand-melin-soucramanien/oui-ou-non-quelles-seront-les-consequences-au-lendemain-du-referendum-en-nouvelle-caledonie_a_23291841/
En gros, rien n'est clair et rien n'est vraiment défini ni définitif.
Mais l'hypothèse du "non" est très intéressante :
"Envisageons maintenant l'hypothèse du "non". En apparence, elle apparaît plus simple que celle du "oui": il en résulterait ex abrupto que la Nouvelle-Calédonie demeurerait sous souveraineté française.
Cependant, la réalité est là aussi nettement plus complexe. Si la réponse au référendum de 2018 était négative, l'Accord de Nouméa prévoit que deux autres consultations pourraient être organisées à la demande du tiers des membres du Congrès calédonien, la loi organique de 1999 précisant qu'elles devraient porter "sur la même question" que celle posée la première fois. Au vu de cette contrainte, on peut s'interroger sur la faisabilité pratique –et donc politique– de consultations posant la même question à intervalles rapprochés."...
Quand on sait que l'objectif de l'UE et de l'Allemagne est d'affaiblir la France par tous les moyens, on peut se montrer assez pessimiste sur les suites de l'histoire.
***Jacko***
"Quand on sait que l'objectif de l'UE et de l'Allemagne est d'affaiblir la France"
SupprimerComplètement parano le Jacko...
L'UE ça n'existe pas en tant qu'instance de décision, ce sont les gouvernements des pays de l'UE qui décident et ces gouvernements sont le fruit des élections nationales.
Jacko, tu comprends rien à rien, tais toi !
"et ces gouvernements sont le fruit des élections nationales"
SupprimerBen non, pas vraiment. Suffit de voir ce qui se passe en Italie, alors que des élections viennent d'avoir lieu. Et la formule du nazi de service, Günther Oettinger, assurant que les marchés financier allaient "apprendre aux Italiens comment voter". Et ce qui s'est passé en Grèce, etc. Les gouvernements qui veulent faire autre chose que ce qu'attend d'eux l'ordre européen doivent se soumettre ou laisser place à d'autres. Donc les élections nationales ne signifient plus rien, dès lors que leur résultat ne convient pas aux euroligarques. On peut trouver ça très bien (solidarité, conscience des responsabilités et des interdépendances, etc.). On peut aussi vouloir sortir de ce qui est perçu comme un piège à cons.
Ceci dit, il n'y a pas de complot contre la France. D'abord, parce que la classe politique française est complice depuis longtemps d'abandons de souveraineté qui n'affectent pas fondamentalement ses intérêts de classe. Ensuite parce que le processus de dessaisissement démocratique peut s'opérer sans complot. La seule logique interne de l'UE, au nom du prétendu intérêt supérieur de tous, suffira à conduire aux mêmes résultats qu'un complot.
Encore un brexiter qui se carapate après Nigel Farage qui fuit ses responsabilités. Les souverainistes sont des pignoufs doublés de couardise éhontée, ni couilles, ni tripes :
Supprimerhttps://inews.co.uk/news/brexit/nigel-lawson-brexit-french-residency-vote-leave/
"Les souverainistes sont des pignoufs doublés de couardise éhontée, ni couilles, ni tripes"
SupprimerPourquoi, ils sont du genre à agonir d'injures leurs adversaires anonymement sur Internet ?
Comme vous, en fait…
Un petit peu de lecture sur l'affaire Alstom (par exemple), pour notre troll de service, pris dans la presse mainstream pour ne pas atteindre le nouveau point Godwin 2.0 du complot ouh !
Supprimer- https://www.challenges.fr/entreprise/la-verite-sur-l-homme-qui-a-vendu-alstom-aux-americains_52624
- https://www.marianne.net/debattons/editos/alstom-stx-les-sacrifies-de-macron-sur-l-autel-de-l-union-europeenne
- http://www.lefigaro.fr/societes/2017/09/26/20005-20170926ARTFIG00338-alstom-siemens-une-operation-qui-fait-des-vagues.php
-> saga Dassault après la mort du fiston, affaire à suivre
--------
- "Complètement parano le Jacko..."
- point Godwin 3.0 ou 0.0 de l'argument psychologisant.
Heureusement que tu n'es pas au pouvoir car je serais déjà enfermé depuis longtemps dans un asile psy.
- "L'UE ça n'existe pas en tant qu'instance de décision, ce sont les gouvernements des pays de l'UE qui décident et ces gouvernements sont le fruit des élections nationales."
- Bravo, tu continues à être mon héros de tous les temps, mister Robot ? si tu es un humain, j'ai de la peine pour toi.
- "Jacko, tu comprends rien à rien, tais toi !"
- Ben dis donc, faut pas s'énerver comme ça. Tu dévoiles tes velléités autoritaires mister Robot. Une bonne verveine te fera le plus grand bien.
***Jacko***
On peut en effet pointer du doigt le serpent froid qu'est devenue l'UE (ou qu'elle a toujours été)comme on peut clouer au pilori les eurotechnocrates etc...mais c'est bel et bien le système électoral, institutionnel et politique italien qui permet la démission de G. Conte car le choix de son ministre des finances n'est pas validé par le président. C'est toujours ce même système qui fait que la situation va rester en suspens jusqu'au déclenchement de prochaines élections. Et peut-être que rebelote...l'Italie va se retrouver encore en crise institutionnelle et politique.
RépondreSupprimerBonne journée à toutes et tous
Sylvie
Savona avait un plan B pour sortir l’Italie de l’Euro c’est la raison pour laquelle le pro-européen président de la république italienne, Matarella, a bloqué sa nomination en tant que Ministre de l’économie et des finances. Les grandes lignes du plan B en Italien (utiliser éventuellement un traducteur en ligne) peuvent être parcourue dans le lien ci-dessous. Elles correspondent exactement à ce que j’avais moi-même en tête sur les actions à entreprendre pour une sortie d’un pays comme l’Italie de la zone Euro :
RépondreSupprimerhttp://www.ilgiornale.it/news/politica/guida-pratica-uscire-dalleuro-ecco-piano-anti-ue-savona-1532739.html
Saul
ALERTE - Le Danemark interdit le voile intégral dans l'espace public (officiel).
RépondreSupprimerhttps://www.romandie.com/news/ALERTE-Le-Danemark-interdit-le-voile-int-gral-dans-l-espace-public-officiel/923110.rom
@Laurent
RépondreSupprimerJe viens de visionner l'émission Zemmour et Naulleau (30/05/18/) et notamment l'intervention de JP Chevènement à presque 80 balais...
Autant de soumission et de léchage de bottes sur Macron (censé représenter le contraire absolu de ses convictions) pour continuer à bien vivre dans un appart de 120 m2 près du Panthéon à un "prix d'ami", ça en dit long sur le personnage qui est au fronton de ton blog.
Tout comme les autres leurres Pasqua, Séguin, de Villiers, Lepen, M Maréchal Lepen, NDA, Philippot...
Décidément, le changement se fera quand l'oligarchie l'aura décidé, à son "humble" profit, amen.
***Jacko***
@ Moi
RépondreSupprimerLe dernier rebondissement ne me rend pas très optimiste (cf papier de demain)
@ André
Pas du tout d’accord, DLF et le FN s’accomodent beaucoup trop de l’UE. Ils sont revenus en arrière. Aucun engagement de sortie de l’UE et de l’euro avec eux… Pourquoi voter pour des eurosceptiques en carton pâte ?
@ YPB
Je suis bien d’accord
@ Sylvie
Il est juste que le système institutionnel Italien montre ici ses limites
@ Saul
Merci pour le rappel du lien que j’avais indiqué
@ Jacko
Toujours vouloir être dans le poste de pilotage au moment du crash… Cela me rappelle l’échange que j’avais eu avec lui quand il m’avait invité aux universités de rentrée du MRC en 2010… Dommage
Giuseppe Conte est à nouveau nommé Premier premier ministre avec un nouveau ministre des finances pour remplacer Paolo Savona. Je pense que dans un avenir proche on aura encore une fois la démonstration par A + B qu’un gouvernement contestataire dans la zone euro va se trouver inévitablement contraint de se soumettre aux exigences européennes en renonçant à l’essentiel de son programme s’il persiste à ne pas vouloir sortir de l’Euro. A défaut de plan B, le seul plan A sera la soumission.
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/international/2018/05/31/01003-20180531ARTFIG00388-italie-giuseppe-conte-a-nouveau-charge-de-former-un-gouvernement.php
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